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lundi 1 mai 2023

[MANGA] Jujutsu Kaisen - 1 - "Ryomen Sukuna" - Gege Akutami (2018)

J'ai voulu lire le début du manga Jujutsu Kaisen car il s'agit d'un titre très réclamé par les élèves du collège. Avec un poil de méfiance, tout de même : s'il est toujours appréciable d'avoir des indications sur ce qui peut plaire à nos lecteurs, il convient de ne jamais perdre de vue que leurs suggestions ne sont pas toujours en elles-mêmes gage de qualité. Après tout, le titre qu'on m'a demandé avec le plus d'insistance en dix ans n'est autre que le livre de Nabilla. Chacun en tirera les conclusions qu'il voudra ; pour ma part, j'ai pris le parti de garder la tête froide en toutes circonstances, dorénavant.      

2018, au Japon. La Terre est peuplée de "fléaux", des monstres nés des émotions négatives des humains et responsables d'un grand nombre de disparitions mystérieuses. Afin de les neutraliser, des exorcistes surveillent discrètement les écoles, les cimetières, les prisons... et autres lieux incubateurs de sentiments désagréables. 

Yuji vient d'entrer en 2nde au lycée de Sugisawa et a choisi d'intégrer le club de spiritisme de son établissement. Il ne croit pas spécialement aux fantômes, mais cela lui permet de finir plus tôt pour aller rendre visite à son grand-père hospitalisé. 


Réunion du club de spiritisme

Une nuit, ses amis du club de spiritisme se retrouvent au lycée afin d'analyser à la lueur d'une bougie un curieux petit objet entouré de bandelettes. Ils se rendent compte avec stupeur qu'il d'agit d'un doigt humain desséché. La bougie s'éteint, l'ambiance change, des monstres visqueux débarquent. Sans le savoir, ils ont malencontreusement réveillé le démon Ryomen Sukuna, un puissant fléau. 

Le jeune apprenti exorciste Megumi est déjà sur les lieux, talonné par Gojo, son prof. Mais sa rapidité d'analyse et sa bonne connaissance des sorts ne suffisent pas à tirer d'affaire les lycéens. Yuji décide alors d'entrer en jeu : fort de ses capacités physiques extraordinaires, d'une promesse faite à son grand-père et d'un mépris insolent du danger, il affronte le fléau aux côtés de Megumi. Il a alors l'idée étrange (mais bonne) de bouffer ce doigt séché afin de cantonner le démon au périmètre de son petit corps.

Pendant ce temps-là, sur Youtube...

Non seulement Yuji ne succombe pas à l'intrusion, mais en plus il gère assez bien l'entité qui le possède et qui apparaît à travers lui, de temps à autres. Si la règle voudrait qu'en tant qu'humain "contaminé", il soit exécuté au nom de la sécurité de tous, Megumi et Gojo bataillent pour lui obtenir un sursis. Ils lui donnent pour mission de retrouver et d'ingérer les autres doigts de Ryomen. En effet, sur le principe des Horcruxes dans Harry Potter, la destruction totale et définitive de ce fléau ne sera possible que lorsque toutes les phalanges disséminées auront été assemblées dans un seul réceptacle : le ventre de Yuji ! 

Je comprends le succès de ce manga shônen touffu et donc bien difficile à résumer ! Si vous aimez les combats de héros drôles malgré eux VS des kaiju dégueu pourvus d'yeux roulants et de chicots improblables, Jujutsu Kaisen va vous plaire. Mais c'est aussi cet aspect horrifique qui me retient de le mettre au CDI du collège pour l'instant.  


Celui-là, il est soft, dites-vous !

Après avoir lu un peu partout sur les sites consacrés à l'univers du manga que la version animée était plus claire et mieux réussie que la bande dessinée, je pense regarder les épisodes de la première saison histoire de voir si la différence est flagrante. 

La suite mérite d'être découverte, quel que soit le support, ne serait-ce que pour l'omniprésence bien maîtrisée de l'humour dans une histoire où la mort et les forces occultes sont au centre des préoccupations. 

Cet équilibre entre les tons, comparable à la cohabitation de Yuji et de Ryomen dans le même corps, constitue la touche d'originalité d'un manga dont le schéma est assez classique, même pour quelqu'un comme moi qui n'y connaît pas grand chose. On y retrouve le héros "élu" au grand coeur aux origines floues qui prend conscience de sa force, les adjuvants un peu dans son ombre mais nécessaires dans les combats, le prof plus gamin que ses élèves, les codes des lycées japonais, la faucheuse comme épée de Damoclès... A voir si les tomes suivants s'embourbent dans les stéréotypes ou s'ils s'en distinguent, au contraire.    

