vendredi 20 septembre 2013

Sélection de contes pour les élèves de 6° : Contes du cimetière aux beaux jours - Yak Rivais (2004)


Poursuivons notre exploration des contes disponibles au CDI.

 Les Contes du Cimetière aux beaux jours de Yak Rivais plaira à coup sûr aux 6°. Si j'avais d'abord sélectionné ce recueil dans le rayon des contes, c'était pour son côté fantastique : publié dans la collection "Pleine Lune Fantastique" de Nathan, je comptais mettre en valeur _modestement, la diversité du genre étudié. Il se trouve en fait que Yak Rivais a composé toute une série de Contes du Cimetière... dont chaque volume correspond au temps qu'il fait aux alentours des tombes : ...au soleil couchant, dans le brouillard, après la pluie, etc.


Les histoires commencent à peu près toutes de la même façon : un enfant se retrouve, plus ou moins par hasard, dans le cimetière : là, une petite peste croise un chat noir, des garçons shootent dans un ballon qui atterrit de l'autre côté du mur, tandis qu'un autre y est attiré par la danse des feux follets. Il s'y produit alors une rencontre extraordinaire sous les yeux caves de défunts parfois bien bavards ; ayez donc à l'esprit que chez Yak Rivais, les morts sont souvent d'excellent conseil.

Non, malgré tout ce qui peut bien s'y passer de glauque et de magique, le cimetière Saint-Patrick n'effraie personne. Est-ce parce que le soleil est encore haut dans le ciel ? Peut-être. Mais si les enfants n'étaient pas aussi intrépides et insouciants, la sorcière Podebik, le Hurlu et les lavandières spectrales pourraient bien faire un tout autre effet ! Même les grandes figures de la mythologie des fables, des contes et de l'Antiquité n'ont aucune prise possible sur Joëlle _une vraie peste ni sur Corentin et sa ruse. Gaïdik rappelle au Sphinx les limites de ses énigmes universellement connues, et en profite pour le mettre à l'épreuve. Jean-René est désarmant d'innocence et amène les collectionneurs de feux follets à braver les interdits.  

Par l'utilisation d'un registre familier qui parlera aux enfants d'aujourd'hui, par la mise en place d'astucieux jeux de langue, et grâce à l'écriture de situations comiques, Yak Rivais dédramatise la mort et ridiculise clairement ces personnages de contes qui sont censés générer du stress. Quant aux défunts, ceux qu'on entend sans cesse murmurer, voire ronronner sous leurs tombes, ils occupent des rôles d'adjuvants et parfois même de justiciers : tandis que les fantômes amènent Lénan (et sa poupée) à se méfier de la vampire Vorvolaka, la sorcière Podebik se fait casser la gueule par l'esprit d'une armoire à glace.

Je ne peux pas m'empêcher d'associer la Vorvolaka à cette folasse de Drusilla dans Buffy contre les vampires.

Les 7 contes du recueil sont illustrés par l'auteur.

Résumé pour les gosses

Dans ces histoires, les héros sont des enfants qui n'ont pas froid aux yeux et qui n'hésitent pas à s'aventurer dans le cimetière sans se méfier du danger qui les attend. Ils y trouvent des sorcières, des chats qui parlent, des fantômes qui veulent les effrayer mais qui n'y parviennent pas toujours. Si le livre s'intitule Conte du cimetière aux beaux jours, c'est parce qu'ici tout se passe en été ; il faut savoir que l'auteur a écrit des contes pour toutes les saisons.

Rivais, Yak. Contes du cimetière aux beaux jours. Ed. Nathan, Paris. Coll. "Pleine Lune Fantastique". 2004. 169 p. ISBN : 2-09-282631 X

mercredi 18 septembre 2013

Après la Fontaine de Marcel Duchamp, la cuvette brisée d'Aulnay-sous-Bois !





Gros craquage interne de ce matin en allant au boulot _à pieds, cela va de soi... Tu regardes tomber la pluie en traversant la rue, tranquillement, et oh ! tu te retrouves entravé dans un chiotte cassé !


"Ceci n'est pas une pipe !"*


* Pardon à Magritte et Duchamp ! En même temps ça les aurait fait rire. 

samedi 14 septembre 2013

Sélection de contes pour les élèves de 6° : 14 contes de Russie - Robert Giraud (1999)

Sélection, sélection... C'est vite dit ! 

Disons que les classes de 6° du collège où je bosse sont toutes en pleine étude de contes de fées, et que par conséquent nous nous devons de mettre à leur disposition de quoi compléter leur connaissances ! Pour ce faire, il faudrait déjà que je sache quels ouvrages constituent le rayon dédié... Alors c'est parti pour une session lecture de contes, accompagnée d'un compte rendu critique et d'une présentation destinée aux enfants.  

Comme ils lisent tous déjà Charles Perrault en classe, et qu'ils vont en bouffer jusqu'au BAC, la mise en perspective psychanalytique en prime _ parce que, pour ceux qui ne le savaient pas encore, le loup ne rôde dans la forêt que pour baiser le Petit Chaperon Rouge, autant leur proposer d'autres univers.

Aujourd'hui, sortez les moufles et tondez vite le Père Castor pour vous faire un bonnet car nous partons en Russie !


Comme vous pouvez le voir, la photo vient le blusch.fr !


