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lundi 31 octobre 2022

[MANGA] The heroic legend of Arslân - 1 - Hiromu Arakawa ; Yoshiki Tanaka (2015)

J'ai fait la découverte de l'"heroic fantasy" au début des années 2010, à un moment où ce n'était déjà plus la mode en tombant  un peu par hasard sur le premier tome de la série fleuve L'Assassin Royal de Robin Hobb. C'était un jour de totale déprime ; je m'étais retrouvée à traîner à la librairie Marbot, la larme à l'oeil, avec pour seul but de trouver une histoire qui me ferait oublier la mauvaise passe que j'étais en train de traverser, que je ne voulais plus jamais vivre, et que je n'ai effectivement jamais re-vécue depuis, hamdoullah !

Ainsi, pendant quelques années, Fitz, Althéa, Thymara, le Fou, les dragons, les serpents de mer... m'ont happée dans leur univers fantastico-médiéval et m'ont tenu compagnie. Ils ont apporté un peu de rêverie dans mon quotidien à une période où il n'était pas super épanouissant _ pas malheureux non plus, n'exagérons rien, mais disons que je n'en n'ai pas spécialement la nostalgie. 



J'ai lu presque toute la série. Presque. Après avoir refermé l'avant-dernier tome _dédicacé par Robin Hobb à l'issue de plus de deux heures de queue au Salon du Livre de Paris, je me suis arrêtée en me disant que j'allais attendre "un meilleur moment" avant de m'attaquer au Destin de l'Assassin, point final de cette œuvre colossale. Histoire de bien l'apprécier. Mais je crois que ce n'était pas la vraie raison, car j'ai eu bien des occasions de lire la fin depuis (dont un confinement), et je ne l'ai pourtant jamais fait. 

En finir avec L'Assassin Royal reviendrait sans doute à couper le cordon avec ce passé merdique qui ne me correspond plus mais qui est quand même le mien. Les fans de Harry Potter qui ont grandi au rythme des publications des livres semblent avoir ressenti quelque chose de similaire à la sortie des Reliques de la mort. 

Curieusement, c'est par le biais du manga que je viens de renouer avec la fantasy, en étrennant le volume d'ouverture du manga The Heroic legend of Arslân, un shônen signé de la mangaka Hiromu Arakawa et de l'écrivain Yoshiki Tanaka. Notez que ce dernier est l'auteur des Chroniques d'Arslân, la série de romans dont cette BD japonaise est l'adaptation. 


L'histoire

An 320 du calendrier parse. 

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le prince Arslân n'a pas de prédispositions particulières pour le combat. Malgré un entraînement intensif, il ne progresse pas de façon significative. C'est bien embêtant car il doit pourtant se préparer à combattre aux côtés de son père le roi Andragoras. Leur but : défendre les frontières du grand royaume de Parse _une version fictive de l'Empire perse, menacé d'invasion par leurs voisins, les Lusitaniens. 

Si sa maladresse à l'épée cause le mépris de ses parents et provoque quelques sueurs froides chez son maître d'armes, le vieux Valphreze, Arslân a bien d'autres qualités : il ne se cache pas derrière son statut princier et n'a pas peur de se lancer en première ligne. Il ne manque pas de volonté, bien au contraire. C'est un jeune homme curieux de tout et soucieux de son pays, respectueux des gens qui l'entourent, quel que soit leur rang. Enfin, il déborde d'empathie _ce qui lui vaut d'avoir une réputation de soldat "trop sensible". 

La bataille contre les modestes Lusitaniens ne semble pas représenter un grand danger pour des Parses dont la puissance est connue jusque dans les contrées les plus lointaines. A première vue, du moins. 

A y regarder de plus près, la situation n'est pas si simple. Parmi les proches d'Andragoras, seul le brave Daryûn, neveu de Valphreze, sent que les desseins belliqueux des pays limitrophes incitent à la méfiance ; il appelle son roi à considérer l'ennemi avec plus d'humilité en refusant un combat qui a tout d'un guet-apens. Mais la réaction du souverain n'est pas celle espérée ; piqué dans son orgueil, il lui retire son grade de "marzbâhn" _ qui fait de lui une sorte d'officier de l'armée, coupant court à son bel avenir militaire. Puis il donne l'ordre de foncer dans le tas... 

La suite, vous la découvrirez vous-même, si vous le souhaitez ! 

Pourquoi lire les aventures d'Arslân ? 

La fantasy, on aime ou on n'aime pas. Quelques archétypes sont incontournables, ce qui peut donner un air de "déjà lu" au différentes saga en général, et à celle d'Arslân en particulier : un prince en pleine formation, pétri de bonnes intentions mais pas toujours bien inspiré ; un roi charismatique et craint de tous ; un animal protecteur ; un chevalier victime d'injustice qui a hâte d'en découdre : une reine insondable ; un magicien et / ou un troubadour un peu déjanté ; un monde quadrillé de régions dangereuses et de peuples hostiles ...  


