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lundi 27 octobre 2014

Spécial Combo Roux Cools + Pure Arnaque : le dessin animé Tom Sawyer et son générique qui nous vend du rêve


Pour son anniversaire, on a offert à ma soeur l'intégrale de la série animée Tom Sawyer, connue au moins de nom par la plupart des enfants qui ont grandi dans les années 80-90.  

Heu  non ça me dit rien... 
Mais si ! Vous savez ! Tom, ce pré-ado rouquin hyperactif, toujours occupé à semer les conneries sur son passage avec Huck, son pote clochard ultra peace qui vit dans une cabane, sans famille et sans slip*. Faute de parents, il est élevé par sa tante, une mégère à l'humeur versatile, et par sa cousine qui m'a toujours parue trop sérieuse pour être honnête, mais bon. Cerise sur le gâteau, Tom Sawyer est sans cesse talonné par un petit frère intello aux allures de facho en herbe, à qui on aurait bien envie de casser les lunettes juste pour le plaisir.        


C'était notre héros à tous ! De toute façon, si vous aviez la 3 sur votre télé, vous ne pouviez pas vraiment y couper... 

Le cadeau de Marine nous a donné l'occasion de nous faire une soirée nostalgie en regardant les tout premiers épisodes. Il faut dire que depuis la dernière diffusion de la série à la télé, on avait laissé la bande de petits WASP jouer à Robin des Bois sur les rives du Mississipi sans plus trop y penser. Alors forcément, on a contemplé l'oeuvre avec nos yeux d'adultes et on a vu plein de détails qu'on n'avait soupçonnés jusqu'alors. J'en retiendrai deux pour aujourd'hui, parce que je suis censée faire la critique d'un pavé envoyé par HC Editions et Babelio, au lieu de rigoler sur un dessin animé japonais des années 80 : 

  • Un record de personnages roux 


Je n'avais jamais remarqué que Tom Sawyer comptait un nombre conséquent de personnages à la tignasse couleur de feu : 

Le héros lui-même
La cousine Marie, qui va devenir infirmière et finir par se taper l'aviateur, l'air de rien.

L'instit, M. Dobbins, dont la baguette semble aimantée au cul de Tom,
 et qui de nos jours serait en taule depuis longtemps, s'il exerçait en France...

Becky, la petite bourgeoise arrivée de Saint-Louis. C'est la fille du juge.
Elle est impatiente de découvrir les joies de la campagne, et paraît surprise de constater qu'il n'y a pas que des vaches dans son nouveau cadre de vie.
Pour elle, Tom abandonne aussitôt Amy, la fille du boulanger
qui croyait pourtant le tenir par les couilles, avec ses bons sandwiches.
Jeff, l'insupportable cousin lèche-cul de Becky 
Ben Rodgers, le fils de l'épicier.
Jim
Non je déconne, c'est pouvoir si vous suivez ! 
Le curé. Quand j'étais petite, je me demandais si Tom n'était pas le fils du curé ou de M. Dobbins, vu qu'il n'avait pas de père et que le petit Sid portait des lunettes. Je m'attendais à ce qu'il y ait une révélation de cet ordre à la fin de la série.
Mais non.
Maintenant, tout est clair dans mon esprit : Tom est le fils des deux, et, depuis qu'ils ont rompu, Dobbins se venge  sur son fils caché en le fouettant à longueur de journée, car il lui rappelle son ex.
Logique.


Même le chat !!
C'est un festival ! Tom Sawyer, une série labellisée Roux Cool !  

  • Un générique mensonger 

Compter les roux, c'est bien mignon, mais ça n'efface pas l'indignation qu'on peut ressentir en regardant le générique français de la série. 

Visionnez-le attentivement, remémorez-vous les épisodes, rassemblez les quelques souvenirs que vous avez des aventures de Tom et Huck, et vous vous rendrez compte qu'il est aussi aguicheur que mensonger !! 


Tout commence par une séquence yamakasi...

...avec un saut par-dessus la palissade totalement improbable vu la hauteur du truc,
et d'autant plus inutile qu'il n'y a pas de portail à l'extrémité ...
et qu'il a juste à la contourner pour quitter la maison...
..suivie d'une succession de gosses qui sortent de chez eux par la fenêtre.. 





... ou par la cheminée... 