14 contes de Russie - Robert Giraud 



Nous voici plongés dans un monde où les animaux sauvent le monde : les brochets magiciens savent se montrer reconnaissants pour ceux qui ne les extirpent pas des eaux glacées, où le renard est aussi fourbe que partout ailleurs, où la vache devient protectrice de l'orpheline. Mais les poupées ne sont pas en reste, et les pommes magiques pèsent leur poids dans la vie des hommes. Face à tant de féérie, l'homme paraît bien futile, tout fils de tsar soit-il ; si bien que dans les 14 contes de Russie, on se passe d'autant plus de morale que tout ne finit pas toujours bien !

Dites-le moi si je me trompe, mais les histoires populaires russes sont rarement arrivées jusqu'à nous lorsque nous étions enfants. Sans doute est-ce pour cette raison que mon choix s'est d'abord porté sur des recueils de contes de tous horizons, dont celui-ci, adapté par Robert Giraud en direction des jeunes lecteurs. Chacune des 14 photos de paysages sibériens qu'il nous expose ici sont précédées d'un petit paragraphe explicatif afin que nos lacunes face à la culture russe ne freinent pas notre lecture : ainsi, on ne s'étonnera pas de la récurrence du prénom Ivan au fil des textes, des noms de peuples plus exotiques les uns que les autres, de certains traits de caractère de la sorcière-ogresse Baba Yaga et du fait que les papys dorment systématiquement sur le poêle. Personnellement, j'ai apprécié certaines précisions, moi qui étais partie à la cool dans ma lecture, mise en confiance par une poignée d'ouvrages de Dostoïevski.

Le recueil se divise en trois parties très inégales : 9 "contes du peuple russe", 2 "contes des peuples d'avant" _ ancêtres des Russes, 2 "contes des peuples d'à côté _populations de Sibérie, du Caucase. Si le premier grand chapitre a pour décor l'univers des tsars, des princesses et des guerriers, les deux autres mettent à l'honneur des héros tout droit sortis de la plèbe.    

Le résumé pour les gosses (vous allez voir, j'aime bien les prendre pour des neuneus) :

Tous les pays, toutes les cultures ont leurs contes. Lorsque vous lirez les 14 contes de Russie, vous saurez comment on vivait, là bas, autrefois. N’hésitez pas à venir les découvrir car on ne vous a sans doute jamais raconté les histoires qui sont écrites dans ce livre! Pourtant, elles sont amusantes, effrayantes, pleines de magie, elles aussi, surtout lorsqu’elles se déroulent dans la forêt ou dans les déserts enneigés. Ce sera l’occasion pour vous de savoir ce dont la sorcière Baba Yaga est capable, d’entendre parler des animaux, et de voir ce qui arrive aux gens qui pensent que rien n’est plus important que l’argent !   



Bon, j'en ai encore quelques uns à lire, alors j'y retourne ! Si vous avez des suggestions... 

GIRAUD, Robert. 14 contes de Russie. Flammarion. Coll. "Castor Poche". 1999. 160 p. ISBN : 2-08-164406-1



L'Equipe Mag n°1606 du 27 avril 2013

Je suis bien contente de dépouiller ce numéro de l'Equipe Mag et, par conséquent, d'en finir avec. J'ai fini de le lire dans le train avec Bubulle alors qu'on était en route pour les fêtes de Bayonne. Tout marchait comme sur des roulettes, mais les choses se sont gâtées le lendemain. Alors c'est parti pour le bulletinage, la mise en page, Motbis, et après on n'en parlera plus !  

« On est condamnés à l'exploit »

C'est lui qui a inspiré mon coq rugbyman

p. 6

EDITO' 
Matthieu Barberousse
« Stade décisif »

Depuis la découverte de l'existence de son compte bancaire en Suisse, les critiques du footballeur allemand Uli Hoeness au sujet de la fraude fiscale prennent un sens nouveau.
Descripteurs : FRAUDE FISCALE / FOOTBALL / ALLEMAGNE 

p. 7

SOMMAIRE


pp. 10 – 18

ENTRETIEN 

« L'idée, c'est de finir la saison en trombe. »
Karim Ben-Ismaïl – Frédéric Michalak
Photos : Wahid

Plus de dix ans après ses débuts dans le rugby professionnel, Frédéric Michalak parle de sa santé actuelle, de son envie de rejouer après sa blessure à l'épaule. A bientôt 31 ans, le demi de mêlée du Rugby Club Toulonnais a pris du recul sur sa carrière et envisage le futur avec plus de détachement.
Descripteur : RUGBY / TOULON : VAR / GESTION DE CARRIÈRE 

pp. 20 – 25

ZOOM
Photo Stéphane Mantey : Bayern – FC Barcelone, demi-finale aller de la Ligue des Champions.
Photo David Rogers / Getty Images / AFP : Bath – Leicester Tigers, 21ème journée du championnat d'Angleterre.
Photo Donald Miralle / Golden Boy via Getty Images : Championnat du monde des Super-Welters, Saul Alvarez contre Austin Trout


pp. 27 – 28

MAGZAP 
Christelle Bonnet
« Les nominés pour les Gilbert de la phase régulière de NBA sont... »

L'Equipe Magazine offre des Gilbert aux basketteurs qui se sont fait remarquer de la pire des manières au cours du championnat de NBA.
Descripteurs : BASKET-BALL / ETATS-UNIS / 2010- 

« Cette semaine on a reçu ça ! »
Photos : maintien de l'équipe de France de Fed Cup, Gattuso, Sir Alex Ferguson, Jos Luhukay, Yohan Cabaye.


p. 30

(Mes) aventures
Chrystelle Bonnet

« Ca roule »
La journaliste raconte son quotidien au volant de sa voiture prêtée par L'équipe.

