jeudi 23 août 2012

Les trois poulets rôtis




Les trois poulets rôtis


Tout est bien qui finit bien ! On enterre aujourd'hui deux lambeaux de viande qui hier encore étaient des chevaliers. Je n'ai pas pour habitude de tirer un plaisir quelconque de la mort d'un homme, l'autre en haut me pardonnera. Du moins je l'espère, car leur trépas m'a donné une raison d'applaudir la justice du Diable.
Ils étaient encore bien vivants, ces braves combattants, l'autre soir, lorsqu'ils ont mis les pieds dans notre chaumière. Ah ça, je peux vous l'assurer.

La soirée s'annonçait calme, pourtant. Ma soeur finissait de forger une cotte de mailles pour son coquelet favori, tandis que je m'efforçais de faire entrer une poulette égarée dans l'antre de ses congénères déjà endormies. Une fois qu'elle aurait bien voulu se laisser dompter, tout notre avoir et notre bonheur serait là, réuni dans le vaste poulailler d'intérieur, dressé entre les murs où nos aïeux étaient nés. Ces poules, aussi chères à nos yeux que nous l'étions pour notre mère, occupaient la moitié de l'habitacle. Seule une cloison de bottes de paille séparait leur vie de la nôtre. Par beau temps, nous les laissions aller à leur gré au dehors, mais nous prenions soin de toutes les ramener au bercail à la tombée de la nuit. D'ailleurs, beaucoup nous devançaient et regagnaient d'elles-même leur perchoir.

Chacune avait son nom, beaucoup étaient habillées comme des dames et comme des courtisans _ il faut dire que le temps que je passais aux champs laissait à ma soeur assez de piécettes pour s'équiper d'un peu de tissu et de fer, et assez de temps pour la confection de ces apparats. Mais je m'égare.

Ce soir-là, ma soeur s'était montrée d'humeur courroucée à mon égard, car elle me pensait un peu trop laxiste sur le couvre feu des poules.

« Dépêche-toi, par pitié ! Quand tu auras ramené Pourpre Poitrail auprès de ses amies, attrape-moi donc le Beau Sire, que je lui enfile sa vêture de guerrier ! Puisqu'il supporte déjà très bien sa coiffe-de-crête métallique, et que je l'ai pris à se mirer dans l'abreuvoir tout à l'heure, j'ai bien envie de l'équiper dès ce soir de ses plus beaux atours !

Sur ces mots, auxquels je n'avais pas répondu, la porte s'était ouverte et deux hommes de forte stature étaient entrés.

« _ Petite paysanne, donne-nous des oeufs et deux ou trois de tes galinettes. Nous avons fait un long voyage et n'avons point dîné.

Ils ne m'avaient pas vu, et devant le visage catastrophé de ma soeur, j'intervins, laissant Damoiselle Pourpre Poitrail à son escapade nocturne. Je me campai devant l'homme qui avait formulé la demande.

_ Mes seigneurs, je comprends fort bien l'initiative que votre panse vous souffle à l'esprit ; mais voyez par vous-même : nos galines ne sont pas mangeables. Sans quoi elles ne vivraient pas parmi nous et ne picoreraient pas leur grain toutes habillées.

Désarçonnés par les raisons de notre refus, les chevaliers se regardèrent, ne sachant que répondre. Il y eût un silence gêné. Mais ils retrouvèrent vite l'aplomb et la fierté propre à leur rang, préférant croire à une plaisanterie. Le second Chevalier perdait patience.

_ Cessez de vous payer notre tête, petits semeurs abandonnés. Vos têtes, vos murs et vos bêtes appartiennent tous au seigneur de ce pays, et, par extension, ils sont aussi à nous, ses chevaliers. Alors, n'essayez pas de nous endormir avec vos histoires d'animaux costumés et de sensibleries mal placées. Donnez nous deux belles gélines, ainsi que des oeufs ; et le coq aussi.

Nous ne voulions pas céder des animaux, mais les deux hommes s'avançaient vers l'objet de leur visite, guidés par les gloussements des volailles. Dans le poulailler, des grognements de bêtes féroces étouffèrent leurs jurons.

_ Votre chien voudrait-il bien trancher le pain et dresser la table ? Railla l'un des deux.
_ Nous n'avons pas de chien. Sur ma vie, vous n'accèderez pas à l'antre des poulettes ! Vous êtes déjà fort gras, si bien qu'un mois de jeûne ne vous ferait que le plus grand bien.

_ Fieffée garce ! Je crois bien que ton nez de fouine va goûter de mon lard.
De sa main gantée, il lui asséna un terrible coup de poing, et elle tomba toute flasque contre le sol, le nez saignant, la conscience évaporée aux quatre coins de dans l'atmosphère chaleureuse de la chaumière.

Les grognements se turent pour faire place à un rugissement de bête agacée.

L'autre empoigna mes cheveux d'une main, mon oreille de l'autre et rapprocha ma figure de ses lèvres.

_ Maintenant, fais taire ton chien et sors-le d'ici ; j'ai pas envie de me faire bouffer par un pouilleux enragé.

On n'avait pas de bête autre que nos poules, et je n'avais aucun doute là-dessus ; or, j'étais tout comme eux persuadé qu'un fauve était tapi dans le poulailler ! D'autant plus que les gélines étaient coites comme on peut l'être au beau milieu d'une nuit calme. Voilà qui était étrange. Mais bon, sous la menace des deux colosses métalliques, je me gardai bien d'en faire la remarque !

J'entrai dans la deuxième pièce de notre maisonnette _ l'antre des volailles, donc. Les poules s'étaient éveillées et piétinaient sur le perchoir, aux aguets, trébuchant les unes sur les autres. Cependant, elles étaient silencieuses. Le Beau Sire trônait au milieu d'elles, et son couvre-crête tout juste forgé luisait dans le rayon étoilé qui traversait le chaume.

Ni chien, ni lion, ni licorne aucune dans l'antre nocturne des poules, où seule la lune semblait pouvoir s'introduire. Les chevaliers s'adressèrent un regard entendu et haussèrent les épaules : tout cela n'était guère compréhensible, mais après tout, qu'importe ? La faim les tiraillait, il était grand temps de se servir. Le premier saisit Pourpre Poitrail et sa voisine Cendrille, tandis que le second prenait notre fier coq dans les bras, et en avait déjà plein le dos. L'obscurité rendant leurs yeux à peu près inutiles, les bêtes n'opposèrent aucune résistance. Ils partirent aussi vite qu'ils étaient arrivés et nous laissèrent là, blessés et attristés.





Que devinrent nos poulets après leur enlèvement ? Nous le savons bien, et le moins inventif des jouvenceaux pourrait le deviner aisément. Par quel chemin arrivèrent-ils à l'issue de leur destinée ? Nous n'en avons qu'une vague idée, formée grâce au langues vivaces des paysans, des commerçants de la cour, d'un petit écuyer, et des derniers compagnons de table des ravisseurs affamés.