... tandis que Huck le vagabond descend de sa cabane à la hâte et pique un sprint dans la foulée, comme s'il avait quinze mille affaires à régler de toute urgence avant le coucher du soleil... 


On comprend rapidement que tous ces jeunes gens sont pressés de se retrouver pour une session gym tonique en plein air ET avec le sourire... 


... qui a peut-être joué son petit rôle dans le clip de Saga Africa, quelque part... 

Bon, l'image est pourrie, mais vous saisissez l'idée ?
Au passage, notons que nous assistons à ce qui deviendra, bien des années plus tard, l'option acrogym en EPS... 


A partir de cette scène : ...  


... le générique part vraiment en sucette. Même si Tom "n'a peur de rien, c'est un Américain (!)", et qu'on voit bien une montgolfière atterrir sur Saint Petersburg au cours de la série, à aucun moment on ne s'amuse à monter à quinze dedans en plein décollage... 


... et non, à aucun moment de l'histoire, on ne fait pendouiller le petit frère au bout de la corde pendant le baptême de l'air. Il va sans dire que le faux espoir crée par cette scène est des plus frustrants pour les jeunes spectateurs.    

Point de balade à dos de canasson avec les Indiens et la coiffe du chef, tant qu'on y est. Effectivement, Tom et Huck vont apprendre à monter à cheval dans un ranch, au cours d'un séjour dans la famille de la tante de Tom, si je me souviens bien, mais le générique enjolive quand même drôlement l'épisode en question.    



Quant au passage par dessus bord, épée à la main, sur un bateau pirate, je n'ai toujours pas compris d'où il sortait. Fait-il allusion à la petite escapade en radeau de Tom, Huck et Ben sur une "île déserte" qu'ils auraient presque pu atteindre à la nage ? 



Au cinéma, on critique les bandes-annonces qui restent trop près du film, à tel point qu'on n'a plus besoin d'aller le voir pour comprendre ce qui s'y passe. Et je reconnais que c'est assez lourd. Mais n'est-ce pas moins rageant que de flouer les enfants sur cinquante épisodes ? Quelle arnaque !! 


* Cette information nous est confirmée à plusieurs reprises dans la série. 


Tom Sawyer - Tomu Soya no Boken
Série réalisée par Hiroshi Saito et Shuichi Seki / Adaptation du roman de Mark Twain : Les Aventures de Tom Sawyer   
1980
49 épisodes
Version française : IDDH 
DVD : IDP Video





vendredi 8 août 2014

Quand la jolie cliente ne revient pas : Hermux Tantamoq Tome 1 : "Le temps ne s'arrête pas pour les souris" - Michael Hoeye (2002)

Avant de partir en vacances, je me suis mis de côté quelques romans pour enfants disponibles au CDI : comme chacun sait, lire des histoires farfelues écrites en gros caractères rend les voyages en train moins fastidieux. Et l'air de rien, la SNCF nous permet parfois de faire des découvertes sympathiques :

Hermux Tantamoq tome 1 "Le temps ne s'arrête pas pour les souris"
Michael Hoeye.
L'histoire 

Bienvenue dans un monde parallèle, celui des souris ! Hermux Tantamoq est horloger dans la petite ville de Pinchester. Aimé de tous et pourtant solitaire, il vit dans un appartement modeste mais confortable en compagnie de Terfèle, sa coccinelle apprivoisée. Son travail le passionne et le déroulement de ses journées est  _on s'en doute, réglé comme une montre : réveil, boulot, petit-déjeuner à 10h avec beignets au café de Lanayda, boulot, retour à la maison, prise de bec avec une voisine chiante particulière, goûter de copeaux de fromage en lisant Couine Hebdo et repos jusqu'au lendemain. Il aurait pu en être ainsi pendant des années, jusqu'à ce qu'un grain de sable vienne se loger dans le mécanisme bien huilé.

Ce grain de sable s'appelle Linka Perflinker : c'est une souris aviatrice. Elle se présente à la boutique d'Hermux pour faire réparer une montre abîmée, et même si son passage est très rapide, elle reste assez longtemps pour taper dans l’œil de l'horloger. Ce dernier se défonce pour redonner vie et éclat à l'objet passablement esquinté, afin qu'il soit fonctionnel pour le lendemain à midi ; mais quand arrive l'heure convenue pas de Mlle Perflinker à l'horizon. Ni l'après-midi. Ni les jours suivants. Tantamoq est à la fois surpris et dépité : il n'aurait jamais cru qu'une telle souris lui poserait un lapin.