L'interview (f)utile
Alexandre Roos.

Thibaut Pinot


p. 32

JOURNAL DE BORD
« En chantier »
Fabrice Pellerin

L'entraîneur de Camille Muffat et Yannick Agnel raconte le quotidien des deux nageurs au fil des compétitions, des séances de préparation et des obstacles imprévus.
Descripteurs : NATATION / ENTRAINEMENT SPORTIF / FRANCE 

p.34

LEFRED-THOURON bat le pavé
BD


pp. 38 – 52

REPORTAGE

pp. 38 – 48
« Ultra contestataires »
Christophe Larcher
Photos : Christophe Calais

Les supporters ultras du club d'Al-Ahly ont eu une influence sur les débats politiques en Egypte. S'affichant clairement anti-moubarak, ils ont contribué à la révolution de 2011 et sont encore aujourd'hui farouchement opposés aux agissements de la police. La mort de 74 d'entre eux à Port Saïd le 1er février 2012 à l'issue d'un match a renforcé leur sentiment de haine.
Descripteurs : FOOTBALL / REVOLUTION EGYPTIENNE : 2011 / PUBLIC : SOCIOLOGIE / 

pp. 50 – 52

« Yoshihide Kiryu comme la foudre »
Alban Traquet
Photos Pierre Lahalle

Agé de 17 ans, le lycéen japonais a battu le record du monde des cadets sur 100m avec un temps de 10''19. Il rêve de participer aux Jeux Olympiques et de rivaliser avec Usain Bolt.
Descripteurs : COURSE D'ATHLETISME / JAPON / JEUX OLYMPIQUES /

pp. 54 – 64

PORTFOLIO

« Des gars sans gravité »
Rémy Fière
Photos : Pierre-Emmanuel Rastoin

L'art du déplacement, plus connu sous le nom de « yamakasis » en référence à ceux qui l'exercent, est en plein développement. Il se situe généralement en contexte urbain et revendique son caractère professionnel. Agés de 20 à 30 ans, ces « traceurs » peuvent montrer leurs étonnantes figures (le saut de l'ange, le passe-muraille, le tchic tchak) dans des compétitions internationales.
Descripteur : PRATIQUES SPORTIVE / MILIEU URBAIN / FRANCE 

pp. 66 – 67

PORTRAIT

« L'ange gardien »
L.Moisset

Patrice Annonay, gardien du PSG Handball, se distingue par ses qualités de joueur autant que par son esprit d'équipe et sa fidélité au club de la capitale.
Descripteurs : HANDBALL / PARIS : FRANCE / 2010- / 

pp. 68 – 74

ENTRETIEN
Erik Bieldermann
« Je ne joue pas au hockey pour gagner des titres. Je joue par amour. Jaromir Jagr »

A 41 ans, le hockeyeur tchèque s'est constitué un palmarès au cours de sa carrière en NHL et en Russie. Mais les titres ne comptent pas à ses yeux : pour lui, tout est question de travail, de volonté, de sentiments et de principes.
Descripteurs : HOCKEY SUR GLACE / RÉPUBLIQUE TCHÈQUE / RUSSIE /

pp. 76 – 77

REPORTAGE
Alexis Blanc
« Champions à louer

Les Etoiles du Sport proposent la box des étoiles, c'est à dire une demi-journée de sport avec un champion. Aujourd'hui, c'est le skieur Julien Lizeroux qui accueille des groupes parents-enfants, des fans, pour partager son expérience.
Descripteurs : SKI / PUBLIC : SOCIOLOGIE / ECHANGE DE SAVOIRS / 

pp. 79 – 85

MAG'PLUS
Pages coordonnées par Bruno Garay

pp. 79 – 80

HIGH-TECH
Christophe Sefrin
« Envoyez du son »

Sélection de quatre barres de son.


p. 81

MODE
Marie-Anne Bruschi
« Pilotez à vue »

Sélection de trois paires de lunettes de soleil.


p. 82

MOTEURS
Didier Braillon
« Aristo passe-partout »

La Jaguar XJ All Wheel Drive, avec ses quatre roues motrices, est performante sur tous les terrains et par tous les temps.


p. 83

BEAUTE
Elsa Margot Amari
« Nettoyage de printemps »

Sélection de produits de beauté pour homme visant à purifier la peau et à la rendre moins grasse.


p. 84

SHOPPING
Laurence Larrière
« Eric Terrien côté mer »

Le champion de stand-up paddle décrit la tenue qu'il porte et le matériel qu'il utilise.

p. 85

GOLF
Pierre-Michel Bonnot 
« Ailleurs à portée de club »

Le Wentworth Club est un passage obligé du PGA Championship, championnat européen de golf. Si le très chic Westcourse est déjà bien connu, le côté « East » gagnerait à l'être un peu plus.
Descripteurs : GOLF / ANGLETERRE / 2010- / 

p. 86

CONSO
Service commercial de l'Equipe

« Un parfum modèle »
« Entente fusionnelle »
« Luxe durable »
« Panache, rituel et protocole »
« Fonceur » : Carlos Rosillo, président et co-fondateu de Bell & Ross


p. 88

AVANT HIER
Xavier Barret
« Il y a trente ans dans l'Equipe Magazine »

30 avril 1983 : le retour à la compétition d'athlètes retraités. Le parcours de Raymond Kéruzoré à l'EAG. Photos du Grand Prix de Motocross à Vitrolles.