Les chevaliers rapportèrent leur butin au château, où le cuisinier s'étonna fort du gibier qu'on venait lui confier :

« _ Pourquoi avoir tué des poulets d'un honnête paysan, puisqu'on en sert quasiment tous les jours à la table du seigneur et de son entourage le plus proche ? »

Certes, on était en droit de s'attendre à des viandes plus exotiques de la part de chevaliers revenus de la chasse ou d'un long périple ! Ils s'en justifièrent sans ambages et sans craindre le ridicule. La faim, la légitime faim d'un voyageur privé de bien des douceurs, les avait poussé à quémander un peu de viande sur les terres de son suzerain. Mais, après le vol, les choses s'étaient compliquées de façon inattendue ; les deux hommes s'étaient d'abord battus sur la manière de sacrifier les animaux, l'un souhaitant les saigner afin de recueillir le sang pour en faire une sauce, et l'autre préférant les égorger. Ils avaient finalement saigné les bêtes, mais un autre problème s'était posé : ils ne savaient absolument pas griller une poule et n'arrivaient pas à maintenir un feu assez vif pour cuire de la viande. Enfin, le fait que les poules portent une robe et le coq un couvre-crête en métal ne pouvait que donner une drôle d'impression, quoi qu'on en dise.

Le cuisinier emporta les volailles en hochant la tête.

« _C'est pourtant pas bien compliqué. »

Il les déshabilla, les pluma avant de les vider et de les faire rôtir sur des broches. Pauvres bêtes, il paraît qu'elles furent à leur goût, bien grasses et savoureuses.


OOO

Ce dîner idéal n'autorisa certainement pas leur mauvaise conscience à troubler leur sommeil. Cependant, il était dit que cette nuit-là, ils n'en verraient jamais la fin. Dans la chambre que partageaient les deux compagnons, le calme plat allait sous peu laisser exploser une violente tempête. Une paire de petits pas légers parcouraient le plancher, à la recherche des dormeurs alités, avant de se surélever dans un souffle d'air et de se poser sur le ventre chaudement couvert du plus imposant des deux chevaliers.

« Mais quelle bête du démon se permet-elle de marcher sur ma panse ? Hurla le guerrier. Il se redressa et jeta sa courtepointe au bas du lit. Leur chute provoqua l'envol de quelques plumes de poule arrivées on ne sait trop comment jusqu'à leur litière. Il regarda autour de lui et s'aperçut que la sensation chatouilleuse d'un oiseau sautillant sur la peau avait disparu. Encore un mauvais rêve causé par un repas trop copieux, sans doute. Il se recoucha, sur l'autre côté, la face contre le mur, et se rendormit.

L'écuyer d'abord alarmé en fit de même. Un nuage n'avait pas encore voilé le clair de lune que la désagréable impression qu'un passereau voyageait sur sa couenne l'avait retrouvé. Les griffes n'étaient plus aussi finement chatouilleuses, mais appartenaient à une patte calleuse et robuste qui lui labourait les chairs.

_ Descends de là, oiseau de mauvais augure ! Si seulement je pouvais te voir, et pas seulement sentir l'effet de tes salles patins de bestiole ensorcelée !

Il n'obtint en réponse un rugissement venu de nulle part _ lui aussi ! Qui n'eût pour intérêt que de le surprendre et de réveiller pour de bon son voisin de chambre et le petit écuyer.

_ Mais qu'as-tu, à geindre dans ton sommeil ! J'aimerais me reposer en toute quiétude !

Par chance, l'écuyer, plus lucide, s'était déjà jeté sur son maître dans l'espoir vain de mettre à distance la volaille invisible.

_ Délivre-moi de ce charognard, bougre d'âne, histoire qu'il comprenne que je suis encore bien vivant !

_ Messire, je ne peux qu'éponger vos plaies pour l'instant ! Je ne sais de quel animal vous parlez, car je ne le vois point. Ah ça ! Vingt torches n'y changeraient rien ! Sauf votre respect, je n'y croirais même pas si je ne voyais pas votre chemise se déchirer par endroits, se couvrir de sang et de chair comme par magie.
Le jeune homme s'efforçait pourtant d'agiter ses mains au dessus du ventre de son maître, comme pour chasser un volatile sautillant. Il suivait à la trace le chemin formé par les écorchures. Ajoutées les unes aux autres, elles formaient à présent une blessure vive et profonde.

_ Aide-moi, toi aussi ! Hurlait le chevalier tétanisé par la douleur et la panique de vivre une agression purement inexplicable. Bientôt, ses cris agacés devinrent des gémissements pleins de souffrance vite remplacés par les râles de l'agonir. Ses mouvements se limitaient à détourner le regard vers son double un peu moins gras. Mais ce dernier ne pouvait ni agir, ni répondre, car il était également mal en point.

Ses quatre membres gisaient à l'écart de son tronc, par le fait d'une franche découpe. Alors que l'écuyer allait de l'un à l'autre, épongeant le sang et freinant les hémorragies avec des mouchoirs et des lambeaux de chemise, une ouverture se fit à la base de sa gorge, créant une nouvelle fontaine rouge sombre. Comme si la mutilation n'était pas complète, son torse fut divisé en deux parties en fonction d'un axe vertical partant de l'abdomen pour s'éteindre au niveau de la poitrine. Quelqu'un, quelque chose l'avait tranché tout vivant comme un gibier prêt à cuire.

Le jeune survivant demeura quelques secondes hébété, perdu à mi-chemin des deux corps morcelés que la vie avait abandonnés. Il prit alors conscience d'une odeur bestiale, mêlée de sang humain et de plumage. Dans cette chambre voguait une âcre senteur de poulailler habité. Lui, qui dans son application à venir en aide aux hommes en difficulté avait perdu la notion de ses propres sens, retrouvait peu à peu la perception des bruits, des mouvements et des cris d'animaux qui avaient ponctué le carnage. Au fur et à mesure que la vie quittait les corps, cette agitation sonore, d'autant plus effrayante qu'elle ne formait l'écho d'aucune enveloppe charnelle, perdit de l'intensité et finit par disparaître en le laissant seul avec ses morts.

Ce petit écuyer que nous connaissions bien dans notre campagne, il fut heureusement épargné par les volailles fantomatiques. Longtemps, il avait craint, sans vraiment prendre le temps d'y penser, que le sort s'acharnerait sur lui une fois que ses deux supérieurs auraient été réduits en bouillie. Mais il n'en fut rien ; après quelques heures de réflexion, en dépit de l'épuisement et du choc de ce qu'il avait vu et indirectement subi, il choisit de créer un lien entre le vol des poulets et ces trépas surnaturels. Il en déduisit aisément que, n'ayant pas pris part au repas des poulets habillés et habités d'une conscience, il n'avait aucune raison de faire l'objet de leur vengeance. D'aucuns tentent de l'accuser du double meurtre des chevaliers, car ils ne croient pas à la diabolique cause de leur mort. Mais il tiendra bon, car il en a bien trop vu pour se laisser déstabiliser par de simples mortels. Peut-on seulement songer à de telles scènes avant de tuer deux hommes ? Sans doute pas. S'il ment, tant pis pour lui ; il mourra dans une souffrance bien moindre que celle de ses maîtres, et aura assez de répartie pour défendre sa place au paradis.

OOO

Ca y est, la cérémonie est terminée. Nous l'avons suivie de loin, non par compassion pour l'âme des défunts, mais pour faire notre deuil de cette mésaventure. Comme si nous avions besoin d'être sûrs et certains de l'enfermement définitif de ces deux corps de brutes. Des gamins endimanchés parcourent le rang d'oignons que forment la noble ascendance familiale des chevaliers voraces, et crient au fantôme. Ils disent avoir entendu des cris de bête aux alentours des stèles et tentent de convaincre quelques damoiseaux de la véracité de leurs dires, sous leurs regards amusés.

_ J'ai entendu un chien aboyer dans le cimetière, et un coq chanter.

_ Non, c'était un chat sauvage !

_ Certainement pas.

_ Oh, je jurerais que c'en était un, pourtant. Mais une chose est sûre, un coq a chanté.