Pourtant, le manga d'Arakawa et de Tanaka se distingue positivement, et à plusieurs niveaux, des publications du même genre : 

  • Visuellement, ce manga ancré dans un univers médiéval fantastique est superbe à regarder ; Hiromu Arakawa ne lésine pas sur les détails, que ce soit dans les décors ou dans les scènes d'action. On a l'impression de regarder un film, parfois. D'ailleurs, sachez qu'il existe une version animée et qu'elle est disponible sur Netflix. 
  •  Les personnages principaux et secondaires sont plutôt attachants, même si l'un d'eux claque trop vite à mon goût, mais bon ça reste mon avis : Arslân n'est pas un Perceval aux grands yeux, il est lucide sur ses capacités et ne refuse pas la protection de ses aînés. Il est dans une optique de progression. Même s'il apparaît à la fin du premier tome, on devine que l'"artiste" Narsus va tenir un rôle d'importance : c'est LE personnage qui mesure pleinement le pouvoir des mots, dans une société où on règle tous les désaccords à grands groupes de trique. Ce qui lui a déjà valu quelques problèmes. 
  • Au-delà des nombreuses scènes de combat, on aborde des sujets intéressants et actuels : l'injustice, l'esclavage, le pouvoir de la rumeur, les relations entre parents et enfants... On comprend vite que les environs du royaume de Parse n'ont pas livré tous leurs secrets, et qu'il est trop simpliste de considérer les Lusitaniens comme "les méchants" de l'histoire. Les traîtres ne sont peut-être pas ceux qu'on croit. 
  • Cerise sur le gâteau : Arslân étant souvent accompagné d'Azraël, son ami rapace, on lui attribuera sans hésiter le point volaille !   
  • Public visé : 12 ans et plus ; pas avant car la BD comporte quand même quelques scènes sanglantes, ça peut perturber les plus sensibles. 

Si vous aimez les shônen, la fantasy, les ambiance médiévales et les scènes de baston, The heroic legend of Arslân vous plaira sûrement.  

Hiromu ARAKAWA ; Yoshiki TANAKA. The Heroic legend of Arslân - 1. Kurokawa, 2015. 232 p. ISBN 978-2-380-71039-7 

mardi 28 août 2018

Lectures de (fin de) vacances : Victor Schoelcher : "non à l'esclavage" - Gérard Dhôtel (2008) / Ça c'est mon Jean-Pion - David Snug (2018)


Soupir de regret, une fois de plus

Tu découvres un livre, tu trouves qu'il est vraiment bien écrit ; alors tu fais une recherche dans le catalogue du CDI pour voir si d'autres ouvrages du même auteur sont présents dans le fonds. Tu te rends compte que oui, deux documentaires _très prisés ! et quelques articles de revues pour enfants sont signés par ce gars. Alors tu cherches sa biographie et tu apprends qu'il est mort il y a deux ou trois ans à peine, fauché avant d'être vieux. 

Victor Schoelcher : "non à l'esclavage" - Gérard Dhôtel (2008) 

Je crois qu'on a parlé une seule fois de Victor Schoelcher en cours ; c'était dans le cadre du cours d'histoire-géo et d'éducation civique, plus précisément pendant la période des révisions. Nous avions lu un extrait d'un texte dont il était l'auteur et qui parlait d'abolition de l'esclavage, après quoi nous devions répondre à des questions de type brevet. Il faisait beau et chaud, on n'avait pas grand chose à battre de cet homme au nom imprononçable. Par contre, le Toussaint Louverture dont il louait l'importance et les qualités de révolutionnaire inspirait beaucoup nos esprits corrompus par des hormones en ébullition. 

"Ma queue, elle va trouver ton ouverture, ahah !"   

De toute façon, notre prof était passée assez rapidement sur Schoelcher, nous laissant entendre que ce particulier, certes, avait rendu libre un paquet de monde, mais qu'il était aussi un bon colonialiste des familles. Cela ne nous avait pas donné envie d'en savoir plus ; j'ai donc beaucoup appris du court roman historique écrit par Gérard Dhôtel.    



Victor Schoelcher : "Non à l'esclavage" s'organise en six courts chapitres symbolisant les étapes marquantes d'un destin qui aurait pu se limiter à la vente de porcelaine. En effet, Victor est d'abord envoyé outre-Atlantique pour livrer des commandes passées à son père, un porcelainier de renom. A 24 ans, ce jeune homme bien né rêve de découvrir le vaste monde ; sa vie de futur vendeur va prendre une direction nouvelle lorsque, une fois arrivé à Cuba, il assiste à une vente d'esclaves qui va le traumatiser. Selon Gérard Dhôtel, la scène lui fait l'effet d'un électrochoc, et l'abolition de l'esclavage des Noirs devient son cheval de bataille. Lorsqu'il entre en France, il se lance dans l'écriture de textes démontrant que les hommes sont égaux et qu'en soumettre certains à d'autres en fonction de leur couleur de peau est complètement absurde. A partir des années 1840 paraîtront ses premières publications. Il entrera dans l'Histoire en faisant passer le décret d'abolition de l'esclavage en 1848. De fil en aiguille, Schoelcher intègre les sphères de la politique et du journalisme, se lie avec des hommes de lettres, puis utilise parallèlement son statut de bourgeois aisé pour poser les pieds dans un camp "ennemi" : celui des colons et des esclavagistes. Son objectif est de comprendre leurs arguments pour mieux les contrer.  