Gege Akuami. Jujutsu Kaisen - 1 - Ryomen Sukuna. Ki-oon Shônen, 2018. ISBN 979-10-327-0554-4

lundi 31 octobre 2022

[MANGA] The heroic legend of Arslân - 1 - Hiromu Arakawa ; Yoshiki Tanaka (2015)

J'ai fait la découverte de l'"heroic fantasy" au début des années 2010, à un moment où ce n'était déjà plus la mode en tombant  un peu par hasard sur le premier tome de la série fleuve L'Assassin Royal de Robin Hobb. C'était un jour de totale déprime ; je m'étais retrouvée à traîner à la librairie Marbot, la larme à l'oeil, avec pour seul but de trouver une histoire qui me ferait oublier la mauvaise passe que j'étais en train de traverser, que je ne voulais plus jamais vivre, et que je n'ai effectivement jamais re-vécue depuis, hamdoullah !

Ainsi, pendant quelques années, Fitz, Althéa, Thymara, le Fou, les dragons, les serpents de mer... m'ont happée dans leur univers fantastico-médiéval et m'ont tenu compagnie. Ils ont apporté un peu de rêverie dans mon quotidien à une période où il n'était pas super épanouissant _ pas malheureux non plus, n'exagérons rien, mais disons que je n'en n'ai pas spécialement la nostalgie. 



J'ai lu presque toute la série. Presque. Après avoir refermé l'avant-dernier tome _dédicacé par Robin Hobb à l'issue de plus de deux heures de queue au Salon du Livre de Paris, je me suis arrêtée en me disant que j'allais attendre "un meilleur moment" avant de m'attaquer au Destin de l'Assassin, point final de cette œuvre colossale. Histoire de bien l'apprécier. Mais je crois que ce n'était pas la vraie raison, car j'ai eu bien des occasions de lire la fin depuis (dont un confinement), et je ne l'ai pourtant jamais fait. 

En finir avec L'Assassin Royal reviendrait sans doute à couper le cordon avec ce passé merdique qui ne me correspond plus mais qui est quand même le mien. Les fans de Harry Potter qui ont grandi au rythme des publications des livres semblent avoir ressenti quelque chose de similaire à la sortie des Reliques de la mort. 

Curieusement, c'est par le biais du manga que je viens de renouer avec la fantasy, en étrennant le volume d'ouverture du manga The Heroic legend of Arslân, un shônen signé de la mangaka Hiromu Arakawa et de l'écrivain Yoshiki Tanaka. Notez que ce dernier est l'auteur des Chroniques d'Arslân, la série de romans dont cette BD japonaise est l'adaptation. 


L'histoire

An 320 du calendrier parse. 

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le prince Arslân n'a pas de prédispositions particulières pour le combat. Malgré un entraînement intensif, il ne progresse pas de façon significative. C'est bien embêtant car il doit pourtant se préparer à combattre aux côtés de son père le roi Andragoras. Leur but : défendre les frontières du grand royaume de Parse _une version fictive de l'Empire perse, menacé d'invasion par leurs voisins, les Lusitaniens. 

Si sa maladresse à l'épée cause le mépris de ses parents et provoque quelques sueurs froides chez son maître d'armes, le vieux Valphreze, Arslân a bien d'autres qualités : il ne se cache pas derrière son statut princier et n'a pas peur de se lancer en première ligne. Il ne manque pas de volonté, bien au contraire. C'est un jeune homme curieux de tout et soucieux de son pays, respectueux des gens qui l'entourent, quel que soit leur rang. Enfin, il déborde d'empathie _ce qui lui vaut d'avoir une réputation de soldat "trop sensible". 

La bataille contre les modestes Lusitaniens ne semble pas représenter un grand danger pour des Parses dont la puissance est connue jusque dans les contrées les plus lointaines. A première vue, du moins. 

A y regarder de plus près, la situation n'est pas si simple. Parmi les proches d'Andragoras, seul le brave Daryûn, neveu de Valphreze, sent que les desseins belliqueux des pays limitrophes incitent à la méfiance ; il appelle son roi à considérer l'ennemi avec plus d'humilité en refusant un combat qui a tout d'un guet-apens. Mais la réaction du souverain n'est pas celle espérée ; piqué dans son orgueil, il lui retire son grade de "marzbâhn" _ qui fait de lui une sorte d'officier de l'armée, coupant court à son bel avenir militaire. Puis il donne l'ordre de foncer dans le tas... 

La suite, vous la découvrirez vous-même, si vous le souhaitez ! 

Pourquoi lire les aventures d'Arslân ? 