Il va de soi que les mystères sont destinés à le rester pour toujours ; aussi ma soeur, l'écuyer, les villageois et moi-même ne saurons jamais rien du fin mot de l'histoire. On ne peut que supposer l'éclosion de phénomènes indépendants du bon sens de la nature et de la volonté de Dieu : Beau Sire était-il hanté par une bête féroce, ou avait-il le pouvoir d'en appeler une à son secours ? Les âmes de ses dames ont elle cédé à la tentation de faire connaître aux corps des deux chevaliers des souffrances pareilles aux leurs ? Personne ne peut l'assurer, mais personne ne se risque à avancer d'autres théories...

« Et l'écuyer ? Me direz vous, n'a-t-il pas cédé à la folie de tuer ses maîtres et de se cacher derrière une histoire de sorcellerie farfelue ? » Oh, à vrai dire, je ne le pense pas. Il n'aurait trouvé aucun intérêt à agir ainsi, même sur un coup de tête. Aucune arme humaine n'a été utilisée pour aucun des deux meurtres, et sa description est tellement précise qu'on n'en peut douter. Depuis, il erre à moitié fou à travers le village, contant son histoire partout et passant ses nuits à veiller. S'il est un jour jugé coupable et condamné à mort, son exécution ne pourra être qu'une délivrance de son âme ; pour l'heure, il convient d'avoir pitié de lui, au lieu de l'accuser.

Lorsque ma soeur a contemplé, la nuit dernière, et ce matin encore, les trois tristes espaces vides sur le perchoir déserté par nos chers martyrs, elle s'est consolée en espérant que leurs fantômes prennent le temps d'errer encore un peu parmi nous, afin de venger leurs frères.



mercredi 15 août 2012

Soyons sérieux : cassons les murs !


          Lorsque la cour de récréation se fait trop petite et semble hostile aux plus frileux, le CDI devient un terrain de jeux idéal pour n'importe quel ado. Un "lieu de vie", "d'accueil" et de "convivialité", faut-il dire pour reprendre les termes en vogue. Effectivement, il suffit de quelques instants de relâchement pour les tables accueillent les sacs à dos, et les étagères, les pieds. Entre ceux qui ne mesurent pas la gravité des dégradations qu'ils provoquent, et ceux qui n'en ont que trop conscience, la marge n'est pas bien grande : ainsi sont les enfants ! Alors on se console comme on peut : il faut bien que "jeunesse se passe", "il est préférable qu'ils se lâchent maintenant que dans dix ans, car ce sera dix fois plus grave". Ce n'est pas faux.   

            Or, ces raisons suffisent-elles à justifier la transformation d'un CDI en no man's land ? Peut-on parler de convivialité quand le tiers du collège se confine dans une salle sans aucune possibilité d'en ressortir... puisque la grande blague du moment est de caler un bac de bandes dessinées en travers de la porte d'entrée pour bloquer l'accès au champ de bataille ? Pas la peine d'enfoncer la jeune professeure documentaliste de cet établissement, bien qu'elle ait été parfois méprisante avec tout le monde en général, et avec les employés de vie scolaire en particulier. Bien qu'elle soit, quand même un peu responsable de la situation, aussi. Qui aurait fait mieux ? Pas grand monde, et certainement pas moi. Il semblerait même que la gestion du CDI ait toujours été une énigme non résolue dans ce collège, pour bien des raisons.


C'est pourquoi j'aimerais vous faire partager un article paru dans InterCDI, LA revue destinée aux documentalistes de l’Éducation Nationale, car il a fait écho en plusieurs points à des situations vécues. Publié dans le numéro 224 de mars-avril 2010, il traite notamment des rapports entre le CDI et la Vie Scolaire. L'auteur, François Daveau, est le secrétaire général du Centre d'Etudes de la Documentation et de l'Information Scolaire (CEDIS).  

Voici un lien vers cette publication, suivi de ce que j'en ai retenu, et de la manière dont je l'ai interprété, sans prétention aucune.




Les missions du professeur-documentaliste ont beau être clairement définies, connues de tous et globalement admises, elles sont sans cesse détournées. En effet, on considère toujours le CDI comme un local pourvu de tables et de chaises bien pratique à l'"accueil" d'élèves lorsqu'un manque de "places assises" se fait sentir partout ailleurs. Lorsque des élèves viennent au CDI parce qu'il fait trop froid dehors, ou parce qu'il n'y a pas assez de place en étude, il n'est plus question de chercher à appliquer la politique documentaire de l'établissement.    

Les élèves manquent d'espace de socialisation, où ils peuvent discuter et se faire des blagues bruyantes et débiles en toute quiétude : les cours de récré ne sont pas assez spacieuses, ne proposent pas assez d'activités sportives. La présence d'un foyer ou d'une cafétéria, voire des deux, éviterait que les élèves viennent au CDI pour des raisons qui ne sont pas les bonnes : parler, débattre, éviter ses ennemis, roucouler, pleurer sa mère, ou jouer au basket en lançant des dictionnaires dans une poubelle. Si tous les collèges ne peuvent à l'évidence construire un bowling au fond de la cour pour contribuer au bien être des gosses, il convient de ne pas détruire ce qui leur tient lieu de lien social dans une vie qui n'est pas toujours rose. Faut-il tolérer pour autant un brouillage des frontières entre les différents lieux de la structure ? Sûrement pas. La salle d'étude n'est pas plus une annexe de la cour que le CDI n'est une salle d'étude funky.



Un exemple de "Bordel o cdi" .. et encore, ça reste gentillet.

Un lieu de vie nécessite des règles établies, acceptées et appliquées par tous : les centres de documentation et d'information ne sauraient être une exception. Or, on sait bien que les adolescents adorent jouer avec les limites du cadre réglementaire, surtout lorsqu'ils sont au collège ou au lycée, carrefour de contrariétés et d'interdits pour beaucoup d'entre eux. Très vite, l'insolence guette en réponse à la moindre remarque. Alors que faire pour leur faire comprendre l'utilité de ce cadre, et les  amener à avoir envie de le respecter ? Faire appliquer un règlement sous la peur et la contrainte entraîne un jour ou l'autre un retournement de situation qui n'est jamais à l'avantage de l'adulte... même si, sur l'instant, la menace de sanction est souvent bien pratique.    

François Daveau pointe une possible cause du rejet des repères fixés par l'adulte : la distribution des rôles dans le personnel enseignant et éducatif. Encore une fois, le manque d'effectifs dû aux restrictions du nombre de postes dans l'Education Nationale serait source de dysfonctionnements : par exemple, le personnel de Vie Scolaire intervient de plus en plus dans des tâches relevant de l'enseignement, au détriment des fonctions qui lui revient. Il n'a pas tort, à mon avis. J'ajouterais que l'élève peut vivre la situation comme une perte de repères : qui fait quoi ? Si l'assistant d'éducation transmet un savoir disciplinaire au même titre qu'un prof, le professeur documentaliste peut aussi occuper les fonctions d'un assistant d'éducation. Concrètement, les tâches des uns et des autres sont assez intimement liés. N'en déplaise à ma jeune "profdoc" citée plus haut : "les parents élèvent mal leurs enfants", se lamentait-elle, "nous devons les éduquer en plus de leur apprendre des choses. Mais moi j'ai un capes, j'ai été formée pour être professeur documentaliste et mon travail n'est pas de leur apprendre à bien se conduire." Ben si, un peu quand même ! Il me semble que le prof n'a aucune raison de rejeter la fonction éducative, même si elle demeure peu abordée dans les programmes des différents CAPES. Face aux élèves cependant, on devrait être en mesure d'expliciter clairement ses fonctions et de poser des frontières entre les tâches des uns et des autres, afin que les enfants sachent qui est qui.

