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dimanche 26 avril 2015

Culture poule : Pouline - Carine Foulon / Thahn Portal (2015)


Parce qu'on n'avait pas fait de point Culture Poule depuis longtemps, parlons aujourd'hui de Pouline, un très bel album pour enfants réalisé par Carine Foulon et Thanh Portal. Même s'il m'a laissée un peu perplexe par moments, vous l'aimerez bien avec ses belles couleurs et ses personnages dessinés au crayon, à l'ancienne.

D'habitude, je garde les formalités d'usage pour la fin du billet, mais une fois n'est pas coutume : merci à Babelio et aux éditions La Palissade pour l'envoi de cet album, suite à l'opération Masse Critique organisée le mois dernier _c'était une spéciale "Littérature Jeunesse", ahah !  




Pouline met en scène les péripéties d'une poule manifestement très fière d'avoir pondu cinq oeufs au sommet d'une colline ! Mais lorsque les coucous échappent à son contrôle et dévalent la pente en roulant comme des billes, elle n'a d'autre choix que celui de se lancer à leur poursuite dans une course effrénée !

C'est parti pour la grande aventure des chiffres de un à cinq !

Quatre façons de se faire cuire un oeuf 

On a beau être à la campagne, Pouline et ses oeufs hyperactifs vont croiser du monde sur leur chemin : un renard, un brigand, une fillette, une fouine et "son amie l'hermine". Leurs points communs : ils ont la dalle, ils aiment les oeufs, et ils vont être les seuls capables d'interrompre la fuite interminable des "bébés" de la poule... pour les gober sans se poser de questions ! Ainsi, Goguenard le renard récupère le premier pour en faire un oeuf mollet. Sacripan le brigand prévoit de cuire le deuxième à la coque ; la fillette, un peu plus créative, envisage la possibilité de faire des crêpes avec le troisième, tandis que la fouine mise sur la convivialité en proposant une omelette à ses amies. On attend en vain le moment où un animal va se prendre de compassion pour Pouline et lui remettre son oeuf en main propres au lieu d'en faire son repas. Bande de voraces ! Mais par chance, il en reste toujours un en course...

Ces bêtes et figures de la forêt ne sont pas des inconnues des histoires pour enfants ; l'introduction du renard nous ramène forcément au bestiaire des fables et autres comptines populaires, auxquelles appartient par exemple Roule galette. Pour ceux qui ne se souviendraient pas du destin tragique de cette petite galette vantarde, bien qu'elle n'ait pas de quoi faire sa belle (n'est-elle pas le résultat d'un mélange de farine et de poussières raclées sur le sol d'un grenier vide ?), voici un petit rappel en images :


 

Dans cette version, le renard est l'animal qui se montre assez malin pour séduire la galette allumeuse* et la manger ; il surpasse en ce sens les autres protagonistes, tout aussi intéressés que lui, mais beaucoup moins réactifs.

Sacripan et la fillette évoquent quant à eux ces drôles de personnes qui errent dans la forêt, trop humaines pour ne pas être louches, toujours un peu isolées... Toujours au bon endroit au bon (ou au mauvais) moment, et le plus souvent de passage. Vous savez ! les bûcherons, les braconniers, les jeunes servantes, les princesses échappées de leur tour, les bandits...

Tout de rouge vêtue, la petite fille à l'allure antipathique _ déjà riche d'une galette, que demande le peuple ! fait d'autant mieux écho au Petit Chaperon rouge qu'elle se réfugie chez sa grand-mère pour lui faire part de sa belle trouvaille ! Sacripan pourrait être, de son côté, le reflet du bûcheron ; car, contrairement à ce que peut laisser présager son statut, il n'a pas l'air "méchant". Pourrait-il être un clin d'oeil aux Trois brigands de Tomi Ungerer ? Ok, ce serait un peu tiré par les cheveux, même si on sait qu'ils se révèlent moins mauvais qu'ils en ont l'air malgré leurs capes sombres et leur hache impressionnante... Mais ce serait drôle.
    



Pouline entre donc dans la ronde des histoires pour enfants friandes de personnages de fables, de contes, facilement convertibles en comptines et à peine édulcorées dans leur cruauté. Car à la fin, quatre des cinq oeufs ont été gobés avant que la poule ait eu le temps de s'apitoyer sur leur sort. Faut-il s'en émouvoir ? Après tout, manger un oeuf n'est pas tuer un poussin.


