A la fin des années 1950, à Little Rock dans l'Arkansas. les jeunesses se passent mais ne se rencontrent pas. D'un côté, les lycéennes Blanches n'ont d'autre préoccupation que le choix de leur robe et de leur chanteur préféré : Johnny Mathis ou Elvis Presley ? De l'autre, les jeunes Afro-américaines habituées à se contenter des miettes de leurs homologues WASP et condamnés à travailler dur pour survivre à la ségrégation ambiante. Pourtant, les mentalités changent tout doucement d'un coin à l'autre des Etats-Unis, au grand dam d'une population majoritairement raciste qui vit ce progrès comme une agression.
C'est dans ce contexte trouble que neuf élèves Noirs entrent au Little Rock Central High School, lycée jusqu'alors exclusivement fréquenté par des Blancs. Nous sommes en septembre 1957 ; la ségrégation raciale est éradiquée depuis un an. Officiellement. Les jeunes peuvent donc fréquenter l'école qu'ils souhaitent, s'asseoir où ils veulent dans le bus, faire leurs courses dans tous les commerces... quelle que soit leur couleur. Officiellement, toujours.
La réalité du quotidien est bien différente ; lorsque les Neuf débarquent dans l'établissement, c'est la panique du côté des élèves comme de celui des parents ! Que vont devenir les adolescents "respectables" si on les laisse en contact avec des jeunes couramment considérés comme barbares, stupides et porteurs de maladies ? Quel métissage dépravé va donc naître de cette mixité ? Ce roman adapté d'une histoire vraie nous montrera que la connerie humaine est sans limites, et que le temps ne fait rien à l'affaire.
Molly fait partie de ces "nouveaux" indésirables. Comme ses pairs, elle s'est portée volontaire pour tenter "l'expérience" de la mixité, la tête pleine d'espoir et des beaux discours prônant l'égalité des races qu'elle a entendus à la radio. Son entourage n'est guère optimiste sur le futur proche de la collégienne, et nombreux sont ceux qui tenteront de la décourager : lorsqu'on est Noir, attirer l'attention sur soi n'augure jamais rien de bon. Il est au contraire bien plus prudent de faire profil bas. Pourtant Molly entrera bel et bien dans l'arène, sous le regard bienveillant de sa grand-mère Shiri.
Il ne faudra pas plus d'une journée de classe aux "Neuf" lycéens Noirs de Little Rock pour comprendre qu'ils ont atterri en Enfer : tous les coups seront permis _au sens propre comme au sens figuré ! pour les faire craquer, abandonner, ou causer leur expulsion.
De l'autre côté de la barrière, Grace Sanders observe l'effervescence générale avec une indifférence propre à son âge et à son environnement social. Si la jeune Blanche pense "n'éprouver aucune sympathie particulière pour les Noirs", elle trouve exagérés les propos racistes tenus par sa mère, digne présidente de la "Ligue des mères blanches"...
Les chapitres se suivent dans une alternance de regards : celui de Molly la téméraire discrète qui, telle un roseau, plie mais ne casse pas, et de Grace, la fausse greluche superficielle. Il est intéressant de lire l'analyse qu'elles font des mêmes événements et de suivre l'évolution de leurs rapports. Au début, l'évitement est de mise, puis les personnalités s'expriment pour causer surprise, admiration, et peut-être un début d'amitié. Une chose est sûre, toutes deux partagent un objectif commun : faire de leur seizième anniversaire une journée inoubliable.
Sweet Sixteen n'a pas volé son statut d'incontournable de la littérature pour la jeunesse ; facile à lire mais néanmoins cru et porteur d'un témoignage qu'il serait inconcevable d'enjoliver, ce roman d'Annelise Heurtier est à diffuser dans tous les CDI. A mon humble avis. D'ailleurs, j'ai souvenir qu'il nous ait été envoyé gratos avec les spécimens de manuels scolaires destinés aux enseignants : bonne initiative de Casterman, j'imagine ?