Comme c'est le cas dans beaucoup de livres de la collection "Ceux qui ont dit non" d'Actes Sud Junior, Dhôtel a choisi de mettre en scène un personnage jeune et emporté auquel les jeunes lecteurs pourront s'identifier, quitte à broder quelques fioritures par dessus la réalité... On suit ce petit gosse de riche croyant dur comme fer à l'humanité dans son voyage initiatique où il va se faire baffer assez rapidement par des déconvenues : il va apprendre par l'observation que l'Homme est capable du meilleur comme du pire. Utilisant toujours le présent, l'auteur rend également accessibles les tumultes historiques du XIX°siècle, dont on parle un peu moins souvent que d'autres : la IIème République, puis la IIIème, avec entre temps le coup d'Etat de Napoléon III.   

Cette biographie romancée de Victor Schoelcher est suivie d'un dossier constitué d'une chronologie, d'un article intitulé "Eux aussi, ils ont dit non" qui évoque d'autres figures de la lutte pour l'abolition de l'esclavage ou qui ont travaillé sur ce sujet (Wilberforce, les Lumières, Harriet Beecher-Stowe, Maryse Condé, Aimé Césaire). Il se clôture sur un corpus d'illustrations en couleur utilisables en classe, à mon avis. Même s'il n'a pas vocation à soulever les zones d'ombres qui entourent quelqu'un qui a, malgré tout, œuvré à l'avancée des mentalités, lire ce roman écrit pour les jeunes (mais également instructif pour les adultes non historiens) ne fera de tort à personne. 

Emission 2000 ans d'Histoire consacrée à Victor Schoelcher - Diffusée en 2017 (à vérifier)
  
Dhôtel, Gérard. Victor Schoelcher : "Non à l'esclavage". Actes Sud Junior, 2008. Coll. "Ceux qui ont dit non". 95 p. ISBN 978-2-7427-7761-7 


Allez, on passe à la suite ! 


David Snug - Ça c'est mon Jean-Pion (2018) 

Après avoir fait un petit tour du côté d'Instagram _ puisque apparemment les infos les plus croustillantes s'échangent via ce réseau-là, en ce moment _,après m'être abonnée au compte des éditions Même Pas Mal, je suis tombée sur la couverture de Ça c'est mon Jean-Pion, la nouvelle BD de David Snug :    



Là, je me suis dit : oh, mais cette bande dessinée pourrait faire un cadeau de rentrée bien marrant pour les collègues de la Vie Scolaire. Si la couverture me susurrait déjà à l'oreille que ce ne serait pas possible d'intégrer l'ouvrage en question au fonds BD en libre accès du CDI (suivez mon regard vers le couteau et les clopes notamment), rien ne m'empêchait de l'abandonner négligemment dans le bureau des surveillants. L'histoire d'un pion qui raconte son année scolaire devait sans doute être riche en anecdotes sur les mouflets, et ne pouvait que prendre la forme d'un parcours initiatique où un "nouveau" de l'EN se fait bien bordéliser par les gosses à la rentrée avant de se remettre en question, de toucher le fond, et de remonter à la surface en fin d'année, content d'avoir trouvé son rythme de croisière en matière de gestion des groupes.    

ou pas

Sauf que. David Snug sort tellement des sentiers battus que le résultat qu'il obtient en publiant Ça c'est mon Jean-Pion est encore plus surprenant qu'on pouvait s'y attendre. 

En prenant son poste de surveillant à mi-temps dans un collège de Seine-Saint-Denis, le héros _qui n'est autre qu'un fidèle avatar de l'auteur, voulait juste se faire un peu d'argent tout en ayant du temps libre pour dessiner et jouer de la musique. L'homme n'a rien d'un jeune blanc-bec hésitant et plein d'empathie pour l'adolescent boutonneux. Il se crée d'entrée le personnage (très drôle) de Jean-Pion, un tortionnaire au rire terrifiant désireux d'assouvir ses pulsions nazies ; aussi, comme il aura relativement la paix avec "le collégien, cet être inférieur", il aura la possibilité d'observer et de critiquer le système dans lequel il s'est infiltré bien malgré lui. Pas de chaises qui volent, pas d'insultes, par de tranches d'ananas dans ta djeule _c'est ce que les gosses me jetaient quand je surveillais la cantine, au Mirail. Pas de longues tirades sur le dur métier d'éducateur _"mais que font les parents ??". Vous êtes déçus ?

