vendredi 31 mai 2013

Dessin de mec viril qui en a... (2)



... une jolie crête ! 


Après le costaud poulet pensif, voici le coq rugbyman !

mercredi 15 mai 2013

Le capitaine Kennit et sa mère


En attendant un prochain article sur le tome 5 des Aventuriers de la Mer, voici un avant-goût en images. Le capitaine Kennit, de moins en moins maladroit avec sa jambe de bois, rend visite à sa mère.

La mère de Kennit a la langue coupée



mardi 14 mai 2013

Jane, une poule bien dans ses plumes




On n'arrivait pas à la prendre en photo, alors on l'a filmée ! 

Grâce à M2P, nous avons pu immortaliser un instant de communion avec Jane, une petite Cou-nu du Forez coupée de Bantam de Pékin. Si cette poulette se montre ici très sociable, c'est parce qu'elle a été en contact avec des humains dès son plus jeune âge, littéralement : elle a brisé sa coquille d'oeuf sur notre radiateur, et elle est restée parmi nous jusqu'à ce qu'elle soit entièrement couverte de plumes.

Notre grande crainte était que, n'ayant jamais été en contact avec des animaux de son espèce, elle se sente perdue et décalée en arrivant au poulailler. Mais Jane (à ne pas confondre avec Jeaaaaanne) s'est fort bien acclimatée ; toujours aussi peu impressionnée par nos grandes mains, elle s'est constitué un petit cercle d'amis. Sa faculté d'adaptation est exceptionnelle : un poulet élevé à l'écart du groupe reste souvent un solitaire une fois réinséré dans son milieu naturel, à moins de devenir un tortionnaire ou une victime pour ses semblables.

    

vendredi 10 mai 2013

Le train de la cohérence part toujours à l'heure (3)

La SNCF a beau se décarcasser à proposer des concerts et des locations de DVD dans les IDTGV, il faut bien se rendre à l'évidence : pour avoir droit aux meilleures animations, mieux vaut prendre le TER. Après le fou rencontré à la gare de Périgueux et Madame Muriel la voyageuse d'un soir, voilà maintenant un mix des deux avec le couple alcoolo-manoucho-sdf* !



Comment décrire la scène en restant crédible ? 

J'aurais du m'en douter. Des années d'expérience sur cette ligne m'ont appris que le sas d'entrée des trains régionaux sont souvent le lieu de rencontre des voyageurs atypiques, tels que les familles à poussettes, les cyclistes dégoulinants, les gens qui déménagent, et autres mamies accompagnées de leurs trois chats en cage.  Sans oublier les gens trop bourrés pour monter la marche, ouvrir la porte semi-automatique et accéder ainsi aux wagon. Il arrive cependant que cet espace soit assez tranquille pour qu'on puisse le préférer à l'intérieur de la rame.
Pourtant, je me suis posée sur la banquette râpée sans la moindre hésitation, cet après-midi-là. Un signe du destin ? A quelques minutes du départ, une jeune fille percée de partout, affublée d'un châle au passé douteux et d'un cabas assorti gravit le marchepieds avec force jurons. On comprend très vite qu'elle va à Coutras pour voir sa mère LAAA !", accompagnée de son "mari", le type à moitié bourré qui bloque la porte depuis dix minutes parce qu'il n'en finit plus de tirer sur sa clope. J'ai même cru comprendre qu'il s'agissait des présentations officielles du mec à la famille...

Le gars écrase son mégot sur la portière ; attention, le spectacle va commencer.

Touche pas à ma bière.

Elle, trapue et coiffée d'une choucroute sombre ; lui, tête rasée, orné d'une barbichette et fringué comme un Pétassou en tenue de camouflage. Tous les deux ont dans l'oeil et dans la voix les ingrédients nécessaires pour un beau moment de poésie. Les voilà qui s'assoient comme ils peuvent sur la banquette face à moi, inspectent les lieux du regard jusqu'à ce que ... coup de théâtre ! La fille vient de se rendre compte, en ouvrant son cabas, que SA bouteille de bière est entamée !

"Oh mon coeur qu'est-ce que t'as foutu ! C'est que tu m'as sifflé la bouteille LA OH ! OH LA OH LA, mais c'est la mienne oh ! Tu fais chier mon coeur sérieux !

Le mec hausse les épaules, avec un sourire de satisfaction étendu jusqu'aux oreilles et réplique, devancé par le spectre du foutage de gueule :
_ Bah je savais pas que c'était la tienne ! Et pis il t'en reste...

_ Tiens je vais l'appeler, ma daronne.. Elle va me dire "OH t'as bu ma fille !" et moi j'lui répondrai "Non ma mère j'ai CONSOMME !". Tu vas voir, elle va rigoler : elle m'connaît ma mère, tu parles !"


Frank Gallagher power !
Encore une fois, j'ai réalisé bien trop tard que j'avais de quoi les immortaliser vocalement. Trois ans passés, l'écran défoncé et le dos cabossé, mon MP3 à prix sacrifié ne me fait jamais faux bond ! Il se montre particulièrement performant lorsqu'on lui demande d'enregistrer les cassos qui prennent le train.

Mettez le son au max !

Avec les six minutes que j'ai pu capter, on pourrait presque faire un album intitulé En allant voir ma darooooonne dont la tracklist serait la suivante :

Track 1 - J'ai pas la gueule à ma mère !

