vendredi 23 août 2019

Lectures de vacances : Nous autres, simples mortels - Patrick Ness (2016) / Le dernier des yakuzas - Jake Adelstein (2017)


Résumer le livre qu'on a aimé n'est pas toujours facile, mais ça reste plus commode que de parler de celui qu'on a un peu moins apprécié. Pourtant, il faut s'y efforcer : chaque oeuvre a doit à sa chance et mérite d'être valorisée. C'est pourquoi aujourd'hui j'ai voulu mettre en ligne un billet qui sera consacré à deux livres lus ces derniers jours ; s'ils ne me laisseront pas un souvenir indélébile, ils vous plairont sans doute. 



Nous autres, simples mortels - Patrick Ness (2017)

Ca se passe de nos jours, ou dans un futur proche..? aux fins fonds d'une petite ville des Etats-Unis. Une bande d'amis d'enfance voit l'inéluctable séparation post-bac arriver, alors ils essaient de passer un maximum de temps ensemble. Ce ne sont pas des héros, juste des adolescents lambda torturés par leurs problèmes existentiels : réussir sa fin d'année scolaire, obtenir son diplôme, pécho, choisir sa tenue pour le bal de fin d'année, pécho, tenter de se projeter dans un avenir encore brouillé, et aussi pécho, éventuellement.

A côté d'eux, d'étranges événements se produisent : des animaux blessés surgissent des forêts et finissent leur course sur des voitures ou près des habitations, tandis que des explosions se produisent, projetant de la lumière bleues. D'instinct, ils sentent qu'une catastrophe XXL se prépare mais savent qu'ils n'ont pas à s'en mêler : les pros en la matière sont plutôt les "indie kids" un groupe de jeunes sympas mais un peu étranges qui font bande à part, au lycée. Comme la génération qui les a précédés, Mikey et ses amis ont accepté le surnaturel dans leur vie : leur seule marge de manœuvre sera de se protéger assez efficacement pour ne pas figurer parmi les dommages collatéraux. Et pour eux, simples mortels, ce sera déjà pas mal. 




De Patrick Ness je ne connais que deux romans : Et plus encore depuis l'année dernière, et Nous autres, simples mortels rencontré tout récemment, donc. L'écrivain anglo-américain a publié une bonne dizaine d'ouvrages pour la jeunesse, et quelques uns pour les adultes. Il s'est surtout rendu célèbre avec pour Quelques minutes après minuit, son best-seller adapté au cinéma en 2016 _que je n'ai pas encore lu. 

Et plus encore m'avait tellement troublée que je n'ai jamais réussi à pondre un billet dessus, même un tout petit ; c'est sûrement pour cette raison aussi que Nous autres, simples mortels me paraît plus emprunté, moins puissant, si l'on peut dire. Il faut dire que le choix de Mikey comme narrateur a peut-être influencé mon jugement, car c'est quand même, à mon avis, le gars le plus névrosé et le moins attachant du groupe. Henna et Mel ont des allures de petites filles modèles, brillantes et attachées à masquer leur souffrances en étant bienveillantes avec les leurs. Jared est le bon garçon apprécié de tous, sportif, génie des maths et gay. Evidemment. Parce qu'il en faut toujours un, ou deux, ou plus. Dites-moi si je me trompe, mais je crois deviner qu'un roman de Patrick Ness sans personnage gay ou sans référence à l'homosexualité, c'est un peu comme une paella sans riz. Et c'est très bien comme ça d'ailleurs, parce qu'il arrive à traiter ce sujet très justement et sans en faire des caisses. Je n'hésiterai pas à dire que c'est la référence littérature jeunesse en la matière, actuellement.

Et plus encore - Patrick Ness
Gallimard Jeunesse

Il n'empêche que Nous autres, simples mortels manque d'"un fil rouge", d'une trame d'action qui voudrait nous amener quelque part ; c'est vrai que j'ai toujours eu du mal avec les livres ou les films qui ne racontent pas une "histoire" pourvue d'un début et d'une fin, parce que je dois être un peu formatée par des récits qui m'ont beaucoup plu, mais aujourd'hui je me permets de le souligner car c'est une critique que j'ai retrouvée dans beaucoup d'avis de lecteurs, sur Internet. Les attentats et les accidents s'enchaînent, plus ou moins prévisibles, tandis qu'en parallèle, le gentil quatuor cogite et expérimente sa palette d'émotions. Résultat : on obtient un roman curieusement cérébral... J'adhère pas plus que ça, mais au moins c'est original.

Nous autres, simples mortels vaut le détour pour plusieurs raisons : 


  • Son côté "expérimental" est intéressant. Imaginez qu'en se promenant à Londres, un Moldu assiste à un combat entre Harry Potter et Voldemort, et qu'il nous raconte la scène : il pourrait éventuellement décrire la scène, mais il ne pourrait pas mesurer l'enjeu de l'affrontement. Il saurait d'instinct qu'il se passe quelque chose d'important, de grave, mais il ne pourrait rien faire d'autre que continuer sa petite vie en se persuadant qu'il a rêvé. C'est ce point de vue que Patrick Ness a choisi pour raconter son histoire : celui des gens laissés en dehors de la confidence, des particuliers qui observent passivement les super-héros occupés à sauver le monde, là bas au loin. Peu d'auteurs prennent le risque de poser leur caméra de ce côté de la barrière, voilà pourquoi je parlais "d'expérimentation".



"Tout le monde n'est pas nécessairement l’Élu. Tout le monde n'est pas nécessairement le gars qui va changer le monde. La plupart des gens doivent juste vivre leur vie du mieux qu'ils peuvent, en accomplissant des choses qui sont grandes pour eux, en ayant des amis merveilleux, en essayant de rendre leurs vies meilleures, en aimant les gens. Tout en sachant que le monde n'a pas de sens mais en essayant d'être heureux quand même"



  • Ce livre parle des TOCs. Mikey en est atteint, et, à travers lui, l'auteur nous explique plutôt bien ce qui se passe dans la tête d'une personne touchée par cette maladie : les "boucles", les décomptes, les litres de savon et d'eau, la peau qui part en lambeaux à cause d'avoir été trop frottée. Se laver les mains des dizaines de fois, vérifier, revérifier que la porte est fermée, se relaver les mains, et avoir conscience de bout en bout que ce qu'on fait est complètement débile. Le cercle vicieux de la thérapie couplée aux médicaments, qui a pour but de vous aider à "vous en sortir", mais qui vous plonge dans une nouvelle addiction. Ceux qui portent ce fardeau, adultes ou enfants, devraient lire ce roman rien que pour ça, déjà. Y compris ceux qui ont le TOC sélectif... ;-) spéciale dédicace à mon ex !  


