vendredi 24 mars 2017

Les Cités des Anciens 4 - La Décrue - Robin Hobb (2011)


On critique, on critique, mais on continue à lire, toujours avec autant d'entrain... Nous voilà déjà au tome 4 des Cités des Anciens, intitulé "La décrue".



L'histoire 

Après avoir été emportés et ballottés au fil des eaux tumultueuses du Fleuve, gardiens et dragons retrouvent un semblant de quiétude. Ils ont subi de lourdes pertes et ont du être rapatriés à bord du Mataf ; pourtant, le moral est remonté et la vie a repris le dessus. La vivenef escortée de son armée de dragons de plus en plus forts redémarre au ralenti vers sa destination finale, après un temps de stagnation plus que nécessaire. On ne sait toujours pas si la fameuse cité de Kelsingra existe pour de vrai. On ne sait pas de quoi demain sera fait, d'autant plus que les éléments leur rappellent dans cesse que leur vie ne tient qu'à un fil. Alors on se libère des lourdes valises du passé et on prend le parti de profiter du moment présent. Cependant, et en dépit de leur conscience du danger, tous les protagonistes ont oublié que le vrai boss de l'expédition, c'est Mataf, le bateau vivant... Or, voyager sur une gabare qui refuse d'avancer n'a rien d'une partie de plaisir. 

Passage à l'acte 

Mais ce n'st pas si grave au fond, car les plaisirs, on peut les trouver ailleurs (, t'inquiète). Huis clos ? Décompression ? Manque ? Regrets ? Dans la Décrue, tout le monde tire son coup à l'exception de Thymara. Saluons au passage la force de caractère de ce personnage : il n'est pas évident de rester courtois face à tous ces adolescents mâles qui la frôlent de trop près, soucieux de bien lui renvoyer en pleine tronche leur déception d'avoir été éconduits ! Ses sentiments pour Tatou ont beau ne pas être très clairs, elle entend bien rester libre et maîtresse de son corps. Alors que la moche Alise tombe enfin dans les bras et dans les draps du capitaine Leftrin, Thymara reste la dernière des Mohicans féministes des Cités des Anciens. Les secrets bien gardés se mettent à prendre l'eau eux aussi ! Sédric n'en peut plus de sa conscience ; il se résout à informer Alise la nature de sa relation avec Hest ; la nouvelle cogne en plein dans sa fierté de marchande et la patience de son nouveau compagnon ne sera pas de trop pour lui redonner le sourire. Bien que douloureuse, cette révélation était nécessaire car, comme le dit Carson, "on ne peut rien commencer de nouveau tant qu'on n'a pas achevé l'ancien". 


La blague de beauf du vendredi soir


Les deux pieds dans le marais 

Petit à petit, l'image de Hest s'efface des pensées de Sédric. Le petit secrétaire précieux est d'autant plus motivé pour céder aux avances de Carson qu'il réalise que son ancienne relation relevait plus de la maltraitance que de l'idylle. On pardonnera à Robin Hobb sa tendance à tomber dans les clichés du couple gay _le doux Sédric souffrant sans oser le dire d'être toujours LE passif alors que Hest, le viril, le marié, le patron.. a l'exclusivité du maniement de pinceau. Enfin, passons. Retenons seulement que La Décrue aurait pu avoir pour titre Le Marais tant la communauté y est bien représentée: Hest, Sédric, Carson, Davvie et même le gardien Lecter (qui se tape Davvie, logique). Bientôt un dragon dans la fanfare ?

La gabare Mataf semble se plaire dans cet environnement marécageux _ça tombe bien, où ses gros pieds ne s'empêtrent pas spécialement. Oui, j'ai bien dit ses pieds. A moins que ce détail m'ait échappé dans les tomes précédents, cette fraction de l'histoire fait état, à plusieurs reprises, de cette "spécificité" de l'embarcation. Quand l'envie lui prend d'accélérer un peu la cadence et que l'eau du fleuve n'est pas trop profonde, il sort ses pattes et hop hop hop, tu me vois tu me vois plus ! Fantastique ce Mataf... Si vous aussi la chanson "Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des jambes" vous a agacé au plus haut point sans que vous n'ayez jamais osé pointer du doigt sa débilité, sachez qu'on est deux. Robin Hobb a du fumer un peu sur ce coup là...  