« Et à la une de l'Equipe, cette semaine-là »


p. 89

SERIE NOIRE
« Meurtres en série »
Le Marquis


Retour sur un fait divers daté de 2003. Juan Catalan, frère de dealer, est accusé d'avoir assassiné une jeune fille témoin d'un règlement de comptes sur fond de drogue. Son alibi : il assistait à un match de base-ball. 
Descripteurs : BASE-BALL / MEURTRE / TRAFIC DE DROGUE / 2000- /

"L'Equipe Mag (Paris)", Supplément de L'Equipe n°22470. ISSN 02453312, (2013-04-27)n°1606 

mercredi 11 septembre 2013

Tistou les pouces verts - Maurice Druon (1957)


Poursuivre l'oeuvre de Joséphine ne sera pas une tâche aisée ! En deux années scolaires, cette prof doc a transformé en système d'information un CDI plus ou moins dépourvu de logiciel documentaire. Aujourd'hui, elle change d'établissement et me laisse en héritage un défi à relever. Il faudra faire les bons choix, prendre les meilleurs décisions et d'afficher un esprit d'initiative... autant de qualités que je n'ai pas pour l'instant, mais on travaille dessus ! 

Tandis qu'elle m'indique l'emplacement de deux ou trois trésors dans les tiroirs de son (mon ?!) bureau, j'aperçois une pile de livres de poche édités il y a fort longtemps et passablement usagés. Pourtant ils ne sont ni cotés, ni tamponnés au nom du collège.

"Qu'est-ce que c'est ? 
_ Des dons ! Ils sont à enregistrer dans BDCI !"

Tiens, embarquons l'un deux, Tistou les pouces verts, histoire de mettre fin à des années de mystère! En effet, bien que l'unique ouvrage pour la jeunesse écrit par Maurice Druon ne soit jamais passée entre mes mains, l'un de ses extraits a fait plusieurs fois l'objet d'une double page dans les très chiants frustrants livres de lecture de CE2, CM1 et CM2. Ce fameux moment où Tistou part en stage chez le jardinier et trempe le pouce dans des pots de fleurs remplis de terreau afin de préparer une place pour la graine. Après quoi des fleurs se mettent à pousser en cinq minutes, à la surprise générale. Le jardinier en déduit que Tistou a les pouces verts, c'est à dire qu'il manifeste un don pour faire croître les plantes à la carte et à volonté, phénomène impressionnant sans plus pour tout gosse non féru des arts de la terre.

Que s'était-il passé avant dans sa life ? Qu'allait-il se passer après ? On n'en sut jamais rien, puisque le conte n'était ni à la bibliothèque municipale du village, ni dans le placard à livres de notre prof de CM1 _ le seul de l'école à nous avoir privé du racontage d'histoire hebdomadaire de Monette, la gentille mamie bibliothécaire à pustule. Le Père Castor en dame, on avait juste envie de se jeter dans ses bras. Mais c'est pas le propos. Pendant des années, Tistou demeura pour nous un simple gosse creusant indéfiniment des trous dans la bouillasse avec ses mains.



Comment fait-il pour tenir sur la feuille ?

L'histoire 

Tistou est un petit garçon de bonne famille gentil et rêveur, bien éloigné des préoccupations des adultes qui l'entourent. Monsieur Père (son père, donc), n'est autre que le patron de la vaste usine d'armes de guerre emblématique : ce statut fait de lui l'homme le plus riche de la petite ville de Mirepoil et le propriétaire de la plus belle maison. Par conséquent, l'avenir de Tistou semble dores et déjà tracé ; mais n'est-ce pas là une idée toute faite qui ne demande qu'à être brisée ? Le chemin vers la succession s'annonce plus périlleux que prévu, d'autant plus que Junior se fait virer de l'école après s'y être régulièrement endormi et s'y être fait qualifier d'enfant "pas comme tout le monde".

Monsieur Père réoriente donc Tistou vers une formation en alternance comprenant stage au jardin, à l'usine, et cours de culture générale avec Monsieur Trounadisse*, son bras droit. Il n'est disposé qu'à valider le module jardinage, comme le montre la scène que je vous ai racontée plus haut. Cette faculté à faire pousser des plantes va se révéler réellement , puisqu'il décide aussitôt de s'en servir pour faire le bien autour de lui : rénover un bidonville et le rendre attractif, soigner les malades, égayer la prison... Au bout de quelques chapitres, on se rend compte que si Tistou rencontre parfois l'échec, c'est à cause de son excès de pureté, et non pas par manque de volonté ou de capacités.