Patrick NESS. Nous autres, simples mortels. Gallimard Jeunesse, 2016. 335 p. ISBN 978-2-07-507458-2

Le dernier des yakuzas. Splendeur et décadence d'un hors-la-loi au pays du Soleil-Levant - Jake Adelstein (2018)

Changement de registre. On quitte la fiction, on échange la bande à Mikey contre l'univers bien réel des yakuzas. Si vous êtes fan de culture japonaise, de mythologie du grand bandistisme ou des deux, il est fort probable que ce livre vous convienne. Il y a même des chances pour que vous connaissiez déjà son auteur, Jake Adelstein, un journaliste d'investigation américain qui officie au Japon et qui en parle sans faux-semblants, à ses risques et périls. Avant de sortir Le dernier des yakuzas, il a publié Tokyo Vice, récit assez autobiographique sur ses premiers pas professionnels dans un pays dont il ne maîtrisait pas tous les codes. C'est du moins ce que j'ai compris des résumés piqués ça et là, car je n'ai pas lu ce livre. Avant de commencer, j'ai cherché la définition de "yakuza". Larousse m'a raconté que c'était, au Japon "un membre de la mafia", Wikipedia m'a dit que c'était un "membre du crime organisé", Universalis a ajouté vite fait le terme de "bandit". On a compris l'idée.



Parce qu'il s'est mis en fâcheuse posture après avoir "chié dans les bottes" d'un chef du Yamaguchi Gumi, la plus grande organisation de yakuzas du Japon, Jake Adelstein doit se trouver rapidement un garde du corps ; son choix se porte sur Saigo, dit "Tsunami", un colosse de cinquante ans qui a fait partie d'une bande rivale, l'Inagawa kai, avant de se ranger. Le problème, c'est que yakuza un jour, yakuza toujours : avant d'accepter la mission, Saigo précise bien au journaliste qu'il prend des risques énormes en le couvrant, car il redevient par extension un "ennemi" du Yamaguchi Gumi. Et donc un homme à abattre. Jake Adelstein lui demande ce qu'il peut faire pour lui, en échange de ses services ; Saigo lui demande d'écrire sa biographie, une biographie authentique qui ne fera pas l'impasse sur les aspects négatifs de cette mafia crainte mais respectée.       


Et hop, une petite pub intempestive, c'est cadeau !

Le dernier des yakuzas raconte donc la vie de Saigo, depuis son enfance auprès d'une mère américaine et d'un père japonais, jusqu'à son accès aux plus hautes cimes de l'Inagawa-kai, en passant par sa jeunesse délinquante entre gangs de motards, groupes de rock axés extrême droite, ses problèmes d'addiction à la méthamphétamine et aux soaplands (= aux putes). Sur son chemin, il croisera plusieurs grandes figures de la criminalité et se fera une place parmi eux _ou pas. Le livre suit un ordre chronologique, année par année, ou décennies par décennies, en fonction du parcours du "héros", mais quelques grands principes reviendront régulièrement avant d'être mis à mal dans les tous derniers chapitres, marquant ainsi la fin d'une époque : un yakuza ne s'en prend pas au peuple, ne tue pas les femmes ni les enfants, vole les riches, deale ce qu'il veut, fait discrètement le business qui lui chante, mais doit garder une certaine ligne de conduite coûte que coûte. 


"Au Japon on dit que l'endroit le plus sombre est au pied du phare." 

Honnêtement, j'ai acheté ce livre à la gare de Bordeaux, en attendant un train pour la Rochelle où j'allais retrouver des copines pour le week-end. J'étais encore assez optimiste pour croire qu'on allait être motivées pour lire sur la plage, et je me disais qu'il me fallait un roman policier avec un peu de baston. Finalement, comme une gamine, j'ai craqué sur celui-là parce que sa couverture donnait bien envie. Les histoires de mafieux, enlèvements et doigts coupés, c'est pas trop mon truc, et Le dernier des yakuzas ne fera pas figure d'exception. Mais il faut reconnaître que Jake Adelstein nous permet de nous immerger dans la culture japonaise du XX°siècle, n'hésitant pas à faire de longues parenthèses historiques pour bien situer le contexte de l'action. Certains diront que le style journalistique rend l'histoire dure à suivre et le livre difficile à lire, mais son auteur pouvait-il vraiment faire autrement ? Tatouages, drogue, respect des aînés et de la hiérarchie, code de l'honneur, évolution du positionnement de la police vis à vis des yakuzas... Sans les explications de l'auteur, un public non averti n'aurait pas compris certains enjeux, actions et réactions des différents personnages. 

"C'est ça, la vie de yakuza. Tu fumes où tu veux, quand tu veux. 
Le monde entier est ton cendrier"

Bien malgré lui, Adelstein nous rend les yakuzas sympathiques parce qu'il fait le choix de nous présenter leurs travers les plus puérils, leur boulettes les plus ridicules qui se concluent souvent dans un bain de sang beaucoup moins drôle ! On ne peut s'empêcher de voir dans cette horde de criminels une bande de sales gosses, de Robins des Bois qui perdent un temps fou à se faire des croche-pieds entre eux. Bref, une livre à feuilleter, ne serait-ce que pour son thème central, assez peu courant en littérature ! 

Jake ADELSTEIN. Le dernier des yakuzas. Splendeur et décadence d'un hors-la loi au pays du Soleil-Levant. Points, 2017. Trad. Cyril Gay. 384 p. ISBN 978-2-7578-7029-7

vendredi 9 août 2019

Roux cools : les roux de Riverdale - Saison 1 (2017)

Voilà des années que je n'avais pas mis les rouquins à l'honneur à travers un article estampillé Roux Cool ! La saison 1 de la série télévisée américaine Riverdale est une occasion en or de rattraper le temps perdu ! Enfin, en or... bref, c'est une occasion.

Dès lors, des questions se posent.

Est-ce que ça va vraiment faire plaisir à nos blonds vénitiens préférés ?
Est-ce vraiment une bonne idée de parler de Riverdale ?
Était-ce vraiment une bonne idée de regarder Riverdale ?
Était-ce vraiment une bonne idée d'inventer Riverdale ?...