L'importance de la communication entre les différentes instances de l'établissement, et en particulier entre le(s) professeur(s) documentaliste(s) et les personnels de vie scolaire est primordiale. Elle est d'ailleurs soulevée à juste titre dans cet article ; un minimum de dialogue et de respect des uns et des autres est nécessaire. Comment peut-on demander aux élèves ce qu'on ne fait pas soi-même ! Il arrive que chacun vive avec ses oeillères, ignorant la nature-même du métier de l'autre. Faudrait-il créer des petits stages d'observation internes aux établissements, où des professeurs passeraient quelques heures à la vie scolaire, où des CPE/AED iraient dans les classes (ou au CDI) assister au déroulement d'un cours ? Pourquoi pas !*

Voilà, les problèmes nous sont connus ; on est sans doute nombreux à être d'accord avec les constats de l'auteur. Ils nous remueront le couteau dans la plaie tant qu'on n'aura pas de solutions. En attendant, les belles pistes de travail que voilà ! Une ébauche de remède nous est proposé : travailler la configuration des lieux. Non pas seulement le CDI, mais tout l'établissement, qui forme une entité. L'idéal, celui qu'on vise forcément pour progresser, serait de multiplier les endroits attractifs afin que les élèves viennent au CDI pour des raisons appropriées à leur fonction. Ok, on casse les murs. Et après ? Concrètement, ce n'est pas forcément réalisable. Dans mon petit collège de centre ville, on n'a jamais pu se permettre de fonder ni un foyer, ni une cafeteria, ni des terrains de jeux, car la superficie ne le permet pas. Alors nous devrons pleurer nos mères jusqu'à ce qu'on trouve un architecte qui nous plante tout ça à la verticale !

François Daveau fait enfin référence, en conclusion de l'article, au Rapport de Inspection Générale EVS et de l'Inspection Générale des Bibliothèques de 2009, que je m'en vais lire de ce pas ! 

M'étant considérablement enflammée, j'ai sans doute oublié d'expliciter plusieurs points de cette publication qui donne à réfléchir. Je m'en excuse par avance, et vous engage à la lire de plus près, même si vous n'avez rien à voir avec l'Education Nationale : les problèmes étant sensiblement les mêmes à l'école que partout ailleurs, cela peut forcément vous intéresser.

* Je précise que l'idée n'est pas de moi ; c'est celle du big boss. 
 
Daveau, François. "La vie scolaire en question", InterCDI n°224, mars-avril 2010. Url : http://www.intercdi-cedis.org/spip/intercdiarticle.php3?id_article=1552. Consulté le 15 août 2012.  



mardi 14 août 2012

Les Aventuriers de la Mer - 2 - Le navire aux esclaves. Robin Hobb (1998)




Malgré les tension familiales, les conflits d'intérêts et les risques de la mer, les navires ont repris de large, emportant avec eux les héros des Aventuriers de la Mer.




Où est-ce qu'on en était ? 

Kyle Havre est désormais le nouveau propriétaire de Vivacia, la vivenef de la famille Vestrit. Il entend utiliser le vaisseau magique pour se lancer dans le commerce des esclaves, et commet ainsi un sacrilège dans l'univers des Marchands de Terrilville. Son fils aîné, Hiémain, l'accompagne dans son sinistre voyage vers le port de Jamaillia ; or, le jeune mousse enrôlé de force pour ses capacités à communiquer avec la Vivacia, n'entend pas faire carrière dans la marine car il se sent destiné à la prêtrise. 

Althéa Vestrit, l'héritière légitime du vaisseau magique, s'est engagée sur un navire-abattoir spécialisé dans la chasse à l'ours. Pour se faire embaucher plus facilement, elle décide de se travestir et de se faire appeler "Athel". C'est tout à fait par hasard qu'elle va retrouver à bord du sanglant Moissonneur Brashen Trell, le marin qui a promis à son père de veiller sur elle.

Kennit, l'antipathique capitaine de la Marietta jouit d'une gloire inattendue. Lui, le pirate au coeur de pierre qui voulait attaquer les navires transportant des esclaves dans le seul but de s'enrichir, se voit unanimement qualifié de bienfaiteur de l'humanité lorsqu'il réussit dans son entreprise ! Il profite donc un maximum d'une situation qui gonfle son ego... bien que les remerciements, les louanges de son équipage et des esclaves libérés ne tardent pas à l'agacer.

A Terrilville, la tradition veut que les femmes restent à terre ... Ronica Vestrit et Keffria s'y sont pliées depuis longtemps, contrairement à la rebelle Althéa. En chef de famille assumée, malgré le désaccord d'un Kyle bien plus conservateur que ses aïeux, Ronica se démène pour honorer ses dettes et veiller au bon fonctionnement de la maison, en faisant fi de ses chagrins multiples. Mais la bonne volonté ne suffit pas toujours. Keffria prend l'eau comme une vieille barque : dépitée par l'inflexibilité d'un mari qu'elle avait idéalisé et par son manque d'autorité face à la petite Malta, elle sait plus faire grand chose d'autre que fondre en larmes et rêver du passé.


Le piège des traditions 

Robin Hobb a pris le parti de nous présenter l'évolution parallèle de multiples héros disséminés aux quatre coins des Rivages Maudits, pour le plus grand bonheur du lecteur en quête de dynamisme : passant d'un décor à un autre, il n'aura guère le temps de s'ennuyer et d'oublier un pan de l'action dans un coin de se cervelle. Si les liens entre les différents protagonistes se dessinent sans être encore très clairs, les dialogues entre les serpents de mer paraissent encore bien énigmatiques ; plus pour longtemps, sans doute. Pour l'auteur, cette technique d'écriture dont le nom conventionnel m'échappe, et que j'appellerai donc "multiplex narratif" pour l'occasion, a un autre avantage pour nous comme pour elle : le respect quasi parfait de la chronologie. L'efficacité du procédé n'est d'ailleurs plus à démontrer dans le domaine de l'heroic fantasy puisque Tolkien l'a déjà utilisé en écrivant Le Seigneur des Anneaux, et ce, dès la dissolution de la Communauté de l'Anneau (fin du tome 1, "La Communauté de l'Anneau").

Le multiplex narratif, donc, souligne l'un des grands messages que la (trop) bien pensante Megan Lindholm alias Robin Hobb tient à faire passer dans son ouvrage : qu'on soit à Terrilville, à Jamaillia, à Chandelle ou à Cresson (!), sur terre ou en mer, une femme ne vaut rien et n'a pas plus d'espace vital qu'une poule pondeuse d'élevage, ou que madame Ingalls. Voyez vous-même : elle a tellement peu d'importance dans l'action que j'en ai oublié son prénom. Mais là n'est pas le problème.

Heureusement, Robin Hobb est là pour faire régner la justice : féminisme à prix discount bonjour ! Enfin, on se moque, mais c'est quand même mieux que rien, lorsqu'on sait que la série s'adresse à un public d'adolescents et de jeunes adultes. Dans L'Assassin Royal, la question ne se posait pas : les Six-Duchés étaient une terre où l'égalité des sexes régnait. D'ailleurs, les premières allusions faites au champ de bataille de Fitz et compagnie émanent des marins du Moissonneur que sont Brashen et Reller : elles évoquent le statut de la femme et l'existence des dragons comme autant de faits légendaires qui restent à prouver !
Le travail sur le brouillage des genres est intéressant : entre l'univers marin où il faut sans cesse afficher sa virilité, la vie des femmes restées à terre comme autant de biches sans défenses inquiètes pour leurs maris et terrifiés par eux, Althéa et Hiémain sont des rebelles qui ont bien du mal à trouver leur place.
 