Oeuf ou poussin ? Spéculations... 

Pouline se fait donc voler ses oeufs l'un après l'autre, mais choisit à chaque fois de limiter la casse en poursuivant ceux qui continuent à rouler inlassablement. Un de perdu, c'est un de perdu ! On peut lire dans son attitude un message encourageant : la vie continue même dans l'adversité, il faut avancer quoiqu'il arrive. Parallèlement, la légèreté avec laquelle les auteurs font état de la fin tragique des ovules amène les jeunes lecteurs à relativiser. Oui, Pouline perd ses oeufs, mais ce n'est pas aussi grave que si elle perdait ses poussins ! Ils n'ont pas encore de cerveau, de conscience, et ne sont pas viables hors de leur coquille ; ce sont des aliments parmi d'autres, et il vaut mieux se réjouir pour tous ceux qui vont assurer leur survie grâce à eux : le renard, la fouine, les humains. La preuve : tout le monde a l'air très gentil (même le brigand) et la maman ne pleure même pas !

Cet album m'a rappelé un TP que nous avions tenté de faire en 2nde, dans le cadre du cours de SVT. De ses grosses mains poilues, Chouzy nous avait remis un oeuf de poule placé en couveuse trois ou cinq jours auparavant. Nous devions ouvrir délicatement la boîte de Pandore, repérer l'embryon de poulet et y injecter un peu d'adrénaline. L'effet attendu était une accélération bien visible du rythme cardiaque, de façon à ce qu'on remarque d'une part le fonctionnement automatique du muscle, et d'autre part, l'impact de la substance sur la fréquence des battements. Ou quelque chose comme ça. Le coeur était donc censé battre plus vite après le coup d'adrénaline, de la même manière que le palpitant d'un poulet se serait affolé s'il avait été en danger et s'il en avait secrété naturellement. Evidemment, Estelle et moi avons par maladresse crevé le jaune et perdu toute trace de l'embryon par la même occasion ; du coup, nous n'avons rien pu faire et Chouzy s'est foutu de notre gueule. Nous nous sommes défendues en disant que ce n'était pas très jojo de sa part, de nous faire disséquer des poulets comme ça sans prévenir, et que d'abord est-ce qu'il avait bien le droit ?? Il a répondu très posément que l'embryon ne faisait pas le poulet, et que si nous avions eu affaire à un poussin conscient de ce qui lui arrivait, nous n'aurions pas eu besoin de lui souffler un remontant pour lui enflammer le coeur : son cerveau s'en serait occupé sans qu'on ait besoin d'intervenir !



D'ailleurs, c'est marrant, mais je crois que c'est à l'issue de ce TP que je me suis vraiment positionnée en faveur de l'IVG ; jusque là, j'avais toujours eu un peu de mal à me faire mon idée sur la question. J'ai toujours eu un train de retard dans les matières scientifiques, et si je n'ai plus grand souvenir du cours qui a suivi cette expérience, elle m'aura au moins servi à quelque chose ! Ah, Chouz serait fort aise de l'apprendre, certainement ! Mais pour en savoir plus sur le TP en lui-même, voici sa description faite par des professeurs de SVT, ainsi que le protocole à suivre.


SAUF QUE...
COUP DE THÉÂTRE  ! 
Le cinquième oeuf éclot et un poussin s'en extrait.
ET là ça change TOUT !

Cet événement amène à poser deux hypothèses qui imposent l'une comme l'autre une relecture de tout l'album :

- Tous les oeufs de Pouline étaient prêts à éclore. Ils étaient donc viables ! Goguenard le renard, Sacripan le brigand, l'autre gonzesse sans nom, Madame la Fouine et ses amies (pourquoi est-ce que ces dernières m'évoquent une maison close ? suis-je la seule ? ) sont tout bonnement coupables de poulicide involontaire.

- Si l'on va au-delà du non-sens qu'induit l'éclosion sans couvaison du dernier poussin, on peut estimer que le phénomène aurait pu se produire également pour les quatre premiers. Là encore, il ne s'agit plus de casser un oeuf, mais de manger du poulet. Pouline devient l'histoire d'une portée décimée dont une poulette insouciante est l'unique survivante !