Voyons cela ensemble.




L'histoire

La petite ville paumée de Riverdale est sous le choc : on a assassiné le jeune Jason Blossom. Qui a commis le meurtre, et pourquoi ? Même si le fils prodige d'un magnat du sirop d'érable a de quoi faire des envieux, personne ne s'était préparé à le retrouver au fond d'un lac, la tête percée d'une balle. Une poignée de lycéens qui le fréquentaient au quotidien tentent de mener l'enquête en parallèle de la police ; à leur tête, on découvre entre autres Archie Andrews, footballeur performant et musicien dans l'âme, sa meilleure amie la gentille Betty et Veronica la New-Yorkaise au caractère bien trempé. Au fil de leurs recherches, la liste des suspects s'allonge et ils découvrent avec étonnement que des connaissances y figurent _quand ce ne sont pas carrément des membres de leurs familles respectives ! Leurs investigations plus échevelées les unes que les autres ne les empêchent pas de continuer à vivre leurs vies de lycéens, entre projets d'avenir et fêtes traditionnelles, cours de musique et club journal, tensions familiales et baise...

Le fil roux de la série 

Je vous propose d'aborder Riverdale en passant en revue les personnages roux présents dans la série. Attention, cette angle d'attaque va sans doute m'amener à spoiler quelque peu !

  • Jason Blossom 
Quand le roux coule...
Quand la série commence, Jason est déjà mort, ce qui, quelque part, le rend plus fascinant que les autres personnages : son fantôme plane sur les siens du premier au dernier épisode, qui nous révèle la clé (ahah, c'est bien le mot) de son assassinat. On n'apprend à le connaître qu'à travers les souvenirs de ses amis, de sa jumelle maléfique et de sa copine. En effet, si Jason Blossom a un jour disparu en barque, c'est parce qu'il voulait quitter sa vie de descendant à hautes responsabilités pour vivre d'amour et d'eau fraîche avec Polly Cooper, la grande sœur de Betty. Mais comme les familles Blossom et Cooper se vouent une haine viscérale depuis des générations, le seul moyen de poursuivre leur idylle était de fomenter une fugue de Riverdale et de faire croire à une issue tragique pour le jeune homme. Sauf que tout ne s'est pas déroulé comme prévu : les Cooper ont fait interner leur fille aînée pour la mettre à distance, en faisant croire à Betty que ce connard de Jason lui avait retourné le cerveau et l'avait rendu dépressive ; quand à Jason... disons que sa petite embarcation a fait une mauvaise rencontre. Plus tard, on comprendra que le roux n'était peut-être pas blanc comme neige, et que Polly faisait aussi quelques cachotteries. Drogue, guerre des gangs, jalousie, concurrence dans l'équipe de foot ? Beaucoup de monde aurait eu une raison d'en vouloir à cette gueule d'ange qui survole la série comme un spectre dont en entend jamais la voix. Entre les non dits, les secrets propres aux familles de "fondateurs" de Riverdale, les casseroles traînées par ceux qui ont eu le malheur de commettre des erreurs dans leur jeunesse et ont le malheur de vieillir là où ils ont grandi... le shérif a bien du mal à y voir clair.     

  • Cheryl Blossom 
"Subissez mon cou roux !"
Dans de nombreuses séries pour ados, vous repérez rapidement la peste, la méchante, celle que tous les personnages ont envie de baffer méchamment sans (presque) jamais oser le faire, parce qu'ils la craignent un peu... A Riverdale, c'est Cheryl Blossom qui détient ce rôle prestigieux. Jumelle de Jason, sa tristesse et sa difficulté à faire son deuil sont parfois prétexte à toutes sortes d'actes cruels envers ses camarades de lycée, surtout les filles. Elle garde sa meilleure dent contre la trop gentille Betty car elle considère que les Cooper sont coupables de la mort de Jason, et aussi un peu parce que c'est plus facile de s'en prendre à elle qu'à quelqu'un qui serait capable de lui renvoyer deux ou trois vannes dans la gueule. Parce qu'en famille on lui a toujours nettement préféré Jason, Cheryl s'impose comme elle peut, en étant le leader tyrannique de l'équipe de pom-pom girls locale et en organisant des jeux à la con pour foutre la merde, à ses heures perdues. En bon suppôt de Satan, il lui arrive aussi d'user de son charme, de sa chevelure rousse et de ses yeux de biches pour jouer les victimes et arriver à ses fins. Certains s'entre vous diront qu'à la fin de la saison, elle tente de se racheter et devient presque touchante lorsqu'elle galère à se faire remarquer par son vieux qui n'en a rien à cirer, mais pour ma part, il faudra plus qu'une pseudo tentative de suicide en robe de mariée sous la glace (dont elle a pris soin d'informer absolument tout le monde) pour que je la trouve attachante.
  • La mère Blossom 
Pénélope de son prénom.
Penelope Blossom est une femme de la haute, respectueuse des traditions et pas fâchée que les classes sociales soient assez bien séparées pour qu'elle n'ait pas à interagir avec le petit peuple : que les gueux restent à leur place ! Mère de famille bien soumise à son mari et prête à tout pour que les secrets de famille soient bien gardés, elle fera une entorse à ses principes en essayant de mettre de grappin sur Archie, pourtant fils s'ouvrier sans aucune prétention ; il faut dire qu'à ce moment de la série, elle a quelques idées derrière la tête. Mais si la mère Blossom est sincèrement effondrée par la perte de Jason, elle n'en est pas moins imbuvable avec Cheryl, qui le lui rend bien. 

  • Archie Andrews 
Ah, là il est bien carotte ! C'est parfait !
Ah, le héros ! S'il était riche, Archie Andrews serait le gendre idéal. Mais on est aux Etats-Unis, alors on lui pressent un destin de self-made-man voué à bâtir une multinationale à la sueur de son front. Après un été passé à travailler dans le bâtiment, il retourne au lycée avec des muscles impressionnants et des textes de chansons romantico-torturées plein le carnet à spirales ; il faut dire que sa prof de musique l'a bien inspiré en couchant avec lui au bord du lac, le soir de la fête nationale _histoire de bien clôturer l'année scolaire. Tape des pieds si ça te rappelle Dawson. Résultat, en septembre, Archie a le cerveau retourné : va-t-il miser sur ses prédispositions au foot, qui lui ouvrirait les portes de la fac, ou va-t-il se consacrer à la musique et embrasser la vie d'artiste, une fois qu'il aura obtenu son diplôme ? Dilemme. Les filles qu'il croise sur son chemin se pâment, mais il ne s'en rend pas compte. 