Ephron Vestrit a toujours permis à Althéa de se conduire comme un garçon, au grand regret du reste de la famille, qui y a toujours vu une attitude inconvenante. C'est pourtant grâce à son travestissement réussi que l'héritière légitime de la Vivacia va pouvoir s'intégrer sur le Moissonneur ... jusqu'à ce que sa véritable identité la rattrape, la faisant dégringoler au rang de moins que rien. La feinte est originale, mais sans plus. Pensons au Supplément au voyage de Bougainville de Diderot, où le travestissement d'une jeune femme à bord du navire de Bougainville avait tenu la route jusqu'à ce qu'elle pose un pied sur le sable tahitien, et que les mecs autochtones lui tombent dessus comme des morts de faim sans se soucier une seconde de son apparence. Ce petit ouvrage donnait lieu à tout un débat sur le statut de la femme, il serait bon de faire une lecture parallèle des deux histoires.


Au programme du Bac L en 2004

Par contre, l'attirance de Brashen pour Althéa, en partie parce qu'elle se voile sous une allure et des vêtements d'homme, et plus originale. Cela dit, restons soft : Althéa n'est pas homo. D'un air gêné puis agacé, elle repousse les avances des serveuses lors de ses haltes à terre. On apprend même qu'elle a commencé à coucher à 14 ans avec un marin de la Vivacia, ce qui lui a valu de se faire traiter de pute par Keffria. Allons-y doucement. Rebelle ok, dépravé, non !  

Hiémain apporte la touche philosophique du roman ; il a une formation de prêtre au service de Sa, la divinité locale. Par définition, il n'est pas viril, ne fait pas de blagues salaces, et ne trempe pas sa queue dans la choppe du capitaine pour se venger d'un affront. Montrer aux autres qu'il est un homme, alors que ça ne se voit pas, et qu'en plus, son physique d'enfant ne lui déplaît pas forcément, n'est pas une tâche facile. Son premier voyage en tant que mousse lui vaut des moqueries qu'il ne comprend même pas. Exaspéré par son attitude, le capitaine Kyle lui renvoie un portrait de lui-même où sa tante Althéa apparaît, portant les mêmes déviances que lui :

" Pourquoi ne faites-vous pas cette offre à Althéa ? " Demanda Hiémain. La douceur de sa voix interrompit net le flot d'interrogations de son père. 
Les yeux du capitaine étincelèrent comme des saphirs. " C'est simple : c'est une femme. Et toi, par tous les démons, tu vas devenir un homme ! Pendant des années, j'ai du supporter de voir Ephron Vestrit traîner sa fille derrière lui et la traiter comme un garçon ; et puis, tu es revenu avec ta robe brune, tes muscles de fillette,  tes manières de mouton et ta timidité de lapin, et je me suis alors demandé : "Ai-je mieux fait que lui ?" car devant moi se trouvait mon propre fils qui ressemblait plus à une femme qu'Althéa elle-même."  (pp. 35-36, Flammarion J'ai Lu Fantasy n°6863)

Même si la vie de marin a peu à peu raison de son tempérament calme et de son existence pure, Hiémain n'a qu'une envie : retrouver le monastère dont on l'a extrait de force. Peu lui importe d'être un homme, une femme, ou autre chose puisqu'il est avant tout au service de Sa et des autres. On peut dire que tout l'oppose à sa petite soeur Malta, dont le caractère est profondément imprégné de mouvements hormonaux divers... et que Kyle Havre considère ouvertement comme "sa préférée". L'enfant est déjà une femelle manipulatrice en puissance, au-delà même de ce qu'une caricature pourrait nous présenter : agaçante, en conflit constant avec sa mère et sa grand-mère si démodées et si peu soucieuses de ses désirs vestimentaires, elle obtient tout ce qu'elle désire de son cher père au nez et à la barbe de Keffria. Tant que sa pensée ne va pas plus loin que la belle étoffe et le beau Cerwin Trell, elle se comporte selon lui comme une femme telle qu'on devrait pouvoir la définir à Terrilville. Lui, si étroit d'esprit, ne semble pas sentir le poids des traditions sur un territoire où le moindre geste et une simple robe peuvent dire beaucoup des intentions d'une femme ou d'une famille entière...

   
  
  • Hobb, Robin. Les aventuriers de la mer. "Le navire aux esclaves". Paris. Flammarion. Coll. "J'ai lu". 1998. 381 p. ISBN 2-290-33705-6



mercredi 8 août 2012

Shameless (UK) - Saison 4 - 2007



Comique, cruelle et profonde, la saison 4 de Shameless est une réussite ; quelques mois de pause dans mes résumés, et la poursuite très progressive du visionnage des épisodes en cours de diffusion, me l'avaient presque fait oublier ! Pourtant, l'évolution de la famille Gallagher à travers ces 8 chapitres longs d'une quarantaine de minutes mérite bien d'être passée au crible.    



Épisode 1

Kev, Veronica et Marti, les voisins des Gallagher, ont mystérieusement disparu. Tout Chatsworth s'inquiète, d'autant plus que le couple avait accumulé quelques dettes dans le voisinage... Les explications arriveront dans le journal télévisé : toujours accrochés à leur rêve d'adoption, ils ont été pris la main dans le sac, en train d'acheter un bébé dans un orphelinat roumain. Les Maguire décident de s'approprier la maison déserte : qui pourra les en empêcher, puisqu'ils sèment la terreur sur leur passage ?   
Frank Gallagher a mis le feu à son repas et s'est légèrement intoxiqué dans la combustion de son manteau. Il est transporté à l’hôpital suite à l'incident. Lorsqu'il s'agit de prévenir les proches, les services médicaux sont bien ennuyés : il y a deux Madame Gallagher. Laquelle faut-il appeler ? Le sort fait que Monica sera plus facile à joindre que Sheila. Cette reprise de contact est un prétexte idéal pour donner envie à la mère fantomatique de la tribu de s'incruster parmi eux et de reprendre sa place dans le foyer ... à l'insu de sa copine Norma ! Hormis Carl, qui semble avoir particulièrement souffert de l'absence de Monica, les enfants voient d'un mauvais oeil ce retour soudain. Debbie a décidé de lui mener la vie dure.
Toute la famille prépare en secret une fête pour les 18 ans de Lip. Le jour J, il apprend qu'il a en fait 19 ans car Frank et Monica ont mis un an avant d'aller le déclarer. Les Maguire lui ont aussi préparé un cadeau de bienvenue à Lip : l'entrée dans leur clan. Celui-ci refuse et se met à dos toute la famille de Mandy. 



Épisode 2 

Sheila ne tarde pas à se rendre compte de la présence de Monica à Chatsworth, d'autant plus qu'elle allume Frank aussi bien dans la rue qu'au pub, sans se soucier du qu'en dira-t-on. La mère de famille, qui revendique fièrement sa place en parodiant une nourrice soucieuse de la nutrition de ses enfants à l'heure du petit déjeuner, a bien l'intention d'évincer sa rivale et de se débarrasser de Norma. Seule Debbie ne semble pas être dupe de ses caprices d'enfants, cachés sous les plaintes que nul n'ose remettre en question, et le soudain désir d'être en famille. Avec l'aide de Sheila, elles vont tenter de mieux cerner les goûts de Monica en matière de filles, et de relooker Norma pour la rendre plus attrayante.