On déplore alors que la mère semble s'en contenter et ne laisse paraître aucun esprit de vengeance. Pouline projette aux lecteurs une curieuse image de la famille monoparentale : elle est inexpérimentée, visiblement jeune, débordée, impuissante. Toute à son admiration pour son "oeuvre", la poule fait "ce qu'elle peut" et perd le contrôle de sa marmaille soudainement extraite du nid pour on ne sait quelle raison d'ailleurs, et ne peut plus rien faire d'autre que courir derrière les oeufs en jurant et "râlant"... alors qu'ils sont tout aussi piégés qu'elle par les lois de la physique. La manière dont le personnage est dessiné renforce cette impression : des cils bien marqués, des yeux de galline sous hypnose, des joues rouges et une belle crête rouge aux pointes arrondies font de la poulette une héroïne extrêmement sympathique mais pas très crédible ! Pourquoi Pouline n'est-elle pas une poule plus forte ? C'est un peu frustrant.


Pouline


Ce sentiment ne s'impose pas forcément à la première lecture ; je pense qu'il se construit au fur et à mesure du parcours de la mère poule, déboire après déboire et râleries après râleries _et qu'il reste très personnel. Autant ne pas s'y limiter.

La forme de l'album se prête à d'autres interprétations. Tout est toujours question d'interprétation _ouais, ça fait beaucoup rire quand je dis ça, mais c'est vrai. Réalisé dans un format rectangulaire**, il permet de concilier les vastes paysages verdoyants et les passages narratifs.L'utilisation de la double page une fois sur deux, pour illustrer la course-poursuite de Pouline et de ses oeufs, facilite une première approche des plans pour les enfants : les animaux sont alternativement vus de très loin, perdus dans la colline sur l'étendue des deux pages, puis de très près. La détresse de la poulette est renforcée par ces plans qu'on pourrait qualifier de panoramiques : la colline couverte de brins d'herbe finement dessinés semble s'animer et "aspirer" Pouline. Le lieu de l'action devient alors une zone vertigineuse, dangereuse, presque aussi angoissante qu'une forêt. Mais à l'utilisation de la double page succède la "rencontre" avec les personnages secondaires attachants, organisée en deux temps : sur la page de gauche, on présente en gros plan "l'habitant" de la colline, et sur celle de droite, ce qu'il va faire avec l'oeuf qui est arrivé jusqu'à lui.

Pouline est donc un album qui joue sur les contrastes : les couleurs chaudes, douces et rassurantes révèlent une colline pleine de pièges. L'aspect conventionnel du livre dans sa forme et dans son texte tout en rimes régulières dévoilent le désordre et même une dimension fantastique : les traces de pattes d'une poule qui court dans tous les sens et le choix des auteurs de disséminer des bribes de l'histoire dans différentes zones de la page viennent contrer l'apparente régularité l'oeuvre ; parce que Pouline crie "reviens, mon petit poussin", la coquille du dernier oeuf se brise comme par magie et laisse place au poussin.

Si, comme je l'ai dit plus haut, tout ne me séduit pas dans cet ouvrage, il reste très original, ni trop doux, ni trop cru, aussi chantant qu'une comptine (tout en nous faisant grâce de l'air détestable qui nous reste dans la tête pendant trois jours) ! 


FOULON, Carine ; PORTAL, Thanh. Pouline. La Palissade. La Rochelle, 2015. 26 p. ISBN 979-1-0913-3013-8
Prix : 13,50 


tous les livres sur Babelio.com
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* N'oublions pas qu'à la base, la vieille la dépose sur la fenêtre avant de la donner au vieux car elle est "trop chaude". Ce n'est pas anodin !
** Je m'appuie sur le dossier "L'album au CDI" réalisé par Martine Hausberg, documentaliste et formatrice en littérature jeunesse. 

vendredi 28 septembre 2012

Les Aventuriers de la Mer - 3 - La conquête de la liberté. Robin Hobb (1998)


C'est sans me faire prier que je me suis directement attaquée aux troisième tome des Aventuriers de la Mer, "La conquête de la liberté", malgré ma ferme intention de mettre fin à la lecture et à l'étude du Seigneur des Anneaux de Tolkien. A croire que je ne lirai jamais Bilbon le Hobbit avant la sortie du film ! C'est frustrant au possible, mais il faut bien reconnaître que les navigateurs des Rivages Maudits en valent largement la peine.