A quelques temps de là, un grand rat aussi gracieux qu'un unicellulaire marin et pas plus agréable qu'un bordelais un jour de pluie déboule dans le magasin. Il demande à Hermux de bien vouloir lui remettre la fameuse montre, ce qu'il refuse. Contraint de vider les lieux, le rat s'en va bredouille tout en proférant des menaces ; intrigué, l'horloger ferme le magasin et le suit discrètement : il est impossible qu'une souris aussi classe que Linka Perflinker soit copine avec une grognasse pareille ! Où va-t-il l'emmener ? Quelles drôles de découvertes va-t-il faire ? Difficile d'en dire plus sans dévoiler toute l'histoire, mais sachez seulement qu'il a bien raison de s'inquiéter !

A partir de ce moment-là, la souris tranquille se mue bien malgré elle en détective privé. Car vous l'aurez compris, Hermux n'est pas Mickey Mouse ! Mener l'enquête les quatre pattes dans le sang a de quoi mettre sens dessus-dessous son petit bidon rempli de copeaux de fromage ! Pourtant, stimulé par son coup de coeur _et par la curiosité, il va tenter de se frayer un chemin vers la vérité : s'il parvient à libérer Linka, elle sera à coup sûr impressionnée, et qui sait, il pourra peut-être se la faire trouver en elle une nouvelle amie !



Chez les souris 

Comme le dit si bien Michael Hoeye, "le temps ne s'arrête pas pour les souris". On notera au passage qu'il ne s'arrête pas non plus pour les autres. En lisant le premier tome des aventures d'Hermux Tantamoq, chacun appréciera les spécificités de ce fantastique monde de rongeurs finement construit par le romancier :

  • Les gens ont des noms bizarres chez les souris ! 

L'auteur s'est bien éclaté : "Hermux Tantamoq", "Linka Perflinker", "Pup Schounagliffen", "Tucka Mertslinn"... Seul "Hiril Mennus", LE méchant, a un nom facilement prononçable !



  • Pas de fachos chez les souris ! 

En parcourant les premières pages, je me suis crue dans Souris souris, ce dessin animé quelque peu soporifique qui passait sur France 3 tous les matins, dans les années 1990. A travers de courts épisodes, on suivait les tribulations de deux gentilles souris chargées de récolter les dents de lait des petits humains au péril de leur vie. Et ce, dans le seul but de satisfaire les caprices architecturaux d'une vieille reine tyrannique ! C'était doux, c'était mignon, c'était une autre vision de l'esclavage. Mais si, vous connaissez, c'est obligé !


Du coup, j'ai été rassurée de voir que cette société comptait également d'autres bestioles sympathiques telles que les rats, les taupes et les écureuils de terre. Les coccinelles sont au demeurant réduites à l'état d'animaux domestiques et les serpents, des bêtes féroces à éviter. Tout ce petit monde cohabite plutôt bien, même si Michael Hoeye profite astucieusement de la situation pour faire passer un message de lutte contre le racisme. J'ai noté trois ou quatre situations de quiproquo dans lesquels Hermux essaie de ménager les susceptibilités après avoir commis une boulette.

Conversation téléphonique entre Hermux et un policier
" _ Mais je suis persuadé qu'elle est dans un fichu pétrin. Elle est partie avec trois rats très sournois.
_ Surveillez vos paroles, monsieur Tantamoq. Je suis un rat moi-même, et fier de l'être. Pas d'insultes, je vous prie. 
_ Je ne disais pas cela parce que ce sont des rats. Mais ce n'étaient pas des rats très gentils."

Il me semble que cette manière d'aborder la question des idées reçues des uns et des autres est bien trouvée.


  • Chez les souris, les poulets ne sont pas très efficaces ! 


L'extrait sus-cité m'amène à un constat : il semblerait que Hoeye ait un souci avec la police : les flics de Pinchester sont tout bonnement des rongeurs qui ne veulent se mêler de rien tant que le sang n'est pas venu éclabousser leurs godasses, et qui prennent la mouche facilement. Mais bon, ce sont juste ceux de Pinchester, hein, on est d'accord !!





  • Il y a de beaux fdp traîtres chez les souris !