La fantasy, on aime ou on n'aime pas. Quelques archétypes sont incontournables, ce qui peut donner un air de "déjà lu" au différentes saga en général, et à celle d'Arslân en particulier : un prince en pleine formation, pétri de bonnes intentions mais pas toujours bien inspiré ; un roi charismatique et craint de tous ; un animal protecteur ; un chevalier victime d'injustice qui a hâte d'en découdre : une reine insondable ; un magicien et / ou un troubadour un peu déjanté ; un monde quadrillé de régions dangereuses et de peuples hostiles ...  


Pourtant, le manga d'Arakawa et de Tanaka se distingue positivement, et à plusieurs niveaux, des publications du même genre : 

  • Visuellement, ce manga ancré dans un univers médiéval fantastique est superbe à regarder ; Hiromu Arakawa ne lésine pas sur les détails, que ce soit dans les décors ou dans les scènes d'action. On a l'impression de regarder un film, parfois. D'ailleurs, sachez qu'il existe une version animée et qu'elle est disponible sur Netflix. 
  •  Les personnages principaux et secondaires sont plutôt attachants, même si l'un d'eux claque trop vite à mon goût, mais bon ça reste mon avis : Arslân n'est pas un Perceval aux grands yeux, il est lucide sur ses capacités et ne refuse pas la protection de ses aînés. Il est dans une optique de progression. Même s'il apparaît à la fin du premier tome, on devine que l'"artiste" Narsus va tenir un rôle d'importance : c'est LE personnage qui mesure pleinement le pouvoir des mots, dans une société où on règle tous les désaccords à grands groupes de trique. Ce qui lui a déjà valu quelques problèmes. 
  • Au-delà des nombreuses scènes de combat, on aborde des sujets intéressants et actuels : l'injustice, l'esclavage, le pouvoir de la rumeur, les relations entre parents et enfants... On comprend vite que les environs du royaume de Parse n'ont pas livré tous leurs secrets, et qu'il est trop simpliste de considérer les Lusitaniens comme "les méchants" de l'histoire. Les traîtres ne sont peut-être pas ceux qu'on croit. 
  • Cerise sur le gâteau : Arslân étant souvent accompagné d'Azraël, son ami rapace, on lui attribuera sans hésiter le point volaille !   
  • Public visé : 12 ans et plus ; pas avant car la BD comporte quand même quelques scènes sanglantes, ça peut perturber les plus sensibles. 

Si vous aimez les shônen, la fantasy, les ambiance médiévales et les scènes de baston, The heroic legend of Arslân vous plaira sûrement.  

Hiromu ARAKAWA ; Yoshiki TANAKA. The Heroic legend of Arslân - 1. Kurokawa, 2015. 232 p. ISBN 978-2-380-71039-7 

dimanche 22 août 2021

[MANGA] Amanchu ! - 1 - Kozue Amano (2011)

A moins que je ne me trompe, c'est en écoutant le podcast Mangadiscovery _le cousin de ComicsDiscovery qui ne dépareille pas la famille_ que j'ai entendu parler d'Amanchu !. J'avais alors noté le titre sur une feuille volante sans plus d'indications, en vue d'un prochain passage à la bibliothèque. Du coup, mercredi dernier, en faisant le tour des structures nécessitant le pass sanitaire afin de rentabiliser au max mon dernier viol de nez, j'ai emprunté ce manga alors disponible dans la section jeunesse de la médiathèque, sans plus trop savoir de quoi il était question.  

Je crois que je cherchais surtout une lecture légère après pas mal de découvertes superbes mais plus tristes les unes que les autres.  


L'histoire 

Hikari a 15 ans, elle vit avec sa grand-mère qui tient une boutique de matériel de plage au bord de la mer. Nous sommes au début du printemps, ce qui veut dire qu'au Japon c'est la fin des vacances et le début d'une nouvelle année scolaire. Afin de ne pas trop stresser pour sa rentrée au lycée Yumegaoka qui a lieu le lendemain, Hikari veut passer son dernier jour de tranquillité à faire de la plongée, car c'est sa passion ultime. 

Alors qu'elle arpente des fonds marins qu'elle semble déjà connaître par cœur, une jeune fille de son âge nommée Futaba stoppe son scooter devant la boutique de la grand-mère, avec qui elle échange quelques mots. On y apprend qu'elle vient d'arriver dans la région et qu'elle va aller dans le même lycée que Hikari (heureuse coïncidence). 

Les deux filles vont seulement se croiser ce jour-là, mais elles auront l'occasion de se parler dès le lendemain puisqu'elles seront, contre toute attente ! dans la même classe. 