Où est-ce qu'on en était ?  


Les esclaves retenus prisonniers d'un navire magique se libèrent, se débarrassent de leurs geôliers, et prennent à l'aveuglette les commandes de l'embarcation. Alors que le chaos est à son comble, un vaisseau de pirates arrive à leur hauteur et les aborde sans crier gare : le massacre ne pourra être évité, de part et d'autre. Comme si cela ne suffisait pas, une tempête d'une violence extrême s'abat sur les deux bicoques à feu et à sang, pour le plus grand bonheur des serpents de mer mangeurs de cadavres !

Soyez les bienvenus dans l'univers de Robin Hobb, ou les heures de pointe aventurières succèdent à la calme angoisse des femmes de marchands, à Terrilville.   


Autant le titre du tome 2 « Le navire aux esclaves » me paraissait mal décrire l'ouvrage, autant « La conquête de la liberté » est une formule qui prend tout son sens lorsqu'on la place en tête de ce troisième volume. Qui ne cherche pas à se dégager d'une emprise quelconque dans les pages qui suivent ? Personne, à vrai dire.

Hiémain profite de l'escale à Jamaillia pour fuire la Vivacia, au moment où on doit remplir les cales du navire d'esclaves. Il compte trouver le soutien de prêtres, mais n'arrivera qu'à se faire emprisonner. Althéa tombe de haut : alors qu'elle faisait le bonheur du Moissonneur sous le nom d' »Athel », l'équipage la rejette en apprenant qu'elle est une fille. Au port de Chandelle, Brashen lui fait des avances qu'elle refuse : l'engagement, très peu pour elle. Sa liberté sentimentale, elle y tient. Malta, sa nièce, séduit sans le vouloir le fils cadet d'une famille de Marchands du Désert des Pluies, au grand désespoir de Ronica et Keffria.

La chance ne peut pas opérer à tous les coups, même quand on a une amulette en bois sorcier ! Le capitaine Kennit en fait les frais. L'attaque d'un vaisseau d'esclaves ne se passe pas comme prévu, et un serpent de mer lui mord la jambe, lui instillant du venin. Etta arrive à temps pour trancher le membre blessé et stopper l'effet du poison ; maintenant, il va falloir que Kennit, estropié, diminué, fiévreux, arrive à se convaincre qu'il s'en est finalement très bien tiré. Sa blessure ne l'empêche pas de s'accrocher à son grand rêve : attaquer et posséder une vivenef. Justement, la Vivacia est en vue. Troublée par les serpents de mer sui l'escortent, par la présence d'hommes maltraités dans ses cales, par la décrépitude de Hiémain, par la violence de Kyle, elle ne sais plus guère fendre les vagues. La libération des esclaves, entraînant la mort d'une grande partie de l'équipage, l'affole encore plus. Du pain béni pour la Marietta de Kennit qui n'en demandait pas tant.



Héros et amputations

Dans le tome précédent, l'amputation du majeur de Hiémain nous avait été présentée comme un acte héroïque : le jeune prêtre y avait vu une occasion de se mettre en valeur, et de tester les limites du courage de son père en le priant de se charger lui-même de la découpe. L'acte s'était même alourdi d'une portée symbolique, le doigt sacrifié étant celui destiné à recevoir son futur anneau de prêtrise.  
Aussi, lorsque Kennit se fait happer la jambe par un serpent de mer dans "La conquête de la liberté", il est bien difficile de ne pas y voir un écho, vite confirmé par la rencontre des deux protagonistes en fin d'ouvrage ! Les similitudes de leurs expériences respectives aura l'avantage de souligner leurs grande différence de caractère. Si le petit Hiémain choisit raisonnablement de perdre son doigt pour se sauver, Kennit s'accroche à sa jambe empoisonnée et reproche aussitôt à Etta de lui avoir tronçonnée une partie de son corps déjà en charpie. Une fois de plus, Robin Hobb peuple ses royaumes imaginaires de personnages assez humains pour avoir peur de la souffrance et de la mort.

