jeudi 30 octobre 2014

Roux cools : la soupe de potiron


Ce soir, j'ai fait de la cuisine, ou quelque chose approchant. 
Pourquoi ? Je sais pas, j'avais envie. 

Il pleut des hommes, alléluia ! 



En faisant mes courses cet après-midi, j'ai repéré dans l'étalage à légumes des tranches de citrouille, alors même que je pensais à Scott Pilgrim, le personnage (roux) d'un comics. L'esprit d'Halloween m'aurait-il frappé ? Il faut croire que cette superposition de choses oranges a du créer un court circuit dans ma tête, parce qu'une heure après, je me suis retrouvée en train de tailler du potiron en petits dés à côté d'une casserole d'eau en ébullition. Et face à une recette (pas trop difficile) de Marmiton, parce que faut pas déconner, hein : ce qui s'est produit, c'est un bug, pas d'un miracle !

L'aventure m'a donné l'occasion d'aérer le petit batteur électrique que j'ai acheté à l'Inter d'Aulnay avec Bubulle il y a à peu près un an, et qui ne m'a jamais plus servi depuis. A l'époque, on en avait eu besoin pour faire un cake au chocolat (qui s'était révélé pas mauvais du tout, d'ailleurs) ! Bref, il était dit que la pauvre bête serait notre premier et dernier achat d'électroménager en couple ! 

"Mais... t'as besoin d'un batteur pour faire ta soupe ??" 

Non, en fait il fallait un mixeur mais j'en ai pas ; donc j'ai pris l'objet de mon appart qui s'en rapproche le plus. C'était ça ou un panier à salade... 
   

Verdict : 

Non, là c'est la photo du site.
D'ailleurs, allez voir la recette :
http://www.marmiton.org/recettes/recette-photo_soupe-potiron-marrons_36439.aspx

Voilà ce que ça donne, chez moi.
(Le marron du dessus a coulé à pic...)
Bon, c'est pas très joli, mais objectivement, le goût n'est pas mauvais. Après, n'étant pas très fan moi-même de potiron _ouais, je m'en suis souvenue en faisant la préparation.., je n'ai pas de point de comparaison ; mais quoiqu'il en soit, ça reste le plat que j'ai le moins raté bien longtemps !
Désormais, la Force des Roux est en moi !  

Yes !
D'ailleurs, connaissez-vous le comics Scott Pilgrim ?

Non ? 
"Il va falloir apprendre !"


mercredi 29 octobre 2014

Indulgences - Jean-Pierre Bours (2014)


L'autre jour, je vous avais présenté le premier tome de Cesare, un manga où les personnages principaux incarnaient les grandes familles politiques prêtes à en découdre pour posséder ce qui deviendrait l'Italie, aux prémices de la Renaissance italienne.


La couverture nous vend du rêve : on ne voit pas une seule fille dans le volume (à part la gouvernante d'Angelo).
Restons dans cette ambiance d'émancipation humaine et scientifique. Avançons de seulement quelques années, et en remontant un poil plus au Nord de l'Europe. Nous voilà plongés au coeur de l'Allemagne de Faust et de Luther, plus précisément à Wittenberg et sa proche campagne, dans les premières décennies du XVI°siècle.

Dans ces temps-là, on pourchasse les sorcières et tout ce qui y ressemble de près ou de loin, on les brûle après des parodies de procès. On meurt de la peste, et les médecins visitent les malades vêtus d'une robe noire et d'un bec qui les font ressembler à des corbeaux. En ville, on perfectionne les techniques d'impression et on diffuse de plus en plus les propos de Martin Luther, un jeune moine dont les propos véhéments résonnent dans les âmes des chrétiens.