Pour les souris comme pour le reste de l'Univers, il vaut mieux avoir affaire à un vrai méchant qu'à un faux gentil : lisez bien le livre jusqu'au bout ! Bien sûr, Hermux Tantamoq : le temps ne s'arrête pas pour les souris met en scène des méchants aux défauts bien typés, tels que Turka, la souris insipide de condescendance qui refuse le vieillissement, ou Mennus, le savant fou. Les gentils sont aussi bien braves à tous les niveaux. Malgré tout, le traître est bien là, assis dans l'ombre (hihi, pardon, vraiment). On croit avoir cerné tout le monde ? Eh bien non !

Hermux Tantamoq est un joli roman bien écrit, comme on les aime. Nous. Les adultes. Avant de le lire, je me demandais pourquoi cet exemplaire était aussi rarement sorti du collège (trois fois, pour être précis). Il est épais, certes, pas mais énorme non plus. Quant à la couverture, rien à dire : elle donne envie, y compris aux mecs _ qui ont tendance à croire que les romans, c'est pour les filles. Pourtant, ça ne fonctionne pas.

Pour l'instant, je formulerais deux hypothèses :

_ Les élèves de mon bahut ne sont demandeurs ni d'heroic fantasy, ni de magie, ni d'animaux qui parlent. Ils veulent du réel, du gore qui fait peur, de la baston, du shit, et si possible, du vrai sang sur les pages. Le must étant encore le shit entre les pages _ c'est peut-être la seule condition pour qu'ils adhèrent à une histoire de souris qui parlent. Bref, ce sont des adolescents.
=> Ils sont trop grands pour Hermux.

_ Hermux n'est pas le héros dont on rêve : réparateur de montres, bedonnant, pas vraiment hardi... S'il avance dans ses aventures, c'est au prix de nombreuses boulettes de débutant. Il est évident que Hoeye nous invite à aller au-delà des apparences physiques. Chaque situation vécue par le héros est une réflexion sur les possibilités d'évolution d'une personne, un travail sur les représentations. C'est trop pour eux, ils n'ont pas encore le recul nécessaire pour se dégager de la vision basique et modèle du super-héros, musclé, rapide, très mal fringué, efficace partout. Quoi de plus logique ? pour se construire, il faut bien qu'ils posent leurs fondations sur quelque chose simple. Ensuite viendra le temps de démolir pour reconstruire par-dessus, et c'est là qu'on pourra les aider. Y compris à travers des livres tels que celui-ci. Mais une démarche de médiation sera indispensable, car ils n'iront pas d'eux-même. 
=> Ils sont encore trop petits pour Hermux _oui, même en 3°. 

Tout cela n'engage que moi, bien sûr, même si je n'invente rien !

HOEYE, Michael. Hermux Tantamoq (tome 1) "Le temps ne s'arrête pas pour les souris". Traduit de l'anglais par Mona de Pracontal. Paris : Albin Michel, 2002. 319 p. ISBN : 2-226-12-972-3


vendredi 28 septembre 2012

Les Aventuriers de la Mer - 3 - La conquête de la liberté. Robin Hobb (1998)


C'est sans me faire prier que je me suis directement attaquée aux troisième tome des Aventuriers de la Mer, "La conquête de la liberté", malgré ma ferme intention de mettre fin à la lecture et à l'étude du Seigneur des Anneaux de Tolkien. A croire que je ne lirai jamais Bilbon le Hobbit avant la sortie du film ! C'est frustrant au possible, mais il faut bien reconnaître que les navigateurs des Rivages Maudits en valent largement la peine.


Où est-ce qu'on en était ?  


Les esclaves retenus prisonniers d'un navire magique se libèrent, se débarrassent de leurs geôliers, et prennent à l'aveuglette les commandes de l'embarcation. Alors que le chaos est à son comble, un vaisseau de pirates arrive à leur hauteur et les aborde sans crier gare : le massacre ne pourra être évité, de part et d'autre. Comme si cela ne suffisait pas, une tempête d'une violence extrême s'abat sur les deux bicoques à feu et à sang, pour le plus grand bonheur des serpents de mer mangeurs de cadavres !

Soyez les bienvenus dans l'univers de Robin Hobb, ou les heures de pointe aventurières succèdent à la calme angoisse des femmes de marchands, à Terrilville.   


Autant le titre du tome 2 « Le navire aux esclaves » me paraissait mal décrire l'ouvrage, autant « La conquête de la liberté » est une formule qui prend tout son sens lorsqu'on la place en tête de ce troisième volume. Qui ne cherche pas à se dégager d'une emprise quelconque dans les pages qui suivent ? Personne, à vrai dire.