Pourtant, dans les univers médiévaux de la fantasy, l'amputation est perçue positivement. Elle fascine, elle effraie, et elle impose le respect parce qu'elle témoigne de la véracité d'un exploit guerrier. Dans le film d'animation Dragons (2010), le héros Harold dresse un dragon qui a perdu une aile, et lui fabrique une prothèse ; à la fin de l'aventure, lui-même perdra un pied et n'en manifestera pas de grande tristesse. D'ailleurs, comme il l'affirme lui-même au tout début du film, les cicatrices et blessures de guerre pèsent lourd dans la balance lorsqu'il s'agit de plaire au filles.

Harold, Astrid, Krokmou

Le roi Fergus, père de Mérida dans Rebelle (2012), porte une jambe de bois depuis ce fameux face à face avec un ours qu'il raconte sans cesse, non sans fierté, bien qu'il ne soit pas vraiment venu à bout de l'animal. Il attend d'un ferme pied de bois la revanche qui le verra à coup sûr victorieux. Loin d'effrayer les jeunes spectateurs, sa particularité physique donne lieu à une farandole de blagues tout au long du dessin animé.  


"Mon passage préféré, c'est pas juste !"

Pour faire écho à Kennit larmoyant et infecté, on aurait fort à dire sur la représentation courante du pirate, toujours affublé d'une crochet de fer, d'une jambe de bois ou d'un bandeau sur l'oeil !

Références :

  • Andrews, Mark ; Chapman, Brenda. Brave. Disney - Pixar, USA. 2012. 95 min. 
  • Delbois, Dean ; Sanders, Chris. How to train your dragon. Dreamworks Animations, USA. 2010. 98 min.
  • Hobb, Robin. Les aventuriers de la mer. "La conquête de la liberté". Paris. France Loisirs. Coll. "Piment". 1998. 432 p. ISBN 2-7441-6100-4 





mercredi 24 août 2011

Joyeux anniversaire Bubulle !!

En attendant que tu puisses repasser par ici... quelques private jokes en vrac ! :-)


Une chanson, un cheval,

Un cussou géant prêt à bondir
Un hybride
Des vampires
Un visage fin (en l'occurrence, celui d'Henri IV)

...

A suivre !!! :-D








dimanche 24 avril 2011

Avoir des petits bras et faire avec - How to train your dragon - Chris Sanders, Dean Deblois (2010)

How to train your dragon, ou Dragons pour la version française, est un des nombreux films d'animation qui prennent le parti de mettre à l'honneur des anti-héros aussi faibles moralement que maigrichons. Bien qu'on ne puisse plus considérer ce choix comme original, reconnaissons que cela fait toujours autant de bien de voir David gagner contre Goliath et de rêver pendant quelques minutes que la loi du plus fort puisse être abrogée un jour.

L'histoire
Harold vit à Berk, un village de Vikings infesté de dragons nuisibles qui déciment les troupeaux des habitants. Ici, on apprend très tôt que, pour défendre ses biens et sa vie, il faut cogner dur sur la tête des Lézardus, des Gronks, des Pouilleux et des Furies Nocturnes, qui sont autant d'espèces de dragons. Mais Harold n'est pas du tout doué pour la chasse, bien qu'il y mette beaucoup de volonté, parce qu'il est tout maigre et empoté. Ses échecs sont d'autant plus difficile à vivre pour lui que son père est le chef de la tribu, et qu'il est reconnu de tous pour ses qualités de démontage de dragons enflammé à mains nues. Comme si ça ne suffisait pas d'être physiquement fragile, il fallait aussi qu'il ait trop de coeur : lorsqu'il arrive enfin à blesser Krokmou, une Furie Nocturne, il n'a pas le courage de l'achever.

Y a rien de tel qu'une balade en dragon pour choper!"

Le message de How to train your dragon n'est pas tant "Pourquoi tuer les dragons alors qu'on pourrait s'en faire des copains?" que "tire quelque chose de ta faiblesse au lieu d'essayer de devenir fort".
Je me mets à la place du gamin qui regarde Dragons, et qui est en mesure de s'identifier à Harold : être faible, c'est nul. Vous courez moins vite que les autres, vous vous essoufflez avant eux et ils vous les regardez vous semer pendant que vous crachez vos poumons. Vous ne pouvez pas ouvrir seul les fenêtres de chez mémé, parce que c'est une vieille maison humide dont les boiseries gonflent l'hiver, et que par conséquent il est nécessaire de posséder une certaine force pour les débloquer. Plus tard, vous voyagez en train et vous essayez de ranger votre valise en hauteur. Vos bras tremblent sous le poids ahurissant de vos fringues du 14ans, elle vous retombe dessus lourdement. Si vous êtes une fille, vous pouvez demander à votre voisin de la monter à votre place. Si vous être un gars, il faudra vous démerder. Vous essayez de remédier à cela en soulevant des poids ou en faisant des pompes des jours durant, mais rien ne change et tout vous rappelle que vous avez des petits os friables à la place des bras.

