mercredi 23 novembre 2011

Illusion paillardo-musicale


On n'a pas déjà entendu ça quelque part ? 


Les premières notes de Good Feeling, le nouveau tube de Flo Rida, sonne à mes oreilles comme une lointaine imitation du refrain de la chanson paillarde bien connue de tous Ah la salope ! . Je suis sans doute la seule à faire le rapprochement, parce que la ressemblance n'est pas non plus frappante, mais il fallait bien que je vous fasse partager mon délire !   

  • Good Feeling, "de" Flo Rida (si l'on peut dire...).  



(Notes concernées : 0:06 - 0:10 / 0:22 - 0:25 / 1:07 - 1:10 / 1:22 - 1:25 / 2:13 - 2:16 / 2:28 - 2:31 / 3:18 - 3:22 / 3:34 - 3:37)

  • Ah la salope ! , d'un auteur inconnu, sans doute de sexe masculin vu la finesse des paroles. 



(Refrain : 0:22 - 0:25 / 0:48 - 0:49 / 1:12 - 1:15 / 1:35 - 1:38 / 2:00 - 2:03 / 2:24 - 2:27)

Alors, quand est-ce que Flo Rida nous fait une reprise à l'accordéon ? 

jeudi 10 novembre 2011

L'hérésie du mois : aux chiottes le Service Civique !


Après des mois passés sans écrire la moindre hérésie, en voici une bien gratinée sur le Service Civique !


Connaissez-vous le Service Civique ?

Le Service Civique est une initiative de l'Etat visant à promouvoir l'engagement des jeunes au sein d'organismes à but non lucratif. Ils peuvent ainsi se voir confier des missions d'intérêt général dans des domaines divers, tels que l'humanitaire et la solidarité, la culture, les loisirs et le sport, l'éducation, la santé, le développement international... pour une durée allant de 6 à 12 mois. Il faut remplir deux conditions pour effectuer le Service Civique et pour endosser par la même occasion le statut unique de "volontaire"  : être âgé de 16 à 25 ans et être motivé ! Tous les facteurs habituels d'obstacle qu'un jeune peut rencontrer lorsqu'il veut accéder à une formation ou à une fonction (résultats scolaires, incertitude professionnelle, manque d'expérience, erreurs de jeunesse) sont donc gommés, et pour cause : le Service Civique doit apporter autant à l'organisme qu'au volontaire. Ce dernier est d'ailleurs encadré de façon à ce que ses difficultés, ses progrès et son avenir après le Service Civique fassent l'objet d'un suivi précis. Enfin, et ce détail a son importance, le volontaire associatif reçoit une indemnité mensuelle de l'Etat.  

Présenté de cette manière par le site gouvernement et par les associations que j'ai pu rencontrer, cette initiative est fort alléchante pour tout jeune. N'y aurait-il pas anguille sous roche ?  



Ma non-expérience du Service Civique 

Dès que j'ai entendu parler du Service Civil en 2006, devenu par la suite le Service Civique qu'on connaît, je me suis renseignée pour savoir où et comment proposer ma candidature. Cinq ans plus tard, à 25 ans bientôt révolus, le bilan de mes recherches est loin d'être satisfaisant : je n'aurais jamais réussi à être "volontaire" ! Or, de cette non-expérience du Service Civique, malgré un petit paquet de CV, lettres, entretiens et visites d'assos, j'ai quand même tiré quelques conclusions sur les modalités de sélection _ car oui, il y en a ! Au moins, j'aurais appris des choses.


Pour avoir un maximum de chances de taper dans l'oeil d'un organisme recrutant des "volontaires" , mieux vaut :



Etre une grande gueule 


Le king de la route

Au diable les calmes et les nonchalants, on a besoin de vous sentir prêt à mordre ! On veut des têtes brûlées assez idéalistes pour croire qu'on peut sauver le monde avec des dreads et un t-shirt orange. Puisque vous n'êtes triés que sur le volet et de manière officieuse, afin d'écarter tout soupçon de discrimination, votre apparence doit suffire. Il faut jouer le jeu et prendre une allure "enjouée" _c'est le terme qu'un ancien volontaire resté en contact avec son asso avait employé pour me citer un critère de recrutement. Si vous êtes d'un tempérament posé bien qu'efficace et bouillant intérieurement, vous passerez à la trappe... à moins que vous ne soyez le seul candidat. Le cas échéant, on se contentera de votre air maussade avant de penser à vous voir à l'oeuvre : c'est mieux que rien. Mais ce cas de figure appelle un sacré coup de bol.
Si le Service Civique est aussi une occasion en or de "prendre confiance en soi", on se demande pourquoi on ne fixe pas un quotas de gens timides et peu sûrs d'eux. Parce qu'ils ne sont pas "pratiques" à gérer ? Certes ! Dans ce cas, autant revoir à la baisse les ambitions de cette mesure gouvernementale, et assumer ses choix.  