L'histoire 

Le roman s'ouvre sur la fuite éperdue d'Eva, une jeune femme accusée de sorcellerie. En proie aux lansquenets et à leurs chiens, elle abandonne son bébé dans l'église du village de Coswig, avant de croiser un mystérieux personnage. Celui-ci va la précipiter dans la gueule du loup en faisant mine de l'aider. Alors qu'elle avait habilement tracé son chemin vers la liberté, Eva est capturée, emprisonnée et sommée de se taire en attendant son jugement. On comprend bientôt que le traître n'est autre que le célèbre Méphistophélès. Or, qu'elle soit sorcière ou qu'elle ne le soit pas, la femme a plus d'un tour dans son sac, et n'entend pas se laisser brûler sans faire entendre aux autres sa façon de penser. 


Puis quinze ans s'écoulent ; le Moyen-Age prend fin dans la région de Wittenberg, les consciences s'éveillent, les curés se lâchent et commencent à taper violemmenist sur le Pape, les paysans se rebellent contre l'autorité de leur seigneur, les jacqueries deviennent sanglantes. Malgré ce réveil en sursaut des âmes mal dégrossies, Klaus et Lisbeth sont les parents les plus heureux du monde. Malgré la maladie et les fausses-couches, ils voient grandir Hans, Gretchen et Ulrika et savent que la ferme familiale a de l'avenir. Ils ne savent pas que la peste les attend au tournant. 


A 15 ans à peine, Gretchen se distingue déjà des autres ; elle est plus belle que sa petite soeur, manifeste une curiosité pour la médecine, les sciences et les arts. Par chance, elle trouvera des réponses à toutes ses questions au contact de Freia, la sage-femme veuve qui lui apprend à lire et à écrire. Pour couronner le tout, elle refuse de se marier à un militaire bien rustre et bien abruti comme on les aime. Bref, tout le monde à compris sauf elle : Gretchen est en réalité la fille d'Eva. Elle a été recueillie par Klaus et Lisbeth lorsqu'on l'a trouvée sur l'autel de l'église de Coswig. Si elle apprend la nouvelle tardivement, sans jamais s'être posé de questions auparavant, elle n'aura de cesse d'enquêter sur ses origines dès lors que Hans, dans un excès de colère, aura lâché le morceau...            



Eva et Gretchen parmi les stars 

En alternant les chapitres centrés sur l'une ou sur l'autre, Jean-Pierre Bours s'est amusé à faire copiner ses deux héroïnes avec les grandes figures politiques et artistiques de l'époque. Il fallait bien donner un peu de galon à ces femmes fortes mais ô combien insignifiantes aux yeux de la grande Histoire. Dans sa geôle, Eva fait de l'oeil au bon Albrecht et l'amène à prendre des risques inconsidérés pour sauver sa peau. Plus tard, le destin facétieux poussera sa fille à se pâmer d'admiration devant les gravures d'un autre Albrecht, Albrecht Dürer. Quant à Méphistophélès, il entube la sorcière présumée avant d'embrouiller Faust pour le faire pactiser avec le Diable ; Faust, ce fameux docteur "magicien" sera lui-même le seul à faire chavirer le coeur de la sage et sérieuse Gretchen, qui s'était refusée à pas mal d'hommes jusqu'à son arrivée. A Wittenberg, Gretcher et Ulrika vont travailler dans l'imprimerie Franz, le frère de Freia ; elles y feront la rencontre d'un Martin Luther dépeint par Bours comme un homme de Dieu survolté mais rongé par le doute. Lancé dans sa lutte contre les "indulgences", c'est à dire l'effacement des péchés par le versement d'une somme d'argent à l'Eglise, le moine est bien parti pour révolutionner son temps.   

Matin Luther, l'un des grands acteurs de la Réforme protestante.
Portrait se rapprochant le plus de la description qu'en fait Jean-Pierre Bours.

La belle et les autres 

C'est difficile de tailler un ouvrage qu'on a lu très vite et avec grand plaisir ; mais au cours de ma lecture, j'ai tiqué sur les caractéristiques de quelques uns des personnages, et sur le constat d'une poignée de stéréotypes. 