Flower power 

Un enfant aux pouces magiques, un poney qui parle (oui, oui, et il lance aussi des vannes), des fleurs qui rendent tout le monde joyeux, gentil, et qui apportent des solutions aux problèmes... Maurice Druon avait du fumer ou anticiper les douces émanations de la période hippie lorsqu'il écrivit Tistou les pouces verts en 1957. A moins que la composition des Rois Maudits n'ait été quelque peu ravageuse. Néanmoins, c'est un conte rafraîchissant quoique vieillot, forcément. A vrai dire, je supposais une dimension écologique de l'oeuvre, mais les premières pages m'ont tout de suite guidée vers d'autres pistes :

" Les grandes personnes ont, sur toutes choses, des idées toutes faites qui leur servent à parler sans réfléchir. Or les idées toutes faites sont généralement des idées mal faites."

Les fleurs ne sont en fait qu'un outil de mise en valeur du point de vue de Maurice Druon : les enfants sont des âmes pures qui se perdent car elles ne peuvent pas agir. Tistou est un enfant qui a les moyens de bonifier le monde puisqu'il possède un don : faire pousser les plantes n'importe où et n'importe quand. Il met si bien à profit ses belles intentions qu'il est clairement transcendé à la fin de l'histoire : il devient un ange, rien que ça ! Désolée d'avoir raconté la fin, mais la chute n'ajoute pas beaucoup à la richesse de l'oeuvre, je pense.

Tistou ? T'es là ?

Tistou les pouces verts se lit à partir de 9 ans, mais on peut l'aborder en début de collège, me semble-t-il. Même si la langue et le contexte sont ceux d'une autre époque, celle où la littérature pour la jeunesse se voulait exemplaire voire guindée, tous les sujets ne sont pas dépassés, bien au contraire :

-  L'échec scolaire : si Tistou avait suivi le droit chemin et tenu la route à l'école, il n'aurait sans doute jamais pu exprimer son talent. C'est à méditer : qu'est-ce que réussir ? Y a-t-il une voie unique vers le bonheur, le sien et celui des autres ?

- La représentation de la femme. Dans Tistou les pouces verts, on ne compte que trois personnages féminins très secondaires : la mère, belle, douce _et c'est tout, et la fillette malade, faible et Madame Amélie, la cuisinière forte en gueule, maternante, mais relativement peu influente sur l'action.

- Une réflexion sur le personnage de Carolus, un serviteur des Monsieur Père et Madame Mère ; à trois reprises au moins, Maurice Druon évoque le petit accent étranger de cet homme. Pourquoi ? On n'en sait pas grand chose, ou alors je n'ai pas saisi la subtilité de cette caractéristique. Il est par ailleurs très difficile de cerner de quel pays ou de quelle région provient ce fameux accent : "Pas comme ti le monde, Tisti ! Qu'on vienne mi le dire, à mi !" 

Déjà c'est pas belge.

- Le douloureuse question des animaux qui parlent et qui se révèlent plus malins que les êtres humains ne saurait être occultée. Ce poney, là, "Gymnastique" (pff!), vous ne trouvez pas qu'il fait un peu son beau ? A la fin, surtout, lorsqu'il se propose de servir de messager à la famille de Tistou, genre tout va bien, ils sont au courant qu'il parle depuis belle lurette ! Oui, vous pourrez toujours me dire que Tistou laisse parler son inconscient à travers l'animal qui en réalité ne dit rien, mais que voulez-vous, j'aime pas ce poney !


Eh bien, personnellement je me sens mieux ! L'énigme Tistou les pouces verts est enfin résolue...

Références de l'édition utilisée pour cet article :

DRUON, Maurice. Tistou les pouces verts. Paris, Hachette Jeunesse. Coll. Le livre de poche. 1994. 190p. ISBN 2-01-014156-3 


*Je cherche en vain le jeu de mots avec Trounadisse. Quelqu'un l'a repéré ? Tous les autres personnages ont un nom savamment étudié (Moustache, Mauxdivers...)





dimanche 1 septembre 2013

A la bibliothèque d'Aulnay-sous-Bois, donc ! Oui, parce que j'ai réussi à y aller, finalement ! Un mur sur une poule - Gilles Baum / Thierry Dedieu (2013) et Maboul à zéro - Jean-Paul Nozière (2003)



Notre couple du troisième âge ayant disparu dans un bar, j'ai pu tester cette fameuse bibliothèque Dumont toute proche de la gare RER. Il faut croire que ce ou cette Dumont n'avait pas de prénom puisque même le portail du réseau des bibliothèques d'Aulnay ne le mentionne pas. Quelques recherches seront à prévoir à ce sujet.


Remise en contexte

La petite bibliothèque est très bien équipée : au rez-de-chaussée, vous avez un large choix de documentaires sur tous supports pour enfants, pour adultes, et pas mal de DVD d'animation. Une salle est réservée aux romans pour la jeunesse et aux albums. L'étage est dédié à la littérature généraliste, pourvue d'un "coin ado" bien fourni également, et aux documentaires pour adultes. En fait,  X. Dumont n'est pas si petite que je le pensais, à moins que mes sens ne me trompent encore. Je suis toujours déboussolée quand je découvre une nouvelle étagère à livres.


Youpi, ça parle de poules !! 


En jetant un oeil aux albums pour les petits, j'ai évidemment repéré Un mur sur une poule, composé par Gilles Baum et illustré par Thierry Dedieu. Fraîchement publié, l'ouvrage aborde en quelques dessins simples mais efficaces la dure question de l'élevage en batterie.