Scottie - 1m73, 62kg : ohu! la vieille chanson!

Tout devient alors matière à ruser et à faire preuve d'imagination. 

Stratagèmes et prothèses 
Comme chacun sait, l'outil a pour vocation de prolonger les membres de l'humain chétif. Harold l'a bien compris. Il n'est pas capable d'assommer avec son poing un dragon enflammé, comme son père sait si bien le faire, donc il sait qu'il ne peut pas se permettre de ne pas réfléchir. Dans l'atelier du forgeron où il est apprenti, il dessine des dragons, essaie de comprendre leur fonctionnement, et élabore ensuite des catapultes pour les atteindre sans avoir directement affaire à eux. Effectivement, il parvient à en blesser un. Haricot vert : 1, Dragon : 0

Le jeune Viking est pris de remords lorsqu'il se rend compte que Krokmou (Toothless pour la VO), le dragon qu'il a atteint, ne peut plus prendre son envol car il a un morceau de la queue arraché. L'animal est physiquement diminué, et on pourrait presque déclarer sa vie foutue! Heureusement, Harold l'a bien observé et dessiné sur son petit carnet d'apprenti. Bien au chaud dans l'atelier, alors que son père et tous les costauds du village ont lancé leurs drakkars sur les eaux glaciales pour quelques temps, il fabrique à son dragon une belle prothèse caudale. A eux les vols planés dans les forêts nordiques! Prothèse : 1, Déprime : 0.

Parfois, il faut savoir faire preuve de diplomatie avec ces grosses bestioles. Comme quelques jeunes de son âge, le fils du chef des vikings suit un entraînement intensif de chasse au dragons; évidemment, ses armes ne lui servent à rien puisqu'il n'arrive même pas à les soulever. Il a donc pris l'habitude de cerner le caractère et les goûts de chaque espèce en terme de poissons pour les appâter et les faire fuir sans que personne n'ait d'égratignure. Diplomatie : 1, Massue : 0.

Enfin, il est à noter que dans cette société viking, les gens qui ont une jambe de bois ou un crochet à la place de la main acquièrent un certain prestige, et parviennent même à choper plus facilement!

How to train your dragon
Chris Sanders, Dean Deblois 
1h37 - Dreamworks - 2010
Esthétiquement, ce film est très réussi. Je regrette de ne pas être allée le voir au cinéma quand il est sorti l'année dernière. L'occasion s'était pourtant présentée, mais après avoir longuement hésité, mon choix s'est porté sur un long métrââge en noir et blanc, déjà vu et jamais totalement compris.
Dragons est une adaptation du roman de Cressida Cowell : Comment dresser votre dragon
Une suite (Dragons2) est prévue pour bientôt. 







 
















mardi 19 avril 2011

"Il a un rêve, il a un rêve!" - Raiponce dans la Taverne du Canard Boiteux


Raiponce 
           Grâce à Bubulle, je commence à combler mes lacunes en films Disney! Elle m'a d'ailleurs fait découvrir l'un des plus récents : Raiponce, sorti en 2010. Du moins, elle a essayé, car il n'était pas prévu que je m'endorme sur elle j'entre en phase de méditation profonde, au bout de dix minutes de projection du DVD. Bien qu'elle ne s'en soit pas offusquée, il faut bien reconnaître que c'était fort incorrect de ma part!


 


D'autant plus que l'histoire est tout à fait digne d'intérêt! 

Raiponce vit tout en haut d'une tour avec une sorcière qui, non contente de l'avoir kidnappée à sa naissance, se fait aussi passer pour sa mère et lui interdit de sortir. Alors qu'elle va avoir 18ans, elle ne connaît rien du royaume qu'elle aperçoit au loin, elle n'a aucune expérience du monde, et ne sait même pas qu'elle est une princesse que ses parents recherchent encore. 

