mardi 23 octobre 2018

Le septième geste - Tsvetanka Elenkova (2018)


Bien bien. Il me semble que j'ai passé presque deux mois sans écrire sur ce blog, ce qui est une première depuis sa création. Autant dire qu'il est difficile de s'y remettre ! Je vais donc essayer de faire un compte-rendu clair et concis d'un recueil de poèmes en prose qui m'a été envoyé par Tertium Editions, dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio ; il s'intitule Le septième geste, a été composé cette année-même par l'auteure bulgare Tsvetanka Elenkova et a été traduit par Krassimir Kavaldjiev. 

Voilà la bête !
On a une bonne et une mauvaise nouvelle ! La mauvaise, c'est que je n'ai pas compris ce choix du titre Le septième geste pour ce recueil ; la bonne, c'est que j'ai globalement saisi tout le reste, et ce, bien qu'on ait affaire à de la poésie, bien je ne sois pas une flèche, bien que je ne connaisse rien à la littérature bulgare... De la poésie en prose, qui plus est : pour rappel, cela signifie que vous pouvez dire au revoir à l'espoir de décrypter le message du poète en vous accrochant aux strophes et aux vers. Malgré cela, n'hésitez pas à vous lancer dans la lecture du Septième geste, qui sera tout sauf lunaire et/ou rébarbative. 

D'ailleurs non, ne vous lancez pas. Allez-y plutôt sur la pointe des pieds, car à travers son poème initial ("La traîne de la poésie"), Tsvetanka Elenkova nous propose une entrée fracassante où les images à caractère phallique s’emboîtent à la chaîne se superposent, laissant craindre (ou espérer, tout dépend des attentes du lecteur) une orgie en 90 tableaux... Mais finalement, il n'en sera rien ; même si l'érotisme plane toujours entre deux souvenirs de l'artiste, il reste subtil et tout à fait contournable pour qui n'est pas d'humeur à faire des blagues.   

Le septième geste raconte plutôt quelques moments d'anecdotiques vécus par une famille qui évolue au fil du temps, sur plusieurs générations ; d'une page à l'autre _et donc d'un poème à l'autre, puisque chaque pièce du puzzle n'excède jamais une demi-page, l'auteure évoque sa mère, son frère, puis sa propre maternité. On notera qu'elle cite régulièrement les maximes de sa mère, utilisant l'italique et l'élevant au rang de philosophe ; je ne sais pas s'il sagit de propos rapportés authentiquement, mais il s'avère qu'ils marquent particulièrement le lecteur : 

"Personne ne mérite les larmes d'une fille"
"Tout est bien qui finit bien"
"Après la soixantaine, le temps s'envole"

Un peu comme dans Le parti pris des choses de Francis Ponge, la force des poèmes du Septième geste provient des situations quotidiennes les plus banales. Si quelques thématiques abordées tout au long du recueil, telles que le temps, qui passe, le cheminement de la vie vers la mort, les liens humains... sont récurrentes en poésie, il est plus rare qu'on les aborde par le biais d'objets de la vie courante (les vêtements, la voiture), ou de petits événements empreints de trivialité (la coupure d'un compteur d'eau, l'avancement d'un chantier...). Cela n'empêche d'ailleurs pas Elenkova de parsemer ses scènes (utilement, à mon avis) de références à des lieux et à des personnages issus de la mythologie grecque. N'étant pas spécialiste de la question, je préfère ne pas proposer d'analyse de cette dimension "antique" du recueil, mais je vous invite à le faire, si vous le sentez : à n'en pas douter, la matière n'attend que d'être creusée. 

Aux confins des questions existentielles, des souvenirs de famille et de la singularité des paysages méditerranéens, Le septième geste laisse entendre que la clé du mystère de la vie est tombée quelque part dans notre quotidien.     

Merci à Tertium Editions et à Babelio pour l'envoi de ce livre, qui est une belle découverte.

Désolée pour ce billet tout pourri, mais la reprise du gribouillage après une trop longue pause est toujours compliquée.

Tsvetanka Elenkova. Le septième geste. Tertium Editions, 2018. 95p. ISBN 978-2-490429-02-8


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