Le duo Gretchen / Ulrika, soeurs aussi différentes qu'inséparables, m'a un peu agacée. Gretchen est magnifique, intelligente, raffinée et plait aux hommes qui en valent la peine (genre, des médecins connus). Elle s'entend bien avec tout le monde, s'adapte à n'importe quelle situations et s'intéresse à tout, prend toujours les bonnes initiatives au bon moment. En clair, elle est insupportable parfaite. Ulrika demeure sa cadette physiquement et intellectuellement moins bien taillée (mais bonne à baiser), pour ne pas dire LA pouffe superficielle de la famille. Vous savez, celle qui fait des bourdes et à qui on conseille de parler moins fort pour lui éviter de se taper l'affiche inutilement. Elle aime s'envoyer des mecs -des bien lourdingues, ou alors des curés ; son travail à l'imprimerie de Franz lui déplaît _y a trop de lettres, et puis l'encre, ça salit.., mais elle se passionne pour les belles toilettes, et prend plaisir à poser à poil pour un peintre. Au bout d'un moment, on se demande si elle ne deviendra vraiment rien de plus, dans ce livre, qu'une petite bouseuse larguée en ville dans le seul but se faire engrosser ?... En tous cas, elle suce. Elle. 

En lisant Indulgences, le sentiment de cette petite paysanne voué à ne jamais atteindre la finesse de son aînée a pris le dessus sur ma curiosité de connaître la suite des événements racontés dans ce roman. Pourquoi la fille abandonnée par une femme de caractère, savante, rusée et indépendante, se distingue-t-elle des autres malgré une éducation similaire à ses frères et soeurs ? Parce qu'elle est d'une "nature"curieuse ? Parce que sur sang de rebelle coule dans ses veines ? Tout ne serait donc qu'une question de génétique ? On pourrait le croire... C'est dommage ; Jean-Pierre Bours aurait pu jouer sur la progression inattendue d'une paysanne qui se serait ouverte petit à petit aux savoirs de son temps, après chaque étape de son parcours. 
Facile à dire, facile à dire...    

Helga Pataki (Hé Arnold) et Olga, sa grande soeur parfaite.

On citera également deux éléments du scénario ont (vraiment trop) des airs de déjà vu...

  • Après un incident fâcheux à l'issue duquel Gretchen balance un seau de fumier (!) sur sa soeur et son amant du jour, le grand frère pète un câble contre sa soeur adoptive et lui annonce sans le moindre tact qu'elle n'a pas le même sang que lui. Et bam, c'est l'enfumeur enfumé. Mais la situation est quand même bien bateau.   


  • Contrarié d'avoir été éconduit, Ludwig l'ex futur mari de Gretchen, mûrit sa vengeance pendant des mois et des années. Ainsi le garçon borné et soucieux d'obéir à ses parents devient-il à un odieux guerrier sans foi ni loi, traitant les femmes comme des objets en attendant d'anéantir celle qui s'est refusée à lui, gnark gnark gnark. Bon, je suis bien placée pour savoir à quel point on peut tomber bien bas face à quelqu'un qui vous a mis un râteau, mais là, ça sonne un peu trop "méchant de Disney" (pour adultes). 

  • L'enchaînement des scènes de débauche des prêtres et de leurs poules de luxe _dont Ulrika fait partie_ est rapidement lassant : d'accord, on sait bien que les curés ont une réputation qui les précède et qui les suit depuis des siècles, mais en l'occurrence, l'évocation des partouzes en plein air ou en espace clos ne fait pas vraiment avancer l'action. Le lecteur pas plus lubrique que la moyenne s'en passera très bien ! 

Prions !

Bien que j'aie pas mal descendu l'oeuvre de Jean-Pierre Bours dans ces quelques paragraphes, je ne pourrai dire que du bien de l'écriture et de l'effort fourni pour toujours resituer la petite histoire dans la grande. L'évocation des événements marquants du début du XVI°siècles ne manque jamais d'aider le lecteur à se repérer dans cette Allemagne encore médiévale ; de même, les références aux grandes oeuvres picturales et littéraires de l'époque sont la preuve d'un attachement de l'auteur à préserver le réalisme de son oeuvre de fiction. La démarche est louable, et le résultat, réussi. Enfin, la dimension fantastique qui traverse le roman à travers le personnage insaisissable de Méphistophélès est assez légère pour ne pas alourdir une histoire déjà riche en rebondissements vraisemblables. 