Le livre du changement  

Si ça se trouve, c'est en posant des pattes sur Mataf qu'elle a du se dire que ce serait marrant de faire pousser des ailes à Thymara, et de transformer Kanaï en Ancien. Eh oui, on s'en doutait un peu : Kanaï et Gringalette ne sont pas morts, ils ont simplement été emportés plus loin que les autres ; cela leur a fourni l'occasion de découvrir... Kelsingra ! C'est en annonciateur, coloré à l'image de sa dragonne, que le jeune gardien frivole réintègre le groupe. Les autres parias ne sont pas en reste : plus ou moins consciemment, chaque dragon a "déteint" physiquement sur son protecteur en lui donnant de sa couleur ou de ses écailles ; très attaché à Relpda, Sédric a aussi bénéficié de cette évolution, bien que les origines de leur lien soient plus que douteuses. Les créatures rejetées par leurs pairs, quelle qu'en soit la raison, sont en passe de devenir des monstres sacrés qu'on croyait légendaires, aussi bien à Terrilville que dans le Désert des Pluies.     

Kelsingra ! Kelsingra ! 

Si vous n'aimez pas trop lire des scènes de cul, et encore moins les histoires de couples qui se font et se défont sur les lames de ton plafond, faites l'impasse sur ce volume. En quatre mots : Thymara est toujours vierge malgré l'insistance de Tatou, Graffe meurt, rejeté par son dragon, Kanaï revient pour les guider aux portes de la cité. Voilà. Ah, et Mataf a des grosses pattes ; ouais, ça m'a marquée...Vous pouvez donc passer au cinquième volume, qui paraît plus prometteur niveau action puisqu'on s'apprête à visiter la cité légendaire, Alise et son calepin en tête ! Sinon, eh bien vous vous éclaterez à voir les gens s'entre-essorer le cerveau pour savoir qui aime qui, et est-ce bien sage, d'abord ?

A suivre !

HOBB, Robin. Les Cités Des Anciens - La Décrue. Editions France Loisir. Vol. 4, 2011. 400 p. ISBN 978-2-298-05733-1



samedi 11 mars 2017

MANGA - Dans la série des clubs lycéens les plus dingues : le Club des Héros dans Hero Mask 1 - Yumika Tsuru / Takashi Okabe (2013)


Les lecteurs de mangas auront constaté un élément récurrent dans leurs BD préférées, du moins lorsqu'elles se déroulent dans un établissement scolaire : la présence de clubs divers et variés, plus ou moins farfelus. Il arrive même que le personnage principal soit d'ailleurs mis à l'épreuve pour valider son admission ou non dans l'un de ces cercles fermés _celui des adeptes de la pâtisserie, des lecteurs assidus de la bibliothèque, des dessinateurs, des chanteurs... mais aussi celui des airsofteuses ou des héros... C'est le cas dans le tome d'ouverture du manga Hero Mask, réalisé en 2012 par Yumika Tsuru et Takashi Okabe.     

Le Club des Héros : Hero Mask - 1 (Tsuru / Okabe) 





L'histoire 

Transféré dans un lycée en milieu d'année scolaire, Mirai endosse l'inconfortable costume du nouveau. Il est en stress, et, comme si cela ne suffisait pas, il a fallu qu'un motard furieux lui démonte sa tronche de fragile juste avant qu'il ne pose les pieds dans la salle de classe. Autant dire que l'avenir ne s'annonce pas des plus radieux pour ce héros qui n'en est pas un. 

Pour survivre aux situations d'échec, ce petit minable semble faire appel au souvenir d'un événement qui a marqué sa petite enfance : alors que son cornet de glace venait de s'éclater la tête la première sur le bitume, le laissant larmoyant, un gars habillé en super-héros est apparu, lui a offert le sien en guise de compensation, avant de s'évaporer dans la nature. Depuis, Mirai espère secrètement que son sauveur croisera à nouveau son chemin, même s'il s'est rendu à l'évidence : le miracle ne se reproduira pas. 

Heureusement pour lui, les plus costauds ne sont pas forcément ceux qu'on croit ; lorsque sa frêle voisine de classe se porte volontaire pour tenir tête à des bonhommes qui se sont introduits dans l'enceinte du lycée, bien décidés à en découdre avec le "nouveau", il ne donne pas cher de sa peau. Il ne sait pas encore que Lilico n'est rien moins que la "sauveuse" locale, présidente d'un "Club des Héros" qui sévit au lycée. Il semblerait que ces Supermen et autres Wonderwomen offrent leurs services et leur protection à la demande ; n'est-ce pas justement ce dont Mirai à besoin ? 

"Ouais, commence pas à te faire des films !"

