mercredi 1 novembre 2023

[COMICS] Batwoman - 1 - Hydrologie - J.H. Williams III / W. Haden Blackman (2012)

J'étais contente de trouver le tome 1 de Batwoman dans le rayon comics de la médiathèque, aux Halles. C'était sans me souvenir que les séries de ce type commencent parfois par un numéro 0 !


Batman, Catwoman, Batwoman, Batgirl... pas facile de savoir à qui on a affaire lorsqu'on tombe sur l'un de ces hyperactifs masqués, au détour d'une ruelle de Gotham City, après le coucher du soleil. On peut dire tout ce qu'on veut du Joker : au moins, lui, il est facilement identifiable. 

Dans la famille chauve-souris, je demande... 

Comme je ne connais rien à l'univers de DC, et que l'écoute assidue de ComicsDiscovery ne peut pas combler toutes les lacunes, j'ai fait quelques recherches pour savoir qui est qui dans cet imbroglio de capes : 

- Batman : bon, on en parlera mieux dans peu de temps. C'est ce fameux héros au costume de chauve-souris qui rend la justice à Gotham. Ses accessoires, ses capacités physiques et son intelligence compensent parfaitement les pouvoirs incroyables qu'il n'a pas. En effet, dans la vie, il n'est autre qu'un orphelin blindé nommé Bruce Wayne. 

- Catwoman est celle qui porte des oreilles de chats, une combi en latex et un fouet. Une sorte de Fantômette devenue adepte des boîtes échangistes en grandissant. Rusée et aussi leste qu'un chat de gouttière, elle fait partie des ennemis de Batman, mais n'est pas 100 % méchante non plus. D'ailleurs, les deux oiseaux de nuit aiment bien se tourner autour.    

- A ne pas confondre avec la précédente, Batwoman n'est pas non plus la femme de Batman. Selon les versions, elle est soit l'une de ses alliées, soit sa remplaçante à Gotham lorsqu'il s'en éloigne, soit sa cousine gouine. Ses couleurs : le rouge et le noir. Comme les deux personnages dont on a parlé plus haut, elle mène une double vie et n'a pas de capacités surnaturelles. Kate Kane, alias Batwoman, est forte parce qu'elle a suivi des entraînements militaires et parce que des épreuves personnelles lui ont laissé la rage de vaincre.  

- La figure de Batgirl semble faire référence à deux personnages distincts : d'une part, Bette Kane, la cousine de Batwoman. Mais elle est aussi appelée Flamegirl... C'est d'ailleurs le cas dans la BD dont nous allons parler aujourd'hui. D'autre part, Barbara Gordon, la fille du chef de la police de Gotham, James Gordon. On la connaît aussi sous le nom d'Oracle. Quel foutoir ! 

Heureusement, dans le tome 1 de la série Batwoman, sorti en 2012 des crayons de J.H Williams III et W. Haden Blackman, on n'a pas besoin de maîtriser tous les secrets de famille de l'univers DC pour y trouver son compte. 

L'histoire 

Qui se cache derrière le masque et la tignasse rouge de Batwoman ? Batman soupçonne à raison Kate Kane. une jeune femme d'apparence ordinaire mais dont les habitudes de vie trahissent des nuits anormalement mouvementées. Et pour cause : dès qu'elle le peut, elle ratisse Gotham pour nettoyer la ville de ses malfaiteurs. 

Au moment où commence Hydrologie, elle a fort à faire, puisqu'elle enquête sur les meurtres de six enfants et la disparition de douze autres qui ont, semble-t-il, été "capturés" par la Llorona, un esprit vengeur dont la spécialité est de noyer des gosses. Elle n'est pas la seule sur le coup : la détective Sawyer basée à Gotham, et l'agent Cameron Chase venue de New-York entendent bien prendre l'affaire à leur compte, chacune dans son coin. Trois enquêtrices sur une même affaire, c'est un coup à se marcher dessus ! A moins que Chase ne se soit pas déplacée (que) pour ça...

En parallèle, Kate vit en coloc avec sa cousine Bette alias Flamegirl, et s'apprête à la former au combat. Mais la jeune recrue estime avoir déjà un bon palmarès et n'a pas envie de repartir de zéro. L'autorité de Batwoman est mise à mal par cette cousine un peu insouciante et prompte à mettre les pieds dans le plat _en demandant, par exemple, pourquoi Kate refuse de parler à son père _sujet sensible s'il en est.

Heureusement, la justicière masquée sait se ménager des moments de détente en entretenant une idylle mal barrée mais marrante avec la détective Sawyer. Cette dernière compte identifier Batwoman afin de la balancer à l'Agent Chase, convaincue qu'elle va la gêner dans son boulot. C'est la séquence Signé Cat's Eyes de la BD.  