Jean-Pierre Bours est aussi l'auteur de Celui qui pourrissait, livre dont le titre m'a tapé dans l'oeil depuis pas mal d'années, sans que j'aie jamais pris le temps de le découvrir.

Merci à HC Editions et à Babelio pour l'envoi de ce roman, dans le cadre de l'opération Masse Critique (oui, encore, je sais...).


BOURS, Jean-Pierre. Indulgences. HC Editions, 2014. 416 p. ISBN : 978-2-3572-0199-6



mardi 28 octobre 2014

Soyons sérieux : "De la surveillance à la veille", Louise Merzeau (2009)


Parce que ma mission dans la vie, c'est aussi d'initier les élèves à la gestion de leur identité numérique, j'ai lu un article de Louise Merzeau, chercheuse en SIC et Maître de Conférence à l'Université Paris Ouest. Nanterre. La Défense. Bon ça y est, c'est fini ? Enfin au moins, comme ça, on sait où c'est. 



Son article intitulé "De la surveillance à la veille", plus tout jeune à présent, puisqu'il date de 2009, aborde la question de l'utilisation des traces conscientes et inconscientes laissées par les internautes, à des fins commerciales, sociales, ou de pure surveillance. Il a été publié dans la revue Cités, et vous pouvez également le trouver sur la banque d'archives ouvertes pluridisciplinaires HAL

Voici ce que j'en ai retenu : 
Il est possible que j'ai compris cet article de travers, alors en cas de doute, reportez-vous au texte original, et ne manquez pas de me signaler mes probables bévues en commentaire. Cimer d'avance.  

Allez, soyez sérieux pour une fois, (bordel) !

Aussi prudent soit-on, on laisse obligatoirement des traces sur la Toile, dès qu'on s'y connecte : pages consultées, chemin effectué via les liens hypertexte, identifiants, jeux.. Il suffit de jeter un oeil à l'historique de navigation pour s'en rendre compte. De la même façon qu'on fait la démarche d'effacer un historique qui est crée par défaut, toutes les "empreintes" laissées derrière nous sont automatiquement mémorisées. Si on veut les supprimer, ou du moins les contrôler, il faut agir en fonction. 

Ces traces sont disséminées un peu partout sur Internet. Isolées, elles n'ont pas grande signification. Rassemblées, elles créent ni plus ni moins votre profil : et là, ça devient gênant. Plus vous laissez d'informations sur vous, plus votre profil sera précis, et plus vous courez le risque de devenir une cible commerciale ou une personne observable par les services de renseignements... ou par vos pairs ! Nul besoin d'un énorme robot Big Brother pour cerner ce que vous aimez et vous envoyer les pubs en fonction : c'est nous qui nous donnons à voir


Bon, il faut reconnaître que certains sont des pros quand il s'agit de récolter les "bonnes" informations, celles qui vont les "intéresser" plus que d'autres : j'ai nommé Google, Amazon, et ... votre voisin ! Pour ce-faire, ils utilisent la même méthode qu'un documentaliste qui procède à sa veille documentaire ; c'est à dire qu'à l'aide d'outils paramétrés au préalable (agrégateurs de flux RSS, portails dynamiques, abonnements à des newsletters, utilisation professionnelle d'un réseau social...), il ramasse tous les éléments visibles sur Internet qui composent l'actualité chaude du sujet qui l'intéresse. Les techniques permettant de faire de la veille sont aussi celles qui rendent possibles la surveillance. Elles peuvent être inefficaces comme ravageuses en fonction de la précision de leur paramétrage, et en fonction de ce qu'on leur laisse à se mettre sous la dent. 