Hiémain profite de l'escale à Jamaillia pour fuire la Vivacia, au moment où on doit remplir les cales du navire d'esclaves. Il compte trouver le soutien de prêtres, mais n'arrivera qu'à se faire emprisonner. Althéa tombe de haut : alors qu'elle faisait le bonheur du Moissonneur sous le nom d' »Athel », l'équipage la rejette en apprenant qu'elle est une fille. Au port de Chandelle, Brashen lui fait des avances qu'elle refuse : l'engagement, très peu pour elle. Sa liberté sentimentale, elle y tient. Malta, sa nièce, séduit sans le vouloir le fils cadet d'une famille de Marchands du Désert des Pluies, au grand désespoir de Ronica et Keffria.

La chance ne peut pas opérer à tous les coups, même quand on a une amulette en bois sorcier ! Le capitaine Kennit en fait les frais. L'attaque d'un vaisseau d'esclaves ne se passe pas comme prévu, et un serpent de mer lui mord la jambe, lui instillant du venin. Etta arrive à temps pour trancher le membre blessé et stopper l'effet du poison ; maintenant, il va falloir que Kennit, estropié, diminué, fiévreux, arrive à se convaincre qu'il s'en est finalement très bien tiré. Sa blessure ne l'empêche pas de s'accrocher à son grand rêve : attaquer et posséder une vivenef. Justement, la Vivacia est en vue. Troublée par les serpents de mer sui l'escortent, par la présence d'hommes maltraités dans ses cales, par la décrépitude de Hiémain, par la violence de Kyle, elle ne sais plus guère fendre les vagues. La libération des esclaves, entraînant la mort d'une grande partie de l'équipage, l'affole encore plus. Du pain béni pour la Marietta de Kennit qui n'en demandait pas tant.



Héros et amputations

Dans le tome précédent, l'amputation du majeur de Hiémain nous avait été présentée comme un acte héroïque : le jeune prêtre y avait vu une occasion de se mettre en valeur, et de tester les limites du courage de son père en le priant de se charger lui-même de la découpe. L'acte s'était même alourdi d'une portée symbolique, le doigt sacrifié étant celui destiné à recevoir son futur anneau de prêtrise.  
Aussi, lorsque Kennit se fait happer la jambe par un serpent de mer dans "La conquête de la liberté", il est bien difficile de ne pas y voir un écho, vite confirmé par la rencontre des deux protagonistes en fin d'ouvrage ! Les similitudes de leurs expériences respectives aura l'avantage de souligner leurs grande différence de caractère. Si le petit Hiémain choisit raisonnablement de perdre son doigt pour se sauver, Kennit s'accroche à sa jambe empoisonnée et reproche aussitôt à Etta de lui avoir tronçonnée une partie de son corps déjà en charpie. Une fois de plus, Robin Hobb peuple ses royaumes imaginaires de personnages assez humains pour avoir peur de la souffrance et de la mort.

Pourtant, dans les univers médiévaux de la fantasy, l'amputation est perçue positivement. Elle fascine, elle effraie, et elle impose le respect parce qu'elle témoigne de la véracité d'un exploit guerrier. Dans le film d'animation Dragons (2010), le héros Harold dresse un dragon qui a perdu une aile, et lui fabrique une prothèse ; à la fin de l'aventure, lui-même perdra un pied et n'en manifestera pas de grande tristesse. D'ailleurs, comme il l'affirme lui-même au tout début du film, les cicatrices et blessures de guerre pèsent lourd dans la balance lorsqu'il s'agit de plaire au filles.

Harold, Astrid, Krokmou

Le roi Fergus, père de Mérida dans Rebelle (2012), porte une jambe de bois depuis ce fameux face à face avec un ours qu'il raconte sans cesse, non sans fierté, bien qu'il ne soit pas vraiment venu à bout de l'animal. Il attend d'un ferme pied de bois la revanche qui le verra à coup sûr victorieux. Loin d'effrayer les jeunes spectateurs, sa particularité physique donne lieu à une farandole de blagues tout au long du dessin animé.  


"Mon passage préféré, c'est pas juste !"