  • Mary Andrews 

Archie vit seul avec son père, car ses parents sont séparés ; on sait seulement que sa mère est avocate à Chicago, ce qui va être tout à fait pratique quand certains personnages auront des ennuis avec la justice à la fin de la saison. Elle fait cependant quelques les apparitions dans les derniers épisodes, pile pour faire sa belle au bal de fin d'année et remuer la merde de l'époque où les parents de nos petits héros étaient eux-même au lycée. Bref, comme elle est rousse, il faut bien qu'on en parle aussi. 

Ce gros plan sur les flamboyants roux de Riverdale ne nous dispensera pas d'un rapide résumé que cette saison 1, que nous n'avons pas manqué de visionner attentivement.

Saison 1 - Résumé express 


Episode 1 

Tout Riverdale est en émoi après la disparition de Jason Blossom, donc. On sait qu'il est mort, qu'il s'est vraisemblablement noyé, mais pas de trace du corps pour l'instant. L'enquête suit son cours.

Après avoir passé l'été à bosser pour son père, Archie redevient sociable et prévoit d'aller dîner au Pop's avec Betty, son amie d'enfance. Autant s'habituer à cette cafétéria qui fait un peu années 1950, à la différence qu'on peut s'y connecter en wifi, car vous la verrez souvent : son enseigne est le QG des lycéens et de leurs parents ; à moins que ce ne soit le seul resto de la ville ? De son côté, poussée par Kevin, alias son ami gay qui squatte sa chambre comme une bonne biatch, la gentille Betty entend profiter de ses retrouvailles avec Archie pour lui faire une big déclaration en bonne et due forme. Hélas, elle n'en aura pas de temps : alors qu'ils viennent à peine de poser leurs culs sur la banquette, l'arrivée très remarquée de la ténébreuse Veronica Lodge lui coupe l'herbe sous le pied. C'est le coup de foudre : Archie n'a plus d'yeux que pour la New-Yorkaise, qui, sans aucune gêne, déboule à leur table et commence à raconter sa vie. Prends-en de la graine, blondinette ! Consciente que Veronica vient de lui voler la vedette bien comme il faut, Betty la vertueuse se fait une mission de faciliter sa découverte de la ville et du lycée de Riverdale. Certains diront que c'est maso, d'autres que c'est chrétien. Toujours est-il que, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle s'engage à fond dans son rôle de marraine, à coups de grands sourires masquant sa souffrance intérieure d'évangéliste. Elle ne regrettera pas ses efforts : derrière son fort caractère et sa capacité à dire les vérités qui blessent, Veronica a de grandes qualités et saura se montrer reconnaissante.


Sale temps pour Archie : son père n'accepte pas vraiment ses choix de vie, la prof de musique avec qui il a couché ne veut plus trop le voir et n'est pas disposée à témoigner au sujet de l'affaire Blossom : en effet, alors qu'ils étaient en train de baiser près du lac, ils ont entendu un coup de feu qui coïnciderait avec le lieu et l'heure de la disparition de Jason. Leur relation étant bien entendu secrète, Miss Grundy n'a pas très envie de dire ce qu'elle foutait là avec son élève.

Veronica essaie de s'intégrer au lycée ; mais quelques meufettes drivées par Cheryl Blossom lui mettent les bâtons dans les roues. Ou dans les roux ?

On découvre vite fait Jughead, le meilleur pote d'Archie, un pseudo rebelle portant un bonnet et qui squatte un cinéma à l'abandon. Il parasite aussi la cafétéria avec son ordi, sur lequel il écrit des textes sûrement très sombres. Oui, Jughead nous est vraiment présenté comme le type louche qui a forcément des choses à cacher. Mais on n'y croit pas trop.   

Interdit aux deux roux !

Episode 2 

Au cours d'un énième jeu à la con organisé par la machiavélique jumelle Cheryl, Archie et Veronica se galochent au nez et à la barbe de Betty, qui rentre chez ses parents en tirant la gueule. Une fois sur place, sa mère l'assomme à coups de "je te l'avais bien dit, de pas traîner avec ces dépravés", et elle s'en va chercher le respect au fond de son pieu. Archie et Veronica sont rongés par la culpabilité, évidemment, tandis que Cheryl peine à masquer sa jubilation. On s'étonnerait presque qu'elle en ait encore sous la pédale, alors que le cadavre de Jason est encore sur la table d'autopsie. Jughead commence à écrire un livre inspiré de ce fait divers, et en vient à soupçonner Archie d'avoir mis un grain de sable dans le destin de l'autre roux. A la fin de l'épisode, Cheryl se dit "coupable" de l'assassinat de son frère. Ouh mais c'est la folie, on a trop de suspects !

ça se regarde en chien de faïence !


Episode 3 
Veronica passe la soirée avec Chuck, le fils de l'entraîneur de l'équipe de foot du lycée. Le lendemain, elle se rend compte qu'il fait courir des rumeurs sur elle via les réseaux sociaux. Avec l'aide de Betty, elle entreprend de se venger : grâce à leur initiative, elles apprendront que leur cas n'est pas isolé. Méfiez-vous des réseaux sociaux, les enfants ! Le père d'Archie rencontre la prof de musique de son fils, intrigué par sa passion soudaine pour la composition ; suite à l'entretien, il décide de l'encourager en lui aménageant le garage. Cheryl revient sur ses aveux lorsqu'elle se retrouve face à la police, tandis qu'Archie se décide à dire qu'il a entendu un coup de feu le matin du drame.

*pète discrètement dans la piscaille*

Episode 4
Le Twilight, drive-in local, est sur le point d'être démoli pour le plus grand malheur de Jughead, qui le squatte, donc. Betty et Veronica découvrent qu'Archie se tape leur prof de musique ; elles décident de la coller comme des sangsues et trouvent des choses suspectes en fouillant sa voiture. Toutes deux engagent Archie à se méfier et à essayer d'en savoir plus sur le parcours de cette enseignante arrivée récemment à Riverdale. Alors que toute la ville, les jeunes comme les vieux, se sont réunis pour assister à la dernière séance du Twilight, le scandale éclate : la mère de Betty a grillé le journal intime de sa fille, et en sait donc autant qu'elle sur la nature des relations qu'entretiennent le rouquin et sa prof. La jeune femme n'a d'autre solution que de quitter la ville sur le champ ! On ne la reverra plus de toute la saison... Durant la soirée, Kevin choppe un membre du gang des South Side Serpents nommé Joachin.


