dimanche 11 juillet 2010

Pensée magique - Augusten Burroughs (2004)


Au départ, j'étais partie à la recherche du très connu et très apprécié Courir avec des ciseaux, d'Augusten Burroughs. J'ai finalement opté pour Pensée magique, un recueil de 27 facettes de la vie du même auteur. Une drôle de vie ponctuée d'événements insolites, parfois insignifiants mais toujours drôles, copieusement saupoudrée d'échecs.

Tout commence par une Pause publicitaire ; Augusten a 7 ans quand des représentants d'une agence de pub viennent dans sa classe recruter de jeunes acteurs susceptibles de vanter les mérites d'un soda à l'orange. C'est déjà le drame. Puis naîtra le constant déni d'une famille hystérique et dont il n'aura jamais l'impression de faire partie, persuadé d'avoir des gènes Vanderbilt. La fascination de la transformation des corps par la chirurgie esthétique s'étend lorsqu'il intègre une école visant à faire de lui un top model. S'il ne parviendra jamais à se débarrasser de sa maigreur, si les multiples lotions capillaires ne repousseront pas sa calvitie, il se fera pourtant une place de choix dans la création de slogans de pubs, et ses histoires sentimentales plus ou moins brèves, parfois tragiques, se succéderont : on retiendra notamment le croque mort, Marc le psy, Raoul, et bien sûr Dennis.

Raconter sa vie personnelle et professionnelle, quand on est un publicitaire homo, alcoolique repenti et insatisfait de son corps, n'est sans doute pas chose facile. Surtout quand on l'a déjà fait dans deux romans... Pensée magique n'a pas seulement une vocation autobiographique; le recueil de nombreux épisodes suit un ordre chronologique, certes, mais les anecdotes ne sont pas forcément liées. On constate même quelques redondances entre elles. Ici, c'est une critique de l'environnement de l'auteur qu'il faut sans doute lire, de la dérision et surtout de l'autodérision; au fil de cette lecture, vraiment fraîche et verte dans ses images, j'ai pensé à ce que diraient certains profs de lettres de Bordeaux III (ils diraient : « c'est de la merde, jetez-moi ça »). Qu'ils essaient d'abord de surpasser la « branlette caritative » effectuée par Augusten auprès d'un partenaire petitement équipé et pourtant persuadé d'en avoir une grande, ou encore la « Sainte Pipe » dont il a bénéficié en compagnie d'un prêtre, et quelques images choisies : « Malgré moi, je songe que s'il était face à un jury composé de mes amis et relations, ils s'empresseraient en chuchotant d'écrire « imbuvable » sur leurs tablettes. »

La question qu'on se posera cependant : pourquoi le titre, « Pensée magique »? Une définition de l'expression est affichée en ouverture du recueil, comme une clé de lecture. La pensée magique est donc ici le fait de croire que certains de nos actes, souvent les plus involontaires, ont une influence sur l'ordre du monde. Hormis trois ou quatre des 27 chapitres (dont celui intitulé Pensée magique, évidemment), il n'est pas beaucoup question de ce phénomène ! Pas de manière explicite, en tous cas. Il est vrai que j'ai lu les ¾ de l'ouvrage dans le train, pendant mon déménagement, et que j'ai sans doute manqué quelques éléments d'importance qui m'empêcheront à jamais de profiter pleinement de tout l'art de l'auteur, mais... c'est quand même bizarre comme titre.

Augusten BURROUGHS. Pensée magique. 10-18, 2008. Coll. Domaine étranger. Trad. Philippe Rouard. 286 p. ISBN 978-2-264-04839-4
Première édition : 2004 


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