Le feu et la glace 

Allez, si on commençait l'année par une intrusion dans la piscine du lycée ? C'est sans doute ce qu'a pensé Kozue Amano lorsqu'elle a voulu dessiner la naissance de l'amitié unissant "Pikari", surnom issu de "Hikari" et de "Pika", qui veut dire "lumineux" _ ahah, je viens de faire le lien avec Pikatchu, et "Teko", rebaptisée ainsi car elle a un front haut. 

J'étais sûr que Futaba allait mal prendre ce blase trouvé en trente secondes par la petite Hikari, souvent dessinée sous des traits d'enfant de 8 ans, pour souligner sa candeur et son explosivité ? mais pas du tout ! Elle semble l'accepter aussitôt... comme un peu tout ce que lui proposera la pro de plongée dans les pages suivantes.

Voilà ce qui est à la fois étonnant et assez juste dans la composition des personnages et de leur relation : à première vue, les deux élèves de seconde ont tout pour se détester. Alors que Hikari nous apparaît comme enjouée, dynamique et excessivement bavarde, Futaba semble préférer le calme et la discrétion. Visiblement, elle se soucie beaucoup de l'image qu'elle renvoie. On sent que le côté pile électrique de sa comparse la laisse partagée entre admiration et agacement, mais au final, c'est la curiosité qui l'emporte.


Elles vont très bien s'entendre et se reconnaître comme complémentaires. Hikari, qui dissimule son malaise en jouant les moulins à paroles et en soufflant frénétiquement dans son sifflet de plongée _même en classe... va trouver en Futaba l'oreille attentive dont elle a besoin. "Teko" arrive à se lancer dans des aventures (plus ou moins bien inspirées...) qu'elle n'aurait pas songé à entreprendre seule. 

Comme entrer par effraction dans la piscine du club de plongée du lycée, par exemple, histoire de jeter un oeil au bassin et d'essayer quelques combinaisons... Après deux ou trois longueurs, leur amitié est scellée, et Teko n'est pas loin de se laisser tenter par la discipline de prédilection de sa pote. Un cours théorique des rudiments de la plongée dispensé par leur prof principale, qui est aussi l'adulte en charge du club, va finir de la convaincre. 

A noter que ce chapitre explicatif, qui clôture ce premier tome d'Amanchu! est intéressant puisqu'on s'y familiarise avec quelques unes des préoccupations quotidiennes des plongeurs. Il est question du lien entre la pression et la profondeur, des techniques à connaître pour se déboucher les oreilles et pour remonter efficacement à la surface sans faire exploser ses poumons (en gros)...  

Gné. 

Hormis le coup de la piscine, il ne se passe rien de bien trépidant dans ce volet d'exposition du décor et des personnages, et cela peut se comprendre car l'autrice avait pas mal de choses à nous dire. Il faudra lire les chapitres suivants pour juger de la qualité des péripéties, mais je ne m'inquiète pas à ce sujet.  

Pas besoin d'aller plus loin cependant pour affirmer que ce manga a le mérite d'exister, au moins pour deux raisons : 

  • Le sujet principal est la plongée sous-marine, sport rarement abordé en BD, me semble-t-il. Ca change du foot et du basket... 
  • Amanchu! est classé en "shônen" (=manga aventure ou sport) et il est porté par des filles ; ce qui était bien rare en 2011, année de sa sortie en France.  

Bizarrement, Amanchu! m'a rendue assez nostalgique. Il m'a beaucoup rappelé mes premières heures au lycée, et ma rencontre avec Mélanie, une copine dont j'ai déjà parlé ici, ici, ici et même . Je me souviens que cette mini météorite était venue s'écraser à côté de moi sans me connaître, le jour de la rentrée, et qu'elle avait tout de suite engagé la conversation alors que je n'avais pas du tout envie d'avoir d'interactions avec qui que ce soit. Je connaissais déjà tout son CV depuis la maternelle avant que le prof d'italien M. Roger ait fini de copier l'emploi du temps au tableau. Son débit de paroles m'avait à la fois bluffée et exaspérée. Comme Futaba, j'ai compris un peu plus tard que cette apparente aisance n'était pas forcément naturelle et servait surtout à gérer des situations angoissantes.     

Kozue AMANO - Amanchu ! 1 - Ki-oon, 2011. 176 p. ISBN 978-2-35592-245-9. 

  • Pour les Parisiens, la suite de la série est disponible à la médiathèque Marguerite Duras (Porte de Bagnolet)
  • Une version anime est disponible ; vous pouvez aussi découvrir la suite en VOSTF sur la chaine Youtube Manga Total (je crois qu'il n'y a pas tous les épisodes...).