Episode 5
Cheryl veut présider les obsèques publiques de son frère, mais sa mère la rabaisse et se fout de son éloge funèbre. Elle ressent le besoin d'inviter Véronica à la soirée précédant la cérémonie, sans pouvoir expliquer pourquoi. On comprend qu'elle commence à apprécier sincèrement la nouvelle, d'autant plus que ses parents sont hostiles à la New-yorkaise : "N'oublie pas que son père est en taule". Alors qu'elle bosse au Pop's, la mère de Veronica découvre un carton contenant un serpent (vivant) ; elle y reconnaît un message subtil des South Side Serpents, et en parle au père d'Archie. Betty et Jughead continuent de jouer les détectives en herbe, déterminés qu'ils sont à en savoir plus sur la mort de Jason ; en parlant avec son père, la blonde parfaite comprend que sa propre famille est en froid avec les Blossom depuis des générations et que le coupable pourrait bien se trouver parmi les siens. Raison de plus pour essayer de retrouver sa grande soeur Polly, qu'elle n'a pas vue depuis longtemps car elle "se soigne" "très loin" de la maison... Pas très précis comme infos, quand même.



Episode 6
Archie veut chanter pour la fête du lycée mais il a le trac et se plante aux auditions ; Val, la chanteuse des Pussycats, mythique (et unique....) groupe musical du lycée, jette l'éponge pour l'aider. Cela désespère la leader du groupe nommée Josie, qui doit recruter au plus vite un nouvelle soliste. Veronica se présente pour la remplacer, et bien qu'elle soit riche et blanche, sa candidature est acceptée. Faute de grives on mange des merles. Veronica compte bien faire son trou chez les Pussycats, quelles que soient les difficultés rencontrées ; il faut dire qu'après avoir surpris sa mère dans les bras de Fred Andrews, la citadine est prête à se lancer dans toute activité qui lui permettra de canaliser sa rage. A force de recherches, Betty et Jughead finissent par localiser Polly et à se rendre dans le centre d'hébergement catho pour jeunes paumés dans lequel elle est enfermée. Ils découvrent que la jeune femme est enceinte de Jason, dont elle semble ignorer la mort. Parce que les enquêtes, ça rapproche, Betty et Jughead finissent par se galocher.




Bon, à partir de là, je commence à vraiment bien spoiler. Donc si vous voulez découvrir la série par vous-même, je vous conseille de ne pas lire le résumé des épisodes suivants ! 





Episode 7
Hermione (la mère de Veronica) travaille pour son nouveau copain Fred Andrews (vive le piston), et lui lâche une propriété appartenant à son mari après avoir imité la signature de sa fille. Fermement opposée à cette démarche, la citadine est bien décidée à lui mener la vie dure, en contrepartie. Archie découvre que Jughead squatte le lycée depuis la destruction du Twilight, car son père alcoolique n'a plus de quoi subvenir à leurs besoins. Archie arrive à convaincre son père d'embaucher ce type, histoire qu'ils puissent redresser leur situation. Vive le piston acte II. Polly fuit son asile ; tout le monde sait à présent qu'elle est enceinte _faut dire qu'on peut plus vraiment le louper. Lors de leur visite de courtoisie, Jughead et Betty avaient appris que Jason avait caché sa voiture dans les bois. Ils la retrouvent et y découvrent des choses suspectes. Devinez quoi ?

De la DROGUE !

Episode 8
Veronica et Betty organisent la baby shower de Polly, pensant que ce serait l'occasion de réconcilier la mère Cooper et la mère Blossom avec la jeune femme. C'est vraiment un truc de fou, cette série. Un jour les personnages se frappent au sang, le lendemain ils ont un flingue sur la tempe, et le surlendemain ils jouent à la dînette ! Bref, la petite fête tourne vite au pugilat et les deux daronnes finissent par se battre pour récupérer Polly à la maison. Fred ne s'en sort pas : ses ouvriers l'ont planté pour des contrats plus juteux et il ne peut entreprendre le chantier du Drive-In. Archie tente de lui venir en aide en ramenant des lycéens costauds capables de bosser dans le BTP. Tous savent que Blossom veut retarder au max les travaux et que c'est lui qui a soudoyé les ouvriers pour qu'ils lâchent Fred Andrews. Un soir, lesdits lycéens se font boxer par de sombres inconnus, peut-être les Serpents... mais pas forcément, en fait. D'ailleurs, puisqu'on parle des South Side Serpents... on apprend que le père de Jughead est le boss du gang.

Ambiance

Episode 9
Les Blossom mettent leur dévolu sur Archie et insistent pour qu'il accompagne Cheryl à la "cérémonie d'entaille de l'arbre", un rite en lien avec le sirop d'érable. Il n'est pas très chaud, cet univers de bourges le laisse un peu perplexe. Alors, pour l'appâter, ils lui promettent un contrat avec un producteur afin qu'il puisse percer dans la musique, et ça marche. Voyant que son père et sa copine Val froncent du nez, il se ravise et négocie auprès de Clifford Blossom une autre forme d'aide (sans lien avec la prostitution, vous inquiétez pas). Betty profite du rapprochement entre Archie et les Blossom pour glaner des infos sur sa soeur Polly. Mais cette dernière semble avoir rompu le contact définitivement avec sa famille. Ce n'est en fait qu'une façade ; elle a simplement compris que les Blossom avaient un lien avec la disparition de Jason mais elle ne veut pas qu'ils comprennent qu'elle a compris. Eh ouais, y a pas que les hormones qui travaillent ! Veronica a compris que son père était un vrai con capable de briser d'autres familles, comme celle de la jeune Ethel, une lycéenne de sa connaissance qui semble isolée et malheureuse.