Non, vraiment, vous ne devriez pas : ici, tout le monde en prend pour son grade. Il est fort probable que vous ne lisiez jamais ailleurs ce que vous verrez dans cette BD... qui est un des rares ouvrages traitant du milieu scolaire qui évoque les AGENTS D'ENTRETIEN ! Déjà merci, rien que pour ces vignettes-là. La mixité sociale ? L'artiste la passe au mixeur, toujours en s'appuyant sur son expérience professionnelle tellement enrichissante. 

Du coup, il devient délicat de présenter Jean-Pion à mes copains de salle des profs et de vie sco car, comme chacun sait, on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui ; et je pense que certains passages _sur la typologie des profs, des surveillants, sur les rapports qu'ils entretiennent... passerait fort mal. Quand il s'agit de se foutre des élèves et des parents, on est tous d'accord ; mais quand on touche à la corporation, les gens sont bizarrement plus chatouilleux. 

D'ailleurs, au sujet de la seule allusion faite au CDI dans la bande dessinée, force est de constater qu'elle m'a rappelé quelques vieux souvenirs.



Bref, pas la peine de raconter les 70 planches (ou un peu plus, un peu moins). Je ne pourrai que conseiller aux gens qui ont de l'humour ce tout dernier ouvrage de David Snug sorti au mois d'août. Original par son angle d'attaque, il frappe fort et juste dans les failles du système, et notamment celles qui font que, quand on est assistant d'éducation, on ne voit pas toujours l'intérêt de se donner à fond dans ce boulot ingrat ; malheureusement, lorsque tu te retrouves surveillant _parfois aux abois, parfois avec une famille sur les talons, tu n'as pas forcément envie de te reprendre cette réalité dans la figure et tu te protèges comme tu peux.. Ajoutons à cela, et c'est important, que David Snug évite de tomber dans l'écueil "Vis ma vie dans 9-3" : "Wesh wesh, moi je travaille avec des petits blacks, des petits arabes, les parents sont démissionnaires, ils fument du shit en bas des immeubles, c'est pas facile croyez-moi". 

Pour finir, Jean-Pion est ni plus ni moins un roux cool des aisselles qui se trimbale avec des croix gammées "izi" dans une cour de récré clôturée de barbelés, ou dans d'autres décors aux teintes rouges délavées et blanches. Les couleurs du nazi soft ? Ici, c'est pas Entre les murs, sachez-le. Rien que pour le phénomène, jetez-y un oeil !  

   

Du coup, j'ai acheté cette BD ; précisons une dernière fois qu'elle se lit avec des lunettes 3ème Degré. Désolée de participer au sucrage du RSA. 

David Snug. Ça c'est mon Jean-Pion. Editions Même Pas Mal, 2018. ISBN 9782918645450 - 15€


dimanche 5 novembre 2017

Lectures de vacances - Le jour où Lania est partie - Carole Zalberg, Elodie Balandras (2008) / Nelson Mandela : "Non à l'apartheid" - Véronique Tadjo (2010)


Le jeune attend que le feu passe au vert, pied à terre. Il me regarde en coin. Je ne suis pas physionomiste mais son allure me rappelle quelqu'un. Il s'agit en fait d'un ancien élève que je croise certains matins à l'autre bout de la ville ; il va alors en cours ou bien sur son lieu de stage, tandis que je trace en direction du collège. Lui-même met un peu de temps à me remettre. On ne s'attendait pas à se tomber dessus à cet endroit-là.  

"Ah, je vous ai pas reconnue tout de suite Madame ! Je me suis dit "mais c'est quelqu'un de la cité ?"
_ Oui, je suis en survêt parce que je vais courir au canal.
_ Vous faites penser aux Coureurs dans le film Le Labyrinthe

Il faut savoir que la ville d'Aulnay est assez nettement coupée en deux : au Nord, les barres, au Sud, les grosses baraques. Je schématise, mais c'est quand même l'impression qu'on a en arrivant et même après, non ? Dites-moi si je me trompe. Alors forcément, se trimbaler en jogging dans certaines rues relève presque de l'exotisme. 




"_ Ca va, sinon ? 
_ Pas fort... "

Il me raconte qu'il s'est fait casser la gueule et tirer son vélo une semaine avant, par des gars en scooter. Qu'il lui tarde d'avoir son diplôme, son autonomie. 

"_ Tu as porté plainte ? 
_ Non, c'est mort, je n'ai pas vu leur visage. Il faut que je passe à autre chose. Ma mère m'a racheté un vélo pour que je puisse aller bosser. "

Le récit de son agression m'attriste ; je sais à quel point on se sent faible et insignifiant dans ces moments-là. D'autant plus que le jeune s'était racheté une motivation depuis le collège. Bordel, qu'il était chiant lorsqu'il était en sixième... J'apprends qu'à l'époque, il s'était fait fracasser dans un couloir par des élèves de troisième et qu'il s'en était tiré avec une côte fêlée. Encore un drame qui s'est joué en huis clos ; ça donne le vertige de se douter qu'il s'en produit de tels plusieurs fois par jour sans qu'on ne le sache. 