Être riche
"Félindra, tête de tigre !"

Ne nous voilons pas la face, tout le monde ne peut pas se permettre de s'engager. Estimée à 600 euros par mois au début du Service Civil, l'indemnité mensuelle de l'Etat a fondu pour finalement s'approcher de 400 et quelques à présent ; les « et quelques » étant à comprendre comme des "aides en nature" pour reprendre l'expression d'un membre d'asso rencontré l'année dernière, c'est à dire, des tickets restos et ou le remboursement des frais de transport. L'idéal est d'être un peu bourgeois et de vivre chez papa et maman car une indemnité de 400 euros par mois pour 24h par semaine n'incite guère à l'engagement. Après tout, c'est logique : on ne peut pas à la fois prêter main forte aux bénévoles de la banque alimentaire et venir y faire ses courses ! Signalons, pour être totalement de bonne foi, qu'une bourse existe pour les jeunes les plus défavorisés. Or elle s'élève à une centaine d'euros supplémentaires ajoutés à l'indemnité de base ; autant dire qu'elle ne change pas grand chose.



Être pistonné  
Magnifique dessin, allez faire un tour ici 

Eh oui, là aussi il vaut mieux avoir des contacts. Je l'ai compris lors de mon aventure avortée dans une fameuse association aux t-shirts oranges. Hormis l'encouragement écrit sur le dossier de candidature à remplir pour postuler à joindre toutes lettres de recommandations et courriers "intéressants" pour la sélection, c'est une discussion avec une autre aspirante volontaire au matin d'un « entretien de groupe » qui m'a clairement mis la puce à l'oreille. Cela remonte à un an, et je ne pense pas que les choses aient beaucoup changé depuis. 

Elle : « Oh, je suis la parce que j'ai un peu foiré l'entretien individuel » (ce qui est un peu le cas de tous ceux qui sont à l'entretien collectif, même si on vous dit que « non, on veut simplement en savoir un peu plus sur vous ! »

Moi : « Tu étais stressée ? »

Elle : « Oui, c'est très important pour moi alors je me suis un peu mis la pression. « 

Moi, en mode faux-cul « Mais tu vois, ils t'ont rappelée pour l'entretien collectif, donc c'est que tu les intéresses un peu.. »

Elle « Ah mais non, ils ne m'ont pas rappelée. Mais j'ai demandé à une copine, qui connait bien une des salariées de l'asso, de leur parler de moi. Elle a boosté mon dossier, ils m'ont rappelée avant-hier. »

Moi « ... *vas-y laisse tomber* ... "



N'avoir vraiment rien d'autre à faire 


D'un point de vue légal, le volontaire a le droit de faire des études en parallèle de son engagement, ou de cumuler sa mission de Service Civique avec un emploi ou un stage. La question de l'indemnité dérisoire est en quelque sorte détournée par l'argument d'autres possibilités de financement. 
Or, les associations contactées ne tiennent pas le même propos : les fonctions parallèles à la mission son tolérées, puisque permises dans le contrat, mais vivement déconseillées. De toute manière, les 24h hebdomadaires, plus les minutes et heures supplémentaires incontournables pour ceux qui s'engageront dans des organismes où le facteur humain est important, sans compter la manière dont elles sont réparties sur la semaine, limitent quand même l'éventualité d'une "double vie" professionnelle.



Chercher sa voie professionnelle mais pas trop quand même

Le volontaire est encadré par un tuteur dont le rôle est variable en fonction de la structure. Son accompagnement peut prendre la forme d'une précision du parcours professionnel du jeune qui cherche sa voie. Mais il arrive que le rôle de la recru demande des compétences et un savoir faire particuliers qui ne sont pas exigés de lui au départ. Avoir un minimum d'expérience dans le secteur et parfois apprécié par les membres chargés de la sélection, bien que théoriquement elle n'ait pas à entrer en ligne de compte : cela fausse l'intérêt de "découverte", d'"ouverture à de nouveaux horizons", de "connaissance de soi" que revendique plus ou moins explicitement ce Service Civique. 
On se met à la place des organismes centrés sur la santé : on ne s'invente pas psychologue pour enfant, ou éducateur spécialisé. En disant cela je pense à ma visite d'une toute jeune association pour enfants autistes perdue dans le trou du cul d'une commune girondine. Malgré les intentions louables de la structure et des médecins, j'en garde le souvenir d'une ambiance plutôt froide, et une proposition de contrat à 35h au lieu de 24 _ pour une indemnité inchangée, évidemment.