Pour faire écho à Kennit larmoyant et infecté, on aurait fort à dire sur la représentation courante du pirate, toujours affublé d'une crochet de fer, d'une jambe de bois ou d'un bandeau sur l'oeil !

Références :

  • Andrews, Mark ; Chapman, Brenda. Brave. Disney - Pixar, USA. 2012. 95 min. 
  • Delbois, Dean ; Sanders, Chris. How to train your dragon. Dreamworks Animations, USA. 2010. 98 min.
  • Hobb, Robin. Les aventuriers de la mer. "La conquête de la liberté". Paris. France Loisirs. Coll. "Piment". 1998. 432 p. ISBN 2-7441-6100-4 





lundi 5 décembre 2011

Gakuen Heaven - Higuri You/Takahashi Natsuko (2006)



Parce que les mangas font partie de la vie, il sera aujourd'hui question de Gakuen Heaven, dessin animé sorti en 2006.

Photo piquée sur http://mainey-mangas.over-blog.com/, un blog consacré aux mangas : allez-y faire un tour, c'est chouette !

L'histoire 

Keita vient d'être admis dans la prestigieuse Bell Liberty School, dont l'accès est réservé à une certaine élite : tous les élèves de cet établissement ont un talent exceptionnel dans un domaine en particulier. De plus, le lycée est lié avec l'entreprise Suzubishi, qui offre des emplois aux lauréats les plus brillants. Le premier épisode s'ouvre sur les pensées de Keita. Il est anxieux car il ne sait pas du tout pourquoi il a été sélectionné, étant donné qu'il n'a jamais démontré quoi que ce soit d'extraordinaire, ni à l'école, ni en sport, ni en art ! L'annonce de son arrivée en cours d'année scolaire fait de lui l'attraction de tout le campus. Heureusement, Kazuki, son voisin de dortoir, semble bien décidé à le prendre sous son aile afin de l'aider à faire face à la pression. Mais sur le chemin qui l'amène au lycée muni de la fameuse "platinium letter" indiquant son admission à BL School, Keita a un accident. Sans gravité, bien entendu, car qui voudrait d'un héros mort ou estropié ?

On va peu à peu cerner le don qui lui est propre : la chance.  

Kazuki et Keita se rapprochent de plus en plus, mais cela n'empêche pas d'autres lycéens de le draguer outrageusement, la bave à la gueule. Dans l'épisode 2, Keita va rencontrer tout un tas de mâles en manque qui vont devenir autant de soupirants. Il va par la même occasion se retrouver mêlé à toutes les querelles, dont il ne sera qu'un jouet du début à la fin. Hide, le vice président du conseil des étudiants, soigne son égratignure au coude en léchant la plaie et en remarquant la beauté de son visage. L'artiste Iwai n'est pas indifférent au nouveau lui non plus. Enfin, Yukihiko, le sportif, n'aura de cesse de le prendre dans des bras et de l'appeler "mon chéri". Les épisodes 3 et 4 s'organisent autour des préparatifs d'une fête de bienvenue où Keita est à l'honneur. Contre toute attente, elle a lieu dans des bains publics, car, comme le dit très justement Niwa :

Bien dit !
 La soirée va être mouvementée : en effet, une panne de courant se produit alors que le nouveau s'apprête à faire un "numéro" dans le bassin. Quelqu'un en profite pour utiliser la brosse à dents du président de dortoir, ce qu'il remarque aussitôt la lumière revenue. Ce psychodrame n'aura absolument aucun impact sur la suite de l'intrigue, mais c'est très drôle.
Mais un jour, c'est le drame (épisode 6). Le proviseur-adjoint se rend compte que la décision d'affecter Keita Ito à Bell Liberty School relève d'un choix arbitraire de son supérieur. Lorsque les deux dirigeants entrent en conflit, l'adjoint utilise le jeune héros comme bouclier et tente de le faire expulser. Pour montrer à tous qu'il mérite sa place, Keita est soumis à des épreuves qu'il doit absolument remporter.   

Yaoi ou Shonen-ai ? 

Je vous entends d'ici : "Oui, mais, c'est pas tout à fait un manga comme un autre, cette histoire où les mecs se draguent entre eux ? Tu essaies encore de nous instiller ni vu ni connu des bribes de culture gay mine de rien, pour nous laver le cerveau et tenter de nous convaincre que les PD, et tout ça, c'est normal ?
Non, même pas ! Quoique ça ne vous ferais pas de mal !