Pendant ce temps-là, les Maguire sont en effervescence : Jamie, l'aîné de la fratrie, est enfin libéré après dix années d'emprisonnement pour meurtre. Tous le craignent, sans savoir qu'il a décidé de se racheter une conduite et de gagner sa vie honnêtement... en travaillant dans le pub de Jez. Les frictions qui l'opposent à Karen Jackson sont trop fréquentes pour ne pas être douteuses ! Quant à Shane, le cadet aux cheveux en bataille, il se sent quelque peu oublié et tourné en dérision depuis le retour de son frère.  


Norma, pas de très bonne humeur au réveil...

Episode 3 

Les Gallagher récupèrent les déchets de leurs voisins pour organiser un vide-grenier et en tirer quelques fonds. Sous l'oeil narquois des Maguire bien plus à l'aise financièrement, ils réparent et nettoient divers meubles, appareils électro-ménagers, vêtements... jusqu'à ce qu'ils découvrent une main humaine dans un carton d'emballage. Il semblerait que Fergal, le quatrième fils de Patrick et Mimie, ait fait les frais d'une sombre histoire opposant son frère aîné Jamie à une autre famille de trafiquants. 

A l'approche de son premier anniversaire de mariage avec Sheila Jackson, Frank Gallagher a toujours du mal à jongler entre ses deux femmes. Monica lui est toujours aussi irrésistible avec sa boulimie sexuelle, son côté autoritaire et sa détermination à casser son histoire _jusque là sans nuage_ avec la mère des jumeaux. Cette dernière explose littéralement lors de la petite fête organisée chez elle le soir-même, et s'essaie au lancer de couteau sur son mari ... après lui avoir annoncé qu'ils partiraient bientôt en croisière au bord de la Méditerranée.
Le lendemain, Sheila et Monica posent un ultimatum à Frank : il a une journée pour choisir avec qui il jugera bon de continuer sa vie. 


"Tu n'es pas végétarienne, tu n'es pas lesbienne, et tu couches avec mon Frank !!!"

Épisode 4    

En apprenant la mort de son frère, Mimie Maguire pense qu'elle est porteuse d'une malédiction et tombe dans le mutisme le plus total. Patrick pense qu'un mariage précipité entre Lip et Mandy pourra conjurer ce mauvais sort : cette idée n'enchante guère le futur mari, mais a-t-il vraiment le choix ? Ian apprend qu'il a été licencié de l'épicerie d'Yvonne et Kash Karib, pour cause de problèmes financiers. Une situation difficile à imaginer devant les opérations marketing de Kash et son évidente folie des grandeurs. Ian préfère voir un lien direct entre leur rupture et la perte de son travail. Fou de colère, il rentre chez lui à mobylette et renverse Anne, une petite frappe qui vient de voler une valise entière de tickets de jeux à gratter à Shane Maguire. L'accident lui sauve la mise, puisqu'elle arrive à convaincre Ian de la cacher quelques temps dans le grenier des Gallagher. Alors qu'ils passent des heures à gratter, gratter, gratter, une étrange relation naît entre eux : est-ce le temps des remises en question pour celui qui se dit 100% gay ? Jamie Maguire drague comme il peut une Karen Jackson sur la défensive, elle qui nous avait habitués à être moins farouche !


Ian et sa nouvelle copine sur une mobylette (volée, cela va de soi !) : "Un dimanche matin, avec ma putain, ..."
Épisode 5

Les Gallagher mettent la pression à Debbie pour qu'elle se trouve un copain le plus rapidement possible. Devant le désintérêt total de sa fille - et rivale - pour les garçons de son âge, Monica dénonce un comportement anormal voire malsain. Debbie tente donc de remédier à la situation en se faisant sauter par le premier venu. Elle rencontre Luke, nouvellement arrivé à Chatsworth et issu d'une famille pentecôtiste. Frank Gallagher, qui n'avait pas vraiment contesté les exhortations à aller traquer les mâles destinées à sa fille, voit d'un mauvais oeil cette relation.

Ian fait la connaissance de Mickey Maguire, avec qui il couche assez rapidement. Mais chez les Maguire, on ne fait pas les choses à moitié : soit on tue, soit on adore. Mickey dévoile aussitôt ses sentiments à Ian, qui le renvoie balader, bloqué par l'idée que son don juan se soit fait sucer par son chien durant son adolescence. Quant à Jamie, il ne veut entamer de relation avec Karen que dans la perspective d'un mariage ! Elle accepte sans être convaincue... et entre dans l'univers très fermé des copines braqueuses de Mimie.   
  

"Je suis tout seul à la maison. Mes parents sont à leur cours de danse irlandaise."

Episode 6 

Carl est déboussolé : lui qui pensait avoir retrouvé un équilibre familial avec le retour de sa mère à Chatsworth prend conscience de la complexité de la situation. Il est le seul des cinq enfants à se souvenir de l'anniversaire de Monica et à le lui souhaiter en cuisinant son plat préféré... mais il n'accepte pas qu'elle couche encore avec Norma. A tel point qu'il tente d'éjecter la routière de son paysage.

Une détresse financière crée des tensions entre Lip et Mandy. Lorsqu'il propose à Kelly, la soeur de Kev récemment revenue dans la cité, d'habiter avec eux contre un loyer, elle interprète mal ses intentions et refuse, contraignant la toxico à squatter chez Lilian Tyler.

L'arrivée de Carrie dans l'équipe de police de Chatsworth bouleverse les petites habitudes de Stan et Tom : la fliquette a les dents longues et ne laisse absolument rien passer aux habitants de la cité, même lorsque ceux-ci agissent avec la connivence des forces de l'ordre. Ambitieuse et impitoyable, elle n'en allume pas moins ses collègues de travail.
Les Maguire continuent de terroriser, de casser des bras et de kidnapper leur future belle-fille Karen, pour la simple et bonne raison qu'elle ne se sent pas prête à intégrer le "clan". Shane s'est embarqué dans une affaire de pilules d'ecstasy volées et sollicite les services de Frank Gallagher pour ne pas souffrir directement d'éventuelles représailles.


Quand Frank Gallagher et Shane Maguire s'allient pour une cause commune...

Episode 7 

Au petit matin, Frank essaie de voler de l'argent à Norma, profondément endormie dans le van. Sa maladresse finit tout de même par la réveiller : elle pense alors qu'il a tenté de la violer. Elle compte l'éloigner d'elle en déposant une plainte, consciente de son éloignement faciliterait la reconquête de Monica.

Lip et Ian aident Yvonne dans le fonctionnement du centre d'appel clandestin qu'elle a fondé dans l'arrière boutique de l'épicerie ! Lip se fait draguer par Nadia et y prend goût jusqu'à ce qu'il comprenne qu'elle est trans : sa vexation est si grande qu'il s'en prend à Ian, parfaitement au courant. La querelle, née sur fond d'homophobie, va déteindre sur la vie de la famille.

Patrick Maguire a caché de l'explosif dans la cuisine, malgré les interdictions de sa femme. Voyant que les poubelles s'enflamment régulièrement à Chatsworth sous l'effet de mini-bombes, il craint à juste titre que la planque ait été découverte. En effet, Mimie a demander à Shane et à Mickey de faire disparaître le petit paquet jaune qui ressemble tant à de la pâte à modeler...        


Shane et Mickey Maguire "Eh, mais c'est la crème de maman !_ Non..."

Épisode 8

Patrick Maguire tombe dans la dépression en voyant disparaître ses plus proches compagnons de cellule. Lorsqu'il remarque qu'il est le dernier survivant d'une joyeuse bande de malfrats, la tristesse se transforme en peur d'être le suivant. Il entreprend une thérapie, pour le plus grand malheur de son psy.