"_ J'aimerais bien passer mon permis moto et avoir ma 125, mais qui me dit que ça ne va pas finir pareil ? On n'a pas ce problème à la campagne, tiens..."

Méfie-toi de la campagne... 

Il hausse les épaules. 

"_ Enfin, c'est la vie...". 

Beelzebub

Tous les profs vous le diront : ce n'est pas parce qu'on est en vacances qu'on ne bosse pas et qu'on s'arrête de lire _même si on a le luxe d'avoir assez de temps "hors établissement" pour courir en plein jour. Voici quelques lectures de vacances qui méritent bien d'être connues. 


Le jour où Lania est partie - Carole Zalberg, Elodie Balandras (2008) 



Lania est l'aînée d'une famille nombreuse ; le matin, elle doit réveiller ses frères et soeurs et veiller à ce que tout le monde puisse vaquer à ses tâches quotidiennes. Les enfants ne savent ni lire ni écrire, puisqu'au village il n'y a pas d'école, mais leurs journées sont quand même bien remplies : aux champs, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Lania est plutôt contente de sa vie et n'aspire pas à en changer, même si elle sent que l'insouciance enfantine est en train de la quitter. Devenue trop grande pour continuer à voir le village comme un vaste terrain de jeu, encore trop jeune pour que les adultes lui fassent pleinement confiance, elle a du mal à se positionner. Pourtant, elle comprend que le froid et la pluie qui s'abattent sur les cases depuis des mois compromettent les prochaines récoltes et condamnent ses semblables à une famine certaine. Un jour, un 4X4 arrive, transportant à son bord des "gens de la ville"; profitant de la détresse des familles, ces inconnus proposent d'emmener les aînés de chaque fratrie pour soi-disant les tirer de leur misère et leur donner accès à une "vie meilleure"... 

Carole Zalberg et Elodie Balandras réussissent à parler à leurs jeunes lecteurs de sujets graves tels que l'esclavage des enfants, la pauvreté, la difficulté d'accéder à l'éducation, sans les plonger dans la déprime. Comme Lania, on prend conscience de la gravité de la situation sans pleurer ni s'apitoyer sur son sort ; en effet, les premiers chapitres, agrémentés d'illustrations plutôt drôles laissent entrevoir un récit pour enfants léger et plein d'aventures. Lania va quitter son village, on l'a compris à la lecture du titre, mais sans doute va-t-elle déménager dans un endroit où elle va vivre différemment, mais où elle va se faire de nouveaux amis ? Il n'en est rien. 

La fillette sera en fait larguée (et planquée) chez un couple de gens aisés pour qui elle devra faire le ménage en prenant bien garde de ne pas se faire remarquer. A travers son regard d'enfant qui ne comprend pas grand chose à ce qui lui arrive, on avance dans l'inconnu et on va de désillusion en désillusion. Le contraste entre la vie haute en couleur "au village", que l'illustration de la couverture nous permet de nous représenter, et l'arrivée dans la ville grise et froide qui ne donne pas envie d'être visitée est particulièrement fort. 

Comme dans un conte, on n'a aucune indication de temps et de lieu ; seule la présence des voitures et le mode de vie de "Madame", la femme chez qui Lania est placée comme femme à tout faire, nous permettent de fixer l'action dans l'époque contemporaine. Et toujours à la manière d'un conte, toujours, le dénouement viendra de là où on ne l'attendait pas... 

Le jour où Lania est partie n'est pas l'histoire de Cendrillon revisitée à la sauce L'Enfant sauvage, mais un livre pour la jeunesse original, facile à lire et qui a l'énorme avantage de ne pas nous faire chialer ! Ca ne fait pas de mal !   

Carole ZALBERG, Elodie BALANDRAS. Le jour où Lania est partie. Nathan, 2008. 79 p. ISBN 978-2-09-251460-3  


Nelson Mandela : "Non à l'apartheid". Véronique Tadjo, 2010. 



Paru dans la série "Ceux qui ont dit non" (Actes Sud Junior), ce court roman nous présente les étapes-clefs de la vie de Nelson Mandela comme s'il nous les racontait lui-même. Tout commence en juin 1941, lorsque "Madiba" pose le pied à Johannesburg pour la première fois. Bien obligé de se plier à l'apartheid qui régit la vie quotidienne en Afrique du Sud, et éloigne les Noirs de tous les services et lieux publics au profit des Blancs, le jeune homme est partagé entre l'excitation de découvrir la grande ville et la peur de se faire arrêter. En effet, il est en fuite après avoir été fiché comme perturbateur dans son lycée pour avoir demandé plus de moyens afin que les élèves Noirs puissent étudier dans de meilleures conditions. Il faut dire qu'à l'époque, la population Noire devait se contenter des miettes des Blancs à tous les niveaux, y compris dans le domaine de l'éducation ; et cela, Mandela ne l'acceptait déjà pas. 