S'il n'a pas prétention à être une "leçon d'histoire", ce livre est riche en références culturelles et historiques relatives aux Etats-Unis de la fin des années 1950 : avant de lire ce livre, je n'avais jamais entendu parler des Neuf de Little Rock et c'était une vraie lacune. Que les jeunes et les moins jeunes puissent, eux aussi, la combler le plus vite possible, pour le bien de tous. Un court avant-propos nous indique quelle est la part de fiction dans cet ouvrage et qu'est-ce qui, au contraire, tient du fait réel.
On appréciera les très belles illustrations de Djohr, et notamment celle de la couverture, très parlante.
Annelise HEURTIER. Sweet Sixteen. Casterman Poche, 2013. 220 p. ISBN 978-2-203-08458-2
La réalité du quotidien est bien différente ; lorsque les Neuf débarquent dans l'établissement, c'est la panique du côté des élèves comme de celui des parents ! Que vont devenir les adolescents "respectables" si on les laisse en contact avec des jeunes couramment considérés comme barbares, stupides et porteurs de maladies ? Quel métissage dépravé va donc naître de cette mixité ? Ce roman adapté d'une histoire vraie nous montrera que la connerie humaine est sans limites, et que le temps ne fait rien à l'affaire.
Molly fait partie de ces "nouveaux" indésirables. Comme ses pairs, elle s'est portée volontaire pour tenter "l'expérience" de la mixité, la tête pleine d'espoir et des beaux discours prônant l'égalité des races qu'elle a entendus à la radio. Son entourage n'est guère optimiste sur le futur proche de la collégienne, et nombreux sont ceux qui tenteront de la décourager : lorsqu'on est Noir, attirer l'attention sur soi n'augure jamais rien de bon. Il est au contraire bien plus prudent de faire profil bas. Pourtant Molly entrera bel et bien dans l'arène, sous le regard bienveillant de sa grand-mère Shiri.
Il ne faudra pas plus d'une journée de classe aux "Neuf" lycéens Noirs de Little Rock pour comprendre qu'ils ont atterri en Enfer : tous les coups seront permis _au sens propre comme au sens figuré ! pour les faire craquer, abandonner, ou causer leur expulsion.
Les Neuf escortés au lycée par l'armée. Image trouvée dans l'article "Little Rock Nine" de Wikipedia |
De l'autre côté de la barrière, Grace Sanders observe l'effervescence générale avec une indifférence propre à son âge et à son environnement social. Si la jeune Blanche pense "n'éprouver aucune sympathie particulière pour les Noirs", elle trouve exagérés les propos racistes tenus par sa mère, digne présidente de la "Ligue des mères blanches"...
Les chapitres se suivent dans une alternance de regards : celui de Molly la téméraire discrète qui, telle un roseau, plie mais ne casse pas, et de Grace, la fausse greluche superficielle. Il est intéressant de lire l'analyse qu'elles font des mêmes événements et de suivre l'évolution de leurs rapports. Au début, l'évitement est de mise, puis les personnalités s'expriment pour causer surprise, admiration, et peut-être un début d'amitié. Une chose est sûre, toutes deux partagent un objectif commun : faire de leur seizième anniversaire une journée inoubliable.
Sweet Sixteen n'a pas volé son statut d'incontournable de la littérature pour la jeunesse ; facile à lire mais néanmoins cru et porteur d'un témoignage qu'il serait inconcevable d'enjoliver, ce roman d'Annelise Heurtier est à diffuser dans tous les CDI. A mon humble avis. D'ailleurs, j'ai souvenir qu'il nous ait été envoyé gratos avec les spécimens de manuels scolaires destinés aux enseignants : bonne initiative de Casterman, j'imagine ?
S'il n'a pas prétention à être une "leçon d'histoire", ce livre est riche en références culturelles et historiques relatives aux Etats-Unis de la fin des années 1950 : avant de lire ce livre, je n'avais jamais entendu parler des Neuf de Little Rock et c'était une vraie lacune. Que les jeunes et les moins jeunes puissent, eux aussi, la combler le plus vite possible, pour le bien de tous. Un court avant-propos nous indique quelle est la part de fiction dans cet ouvrage et qu'est-ce qui, au contraire, tient du fait réel.
On appréciera les très belles illustrations de Djohr, et notamment celle de la couverture, très parlante.
Annelise HEURTIER. Sweet Sixteen. Casterman Poche, 2013. 220 p. ISBN 978-2-203-08458-2
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