Episode 10
C'est l'anniversaire de Jughead ; il a décider de ne pas le fêter, comme chaque année. Mais Betty et Archie tiennent absolument à lui organiser une petite soirée surprise : c'est ce qui s'appelle chercher la merde. Evidemment, ça se passe mal, Jughead se sent hyper mal à l'aise, se prend la tête avec son pote, sa copine, et tente de se casser de sa propre fête. Chuck le harceleur refait surface et se pointe à la soirée d'anniversaire, après que Cheryl lui a monté le bourrichon avec ses idées de vengeance envers Betty. Cet épisode est vraiment étrange, ou étrangement situé dans la série, je sais pas. Veronica refuse de préparer une déposition en faveur de son père car elle considère qu'il est à sa place en taule, et d'ailleurs, qu'il y reste le plus longtemps possible. Mais celui-ci lui écrit une lettre dans laquelle il lui indique qu'elle ferait mieux d'aller dans son sens avant que ses ennuis ne retombent sur sa mère... La jeune fille est perdue, elle sent qu'elle n'a pas toutes les cartes en main pour comprendre la situation.



Episode 11
Le bal du lycée s'organise, youhou. En attendant, la mère Cooper invite Jughead et son père à dîner, histoire de les matraquer de questions gênantes. Pendant ce temps, Archie et Veronica fouillent la maison de FP _c'est ainsi qu'ils appellent le père de Jughead, pour le coup je pense pas que ça veuille dire Fils de Pute, histoire de s'assurer que ce n'est pas lui le meurtrier. Ils ne trouvent rien, en effet. A priori, c'est pas lui qui a couiqué Jason. Ouf. Un peu plus tard, FP annonce à Jughead qu'ils vont partir à Toledo, ce que le zarbi refuse en bloc, puisqu'il ne veut pas quitter Betty. Lorsqu'il apprend le coup monté dont son père a fait l'objet, il pète un câble et s'isole. Betty tire la gueule comme il se doit à Archie et Veronica, à qui elle reproche d'avoir comploté avec sa mère. La mère d'Archie fait mine de se rabibocher avec Fred pour amadouer son fils. Après le bal et le succès sur scène du rouquin, elle lui propose de la suivre à Chicago pour apprendre la musique. A la fin de l'épisode, FP est arrêté par les flics car on a retrouvé chez lui l'arme qui a tué Jason Blossom ; sauf qu'elle n'y était PAS lorsque les lycéens ont retourné sa baraque. Strange ! 




Episode 12
FP a avoué le meurtre de Jason Blossom, bien qu'il ne soit pas coupable. Il invente un scénario qui tient la route et va donc en prison ; mais Archie et les autres n'y croient pas et pensent qu'il couvre le vrai meurtrier. Jughead fait bien la gueule et pense que son père est à la place qui lui va le mieux. Joaquin en sait beaucoup plus qu'il ne veut bien le dire, mais n'accepte de balancer sa version qu'à Kevin. On suppose que c'est lui qui transmettra la clé USB contenant la vidéo du meurtre. Ah la la qu'est-ce qu'on ferait sans les nouvelles technologies !!!! On apprend aussi que la famille Cooper et la famille Blossom sont liées par le sang ; les enfants de Polly sont donc le fruit de l'inceste. Allez, on parie sur les tares qu'ils auront ?

Il est temps que la série se termine, ça devient n'importe quoi.

Episode 13
Comme le meurtre est résolu, on ne sait plus trop quoi raconter alors on se penche sur les relations qu'entretiennent les personnages, sur les grandes déclarations d'amitié et politesses en tous genre "tu es sûre que ça ne te dérange pas que je me tape le mec que tu dragues dans succès depuis tes cinq ans ?" "_Mais pourquoi ça me dérangerait, puisque je suis tombée dans les bras d'un type hyper bizarre et solitaire qui vient d'entrer dans un gang !"

La mère de Veronica vire les ouvriers Serpents et propose à Fred de racheter son entreprise pour la gérer avec son mari ; le comble de l'insolence, quand on sait que c'est lui qui l'a sorti de sa merde en lui offrant un boulot de comptable dans sa boite et quand on sait qu'ils ont couché ensemble pendant pas mal d'épisodes ! C'est ce qui s'appelle se faire niquer.

Cheryl tente une dernière fois de voler la vedette à tout le monde en faisant une tentative de suicide dans un lac gelé, avant de foutre le feu à la baraque familiale. Voilà voilà. A la fin, Fred se fait tirer dessus par un type cagoulé alors qu'il est chez Pop's avec Archie, et la saison s'arrête là ! Oohh le cliffhanger de ouf !!!!


Verdict : la roux tourne 

A première vue, Riverdale ne présente pas d'autre intérêt que celui de mettre en scène des lycéens pour des lycéens ; on y retrouve bien les figures incontournables du genre : la gentille fille rangée, son alter ego masculin qui brise les coeurs sans le vouloir et qui se tape sa prof, la nouvelle au lourd passé qui débarque de New York et qui vit son arrivée à la cambrousse comme une déchéance, le footballeur costaud et con, le gay, la peste, le type chelou au faciès de coupable idéal, les parents puritains, le gang local... La rentrée, les méga teufs, le bal de fin d'année, tout semble être rangé bien à sa place.

Mais en y regardant de plus près...

Euh...

Non, en fait Riverdale ne présente pas d'autre intérêt.

Allez, je suis méchante gratuitement, c'est pas si pire.

Ma pote Jessica me disait que les clichés dans Riverdale étaient intéressants dans la mesure où ils étaient zoomés (la famille des blonds, la famille des roux, les latinos, les gangsters au visage ingrat...) pour mieux être détournés. Bon, j'ai pas trop vu le détournement, mais mon esprit critique n'est peut-être pas aussi aiguisé que le sien, tout simplement. Ce que je vois, c'est que le seul mec black de l'histoire est un violeur, que le meilleur ami gay de Betty passe son temps à rappeler qu'il est gay, et que le personnage du dépravé au grand cœur arriverait à se faire lyncher dans le village de mes parents. Allez, je suis mauvaise langue : le groupe de chanteuses populaires dans le lycée font un gros effort de mixité. D'abord hostiles à une collaboration avec des élèves blancs, elles se raviseront en intégrant Veronica et Archie dans leurs projets musicaux.