Ne rêvons pas. On ne peut pas totalement échapper à ce phénomène qui nous gêne toujours un peu, dans le sens où, de nos jours, la socialisation passe en partie par Internet. Mieux encore, beaucoup laissent volontairement des petites parties de nous pour se faire remarquer des autres ; lorsqu'on gagne à être surveillé, masquer ce qu'on laisse traîner à la vue de tous n'est certainement plus à l'ordre du jour. 

Mais on peut limiter les dégâts en limitant ses traces, en brouillant les pistes avec des avatars, en apprenant à connaître les mécanismes du Web 2.0* pour mieux les apprivoiser. 
       
Depuis 2009, la face du monde virtuel n'a pas énormément changé. Cependant, depuis quelques mois, le droit à l'oubli commence à se faire valoir : il est maintenant possible de demander au moteur de recherche Google, via un formulaire, le retrait des informations personnelles vous concernant.  


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* Le Web2.0 est une évolution du Web vers une réappropriation des contenus par les internautes, qui peuvent plus facilement éditer, créer, supprimer des pages web. 
Exemple : 
- site Internet html = Web 1.0 (géré par un professionnel formé /webmaster / administrateur /)
- blog = Web 2.0 (tout le monde peut créer un ; une interaction est possible via les commenaires )
- Encyclopédie Larousse = Web 1.0 (articles signés par des spécialistes du sujet concerné)
- Wikipédia = Web 2.0 (encyclopédies collaborative ou les articles sont crées, complétés et vérifiés par les internautes) 




MERZEAU, Louise. "De la surveillance à la veille". Cités, 2009, pp.67-80

lundi 27 octobre 2014

Spécial Combo Roux Cools + Pure Arnaque : le dessin animé Tom Sawyer et son générique qui nous vend du rêve


Pour son anniversaire, on a offert à ma soeur l'intégrale de la série animée Tom Sawyer, connue au moins de nom par la plupart des enfants qui ont grandi dans les années 80-90.  

Heu  non ça me dit rien... 
Mais si ! Vous savez ! Tom, ce pré-ado rouquin hyperactif, toujours occupé à semer les conneries sur son passage avec Huck, son pote clochard ultra peace qui vit dans une cabane, sans famille et sans slip*. Faute de parents, il est élevé par sa tante, une mégère à l'humeur versatile, et par sa cousine qui m'a toujours parue trop sérieuse pour être honnête, mais bon. Cerise sur le gâteau, Tom Sawyer est sans cesse talonné par un petit frère intello aux allures de facho en herbe, à qui on aurait bien envie de casser les lunettes juste pour le plaisir.        


C'était notre héros à tous ! De toute façon, si vous aviez la 3 sur votre télé, vous ne pouviez pas vraiment y couper... 

Le cadeau de Marine nous a donné l'occasion de nous faire une soirée nostalgie en regardant les tout premiers épisodes. Il faut dire que depuis la dernière diffusion de la série à la télé, on avait laissé la bande de petits WASP jouer à Robin des Bois sur les rives du Mississipi sans plus trop y penser. Alors forcément, on a contemplé l'oeuvre avec nos yeux d'adultes et on a vu plein de détails qu'on n'avait soupçonnés jusqu'alors. J'en retiendrai deux pour aujourd'hui, parce que je suis censée faire la critique d'un pavé envoyé par HC Editions et Babelio, au lieu de rigoler sur un dessin animé japonais des années 80 : 

  • Un record de personnages roux 


Je n'avais jamais remarqué que Tom Sawyer comptait un nombre conséquent de personnages à la tignasse couleur de feu : 

Le héros lui-même
La cousine Marie, qui va devenir infirmière et finir par se taper l'aviateur, l'air de rien.

L'instit, M. Dobbins, dont la baguette semble aimantée au cul de Tom,
 et qui de nos jours serait en taule depuis longtemps, s'il exerçait en France...