Je te laisse, ça va couper !


Autant dire que je ne m'attendais pas à cela. En lisant le titre, je me suis dit : tiens, ils ont joué avec la comptine pour en faire quelque chose d'encore plus surréaliste ! Mais pas du tout. Alors que la première page débute bien sur les premières notes de la chanson, la poule choisit soudain de pondre sur le mur au lieu de lever la queue et de s'en aller. Jusque là, tout va bien. Mais le mur devient un coin où la poule pond trois oeufs, "c'est déjà mieux", le coin devient "quatre murs" enfermant un élevage de pondeuses productives. Telles de vraies machines programmées pour lâcher des œufs, les cocottes explosent, découvrent les joies du picage*, s'entre-tuent et font sauter le mur. Devenues carnivores, elles attaquent l'homme _ incarné par le fermier_ et projettent de dominer le monde AH AH AH sont en bon chemin pour en venir à bout. L'album se termine sur une phrase qui donne à réfléchir (et qui est propre à toute une collection de petits ouvrages de ce type) : "ce que tu fais à la Nature, la Nature te le rendra". 

Voilà un bel album où les poules évoluent sur un fond noir qui, dès la couverture, laisse présager du pire, sans qu'on puisse savoir exactement où ça va nous mener _surtout si on a 5 ans, âge à partir duquel on peut lire Un mur sur une poule. Les plus jeunes apprécieront plus ou moins l'humour sombre et les petites poules blanches aux yeux globuleux, mais l'apport d'un accompagnant adulte pourra prolonger la lecture par un débat intéressant.

Descripteurs Motbis proposés : ELEVAGE INTENSIF / POULE (OISEAU) / SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION 
SOCIETE DE CONSOMMATION est un peu tiré par les cheveux, je le concède, alors si vous avez d'autres propositions n'hésitez pas ! 

BAUM, Gilles ; DEDIEU, Thierry. Un mur sur une poule. Ed. Gulf Stream, Coll. La Nature Te Le Rendra. 2013. 18 p. ISBN : 2354882025


Montons l'escalier 

Arrivée à l'étage, je longe les rayons de littérature ado à la recherche d'un titre accrocheur : c'est très important, plus encore que l'illustration sur la couverture. Maboul à zéro, un roman de Jean-Paul Nozière, m'interpelle ; le titre me dit quelque chose, mais je ne l'ai jamais lu. Il faut croire que le moment est venu.


Cela dit, l'illustration est plutôt sympathique elle aussi.

C'est une idée, ou tous les romans de la collection Scripto des éditions Gallimard donnent envie de se tailler les veines, une fois qu'on les a lus ? Je préfère me dire que je suis tombée sur les plus déprimants, ce qui est le cas, sans aucun doute. Pourtant, après Sayonara Samouraï**, de Julia Billet, retraçant le combat d'un petit garçon atteint d'une tumeur au cerveau, la vie quotidienne de la famille Djémaï passeraient presque pour une grande rigolade de tous les instants ! Quoique.

Aïcha Djemaï a 14 ans et va bientôt passer le BAC, pour le plus grand bonheur de Zohra, sa mère, concierge du collège à côté duquel toute la famille habite. On est à la veille des élections présidentielles de 2002. Malgré ses facilités, Aïcha n'est pas scolarisée car elle est épileptique. Cela lui laisse le temps de s'occuper Mouloud, son frère aîné complètement fou, et de remplacer sa mère à l'accueil du collège lorsqu'elle doit s'absenter. Pendant ce temps, Karim, le père, dort car il travaille de nuit dans une usine de plastique. Dans la petite ville de Sponge, près de Dijon, cette famille d'"Arabes" fait beaucoup jaser : cet adolescent attardé qui se prend pour un footballeur et qui regarde les femmes en sous-vêtements dans les catalogues de la Redoute a-t-il sa place dans la loge d'un établissement scolaire ? Cette jeune fille qu'on dit si douée mais qui ne va pas en cours, alors qu'elle n'a pas vraiment l'air malade, est-ce bien normal ? Pourquoi l'accueil du collège est-il tenu par une personne étrangère ? Aïcha est bien consciente du "problème" que sa famille "pose" puisqu'elle intercepte astucieusement le courrier des parents d'élèves destiné à la principale : ce détournement lui permet de connaître les penchants racistes de personnes apparemment bienveillantes et polies envers elle.

Pourtant, les Djémaï ne cherchent de noises à personne ; Zohra  n'a plus besoin de prouver son implication au travail, elle qui assure l'accueil physique, téléphonique et qui se transforme parfois en infirmière (spéciale dédicace à Nicole, au passage). Elle gère comme elle peut le handicap mental d'un garçon de 17 ans de moins en  moins contrôlable, ce qui n'est pas une mince affaire. En lisant ce roman, je me suis dit que la folie de Mouloud était de loin le thème fort de l'histoire, bien que la montée du racisme en France et le passage de Le Pen au deuxième tour des élections présidentielles de 2002 soient des sujets absolument incontournables pour les jeunes lecteurs. Mais l'intolérance aux personnes handicapées existe bel et bien ; Jean-Paul Nozière, prof doc ! et auteur d'une palette d'histoires diverses (que je n'ai pas lues), réussit le pari de mettre en parallèle deux des multiples sources de peur du FN de base, pour mieux pointer les dérives possibles.