"Pourquoi est-ce que tu as regardé la saison 1 jusqu'au bout, alors, rageuse ?" Me demanderez-vous. Ben, Riverdale n'est pas une série parfaite au niveau du fond ; entre les événements inutiles, les petites incohérences du scénario, les personnages qui disparaissent au bout de quelques épisodes, le dénouement tiré par les cheveux, sans parler de LA preuve finale... on aurait de quoi lâcher l'affaire. Pourtant, on ne le fait pas, ce qui prouve qu'on se laisse prendre au jeu. Donc, que ça fonctionne, l'air de rien. Allez savoir pourquoi, les grimaces de Betty et de Veronica m'horripilent autant que leurs crises de larmes pour tout et rien, et ce, depuis le premier épisode ; Jughead me fait rire alors qu'il n'est pas censé être drôle. J'ai envie de tarter Archie et Cheryl pour différentes raisons. Les adultes ne sont pas des plus charismatiques. Malgré tout, j'ai gardé l'envie de savoir la suite à l'issue de chaque épisode, de savoir qui avait tué Jason. Il se passe tellement de choses que plus on avance, plus on se perd dans les ramifications des arbres généalogiques des Cooper et des Blossom, moins on comprend !



Esthétiquement, pas grand chose à redire ; les jeunes acteurs ont tous une plastique ultra parfaite, les scènes en pleine nature sont belles à regarder, tout est très (trop ?) propre... La saison s'étire sur 13 épisodes d'une cinquantaine de minutes, qu'on sent pas passer, honnêtement. Surtout quand on se marre ; et y a quand même matière à se marrer avec tous les stéréotypes présents dans la série. Après, je ne sais pas si j'aurai la motivation de me lancer dans les saisons 2 et 3, l'affaire Jason Blossom étant résolue. C'était vraiment ce qui me retenait en priorité, loin devant les personnages.

J'ai peut-être passé l'âge, ou alors j'ai perdu de mon ouverture d'esprit, mais je trouve quand même que Riverdale est avant tune série pour ados un peu mièvre. Un savant mélange de Dawson, de Vampire Diaries, de Buffy à ses débuts et de soupe Royco Poireaux - pommes de terre. Et ma foi, il en faut ! D'ailleurs, y a du monde qui regarde et c'est pas pour rien ! 

Plus tard, si j'ai le temps, j'écrirai un billet sur les comics qui ont inspiré la série ; j'ai trouvé un best of sympa des Archie Comics, mais il est en anglais. Donc soyez pas trop pressés !



Riverdale 
Roberto Aguirre-Sacasa 
Personnages inspirés de Archie Comics
Etats-Unis 
Production : Berlanti / Archie Comics / CBS / Warner Bros 
Saison 1 : 2017. 13 épisodes de 42-47 minutes 
Disponible sur Netflix 

mercredi 7 août 2019

Lecture de vacances : L'étoile d'Indigo - Hilary Mac Kay (2004)


Cadmium, Safran, Indigo, Rose... Dans la famille Casson, les quatre enfants portent le nom d'une couleur : encore une idée saugrenue de leurs parents artistes peintres, très gentils mais complètement inutiles en matière d'éducation ! Bill, le père, a récemment levé l'ancre et s'est installé à Londres pour y travailler plus à son aise. Quant à Ève, la mère, si elle est physiquement restée à la maison, sa tête est toujours dans les nuages. Personne ne semble souffrir de cette existence dans la campagne anglaise où rien n'est jamais grave, un peu en retrait de la société : au contraire, Caddy et les plus jeunes ont appris à faire face aux problèmes sans l'aide des adultes, ce qui les a soudés et rendus autonomes. 

Les aventures des Casson font l'objet d'une série de six romans pour la jeunesse, écrits par Hilary Mac Kay entre 2001 et 2011. Sauf erreur de ma part, seuls deux titres de The Cassons Family Books sont disponibles en français ; il s'agit des deux premiers : Saffy et l'Ange de pierre / Saffy's angel (2001) et celui dont il est question aujourd'hui : L'étoile d'Indigo / Indigo's star (2004). Dommage, leur sort aurait pu intéresser pas mal de jeunes lecteurs. 


Bon, apparemment tout le monde n'est pas d'accord sur l'orthographe du nom de l'auteur...
    
L'histoire 

Ce deuxième volet de la série _évidemment, j'ai pas lu le premier ! est consacré à Indigo. Indigo a treize ans et c'est le seul garçon de la portée ; il est sur le point de retourner en cours après avoir été éloigné sur collège pendant un trimestre à cause d'une méchante "mononucléose infectieuse". Enfin ça, c'est la raison officielle. Derrière elle se cache le vrai problème, à savoir une situation de harcèlement qu'il subit :  que ce soit en classe ou dans la cour, Tony le rouquin et sa bande de "suivistes" lui mènent la vie dure. En cette fin d'année scolaire, Indigo est partagé entre l'envie de renouer contact avec le monde extérieur, et la hantise de devoir supporter cette bande de têtes de nœud pendant encore de longues semaines.

Heureusement, les sœurs veillent au grain. Si "Caddy" (Cadmium) est partie à la fac et ne fait que des passages épisodiques à la maison, accompagnée parfois d'un nouveau copain qui finit par prendre peur devant cette famille de fous, "Saffy" (Safran) et sa meilleure copine Sarah vont aussi au collège et font des rondes plus ou moins discrètes dans les couloirs. Rose, la dernière de la fratrie, tente d'insuffler à Indigo la force de caractère qui lui manque tant. Elle n'a que huit ans, mais son esprit critique et sa grande répartie surprennent les adultes ou les jeunes en excès de confiance ! Beaucoup lui demandent son avis avant de prendre une décision importante...


"Lis la question suivante ! ordonna Safran.
_ Que diriez-vous à Toutankhamon si vous tombiez sur lui dans la rue ?
_ "Pardon" ! riposta aussitôt Sarah. Mets ça ! 
_ Il faut répondre avec des phrases entières. 
_ Pardon, mais c'était votre faute ! Vous marchiez en biais !" Caddy, je peux avoir une banane, moi aussi ?"


La garde rapprochée rend bien service mais ne suffit pas toujours ! D'ailleurs, quand on a treize ans, est-ce qu'on ne préfère pas se faire enfoncer la tête dans les chiottes par la petite frappe du coin qu'être défendu par sa grande sœur ?

L'arrivée de Tom, un nouvel élève venu des États-Unis, va changer la donne et chambouler cette classe de 4ème. Avec un père astronaute, une mère scientifique spécialiste des ours, un caractère de cochon et une étonnante facilité à se mettre à dos profs et élèves, Tom a tout du punching-ball idéal. Il en est conscient, et contrairement à Indigo, il vit plutôt bien son statut de victime car il n'a pas peur de se défendre. Même lorsqu'il sait qu' à dix contre un, le combat est perdu d'avance. Bientôt, le binôme  Tom / Indigo se forme inévitablement : quand on a les pieds dans le même bourbier, autant se serrer les coudes et faire face ensemble. De là à parler d'amitié...