Peu à peu, les courts chapitres nous font bondir de quelques années ; ses observations personnelles et les allusions à son milieu familial se raréfient, au profit de l'évocation d'événements historiques, tels que la marche pacifique des mineurs conclue de manière sanglante, de son engagement au sein de l'African National Congress, de sa lutte contre l'apartheid, puis de son emprisonnement. 

Il ne doit pas être simple de se mettre dans la peau de Nelson Mandela et de le faire parler ; pourtant, Véronique Tadjo a tenté l'expérience et on déjà peut l'applaudir pour cela. 

   

Seuls les écrivains sont capable de :

  • permettre à un jeune lecteur de s'identifier au héros. Nelson Mandela "Non à l'apartheid" est un livre qui s'adresse en particulier aux adolescents. Comment créer une proximité entre un boutonneux et la figure d'un vieil homme aux cheveux grisonnants dont le visage est tellement connu qu'on sait qu'on doit le respecter même si on ne sait pas toujours pourquoi ? Peut-être en le représentant lui-même en lycéen indocile et prêt à se battre pour ses idées ? 
  • traduire simplement des faits historiques, des concepts, des idées qui n'ont rien d'évident. Bon, les profs savent le faire aussi, hein ! Le fait est que si vous m'aviez parlé en vrac de l'ANC, de l'apartheid, du Group Areas Act sans relier le tout à un contexte et à une histoire logique, vous m'auriez perdue en trois minutes. D'ailleurs, je ne cache pas que j'ai mieux compris deux ou trois choses à la lecture de ce livre. 
  • faire prendre conscience aux lecteurs de ce qu'était l'apartheid au quotidien, en nous plaçant en immersion dans la Johannesburg des années 1940, puis dans la société Sud-Africaine des années 1960. Par la même occasion, on intègre une dure réalité : "pour construire la paix, il faut parfois faire la guerre." (p.55)

A la fin de cette "version roman" de la vie de Nelson Mandela _elle me fait d'ailleurs penser à ces nombreux docu-fictions qui ont fleuri sur toutes les chaines de télé et de radio ces dernières années, est présenté un court dossier contenant des photos correspondant aux événements relatés (mise en place de panneaux indiquant nettement la séparation des races, images des manifestations, libération de Nelson Mandela) et une biographie de Steve Biko, figure incontournable de la lutte contre l'apartheid. 



Véronique TADJO. Nelson Mandela : "Non à l'apartheid". Actes Sud Junior, "Ceux qui ont dit non", 2010. 96 p. ISBN 978-2-7427-9228-3

mercredi 28 octobre 2015

Larme de rasoir - Spéciale Couvertures Déprimantes : le Redoublant - Claire Mazard, Rester vivante - Catherine Leblanc, Iqbal. Un enfant contre l'esclavage - Francesco D'Adamo


L'année dernière, nous nous étions beaucoup amusées, ma collègue de français et moi, à lire les quatrièmes de couverture des ouvrages exposés au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse à Montreuil : entre les héros orphelins ou défigurés lors d'un accident, les histoires d'amour entre ados gravement malades, les journaux de jeunes dépressifs essayant de se remettre d'un viol et de la discrimination raciale qu'ils vivent au quotidien, les amitiés naissantes entre enfants battus et animaux maltraités, nous avions remarqué que les petits lecteurs avaient un choix de folie en terme d'histoires réalistes.



Tous ces reflets des malheurs du monde nous ont déprimées, alors nous avons choisi d'en rire _nerveusement, certes. C'était un peu trop. Aussi bête que cela puisse paraître, on a senti qu'il fallait qu'on se protège et qu'on puisse apprécier les oeuvres tout en fixant une espèce de périmètre de sécurité. L'existence de la catégorie "Larme de rasoir" de ce blog rejoint cette idée de "protection" face à la gravité de ces récits que je respecte si je ne les aime, et que je ne cesse de mettre en valeur auprès des élèves.


Si la quatrième de couverture nous propose parfois du cafard en barre, l'illustration de la première de couverture peut aussi donner envie d'aller se terrer huit jours au fond de son lit. Voici quelques exemples.


Encore une fois, ne prenez pas ce billet comme un manque de respect envers les auteurs et les illustrateurs ; et n'hésitez pas à laisser un commentaire si vous considérez que je vais trop loin. 