Le dossier scolaire de Lip est accepté dans trois universités ; il n'a plus qu'à choisir. Tous se réjouissent en apprenant la nouvelle, sauf Mandy, qui ne comprend pas pourquoi son copain lui a affirmé quelques jours plus tôt qu'il était refusé partout. De plus, partir à la fac, c'est laisser sa petite famille à Chatsworth.

Carl se montre aussi très froid face au succès de ce frère aîné un peu trop sûr de lui : est-ce qu'on en ferait autant pour quelqu'un d'autre ? Pendant que tout le monde se congratule, sa tête est en ébullition sous l'effet de projets mystérieux. Il enchaîne les petits cambriolages et les reventes d'objets divers, et perçoit Norma comme une poule aux oeufs d'or, lui proposant de racheter le van bleu et blanc des Gallagher : si elle s'attache à le remettre en état, Monica pensera peut-être qu'elle veut partir de la cité et reviendra vers elle pour ne pas perdre l'un de ses deux sextoys ? Norma est séduite par l'idée... mais prépare un départ bien réel. 

Jamie et Karen préparent leur mariage, qui a lieu dans quelques jours. Leurs plans sont souvent interrompus par la formation "d'agent de probation" que suit Jamie.    


A noter dans ce dernier épisode une réplique très poétique de Frank à Norma : "Retourne dans une vie antérieure, chacal, celle où t'avais deux queues et un oeil !"

Une saison psychologique 

Bien que les aventures des Gallagher et de leurs voisins de Chatsworth reprennent environ un an après le mariage de Sheila et Frank, le téléspectateur novice ne se sentira pas largué le moins du monde, même s'il ignore tout de la saison 3. Par contre, il ne mesurera pas à quel point les rapports (familiaux notamment) entre les personnages principaux se sont complexifiés.

Le retour de Monica au sein du cocon vermoulu des Gallagher crée bien des émois, mettant les gosses à fleur de peau : il faut dire que leur mère adopte un comportement qui ressemble fort à celui d'un ado de l'âge de Carl ou de Debbie. Ce sont d'ailleurs eux qui se sentent le plus bouleversés par sa présence, et réagissent de façon extrême. Parce qu'elle a joué le rôle d'une mère auprès de ses frères et sœurs, Debbie perçoit aussitôt Monica comme une intruse à éradiquer : elle n'hésite pas à enflammer ses valises pour lui faire passer l'envie de se réinstaller avec eux. Carl, quant à lui, se jette au cou de celle qui était disparue et qui est retrouvée. Stupidité, naïveté face aux belles paroles de la première femme de Frank, toujours prête à se faire victimiser quand le vent tourne en sa défaveur et qu'elle se sent piégée ? Ou simple besoin de reconstituer la famille idéale qu'il n'a jamais connue ?

Qu'est-ce qu'être une mère ? Faut-il couver ses gosses et les rassurer perpétuellement comme l'ont fait Fiona et Debbie ? Est-ce consacrer sa vie aux autres sans jamais penser à soi ? Cette représentation atypique de la maman qui couche avec deux personnes plusieurs fois par jour et expédie la préparation du petit déjeuner pour avoir plus vite l'opportunité de "prendre soin d'elle" donne a réfléchir. Notre culture commune nous susurre de condamner l'indigne génitrice, mais n'est-ce pas trop facile ?

Heureusement, Monica est un personnage pourri jusqu'à la moelle, ce qui signifie qu'on a plein de raison de lui taper dessus, même si on n'est pas un macho ou un conservateur qui tient à ce que le monde tourne au rythme de ses petites habitudes. On ne peut certes pas lui reprocher d'être un femelle en chaleur, mais ces allures de gamine capricieuse provocatrice et fouteuse de merde en font une idéale "méchante" de films ou de série TV. Dans le premier épisode de la saison, Monica apprend que Frank s'est remarié sans l'avoir prévenue, persuadé qu'il était qu'elle ne remettrait plus les pieds à Chatsworth. Piquée, elle tente de faire sortir Sheila de ses gonds, et y arrive fort bien.

              


Le deuxième épisode sera d'ailleurs marqué par la mini parodie de Kill Bill, franchement bien trouvée, avec Sheila et Monica dans les rôles principaux. Regardez-là, cela vous fera rire même si, tout comme moi, vous n'avez pas aimé ce film. Oui, je sais qu'il en existe d'autres...

Monica et Frank ont un grand point commun : ils sont laids et cons, mais nombreux sont celles et ceux qui tombent sous leur charme. Sheila et Norma sont les deux grandes perdantes de la saison. Si l'une finit par sauver sa peau en même temps qu'un reste de dignité _ ce qui donne lieu à un super coup de théâtre à la fin de l'épisode 3, puisque, comme souvent, Frank attend les dernières secondes pour tout foutre en l'air _, l'autre se fait écorcher du début à la fin de la saison, sans interruption. C'est dans le seul espoir que Monica se "réveille" et reparte avec elle, que la routière campe dans le van des Gallagher ; mais ce "réveil" ne peut se produire puisque sa belle a besoin de deux partenaires à plein temps, et de préférence, deux partenaires qui se "battent" pour elle, afin qu'elle se sente "désirée".

Comme souvent, finalement, Frank ne sait pas où il en est, et ne parvient pas à résister aux avance de Monica, bien qu'il préfère de loin Sheila, ne serait-ce que pour le confort, le soutien et la stabilité qu'elle lui apporte. J'espère avoir l'occasion de faire un article de blog sur les rapports entre Frank et les femmes avec qui il sort ou couche, car il y aurait fort à dire, en particulier qu'elles l'affaiblissent considérablement. Mais elles ne lui ramollissent jamais autant l'esprit qu'un billet de 20£.   

Enfin, la famille Maguire fait partie des personnages secondaires en pleine émancipation suite à la disparition de quelques pauvres diables (Kev, Veronica, Fiona et Steve notamment). C'est, à mon avis, une réussite d'avoir intégré cette dynastie de dealers pas vraiment méchants. Les rapports de rivalité entre les frères Maguire notamment, ainsi que la pureté de leur esprit de famille sont tout aussi réalistes que comiques. Eux qui tuent, blessent, eux dont "on ne peut pas dire grand chose si on ne veut pas se faire péter un bras"* ne peuvent être totalement détestables, tant ils sont frappés. Leur proximité géographique avec les Gallagher _ puisqu'ils récupèrent la maison de Kev et Veronica_ les rend totalement incontournables. Nous connaissions déjà Mandy, Patrick et Mimie, et nous découvrons Shane, Mickey et Jamie. Ils sont autant de fleurs en pleine éclosion, ou de bombes en pleine explosion, c'est selon.   



L'âge d'or de la série touche-t-il à sa fin ? 

Il faut savoir être critique, même si c'est difficile. Pourtant, cette saison 4 marque bel et bien l'apogée d'une série qui ne pourra plus que perdre en intérêt, dorénavant. En effet, on commence déjà à regretter la disparition de certains personnages... et, sachez-le, ce n'est hélas que le début d'un défilé de nouvelles têtes au fil des saisons. Mais bon, chacun sa vie ! Vu la médiatisation de cette série, on peut aisément comprendre la décision d'un acteur un minimum carriériste.