Le masque 

En effet, Lilico expédie en colissimo les intrus tout aussi moches, balaises et méprisants les uns que les autres, non sans avoir ménagé le suspense, Alors que nous nous sommes habitués à voir les héros balayer les "méchants" en quelques instants, notons qu'ici la jeune Lilico se retrouvera en fâcheuse posture avant de gagner la bataille. Elle ne devra son salut qu'à sa confiance en ses pouvoirs, à son fan-club composé d'élèves et de profs... et à l'arrivée imminente des flics sur les lieux de la baston.    

Intrigué, Mirai essaie d'en savoir plus en serrant de près Kurumi la vice-présidente à gros seins, également meilleure copine de Lilico. Il apprend que la devise du club est de "combattre le crime" et , en découvrant le local, il constate que le mur est tapissé de "remerciements" de la police pour la qualité des services rendus ; voilà voilà... La visite est écourtée par l'intervention de Lilico, vachement moins accueillante que sa comparse bien que dotée elle aussi de bons pare-chocs, qui traite le garçon de "minable" réduit à attendre "qu'on vienne le sauver" plutôt que de prendre les choses en main. Boum. En même temps, il fallait bien que quelqu'un lui dise ce que le lecteur pensait depuis le début !  

La vanne prend des airs de déclic pour le "nouveau" ; à la sortie du lycée, alors qu'il se lamente après cette première journée laborieuse, un masque tombé du ciel lui atterrit sur le coin de la gueule. Il décide de le mettre une fois rentré à la maison... et se fait aussitôt griller par sa petite soeur qui le prend pour un adepte du SM. Peu importe, il se rend compte assez vite que ce masque lui donne une force extraordinaire. Une force qu'il va falloir gérer ! S'ensuit une série de situations loufoques où Mirai s'extasie devant son nouveau pouvoir : les amateurs des vieilles pubs pour Crunch auront de quoi se bidonner ! 




La force se suffit-elle à elle-même ? Vous avez quatre heures. 

Mirai, alias Hero Mask, constate dès le lendemain de ses première aventures nocturnes qu'il n'est pas le seul à posséder un masque surpuissant ; Lilico et un autre élève de la classe, nommé Akira et qualifié de "crétin" par ses pairs, en ont un, eux aussi. A la différence de Mirai cependant, qui a instinctivement décidé de se servir de son accessoire pour la bonne cause, il n'hésite pas à l'utiliser à mauvais escient : d'abord pendant les contrôles et lors des compétitions sportives, histoire d'exploser tranquillement ses adversaires. mais aussi... pour brutaliser la fille qui lui plait et la forcer à sortir avec lui. Ce sale bonhomme se dessine comme un pendant maléfique de notre brave looser. Comme quoi, la force et le pouvoir, c'est bien joli, mais tout dépend de ce qu'on en fait ! Akira sera le premier adversaire auquel Mirai devra se mesurer pour gagner sa place dans le Club des Héros.  


Splendide ! 

J'ai jamais vu ce film, et j'assume.

Comme vous le savez, je ne suis pas une grande fan de mangas ; j'en lis parce que les enfants en redemandent lorsqu'ils viennent au CDI et qu'entre les insultes, les seins et les culottes qui débordent des vignettes, il vaut mieux y regarder à deux fois avant de mettre ces petites bêtes-là en libre accès ! Pourtant, les scènes d'action de ce premier tome de Hero Mask m'ont permis de passer un bon moment : qui n'a jamais eu envie d'envoyer un distributeur de boissons à la gueule de quelqu'un qui nous agace ? qui n'a jamais rêvé de démolir un édifice d'une simple pichenette ? quelle fille frêle aurait refusé le pouvoir de mettre sa race à un colosse si on le lui avait proposé ? Bref, les lecteurs et spectateurs de comics où les héros font craquer les os et les murs dans le fracas en auront pour leur prix. On appréciera également la touche "girl power" d'une BD où les plus fortes physiquement, techniquement et mentalement sont des filles... qui n'aiment guère qu'on leur dise que sauver le monde n'est pas féminin ! 

Petit bémol cependant : les jupes et pantalons à carreaux, c'est pas une bonne idée. Non que je me soucie de la mode, d'autant plus que j'ai une belle collection de chemises à carreaux dans mon armoire, mais là ! Sa mère, ça pique les yeux !  

Bienvenue au LEGTA de Chamiers ! 

TSURU, Yumika ; OKABE, Takashi. Hero Maks 1. Editions Tonkam, 2013. Coll. "Young manga". 225 p. ISBN 978-2-7595-1132-7