En effet, Gakuen Heaven a des raisons d'être classé parmi les "yaoi", c'est à dire les mangas dans lesquels les personnages principaux sont des mecs jeunes et pleins de grâce, qui se créent des histoires de coeur entre eux avant de se grimper allègrement les uns sur les autres. Bon, je grossis les traits caractéristiques pour que vous puissiez comprendre de quoi je parle. La version animée dont il est question ici-même est très soft, contrairement à beaucoup de mangas du genre, que l'on décrit comme présentant beaucoup de scènes de cul et une intrigue très pauvre. Dans les treize épisodes de Gakuen Heaven, c'est différent : pas de cul, seulement quelques allusions par-ci par-là... mais pas d'histoire non plus, à vrai dire. Si les personnages féminins sont quasi inexistants, hormis dans un épisode, les relations hétéros des personnages sont envisagées, sinon clairement évoquées. Gakuen Heaven n'a absolument rien de salasse, et pourrait presque passer sur TF1 sans que les gosses ne perçoivent rien des tendances homos des personnages, qui parlent beaucoup d'"amitié", et qui disent "s'aimer bien". Mieux encore, ils ne se décrivent pas du tout comme homosexuels, et évoquent même brièvement la question des "filles", d'une "fiancée". Seul Yukihiko fait ouvertement l'objet d'un commentaire sur sa bisexualité puisqu'il est dit dans le deuxième épisode qu'il est toujours très insistant en amour, qu'il s'agisse d'une fille ou d'un garçon. C'est pourquoi, sur différents forums que j'ai pu parcourir, on se bagarre et on débat ferme pour savoir si cet anime est plutôt à rapprocher du  shônen-ai ou du yaoi. Le shônen-ai met en scène des relations fortes mais souvent platoniques entre des ados. A première vue, c'est exactement ce qui se passe pour nos talentueux élèves de "BL School"         

Pourtant, bien que je n'y connaisse rien du tout, je pencherais pour mettre la folle équipe de Bell Liberty School dans le genre yaoi. D'une, parce que certains passages sont très suggestifs, notamment les débuts d'épisodes 3-4-5-6. Même si ces séquences ne durent que quelques secondes, elles suffisent à nous amener bien au-delà du monde des "meilleurs potes plus que potes" qui se caressent les cheveux les uns les autres ! De deux, parce que le manga dessiné, dont la version animée est extraite, expose des relations phyisiquement abouties et ne laisse planer aucun doute. Il serait mal venu de créer une séparation de genre ; quitte à ce que les amateurs de yaoi bien explicite soient déçus en découvrant les gentils lycéens pas très entreprenants.

Point critique

Après un visionnage de la série dans son intégralité, suivie d'une reprise des 13 épisodes de 25 minutes un par un, j'ai pu faire un petit bilan.
  • Le points positifs de la série : 
Les dialogues suggestifs en début d'épisode sont plutôt bien trouvés, et les répliques les plus vertes, apportent un peu de fraîcheur dans un manga où il n'y a pas grand chose de révolutionnaire... C'est marrant et ça ne tombe jamais dans la vulgarité !

L'épisode 4 est un sketch à lui tout seul. Le déroulement de la fête de bienvenue dans les bains publics est plutôt comique. A noter que pour cette occasion, tous les mecs, y compris ceux considérés comme monstres de virilité, arborent avec beaucoup de classe et de sérieux de jolis peignoirs (kimonos ?) à nounours.

Non, pas moi !

Les allers-retours dans le temps entre les deux personnages principaux, qui se sont connus dans leur enfance et qui se retrouvent après des années de séparation et d'oubli, est intéressant. De toute façon, un flashback fonctionne toujours à mon avis, même lorsqu'il s'agit d'un navet. Ce procédé a le don de toucher à une démarche de retour dans le passé qu'on effectue sans cesse dans notre vie personnelle, quand bien même on s'efforce d'aller de l'avant. Peu importe ce qui s'y passe, c'est le mouvement qui a un impact sur nous. Évidemment, les faits du passé servent ici à expliquer le présent de l'action et à apporter la clé du mystère.   
  • Les points négatifs
Les personnages ne sont pas énormément creusés, ou alors je n'arrive pas à sentir les émotions qu'ils sont censés exprimer. Merde alors ! c'est une histoire à l'eau de rose et pourtant il n'y a ni cris, ni larmes, ni crises de jalousie. Parfois, les yeux se mettent à scintiller, le meilleur pote commence à lever la voix...