Qu'on apprécie ou pas l'écriture, beaucoup de pistes d'étude et de discussion s'ouvrent lorsqu'on referme le livre. L'égalité hommes-femmes face à l'éducation est aussi évoquée, à travers ce récit de la jeunesse de Zohra qu'Aïcha tient absolument à enregistrer sur cassette ; à tel point qu'on pourrait trouver à Maboul à zéro un petit côté "bien pensant" qui sonne faux, parfois. Cette impression est personnelle. Par contre, le traitement des personnages au lendemain du premier tour des élections est très juste et m'a replongée dans mes propres constatations : une masse d'électeurs faussement indignés par ces 18% qui ne s'étaient pourtant pas faits tous seuls, incapables d'assumer leur vote et bien contents qu'il ne puissent être connu que d'eux-même, et pas mal de fachos décomplexés, voire grisés par le score de Le Pen et pressés de passer "leur" pays à la chaux.

Une lecture agréable, donc, même si je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages et à me prendre au jeu. La faute aux étudiants en physique-chimie assis derrière moi, peut-être...

Descripteurs Motbis proposés :  RACISME / HANDICAP / ELECTION POLITIQUE / DROIT A L'EDUCATION / 2000-

NOZIERE, Jean-Paul. Maboul à zéro. Ed. Gallimard, Coll. Scripto. Paris, 2003. 157 p. ISBN : 2 070553590  


Le picage est un comportement typique des oiseaux et volailles en souffrance psychologique : de la même manière qu'on se ronge les ongles quand on stresse, ils piquent leurs plumes ou celles de leurs congénères jusqu'à se blesser. Or, quand une poule, par exemple, voit du sang, elle y fourre son bec par instinct et bouffe tout ce qu'elle peut _même sa propre chair. C'est plus fort qu'elle. Elle prend alors "goût" à la viande jusqu'à la préférer à son grain. Si on ne sépare pas les animaux blessés des autres, les conséquences peuvent être dramatiques.

** C'est pas un Scripto ! Mais ça aurait pu... 



   

Soyons sérieux : le "Dossier information et citoyenneté" publié sur Médiapart (5 mai 2010)



La Ligue de l'Enseignement s'est associée à Médiapart, journal numérique et participatif, pour traiter des rapports épineux qu'entretiennent les européens d'aujourd'hui avec les médias. Un "dossier information et citoyenneté" a donc été réalisé afin de cerner les points de désaccord entre des deux parties et d'y apporter des solutions en vue d'une "réconciliation".


Voici ce que j'en ai retenu : attention pavé !!! 


En même temps vous étiez prévenus

Mis en ligne depuis trois ans déjà, les propos tenus dans les différents articles sont toujours d'actualité : les lecteurs se méfient systématiquement de ce qu'ils lisent dans les journaux, de ce qu'ils voient à la télévision, et ont tendance à se tourner vers de nouvelles formes de médias, tels que les blogs d'information ou les journaux citoyens, qu'ils considèrent comme étant plus "libres", mais qui sont souvent moins professionnels.


Dans son introduction aux différents articles, Nathalie Dollé, une journaliste qui a beaucoup réfléchi aux enjeux de sa profession et au rôle des médias dans la société, se montre sceptique lorsqu'elle constate cette tendance. Selon elle, les professionnels _ceux qui sont munis de leur carte de presse_ et les rédacteurs amateurs n'ont pas les mêmes objectifs. Les premiers diffusent des informations discutées collectivement puis validées, tandis que les seconds partagent des points de vue subjectifs plutôt que de réelles infos. Même si l'on comprend très bien ses inquiétudes, elle n'évoque pas encore les aspects positifs du phénomène, tels que le pouvoir de liberté d'expression, de dénonciation accordé au citoyen lambda _ dont Patrice Flichy, par exemple, parle assez longuement dans Le sacre de l'amateur, ou la complémentarité possible des médias "traditionnels" et "alternatifs". Mais à ce moment-là, est-ce encore du journalisme ? ou autre chose ? 


Allez, soyons sérieux !

Le dossier s'ouvre sur une interview du journaliste Philippe Merlant par Christine Menzaghi, intitulée "Réconcilier les médias avec leur public". Plutôt en faveur d'une évolution des professionnels de la presse en fonction des nouvelles attentes des lecteurs/auditeurs/téléspectateurs, il y parle de son ouvrage : Médias, la faillite d'un contre-pouvoir. Il pense que les gens ne croient plus vraiment ce qui est dit dans les médias, et que les journalistes n'ont ni une connaissance suffisante de leur public, ni un assez grand attachement au média pour lequel ils travaillent. Quand aux différents journaux, leurs objectifs économiques les éloignent de leurs objectifs premiers. Dans cette interview, le tableau dépeint une vision un peu caricaturale de la situation, mais le livre, co-écrit avec Luc Châtel, est sans doute plus nuancé. Heureusement, des solutions existent ; un effort est attendu de la part des journalistes, au niveau de la qualité de l'information et de la prise en compte du public. Les médias citoyens interviennent alors comme un terrain d'entente et de dialogue entre les "professionnels" et les "amateurs", qui constituent également un public insatisfait potentiel. A nuancer aussi. 