Après une brève communication téléphonique qui nous a laissé deviner la grande force vocale de sa fameuse daronne, le jeune femme a souhaité revenir sur leur relation et leurs ressemblances, histoire se mettre monsieur au parfum. "Ma mère et moi, tout le monde dit qu'on a la même gueule. Non mais j'ai pas sa gueule, j'ai la gueule à personne moi ... Quand même on se ressemble, c'est un truc de malade, et ma petite soeur c'est pareil." S'ensuit alors une remarque des plus imprévisibles : "On n'est pas des paysans, nous ! on est des manouches ! et fiers de l'être". Pour avoir des origines chez les uns comme chez les autres, j'ai été tentée de dire que les différences n'étaient pas aussi flagrantes qu'elle le prétendait, mais dans ma position, il valait mieux que je m'abstienne. Quand on veut se foutre de quelqu'un durablement, il ne faut surtout pas l'interrompre.
  
Track 2 - La fouille au corps

Autant j'ai vu pas mal de couples en venir aux mains, avec ou sans boisson, autant j'étais persuadée que l'amour sous cette forme n'existait que dans les Amants du Pont Neuf. On a du mal à concevoir que deux marginaux puissent être totalement épris l'un de l'autre ; notre perception d'eux passent d'abord par leur statut... et s'y limite. Du coup, elle les prive des sentiments humains les plus basiques.

L'embrouille des tourtereaux mazoutés de poussière autour de la bouteille de bière était déjà loin quand ils prirent l'initiative de bouger leur cul jusqu'à la porte automatique du train. Nous étions presque arrivés en gare de Courtras, celle-là-même qui flamba allègrement il y a quelques années. La fille n'en pouvait plus d'exulter et de prier pour que le train s'arrête enfin. Puis elle se mit à chercher en vain son portable dans son sac, avant de faire les poches de son copain.

"Et en plus tu me fouilles ! Comme dans les keufs !

La tentation de faire des blagues de cul était trop grande, aussi lui mit-elle innocemment la main au panier.

"Ah y a quequ'chose là monsieur ! Y a une arme, là !

_ Ah ça c'est pas un gadget eh !

_ Les gens doivent se dire "c'est une obsédée, la meuf" !

Oui. Entre autres.

Dommage que l'enregistrement n'ait pas été mis en route plus tôt. Vous auriez pu compter le nombre de fois où la fille a commencé ses phrases par "les gens doivent se dire...", comme si le regard des autres ne les quittait jamais une seconde, et qu'il ne pouvait rien faire d'autre que les condamner. D'où une certaine tendance du couple à rester sur la défensive, bien qu'ils nous aient prouvé à plusieurs reprises qu'ils nous emmerdaient cordialement.

Track 3 - Le poulet au bleu

Si l'on était sensible aux préjugés, on pourrait dire que le rapport des mecs à la nourriture n'a pas de frontières et ne varie pas en fonction des classes sociales. Mais ce n'est pas le cas, alors on dira que Monsieur avait bu un peu trop de bière pour échapper aux effets secondaires du breuvage : l'envie de bouffer, un truc salé de préférence.

"Ah, du bon manger. Du bon manger.

_ C'est bon, j'ai entendu. Quoi "du bon manger"

_ Ben euh, j'sais pas.. ta mère euh elle...

_ Ah ma mère elle fait un poulet-bleu. AU bleu, pas un poulet bleu eh... C'est trop bon.. aïe aïe aïe aïe aïe ça défouraille !

Tiens, j'ai appris un mot.
On les qualifie trop souvent de "voleurs de poules", mais ils se révèlent plus efficaces quand il s'agit de cuisiner la volaille. D'ailleurs, le fait que la mère ait fait du poulet-bleu sa spécialité peut prendre une valeur de comble !


Track 4 - Des yeux à faire péter les braguettes

En attendant que le train s'immobilise, le regard de madame se promène sur les autres passagers et se bloque sur la jeune fille qui lui fait face.

"T'as de beaux yeux demoiselle ! A en faire péter les braguettes !

C'était l'expression du jour.

_ Pas la mienne en tous cas, commente la barbichette dans un excès de zèle.

_ Non c'est moi qui lui ai fait péter la sienne !


Track 5 - Un très bon chinois

Si Madame n'était pas en compagnie de son mari, on pourrait croire qu'elle drague lourdement sa voisine.

"Si tu veux, je connais un gars, un Chinois..

_ C'est un très bon Chinois ! se gausse son copain, tout fier de son tour d'esprit.

_ ... t'as pas une amie qui soit pleine de spots, moche et tout ... t'inquiète ça lui va lui ! Du moment qu'elle ait un trou !

La facilité des gens à décrire leurs ennemis en leur absence m'a toujours fascinée ; surtout lorsqu'ils sont un peu racistes sur les bords. Chacun sait qu'être victime de racisme n'empêche pas d'être con.

_ Il est propriétaire ! mais c'est tout hein..


Track 6 - Vierge blanche, Vierge noire

S'ensuit un débat avec un autre passager sur la Vierge Marie, et une vanne que je n'ai pas entendue, malheureusement sur les nuances de la vierge noire et de la vierge blanche. Visiblement, elle n'a pas été comprise par notre vierge folle du moment, qui s'est offusquée devant un tel blasphème.

"Elle est blanche la Vierge, elle est pas Noire. Eh beh non elle est blonche.. D'où elle est noire la Vierge ? Elle est blanche comme neige, blanche comme moi"

Avec un peu d'insistance et quelques gouttes d'alcool, on aurait très bien pu lui faire dire le contraire avec autant de conviction !

Enfin, la porte s'est ouverte et ils sont descendus, emportant leurs émanations et leur pensées philosophiques...


* C'est pas du racisme : madame se dit "manouche et fière de l'être", comme vous pourrez l'entendre dans l'enregistrement. Je ne saurais parler de la communauté des gens du voyage en ces termes, sauf pour ma grand-mère que je qualifierai systématiquement de "baracote" tant qu'elle s'obstinera à nous faire chier.


Plus c'est glauque plus c'est drôle !