Le passage le plus violent de la série
... On se dit : ouaah ça y est, ça va fighter sa race ! Bah non... ça ne va pas plus loin.

Que dire de l'histoire, sinon qu'elle met beaucoup de temps à démarrer et qu'on l'attend pendant cinq épisodes. En effet, cinq épisodes sur treize sont consacrés à l'arrivée de Keita et aux petits événements tragi-comiques qui entourent son installation sur le campus. Ce volume temporel consacré à la présentation des décors et des personnages n'aurait rien de choquant s'il s'agissait d'un dessin animé de 25 ou trente épisodes, mais ce n'est pas le cas ici. Il n'y a pas vraiment de fil conducteur explicite, alors forcément, ça ne donne pas envie de suivre l'évolution du jeune Keita et de ses soupirants, tous aussi pâles les uns que les autres dans leur beauté et leur intelligence. Au sixième épisode, une intrigue apparaît enfin, comme si les auteurs de Gakuen Heaven accouchaient enfin d'une idée qu'ils n'avaient pas réussi à formuler jusque là. Le rythme s'accélère et prend une cadence endiablée, à tel point qu'on a du mal à suivre et que la fin s'en trouve bâclée. On est presque frustré que certaines sous-intrigues entre les personnages ne soient pas plus développées, car il serait alors plus facile de s'attacher à certains d'entre eux.

Les points faibles du manga sont donc liés à un déséquilibre de sa structure générale, qui a pourtant pour sa défense une circonstance atténuante de taille : Gakuen Heaven est l'extension scénarisée d'un jeu vidéo du même nom, ou peu s'en faut : Gakuen Heaven, Boy's Love Scramble (2002). Quand à la version BD, l'action est, parait-il, tout aussi décousue, à tel point qu'on peut lire les différents volumes dans l'ordre qu'on veut. Mais je ne fais là que rapporter des témoignages d'internautes, et il n'est pas question d'en dire plus puisque je ne l'ai pas lu. 

Les repères ne manquent pas
Ceci dit, yaoi ou pas, on retrouve bien des composantes propres aux mangas en général, et aux histoires à l'eau de rose en particulier :

  • le lycée ultra-chic et bizarre au possible (ici un château niché à l'écart de la société).

"La haut sur là colline..."
  

  • le héros, naïf, gentil, seul, commun, stressé, manquant de confiance en lui mais pur et plein de principes


Keita dans la version BD, on sent tout de suite que c'est plus chaud ! 


  • le mec protecteur, qui joue à la fois le rôle du grand frère et du meilleur pote en attendant mieux
Kazuki
  •  le mec mystérieux à double vie 

Ici, le mec protecteur est aussi le mec mystérieux.


  • le mâle dominant 
Niwa, sobrement appelé "Sa Majesté" le président du Conseil des Etudiants


  • la figure de l'autorité
Le président du dortoir dont j'ai la flemme d'aller repêcher le nom.
J'avoue que j'ai choisi la capture en fonction du sous titrage.

  • les pseudos méchants

Les jumeaux maléfiques à zyeux rouges. 

  • le vrai méchant : le seul adulte de l'histoire (comme c'est bizarre)




  • le prof pré-pubère

Le professeur de SVT, que le héros prend d'abord pour un collégien.
C'est vrai qu'il ressemble à une copine que j'avais quand j'étais en 2nde


  • l'animal de compagnie omniprésent, parfois indéfinissable mais toujours drôle 
Tonosama, le chat de M. Umino
Photo : http://www.gakuenheaven.net/

  • le rigolo asexuel bavard et branché


Shunsuke, version BD lui aussi


  • des levers de soleil





  • des couchers de soleil
  • des nounours 



  • des pyjamas moches



En conclusion, Gakuen Heaven est un anime sympa à regarder, mais il manque trop d'énergie pour prétendre à faire rire ou pleurer dans les chaumières. Il faut s'accrocher lors des premiers épisodes, car la tentation d'abandonner peut se faire sentir ; par contre, l'apparition d'un fil conducteur dans la deuxième partie du manga a les moyens de contrebalancer la déception initiale.

Gakuen Heaven 
Auteurs : Higuri You (manga) Takahashi Natsuko (réalisation de l'anime) 
Version animée Tokyo Kids
2006 


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