Nathalie Dollé place ensuite le débat à l'échelle de l'UE dans l'article "Enjeux, défis et responsabilités de la presse en Europe". Elle rappelle que, depuis une vingtaine d'années, le fonctionnement de la presse a changé : il s'inscrit dans une logique économique peu compatible avec le professionnalisme du journaliste. Comment appliquer la déontologie lorsque l'information devient une marchandise plus ou moins vendeuse ? La profession évolue en tenant compte de ces paramètres : les pigistes se multiplient, au contraire des "permanents", réduisant l'investissement du journaliste, plus vraiment "attaché" au média pour lequel il travaille. Les reporters amateurs prennent aussi de l'ampleur et alimentent les journaux participatifs en prônant leur bonne foi _ et on veut bien les croire, puisqu'on sait tous n'ont rien à gagner en écrivant. Mais qu'en est-il alors de la qualité de l'information ? Les amateurs peuvent, faute de formation, la mettre à mal ; comment être en mesure de respecter les idéaux fondamentaux de la presse (indépendance, rigueur, transparence, impartialité, honnêteté dans le traitement de l'information) lorsqu'on n'y est pas formé ? Il faut de toute façon composer avec ces incertitudes, alors Nathalie Dollé souligne les possibles solutions déjà mises en oeuvre : le renforcement de l'éducation aux médias dans l'UE, la médiation entre public et rédactions, la réhabilitation des codes de déontologie par les journalistes professionnels. 
-> Un article du Monde datant de la même époque aborde la question de la précarité du statut de journaliste aujourd'hui. 



C'est toujours dans ce souci de qualité de l'information que Nathalie Dollé défend la création d'un conseil de presse, déjà largement mise en place dans les autres pays d'Europe : "La France finira-t-elle par se doter d'un conseil de presse ?" Il présenterait bien des avantages, car il amènerait forcément la réflexion sur le métier de journaliste. Mais cette instance est perçue comme un outil de censure pour beaucoup de lecteurs et de professionnels.

"_Ca va ? Tout le monde suit, jusque là ?
_Euh...." 

Raison de plus pour se pencher sur la manière de "former les artisans de la démocratie". Selon Loïc Hervouet, enseignant en éthique du journalisme, les étudiants de sa discipline ont tous une vision de leur futur métier qu'ils gagneraient à enrichir : concilier les apports théoriques souvent méprisés et la pratique "sur le terrain" serait alors la clé d'un journalisme défenseur de la démocratie et de la citoyenneté. Cela parait évident ? Peut-être, mais visiblement les choses ne se passent pas toujours de cette manière, en partie par manque de méthode et de connaissance de l'évolution du métier. Tiens, j'ai toujours pensé qu'on était bien calés _ voire trop..._ côté formation théorique, en France !


Pour clôturer ce dossier, Roland Cayrol nous fait une révélation : avec Internet, on ne s'informe pas de la même manière que lorsqu'on lit un journal ! Il ne dit pas que cela, heureusement, à Joël Roman qui recueille ses propos, il encourage aussi l'activité des amateurs : "Il faut obtenir que la participation citoyenne se mêle de l'information". L'internaute qui veut s'informer se concentre plus sur les dépêches, les successions d'événements, d'images, que sur la réflexion journalistique autour des informations lues. L'universitaire laisse entendre que les professionnels eux-même suivent le mouvement, et ne sont plus vraiment spécialistes des rubriques qu'ils alimentent. De leur côté, les lecteurs sont mieux armés pour forger leur propre jugement, car ils se méfient des politiques, des médias et des institutions en général. C'est pourquoi leur voix mérite plus que jamais d'être entendue lorsque les débats autour des médias et de l'information ont lieu. Roland Cayrol en profite pour rappeler l'importance d'une éducation aux médias pour tous. Voilà un dialogue intéressant à lire, mais qui me laisse perplexe sur deux points : tout d'abord, la dépêche n'est pas seulement une information sous forme simplifiée ; c'est aussi une information qui a la chance de ne pas être encore trop déformée par des médias sous influence. Pour beaucoup de personnes se réfèrent aux dépêches pour leur aspect "brut" plus que pour leur forme simplifiée. Ensuite, Roland Cayrol botte en touche un peu trop rapidement le problème des grands groupes de presse et de leur monopole sur l'information.


Si tous les contributeurs du dossier n'accordent pas la même importance aux médias citoyens ou à la voix des reporters amateurs, tous s'accordent pour valoriser l'éducation aux médias dès le plus jeune âge et sont en faveur d'une remise en question des professionnels de l'information sur leurs pratiques. 


Ouh, que de couleurs dans ce billet ! On se croirait sur un site Internet de 1997, le fond gris moucheté en moins !

"Dossier information et citoyenneté" (5 mai 2010) (dossier). Mediapart (blogs). 14p. [en ligne] Url : http://blogs.mediapart.fr/edition/societe-de-linformation-et-democratie/article/050510/dossier-de-reflexion-sur-la-qualit. Consulté le 31 août 2013. 


On se tente quelques descripteurs Motbis ? Il me semble  que ce dossier pourrait être lu par des lycéens...


Ou pas !

JOURNALISME / EDUCATION AUX MÉDIAS / DIFFUSION DE L'INFORMATION / MARCHE DE L'INFORMATION / EUROPE / 2010- /