Becky, la petite bourgeoise arrivée de Saint-Louis. C'est la fille du juge.
Elle est impatiente de découvrir les joies de la campagne, et paraît surprise de constater qu'il n'y a pas que des vaches dans son nouveau cadre de vie.
Pour elle, Tom abandonne aussitôt Amy, la fille du boulanger
qui croyait pourtant le tenir par les couilles, avec ses bons sandwiches.
Jeff, l'insupportable cousin lèche-cul de Becky 
Ben Rodgers, le fils de l'épicier.
Jim
Non je déconne, c'est pouvoir si vous suivez ! 
Le curé. Quand j'étais petite, je me demandais si Tom n'était pas le fils du curé ou de M. Dobbins, vu qu'il n'avait pas de père et que le petit Sid portait des lunettes. Je m'attendais à ce qu'il y ait une révélation de cet ordre à la fin de la série.
Mais non.
Maintenant, tout est clair dans mon esprit : Tom est le fils des deux, et, depuis qu'ils ont rompu, Dobbins se venge  sur son fils caché en le fouettant à longueur de journée, car il lui rappelle son ex.
Logique.


Même le chat !!
C'est un festival ! Tom Sawyer, une série labellisée Roux Cool !  

  • Un générique mensonger 

Compter les roux, c'est bien mignon, mais ça n'efface pas l'indignation qu'on peut ressentir en regardant le générique français de la série. 

Visionnez-le attentivement, remémorez-vous les épisodes, rassemblez les quelques souvenirs que vous avez des aventures de Tom et Huck, et vous vous rendrez compte qu'il est aussi aguicheur que mensonger !! 


Tout commence par une séquence yamakasi...

...avec un saut par-dessus la palissade totalement improbable vu la hauteur du truc,
et d'autant plus inutile qu'il n'y a pas de portail à l'extrémité ...
et qu'il a juste à la contourner pour quitter la maison...
..suivie d'une succession de gosses qui sortent de chez eux par la fenêtre.. 





... ou par la cheminée... 


... tandis que Huck le vagabond descend de sa cabane à la hâte et pique un sprint dans la foulée, comme s'il avait quinze mille affaires à régler de toute urgence avant le coucher du soleil... 


On comprend rapidement que tous ces jeunes gens sont pressés de se retrouver pour une session gym tonique en plein air ET avec le sourire... 


... qui a peut-être joué son petit rôle dans le clip de Saga Africa, quelque part... 

Bon, l'image est pourrie, mais vous saisissez l'idée ?
Au passage, notons que nous assistons à ce qui deviendra, bien des années plus tard, l'option acrogym en EPS... 


A partir de cette scène : ...  


... le générique part vraiment en sucette. Même si Tom "n'a peur de rien, c'est un Américain (!)", et qu'on voit bien une montgolfière atterrir sur Saint Petersburg au cours de la série, à aucun moment on ne s'amuse à monter à quinze dedans en plein décollage... 


... et non, à aucun moment de l'histoire, on ne fait pendouiller le petit frère au bout de la corde pendant le baptême de l'air. Il va sans dire que le faux espoir crée par cette scène est des plus frustrants pour les jeunes spectateurs.    

Point de balade à dos de canasson avec les Indiens et la coiffe du chef, tant qu'on y est. Effectivement, Tom et Huck vont apprendre à monter à cheval dans un ranch, au cours d'un séjour dans la famille de la tante de Tom, si je me souviens bien, mais le générique enjolive quand même drôlement l'épisode en question.    



Quant au passage par dessus bord, épée à la main, sur un bateau pirate, je n'ai toujours pas compris d'où il sortait. Fait-il allusion à la petite escapade en radeau de Tom, Huck et Ben sur une "île déserte" qu'ils auraient presque pu atteindre à la nage ? 



Au cinéma, on critique les bandes-annonces qui restent trop près du film, à tel point qu'on n'a plus besoin d'aller le voir pour comprendre ce qui s'y passe. Et je reconnais que c'est assez lourd. Mais n'est-ce pas moins rageant que de flouer les enfants sur cinquante épisodes ? Quelle arnaque !! 


* Cette information nous est confirmée à plusieurs reprises dans la série. 