Elle ne sait pas non plus que, bien des années plus tôt, la sorcière détenait l'unique fleur capable de soigner les blessures et de faire rajeunir les gens. Parce qu'elle était soucieuse de conserver sa jeunesse éternellement, elle avait camouflé la plante afin que personne ne la découvre. Mais un jour, cette fleur fut activement recherchée pour fabriquée un médicament propre à soigner la reine, enceinte et souffrante. La vieille sorcière dût alors se résoudre à renoncer à sa jeunesse. Puis je me suis endormie la petite princesse vit le jour, et ses parents la prénommèrent Raiponce, du nom de la fleur, parce que c'est quand même plus stylé que Rave Sauvage. Comme Raiponce avait récupéré toutes les vertus de la plante dans ses cheveux, la sorcière se dit que, faute de fleur, une tignasse ferait l'affaire. Mais on ne cache pas un être humain aussi facilement qu'on cache une fleur!  

Ignorant tout cela, Raiponce s'ennuie ferme. Sa longue chevelure magique, ultra-résistante et jamais coupée est devenue pour elle une sorte de cinquième membre qui ne lui est pas vraiment utile, si ce n'est à tenir lieu d'ascenseur lorsque sa mère rentrer et sort de la tour. Il n'y a qu'un phénomène qui la fascine : une fois par an, justement le soir de son anniversaire, Raiponce assiste depuis son perchoir au spectacle des centaines de lanternes qui s'envolent du royaume. Elle aimerait les voir de plus près.    

Le jour de ses 18ans, alors que sa fausse mère vient de la quitter après lui avoir refusé une fois de plus une escapade au royaume, Flynn Rider, un brigand qui vient de voler une couronne au château, entre dans la tour pour s'y cacher. Surprise, elle l'assomme avec une poêle à frire et cache le butin. Ils passent un marché : elle le lui rendra s'il accepte de lui faire découvrir le monde extérieur. A-t-il vraiment le choix?       
   
            
La Taverne du Canard boiteux  

                Une fois lâchés dans la nature, Raiponce découvre l'herbe, les arbres et toutes les merveilles de la nature qu'elle n'avait jamais connues autrement qu'en les regardant du haut de sa tour; Flynn Rider lui suggère alors de l'accompagner à la Taverne du Canard Boiteux. A première vue, l'endroit est un repaire de lourdingues alcoolisés. A première vue seulement. Tout reconnaissent aussitôt le voleur comme une potentielle source de revenus, et chacun d'entre eux tente de le capturer, jusqu'à ce que :  
             





"Moi j'ai un rêve"

Ah, que j'aime ces façades de brigands bourrins qui cachent des âmes de musiciens, d'acteurs, de cuisiniers, de fleuristes, de collectionneurs de petites licornes! C'est vraiment à partir de cette scène qu'on prend conscience que Raiponce détourne quelque peu les lieux communs du conte. Alors que les voleurs et les brutes déguisées en Vikings sont habituellement les obstacles à éviter ou à combattre, ils deviennent des héros ou des adjuvants des héros. Flynn Rider est même un traître, puisqu'il vole le butin de ses complices. Pourtant, il accédera au rang de prince _après bien des aventures qui compenseront ses méfaits. Les piliers de la Taverne du Canard Boiteux sont aussi révélateurs du jeu des apparences qui ponctue tout le film : la sorcière garde Raiponce en captivité pour garder un corps jeune, elle essaie de lui faire intégrer une image négative du monde afin qu'elle lui obéisse plus facilement. De son côté, Flynn Rider cache son identité réelle en empruntant le nom d'un personnage de fiction. En ce sens, le choix du caméléon Pascal comme animal de compagnie indispensable à tout héros de Disney qui se respecte, n'est sans doute pas anodins. Tous les protagonistes, à un moment ou à un autre, agissent ou parlent avec une arrière-pensée qui dessert leur intérêt personnel. Cela me paraît nouveau, du moins en ce qui concerne les "gentils" des contes. Mais c'est peut-être une impression due au fait que j'ai trop peu regardé de dessins animés, ces dernières années. 

Raiponce 
Byron Howard, Nathan Greno 
Studios Disney 
1h41
Sortie en France : 1er décembre 2010 

Bubulle : vraiment désolée de m'être assoupie, j'étais très fatiguée ce soir-là !!