Cette association, poussée sans doute à recourir au service civique par manque de moyens, n'a aucun intérêt   à faire appel à des jeunes qui n'ont vraiment aucune expérience dans le milieu : la qualité du service risquerait d'en prendre un coup. Alors, ils procèdent officieusement à une sélection de fortune, parmi une poignée de candidats, d'autant plus que leurs choix précédents ne se sont pas révélés probants. "Avec toi, qui a 25 ans, m'avait dit l'une des psychologues en entretien, le problème ne devrait pas se poser, mais je te le dis quand même. Cette année, on a eu des pépins avec quelqu'un qui n'était pas assidu, qui ne se sentait pas concerné, qui n'était plus très sûr de vouloir faire partie de l'association après quelques jours. Du coup, ça s'est mal passé. Ce qui veut dire que ça peut mal se passer." La personne était toujours dans l'asso quand je l'ai visitée. 


Etre un cas social une personne atypique 


Comme vous l'aurez compris, tous les jeunes sont des volontaires potentiels, mais certains plus que d'autres.
Les personnes pourvues d'un bagage universitaire, par exemple, se voient coller une image de tristes sires coincés du cul assez posés pour se trouver un boulot sérieux par leurs propres moyens. Quant aux quelques "anciens" du Service Civique que j'ai rencontrés, ils ont tous un vécu atypique : bacheliers en année sabbatique, étudiants déçus de la fac, intrépides revenant d'une année Erasmus... et c'est pour cela qu'ils ont tapé dans l'oeil des assos.


Vouloir développer son sens de l'altruisme pour mieux se comprendre, c'est bien joli, à condition de comprendre qu'on doit s'adapter à une réalité pas toujours idyllique. C'est pourquoi les moyens de promotion du Service Civique peuvent parfois être considérés comme des attrape-nigauds. Sur le site d'une grande association très versée dans le recrutement de jeunes volontaires, les vidéos témoignages de vétérans volontaires sont assez représentatives. Ici, une jeune fille de 19ans bien décidée à nous vendre du rêve hurle dans le micro qui l'interroge. Là, un ado au parcours scolaire chaotique nous explique comment il est rentré dans le droit chemin en s'engageant dans une mission d'intérêt général. 




Fin des illusions 


Qu'il y ait une sélection, un type de personnes et de public visé ne me choque pas, loin de là : c'est cohérent et plus sûr, au vu des associations et des missions proposées. Le problème est que l'on nous affirme le contraire dans les textes officiels : tout le monde a sa chance, sans exception ! A bien y réfléchir, c'est complètement impossible de ne pas faire un tri en posant des critères, ne serait-ce que pour tenir compte des réels besoins des association. Elles proposent généralement un ou deux postes. 


Si je me permets de balancer, c'est parce que, pour des raisons d'âge, je ne pourrai bientôt plus postuler aux missions proposées par le Service Civique ! Ce sera longtemps un regret, car sur le fond, l'idée est intéressante et cela m'aurait réellement plus de m'engager, n'en déplaise aux membres des assos assoiffés de valeurs sûres et de gens souples de la langue, pressés à s'en mettre des poutres dans les yeux. Tant pis pour eux ! Par chance j'ai trouvé mon bonheur ailleurs.

Alors oui, certains y trouvent une réelle occasion d'avancer dans leur vie, de mieux se connaître, de devenir quelqu'un d'autre ; le problème est que l'on ne parle que d'eux. Nécessairement, d'autres se retrouvent aussi "recalés" par ce dispositif encore récent et donc imparfait. N'importe qui peut aisément le comprendre sans rien y trouver à redire : il est donc inutile de jeter des jeunes dans l'abîme en leur faisant des promesses impossibles à tenir.


Pas merci du tout, le Service Civique ! J'aurais encore plein de choses à ajouter à ce sujet, mais ce sera pour une prochaine fois.