Tom Sawyer - Tomu Soya no Boken
Série réalisée par Hiroshi Saito et Shuichi Seki / Adaptation du roman de Mark Twain : Les Aventures de Tom Sawyer   
1980
49 épisodes
Version française : IDDH 
DVD : IDP Video





mardi 21 octobre 2014

La Neutralité. Une nécessité éthique. Mille difficultés pratiques - Collectif (2014)


Heureusement que l'opération Masse Critique de Babelio a recommencé ! Elle m'oblige à tenir à jour ce blog que j'ai un peu négligé ces dernières semaines, faute de temps. Cette fois-ci, j'ai "gagné" un ouvrage atypique au titre évocateur : La Neutralité. Une nécessité éthique. Mille difficultés pratiques.

Un livre sur la neutralité, c'est un cadeau qui tombe à pic pour une fille qui peine tous les jours à rester impartiale au boulot, avec ses élèves ou avec ses collègues. Ben oui, j'ai mes têtes... Mais je me soigne ! Et je mets quiconque au défi de me prouver que ça se voit !




Qu'est-ce que ce petit livre épais d'une centaine de pages, à la couverture orangée et à la tranche colorée en fonction des chapitres ? Un livret parascolaire pour préparer le bac de philo ? un essai ? une méthode de développement personnel ?

Rien de tout cela. Composé par un collectif de médiateurs professionnels, La Neutralité est la trace écrite d'une journée d'étude réunissant des spécialistes de l'entente à l'amiable, et une poignée d'autres personnes touchées par la question de la neutralité dans l'exercices de leurs fonctions (une psychiatre, un théologien, un ingénieur, un philosophe).

En effet, on ne se rend pas toujours compte, mais être "médiateur" est un métier à part entière : il intervient à tous les étages de la société, et on a recours à lui pour faciliter la résolution des problèmes d'ordre professionnel, public ou encore privé. Souvent relié aux instances judiciaires, parfois sollicité par le magistrat lui-même, il représente la dernière chance d'arrangement à l'amiable entre deux personnes ou deux groupes entretenant des rapports conflictuels. Quand la médiation échoue, les "choses sérieuses" commencent, si l'on peut dire...

C'est pas gagné ! 
 

Un peu à l'image d'un recueil d'actes de colloque, ce numéro annuel des "Cahiers du Montalieu" édité par Médias & Médiations s'organise en quatre parties : 


  • Dans une première partie introduisant le débat et dessinant ses contours, on nous propose le compte rendu de la discussion _plus ou moins orientée des médiateurs venus de tous horizons : qu'est-ce que la neutralité ? faut-il nécessairement être neutre lorsqu'on est médiateur ? Pourquoi ? On retiendra la définition de la neutralité en médiation sur laquelle s'appuieront tous ceux qui prendront la paroles lors de cette journée de travail collaboratif : 


" La neutralité est une attitude du médiateur qui permet de garantir l'impartialité du processus. Elle suppose d'être au clair avec sa situation intérieure (valeurs, vécu et sentiments) et extérieure (dépendance ou conflits d'intérêts) afin de ne pas avoir de projet sur l'issue de la médiation, de pouvoir la mener de manière impartiale."


  • Ensuite, s'enchaînent, plus formalisées, les contributions des cinq invités. Ici, une psychiatre nous apprend à quel point il est difficile d'être à la fois objectif et bienveillant face à son patient ; un frère dominicain élève la neutralité au rang de vertu "kénotique", c'est à dire l'art de faire abstraction de soi pour faire corps avec les autres et les amener à résoudre leurs problèmes. Là, un philosophe nous présente le "désir de neutralité" comme émancipation d'une opposition binaire, allant aux antipodes de la neutralité vue comme une incapacité à prendre parti. Puis, à l'aide des grandes lois de la physique (!), un ingénieur-formateur en médiation, compare la neutralité à une énergie de résolution de problème que le médiateur doit savoir activer, désactiver, canaliser en fonction des parties opposées ! Enfin, une médiatrice familiale officiant en centre pénitentiaire insiste sur la difficulté d'être neutre dans un lieu où le jugement est de mise ; la voie vers la prise de confiance du détenu et sa future réinsertion passe par la parole et l'effacement des idées reçues. On appréciera la variété des domaines du savoir interrogés sur la question.   