  • Le spectateur ne sera sans doute pas fan des départs en cours de saison, à l'image de Sheila et des jumeaux. C'est d'autant plus dommage car son personnage de gentille femme névrosée apportait une touche d'innocence et de répliques décalées qui étaient toujours bonnes à prendre, ma foi ! 
  • Il n'est pas toujours aisé de considérer la déchéance de personnages réputés dur et forts ; Yvonne Karib montre ses failles face aux difficultés qu'elle rencontre. Les dettes accumulées par Kash, l'amènent à craquer en prenant conscience de la gravité de la situation (Épisode 4) : il n'y a pas de mal à se montrer humain de temps en temps, mais de là à dénaturer l'épicière de la sorte... Là encore, les choses n'iront pas en s'arrangeant.  
  • Les histoires des cœur entre les flics sont marrantes deux minutes mais guère plus ! L'idée d'instiller une fille dans l'équipe pour que les deux compères (dont l'un a une tête d'écureuil pré-pubère) soient en rivalité me semble un peu surfaite. On pourrait s'en passer sans problème.   
  • Pour finir, on n'échappe pas au fameux épisode musical qui sévit dans beaucoup de séries télévisées, même si les frais sont limités aux dernières minutes de la saison, à savoir, le mariage de Karen Jackson et Jamie Maguire. 

Si vous voulez voir ce que ça donne en vidéo, même si vous savez déjà tout : allez voir par là. :-)


Shameless 
Saison 4 (2007)
8 épisodes : 7 de 40min + 1 de 70min 
Paul Abbott 
Diffusion Channel 4 au Royaume Uni et Virgin17/DirectStar en France. 


* Générique VF à partir de l'épisode 4

jeudi 2 août 2012

Les Aigles Décapitées - Tome 9 - L'otage - Jean-Charles Kraehn ; Michel Pierret. 1995


Où est-ce qu'on en était ? 

Hughes ne s'était pas aventuré hors de ses terres depuis quelques temps, et lorsqu'il avait tenté de se rendre à la cour d'Alphonse de Poitiers pour y demander le jugement de son épouse Nolwenn, la rébellion de Ravenaud l'en avait empêché. Il fallait bien remédier à cela dans le neuvième volet des aventures de l'héritier (légitime ou pas ?) de Renaud de Crozenc. 




Pourtant, la répudiation de Nolwenn n'est plus vraiment une priorité. Il s'agit d'abord de donner la chasse au chevalier Ravenaud avant qu'il ne le devance sur son chemin et ne fasse des révélations compromettantes à la cour de Poitiers. L'avenir du bon et magnanime seigneur Hughes pourrait en effet redevenir celui d'un simple jongleur itinérant si son suzerain apprenait qu'il n'est rien d'autre qu'un imposteur. C'est pourquoi il n'hésite pas à proposer une récompense de dix pièces d'or à quiconque lui livrera des informations sur la cachette du vassal "turbulent".

Ravenaud a pleinement conscience de la valeur du secret qu'il détient : la chute du jeune seigneur faciliterait grandement son accès au pouvoir et conclurait une vengeance personnelle bien savoureuse. Or, rien ne lui permet de prouver ce qu'il a appris de la bouche du seigneur Roger de Castelnau, lors de leurs périples en pays cathare. Le seul moyen d'être cru serait de forcer l'oncle d'Alix à témoigner en sa faveur. Mais comment ? Sous la menace, tout simplement ! L'ancien détenteur du bastion de Cuzion, toujours accompagné de Nolwenn, va devoir sceller un pacte improbable avec Coupe-Nez et sa meute de brigands pour arriver à ses fins.

"Chacun pour soi et Dieu pour tous".

Comme dirait Sylvie, une employée d'accueil de mes connaissances. En lisant "L'otage", j'ai beaucoup pensé à ce vieux dicton qu'elle me sort immanquablement lorsqu'on prend le temps de discuter. On savait déjà que les Aigles Décapitées étaient tout sauf une chanson de geste illustrée, préférant tourner en dérision la fin'amor et autres prud’homies. Or cet album peint des personnages qui son autant de modèles d'individualisme :


  • Alix reproche à Hughes de s'être joué d'elle en lui masquant son imposture _ qu'elle a apprise en écoutant une conversation, hem. Heureusement, elle lui pardonne vite.  
  • Hughes est finalement bien accroché à son pouvoir, à son honneur, et ne supporte pas qu'un bailli le traite de "faible". Ses motivations deviennent purement personnelles. 
  • Nolwenn est prête à coucher avec n'importe qui pour retrouver une condition noble. 
  • Ravenaud n'a qu'une ambition : être le chef. De qui ? De quoi ? peut importe, du moment que son ego s'épanouisse. 
  • Coupe-Nez le brigand veut s'enrichir et avoir les meilleures femmes à sa disposition. Peu importent les concernées et leur famille. 
  • Torche-Cul, autre brigand, veut Nolwenn pour lui seul, quitte à la tuer après l'acte. 
  • Liégarde, la femme de Coupe-Nez, est blessée dans son orgueil lorsque son amant la répudie pour garder Nolwenn, plus fraîche qu'elle. 


Encore une fois, la peinture humaine dans son vice et sa beauté est aussi impressionnante que l'immersion dans la société médiévale du XIII°siècle. Si les péripéties des héros, les types de personnages et leurs comportements commencent à prendre un air de déjà-vu, la BD ne nous en captive pas moins. Les paysages du Poitou et les visages ingrats sont toujours représentés d'un trait fin et précis, et l'on se réjouit d'un retour de l'action dans le sud du royaume, forcément annonciateur de couleurs plus chaudes !



KRAEHN, Jean-Charles ; PIERRET, Michel. Les Aigles Décapitées. Tome 9 : "L'otage". Glénat. 1995. Coll. "Vécu". 48 p.  
     



mercredi 1 août 2012

Brève footballistique du 31 juillet 2012 : Motherwell/Panathinaïkos



Lorsqu'un internaute ouvre un compte sur le site du PMU, il peut non seulement parier des sous _c'est même le principe_ mais il a aussi accès à une retransmission en direct et dans streaming de qualité de quelques rencontres sportives. Dont des matches de foot. Je ne le savais pas du tout avant de tenter ma chance, et j'apprécie d'autant plus la découverte. D'ailleurs, je m'identifie plus pour regarder que pour parier.   

Ce soir, c'était soirée foot exotique : inconnu écossais versus champion grec qu'on ne connaîtrait pas s'il ne se frottait pas à des équipes françaises de temps en temps, dans les compétitions européennes. Autrement dit, il s'agissait du match de foot opposant l'équipe écossaise du Motherwell FC aux Grecs du Panathinaïkos



Comptant pour le tour de qualifications de la Ligue des Champions, cette rencontre s'est conclue par une victoire 0-2 des joueurs du Panathinaïkos, malgré la volonté manifeste d'une équipe de Motherwell un peu en-dessous de ses adversaires. Il faut dire que les Ecossais avaient à coeur de proposer un jeu satisfaisant à domicile, devant les nombreux supporters bondissant sous la pluie battante tels de petits kangourous jaunes et rouges. 

Après un but marqué par Christodoulopoulos en milieu de première mi-temps, les coéquipiers de Jean-Alain Boumsong ont largement dominé la possession de balle, si bien qu'on les voyait déjà enfoncer le clou avant la coupure. Mais il n'en fut rien : la faute aux approximations et à des frappes trop molles devant le but. Au retour des vestiaires, le groupe de Motherwell réunit assez de confiance et de réussite dans les passes et dans les contres pour laisser croire à une égalisation. Pendant un quart d'heure, les Grecs se firent très petits... jusqu'à la délivrance venue du côté droit de l'attaque et poussée par le n°7, Mavrias.     

RÉSULTAT : 0 - 2