Ce moment où tu te demandes toujours comment se démerde Quentin Chapuis (déjà lol) pour ne pas reconnaître Tam Chamade sous sa pauvre combi vert canard de Cat's Eyes, la nuit d'avant.


"Batwoman ? Mince alors, elle existe !"

Hydrologie marque le début d'une série qui promet de partir dans tous les sens, et où l'action risque fort d'être influencée pour le meilleur et pour le pire par l'"humanité" de tous ces personnages : besoin de reconnaissance et de liberté des uns, fierté et carriérisme des autres... tout cela ne nous dit pas où sont passés les enfants ! 

Batwoman vue par Batman 

Afin que les novices ne se sentent pas trop perdus, W. Haden Blackman a écrit un chapitre introductif dans lequel il met en scène Batman en mode stalker, occupé à observer Kate Kane dans son quotidien. Il nous partage tout ce qu'il note scrupuleusement dans un petit carnet. Ce procédé narratif nous permet d'avoir un portrait assez complet de l'héroïne sous ses "deux identités", et de connaître son passé de militaire. On apprend également qu'elle a perdu sa mère et sa sœur jumelle tragiquement, et l'hostilité qu'elle affiche envers son père le colonel Kane est en lien avec ce drame familial. 

Ces éléments sont suffisants pour accepter l'idée que la fille soit perchée au point de revêtir un masque, un costume rouge et noir, de poser des rajouts ondulés à son carré auburn habituel... avant de s'élancer incognito dans les rues de Gotham pour protéger le peuple des rageux. 

Bonus Rainbow


Dans l'univers DC, Batwoman est l'une des principales représentantes de la communauté LGBTQIA+%*#@. Je serais pour dire qu'on s'en fout un peu, mais le fait est que dans Hydrologie, son orientation sexuelle joue un rôle puisque son histoire avec l'inspecteur Sawyer interfère avec ses missions secrètes. On se doute qu'elle va devoir faire preuve de vivacité d'esprit dans les prochains tomes si elle veut ménager la chèvre et le chou. De plus, elle a été virée de l'armée pour homosexualité, donc c'est un détail important qui ne peut être passé sous silence. Les lecteurs apprécieront qu'on n'épilogue pas plus que ça sur ce qu'elle fait de son cul. Le dessinateur est resté assez classe dans sa façon de traiter le sujet, on n'a jamais l'impression que les planches vont virer au film porno _ une fois n'est pas coutume.  

Représenter une minorité ne fait pas de Batwoman une super-héroïne préservée de tout défaut : on remarquera que la fille a quand même des tendances control-freak, avec sa cousine notamment qu'elle prend un peu pour son trouffion. Même si Bette fait parfois les frais d'une certaine frivolité, on comprend tout à fait qu'elle décide de claquer la porte, à moment donné. Si j'avais été à sa place, je crois que j'aurais pété un câble à la page 28, au moment où Kate annonce très détendue qu'elle a brûlé le costume de Flamegirl. Le respect des aînés, ça va bien deux minutes ; mais la "bleue" a quand même fait partie des Jeunes Titans, l'air de rien. 

                                     

Le rouge et le noir 

Je n'ai pas une grande mémoire des noms pour les scénaristes, dessinateurs et coloristes de BD ; mais je ne pense oublier ni J.H. Williams, ni Dave Stewart. Le dessinateur et le coloriste de cet album ont su rendre séduisant un début de série qui, forcément, et riche en infos sur les personnages et un peu moins en action. Si Batwoman était un puzzle, on pourrait dire qu'on en est à la phase de tri des pièces ; nul doute que tout s'éclaircira bientôt, mais en attendant, on reste un peu perplexe face à cette histoire de fantôme marin kidnappeur d'enfants. Mais l'alliage de couleurs pimpantes_ avec une dominante de rouge et de noir, à l'obscurité de Gotham est vraiment réussi. Le découpage irrégulier des vignettes est à l'image du bordel ambiant, et laisse la part belle aux scènes d'action, de combat, au déploiement de l'esprit vengeur, qui émerge par moments comme une sorte de poulpe translucide. Aujourd'hui, c'est la forme du comics qui m'a poussée à le lire, le terminer et à avoir envie de continuer la série ; cela m'arrive assez rarement. Après, à vous de vous faire votre propre avis ! 













CDI Collège : pourquoi pas en 4°/3°, mais pas en libre accès. Un peu de violence et de scènes de drague pas trop adaptées (je précise qu'il n'y a rien d'homophobe là-dedans, j'aurais dit la même chose si Batwoman avait chopé des mecs).  

CDI Lycée : OK 


J.H WILLIAMS ; W HADEN BLACKMAN. Batwoman - 1 - Hydrologie. Urban Comics, 2012. Collection "DC Renaissance". 144 p. ISBN 978-2-3657-7062-0