1) Le redoublant - Claire Mazard




Sylvestre n'a pas de chance ; en plus d'être redoublant, c'est aussi un enfant battu. Aussi, pendant la récréation, il préfère s'isoler et observer de loin les jeux des autres marmots. Romain aimerait bien en savoir plus sur ce garçon taciturne et mystérieux : pourquoi pas s'en faire un pote ? Alors, en toute logique, il se met à le harceler quotidiennement. Après un échange de bons mots et de coups (ah bon, c'est pas comme ça que ça marche ?!), des excuses vite fait et un exposé en binôme savamment bidouillé par une prof clairvoyante, leur amitié prend forme, contre toute attente. Sylvestre s'ouvre sur la nature des blessures qui couvrent son corps et qu'il badigeonne de mercurochrome pour une plus grande discrétion : son beau-père le cogne régulièrement. Ne sachant sur qui briser le sceau du secret, Romain commence à déprimer et prend conscience que certains adultes sont capables de taper sur des enfants au point de les envoyer à l'hosto.

A présent, remarquez la parfaite adéquation entre l'ambiance du roman et l'illustration de la couverture : au premier plan apparaît un garçon légèrement roux, adossé à un arbre comme à un poteau d'exécution. Il a visiblement l'arcade pétée, et à force de raser le mur de l'école, son pull a pris une couleur similaire. Derrière lui, on devine les ombres de ceux qui lui font face et qui se foutent de lui ouvertement. Alors, on fait quoi ? On ouvre le bouquin ou on va directement accrocher la corde ? Tout sourire et propres sur eux, les deux autres personnages principaux essaient de nous persuader que non, tout n'est pas encore perdu : "regardez : nous, ça va !"


2) Rester vivante - Catherine Leblanc.

Ah, Actes Sud Junior et ses couvertures dignes des interludes d'Arte...

Bim bam boum ! 

Est-ce qu'elle joue à cache-cache ? Est-ce qu'elle pleure ? Est-ce qu'elle pleure en jouant à cache-cache parce que, comme par hasard c'est toujours elle qui compte ? Est-ce qu'elle s'est québlo comme une conne entre les deux cloisons en essayant de se taper la tête contre le mur ? Quelqu'un pour mettre un peu de déco dans cet espace passé à la chaux, aussi triste que les couloirs d'un bahut neuf ?

Dans tous les cas, elle ne respire pas plus la joie de vivre que Josepha, l'héroïne de Rester vivante. Jo, seize ans, est au bord de la dépression : rien ne la motive plus, si ce n'est l'envie de décrocher son bac pour pouvoir s'affranchir de son gros dégueulasse de père qui mate des pornos devant elle dès onze heures du matin. Evidemment, elle se trouve moche et plate _dans tous les sens du terme, et désespère de se faire tringler par un mec dans un avenir proche ou lointain ; à vrai dire, c'est peut-être l'idée de mourir avec son hymen tout fripé par la vieillesse qui la déprime et la ronge le plus. Malgré le souvenir marquant de son atterrissage raté dans une soirée échangiste organisée par ses parents lorsqu'elle était petite, la lycéenne a la dalle comme jamais.

Spoiler : finalement elle baise, et ça lui plait bien.

Même si c'est avec un mec qu'elle ne verra plus jamais.
D'ailleurs tant mieux, puisque rien ne lui importait plus que d'en finir avec cette virginité qu'elle avait l'impression de porter sur sa gueule ; un peu comme les jeunes personnages de Loveless, ce yaoi dans lequel les puceaux arborent de belles oreilles de chats, histoire de bien se taper l'affiche.

"Salut, on cherche l'homme qui murmure à l'oreille des puceaux !"
Comment ça, je raconte la fin de l'histoire ? Pas du tout : y a pas d'histoire !

Non, soyons sérieux deux minutes.

Catherine Leblanc est psy pour enfants et pour ados, et on le perçoit bien dans sa manière de décrire avec beaucoup de justesse le dialogue intérieur de Josepha, une lycéenne lambda perdue dans ses angoisses : très souvent, ces petites connasses lui susurrent de rester cloîtrée dans sa chambre, mais le dégoût que ses parents lui inspirent finit toujours par avoir le dernier mot. Alors, son repli, c'est la rue, et parfois son unique amie Laurence, une fille posée et pas contrariante pour deux sous. Un jour, une copine de classe l'invite à une soirée, où une surprise l'attend !

Bonjour ! 

Ce roman est l'occasion de comprendre à quel point peut être compliqué le quotidien des jeunes qui n'ont pas encore trouvé de sens à sa vie et qui redoutent plus que tout le regard des autres ; en cela, il présente un fort intérêt pour les jeunes lecteurs et pour les professionnels de l'enfance. On ne peut pas lui enlever ce mérite. Par contre, on regrettera que certains personnages soient esquissés plus que décrits, alors qu'ils auraient pu être approfondis ; on pense à la belle et populaire Amina, qui s'éteint instantanément en présence de ses grands frères intégristes et/ou grincheux, ou à la gentille Laurence qui gère son entourage sans que personne ne se soucie jamais d'elle.