"... Je ne savais pas que tu étais ami avec Tom. 
Indigo s'apprêtait à dire que lui non plus n'était pas au courant, mais il se ravisa. Ils pouvaient devenir amis. Ils étaient du même côté. Pourquoi ne pas être amis ?
_ Pourquoi on serait pas amis ? dit-il tout fort à Saffy."


Une situation de harcèlement 

L'Etoile d'Indigo ne porte pas exclusivement sur des déboires d'Indigo au collège ; disons que c'est un fil rouge qui nous permet de suivre l'évolution de la famille Casson et de Tom ... qui en deviendra vite une pièce rapportée. Je fais le choix d'insister lourdement sur ce point parce qu'ici la question du harcèlement à l'école est traitée dans sa complexité, et cela m'a paru intéressant d'insister là-dessus. En effet, Hilary Mac Kay montre que :
  • Tous les élèves qui se font emmerder n'ont pas forcément le même profil. Exit la figure du binoclard aux cheveux gras qui heureusement apparaît de moins en moins souvent dans les œuvres de fiction. On ne sait pas grand chose du physique d'Indigo, si ce n'est qu'il a grandi de quinze centimètres pendant sa convalescence ; concernant sa personnalité, il nous est présenté comme sensible, juste, altruiste, un poil trouillard et peu combatif. Tom est très différent de lui : il cherche les embrouilles, les trouve, encaisse les coups et recommence. Il est ébahi et agacé de voir Indigo se laisser marcher sur la tronche à longueur de journée. Oscillant entre l'envie de l'achever et l'instinct de lui filer les billes nécessaires à sa survie, il va lui être d'un grand secours... mais n'aura rien d'un ange gardien. Leur amitié va se construire progressivement, par l'intermédiaire de Rose la bavarde, Rose la fouineuse toujours pleine de bonnes intentions : elle va conquérir Tom, ce drôle d'Américain un peu méfiant qui lance des balles en caoutchouc sur les gens pour se détendre et qui aime jouer de la guitare sur les toits. 

"T'as un problème, Indigo ?" 

  • Le harceleur ne ressemble pas forcément un méchant de dessin animé. Tony Albinoni est roux, ce qui aurait bien pu le faire passer dans le camp des victimes. On sait bien que de tous temps, les rouquins ont été associé au diable et à la puanteur. Pourtant, personne ne lui cherche de noises au collège. Il a même son petit gang de "suivistes" débiles et plus costauds que lui dont il a besoin plus qu'autre chose. Tom l'atteint à plusieurs reprises au cours de l'histoire, mais lui non plus ne se démonte pas. Saffy et Sarah lui arrachent des touffes de cheveux, mais il s'obstine et garde la face. Il tient à son statut de casse-couilles en chef comme à la prunelle de ses yeux. 
  • On parle beaucoup des suiveurs et des passifs, qui voient, savent, subissent parfois les coups de pression et les dommages collatéraux, mais ne disent rien. Il y a aussi les "intouchables", ceux à qui on ne s'attaque jamais, c'est comme ça, allez savoir pourquoi. Indigo a du mal à gérer les situations où il voit le rouquin et ses comparses s'en prendre à un autre gosse, signale, et voit la victime se retourner contre lui. C'est trop pour lui, même si dans la réalité, on sait bien que ce schéma se reproduit hyper souvent. 


Il n'y a point de vérité générale dans le harcèlement scolaire, même si on peut s'accrocher à certains signes récurrents, je dis pas le contraire ; c'est en partie pour cela qu'il est si difficile à repérer. Dans L'étoile d'Indigo, les adultes brillent par leur inefficacité, y compris ceux qui font preuve de bonne volonté. Certes, Bill et Eve Casson sont tellement à l'ouest qu'ils ne se doutent pas une seconde du calvaire que vit Indigo, et on a l'impression qu'ils n'en prendraient pas la mesure même si ça se passait sous leur nez. Pourtant, ils sont tellement sympas qu'on n'arrive pas à leur en vouloir, alors qu'on sait très bien que dans la vraie vie, on aurait placé leurs gosses en famille d'accueil depuis bien longtemps ! Même le principal du collège ne flaire la puanteur du dossier qu'à la toute fin du roman, bien qu'il semble soucieux du bien être de ses élèves : il bataille pour que Tom arrive à s'intégrer dans l'établissement, mais passe à côté des plus gros dysfonctionnements. Cette fiction ne propose pas de solution clé en main à cette question épineuse, mais invite les enfants à relever la tête, à découvrir quelles sont leurs meilleures armes, et à les utiliser à bon escient. 




Une belle surprise que ce roman pour enfants (classé 10 ans et +), que je supposais léger, mais qui ne l'est pas tant que ça. Les Casson et leurs amis accommodent la réalité pour la rendre plus sympa, ce qui ne veut pas dire qu'on est au pays des Bisounours. Disons que beaucoup de passages à forte tension dramatique sont "rendus" drôles par la justesse des personnages ; d'où l'édition de L'étoile d'Indigo dans la collection "Humour" du Livre de Poche Jeunesse.

J'aurais presque pu écrire un Téma la bibliothèque autour du deuxième opus des aventures de la famille Casson, car un chapitre est consacré à une escapade de Tom et d'Indigo sur le toit de la bibliothèque municipale : ce moment où "Indy" passe du côté de la clandestinité, en dépit de ses peurs, sonne comme la consécration de leur amitié.

Je comprends qu'on puisse ne pas considérer ce roman comme le chef d'oeuvre jeunesse des quinze dernières années, mais j'ai eu un petit coup de cœur dessus.

"Papa chéri
C'est Rose. 
La cabane a besoin de nouveaux fils électriques maintenant que tout a sauté.
Caddy ramène à la maison des petits amis qui touchent le fond pour voir s'ils conviendraient pas à maman. Pour te remplacer. 
Bisous, Rose." 

Hilary Mac Kay. L'étoile d'Indigo. Le Livre de Poche Jeunesse, 2004. Coll. "Humour". 253 p. ISBN 2-01-322273-4