jeudi 2 août 2012

Les Aigles Décapitées - Tome 9 - L'otage - Jean-Charles Kraehn ; Michel Pierret. 1995


Où est-ce qu'on en était ? 

Hughes ne s'était pas aventuré hors de ses terres depuis quelques temps, et lorsqu'il avait tenté de se rendre à la cour d'Alphonse de Poitiers pour y demander le jugement de son épouse Nolwenn, la rébellion de Ravenaud l'en avait empêché. Il fallait bien remédier à cela dans le neuvième volet des aventures de l'héritier (légitime ou pas ?) de Renaud de Crozenc. 




Pourtant, la répudiation de Nolwenn n'est plus vraiment une priorité. Il s'agit d'abord de donner la chasse au chevalier Ravenaud avant qu'il ne le devance sur son chemin et ne fasse des révélations compromettantes à la cour de Poitiers. L'avenir du bon et magnanime seigneur Hughes pourrait en effet redevenir celui d'un simple jongleur itinérant si son suzerain apprenait qu'il n'est rien d'autre qu'un imposteur. C'est pourquoi il n'hésite pas à proposer une récompense de dix pièces d'or à quiconque lui livrera des informations sur la cachette du vassal "turbulent".

Ravenaud a pleinement conscience de la valeur du secret qu'il détient : la chute du jeune seigneur faciliterait grandement son accès au pouvoir et conclurait une vengeance personnelle bien savoureuse. Or, rien ne lui permet de prouver ce qu'il a appris de la bouche du seigneur Roger de Castelnau, lors de leurs périples en pays cathare. Le seul moyen d'être cru serait de forcer l'oncle d'Alix à témoigner en sa faveur. Mais comment ? Sous la menace, tout simplement ! L'ancien détenteur du bastion de Cuzion, toujours accompagné de Nolwenn, va devoir sceller un pacte improbable avec Coupe-Nez et sa meute de brigands pour arriver à ses fins.

"Chacun pour soi et Dieu pour tous".

Comme dirait Sylvie, une employée d'accueil de mes connaissances. En lisant "L'otage", j'ai beaucoup pensé à ce vieux dicton qu'elle me sort immanquablement lorsqu'on prend le temps de discuter. On savait déjà que les Aigles Décapitées étaient tout sauf une chanson de geste illustrée, préférant tourner en dérision la fin'amor et autres prud’homies. Or cet album peint des personnages qui son autant de modèles d'individualisme :


  • Alix reproche à Hughes de s'être joué d'elle en lui masquant son imposture _ qu'elle a apprise en écoutant une conversation, hem. Heureusement, elle lui pardonne vite.  
  • Hughes est finalement bien accroché à son pouvoir, à son honneur, et ne supporte pas qu'un bailli le traite de "faible". Ses motivations deviennent purement personnelles. 
  • Nolwenn est prête à coucher avec n'importe qui pour retrouver une condition noble. 
  • Ravenaud n'a qu'une ambition : être le chef. De qui ? De quoi ? peut importe, du moment que son ego s'épanouisse. 
  • Coupe-Nez le brigand veut s'enrichir et avoir les meilleures femmes à sa disposition. Peu importent les concernées et leur famille. 
  • Torche-Cul, autre brigand, veut Nolwenn pour lui seul, quitte à la tuer après l'acte. 
  • Liégarde, la femme de Coupe-Nez, est blessée dans son orgueil lorsque son amant la répudie pour garder Nolwenn, plus fraîche qu'elle. 


Encore une fois, la peinture humaine dans son vice et sa beauté est aussi impressionnante que l'immersion dans la société médiévale du XIII°siècle. Si les péripéties des héros, les types de personnages et leurs comportements commencent à prendre un air de déjà-vu, la BD ne nous en captive pas moins. Les paysages du Poitou et les visages ingrats sont toujours représentés d'un trait fin et précis, et l'on se réjouit d'un retour de l'action dans le sud du royaume, forcément annonciateur de couleurs plus chaudes !



KRAEHN, Jean-Charles ; PIERRET, Michel. Les Aigles Décapitées. Tome 9 : "L'otage". Glénat. 1995. Coll. "Vécu". 48 p.  
     



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