  • Puis nous entrons dans la pratique de ce métier épineux, à travers quelques cas problématiques où la neutralité du médiateur est mise à mal : que faire pour rester impartial quand l'un des deux opposants à réconcilier ne vous revient pas ? Quand vous percevez une fragilité chez l'un et que ce ressenti vous pousse à prendre sa défense ? Comment s'y prendre pour "préparer le terrain" avant une phase de médiation ? Comment l'entamer ? Comment voir son évolution, ou sa stagnation ? Comment la finaliser au mieux, en débit d'un contexte houleux ?       
  • Enfin, le collectif a annexé sous la forme d'un dernier chapitre quelques extraits des grands textes de référence des médiateurs européens : entre autres, la directive du Parlement Européen datant du 28 mai 2008, le code de conduite européen des médiateurs, le code national de déontologie, le rapport Magendie (2008). 

Bah ça va, les médiateurs ! Elles ont l'air cool, les Rencontres du Montalieu !

J'ai refermé ce livre après quelques heures de lecture _ouais, je suis encore bien loin du rythme de Shaya :-)

Certes, je ne sais toujours pas pourquoi j'ai envie d'être désagréable avec tel ou telle élève qui vient d'entrer au CDI et qui ne m'a encore rien fait, ni pourquoi j'ai le poil qui se hérisse d'agacement dès que tel ou telle collègue prend la parole. Pourquoi je me défonce avec plaisir pour certains et pourquoi je me pousse au cul pour être simplement professionnelle avec d'autres. Je ne sais toujours pas comment m'y prendre pour aller au-delà de cette subjectivité salement humaine et atteindre la sainte et propre neutralité. En même temps, si le titre m'avait laissé espérer trouver des réponses à mes questionnements, j'ai vite vu que le but de l'ouvrage n'était pas là : La neutralité. Une nécessité éthique. Mille difficultés pratiques s'adresse en premier lieu aux professionnels de la médiation.

Cela dit, son écriture est accessible à tous et son contenu enrichissant. Bien sûr, la première partie ressemble plus à une prise de notes un peu bordélique qu'à une présentation organisée du sujet. Mais quoi de plus difficile que la restitution d'une conversation qu'on devine "à bâtons rompus" ? Les interventions des invités sont tout à fait intéressantes, et même franchement convaincantes. La troisième partie, faisant état de situations vécues par les médiateurs réunis au Montalieu, permettra sans doute aux conciliateurs de tout poil de partir mieux armés dans la bataille ; on peut y piocher deux ou trois conseils pour survivre à un crêpage de chignon en salle des profs ou en réunion de travail. Nul n'est à l'abri de se retrouver un jour pris entre deux feux et de devoir coiffer la casquette du médiateur pour retarder éviter le carnage. Par contre, se réapproprier ces expériences pour s'aider dans la gestion de conflits élève / élève ou prof / élève me paraît peu judicieux : les attitudes prescrites incluent des prouesses de diplomatie, des ronds de jambes et des tours de passe-passe dont on doit absolument éloigner les enfants, au profit de la clarté.  


Par contre, on en apprend beaucoup sur les médiateurs, sur leur difficile métier situé à mi-chemin entre les échecs, la psychologie, le déminage, et sur leur capacité à faire abstraction de leur humanité pour l'exercer correctement. Oh bordel !! Qu'est-ce que j'aimerais pas faire ça !!


Le livre est décoré d'illustrations humoristiques dessinées par un certain Chapu, médiateur à la retraite.


LE MÉDIATEUR (Collectif). La Neutralité. Une nécessité éthique. Mille difficultés pratiques.  François Baudez - Médias & Médiations, 2014. 111 p. ISBN : 978-10-91871-05-1

Cimer  Merci à Babelio et à Yvelinédition / François Baudez Editions pour l'envoi de ces Cahiers du Montalieu.