A mon avis, Rester vivante s'adresse plus à des lycéens qu'à des collégiens, car l'ouvrage laisse une grande part au non-dit, à l'implicite et sollicite l'interprétation du lecteur. Aussi, les jeunes qui le liraient sans accompagnement pourraient bien racler le bitume et se manger trente mètres de premier degré en comprenant que baiser est la solution à tous les problèmes, et que cet acte sacré est ce qui permet de "rester vivant". Je ne prends pas les enfants pour des cons, loin de là, mais lorsque l'héroïne broie du noir depuis des lustres, va à une soirée à reculons, rencontre un beau mec expérimenté qui lui apprend comment on allume la machine, et que bam ! le lendemain le moral est revenu... on est tenté de faire un lien direct.


3) Iqbal. Un enfant contre l'esclavage - Francesco D'Adamo

Quel collégien des années 1990-2000 n'a pas été marqué par le parcours extraordinaire et la fin tragique d'Iqbal, le petit Pakistanais qui se battait pour la reconnaissance des droits des enfants dans son pays ? Vingt ans après sa mort, la fascination et le respect des élèves pour le jeune rebelle ne faiblit pas : un gosse qui a le cran de se dresser contre les adultes, ça impressionne toujours, et ça nous montre que c'est possible ! Bon attention, hein, n'oublions pas qu'il agissait pour la bonne cause, lui !

Lorsque Iqbal est acheté par l'effrayant Hussein pour travailler dans la fabrique de tapis avec les autres enfants esclaves, la petite Fatima et ses copains d'infortune s'affairent sans relâche devant le métier à tisser depuis trois ans déjà. Ils perçoivent aussitôt dans le regard du nouvel arrivant une lueur insaisissable qu'ils croyaient avoir oubliée depuis bien longtemps : l'espoir. Pourtant, quand l'enfant tente d'instiller en eux des idées d'évasion et de rébellion, ils le prennent pour un fou et lui déconseillent de faire des vagues... Il faut dire que le garçon leur balance en pleine face des vérités qu'ils ne voulaient plus entendre : eux qui croyaient ferme qu'ils redeviendraient libres lorsqu'ils auraient comblé la dette de leurs parents savent maintenant que cette histoire de remboursement est complètement bidon et ne sert qu'à les faire taire. Beaucoup choisissent de tourner le dos à ce rabat-joie qui a l'air de vouloir les peiner à chaque fois qu'il ouvre la bouche. Seule Fatima choisit de croire en sa bonne foi ; elle devient sa confidente. Or un événement va les amener à comprendre qu'eux aussi ont droit à une vie bien à eux, à un avenir, et qu'il ne tient qu'à eux d'en prendre possession. Le tout est de s'unir pour être plus forts...

Si Francesco d'Adamo a écrit ce roman pour enfants librement inspiré de la courte vie d'Iqbal, c'est en partie pour perpétuer sa mémoire ; et aussi langue de pute que je puisse l'être, je dois bien reconnaître qu'il l'a fait de charmante manière. Simple, accessible et agréable à lire, Iqbal. Un enfant contre l'esclavage est à mettre entre toutes les mains et à citer à chaque fois qu'on parle des droits des enfants avec des jeunes. N'oublions pas qu'il s'agit d'une histoire vraie.



On ne s'attendait pas à voir des gamins se fendre la gueule sur la couverture d'un livre qui parle de l'esclavage des enfants, on est bien d'accord. Il n'empêche que le garçon dessiné sur la couverture _vraisemblablement Iqbal, même s'il ne lui ressemble pas énormément ; le vrai avait notamment des oreilles en feuille de chou _ donne l'impression qu'en plus d'avoir un coquard et d'être très fatigué, il a aussi une gastro et s'apprête à vomir sur le tapis qu'il est en train de tisser. Sauvez donc cet enfant pris au piège de sa pièce de tissu démesurément grande, pas loin de tomber dans le puits de sang formé par la figure dessinée sous ses pieds, assommé par le titre, menacé par les lecteurs qui le surplombent et vers qui il jette un regard implorant !

On se moque, on se moque, mais les illustrations d'Anne Buguet sont magiques.


A vous de voter pour le Prozac d'Or de cette sélection Larme de Rasoir Spéciale Couvertures Déprimantes ! 


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1) Le Redoublant. Claire Mazard. 1997, Nathan. Coll. Pleine Lune. ISBN 9782092821107
     Illustrateur : Romain Slocombe

2) Rester vivante. Catherine Leblanc. 2010, Actes Sud Junior. Coll. Roman Ado. 112 p. ISBN 9782742791170 
Conception graphique : Christelle Grossin et Guillaume Berga.

3) Iqbal. Un enfant contre l'esclavage. Francesco D'Adamo. Trad. Emanuelle Genevois. 2002, Hachette Jeunesse. Coll. Histoires de vies. 193 p. ISBN 2013220200
Illustrateur : Anne Buguet