mardi 31 décembre 2024

[LECTURE DE VACANCES] Le fantôme des Cévennes - Isabelle Renaud (2024)

Le hasard des rencontres fait que, lorsque Mme Renaud est venue au collège pour animer un atelier d'écriture avec l'une de nos classes, et nous a fait découvrir par la même occasion son roman Le fantôme des Cévennes, elle a fait écho sans le savoir à des questions qui me sont familières : la vie loin de la ville, les Protestants en France (et leur difficulté à se faire une place), et surtout, dernièrement, la maladie. 

On se prépare souvent à ce que ses parents soient confrontés à des problèmes de santé en prenant de l'âge, même si on n'y est jamais prêt, même si on espère que ça arrivera le moins souvent possible. Mais quand ça tombe sur sa jeune sœur qu'on a toujours vu comme un exemple de robustesse _et une mère de famille dynamique et irréprochable dans son hygiène de vie... On tombe de très haut.

Le fantôme des Cévennes a donc intégré le CDI il y a peu ; faisons une pause dans les lectures du Prix des Incorruptibles CM2 - 6ème pour en parler. 

Résumé

Depuis qu'il sait que sa tante Colette est atteinte d'un cancer, Gaby a pris ses distances avec elle : il l'adore, mais l'idée de la voir malade et diminuée de terrorise. Aussi n'est-il pas très emballé lorsqu'il apprend qu'elle l'invite, lui et sa petite sœur, à venir passer une semaine de vacances avec elle dans les Cévennes.

L'appréhension s'estompe une fois sur place : Colette est plutôt en forme, d'autant que sa femme est là pour veiller sur elle, et le coin montagneux et boisé où ils séjournent ne demande qu'à être exploré par des petits citadins. Gaby et sa soeur Avril ne tardent pas à faire connaissance avec la famille qui tient le gîte d'étape juste à côté de leur logement de vacances et notamment avec Elsa, la fille des patrons.

Une ombre se dresse bientôt dans le tableau champêtre : la nuit, Avril et Gaby sont souvent réveillés par des bruits suspects et ont l'impression que quelqu'un marche sur le toit. Pour Elsa, qui connaît l'histoire et les légendes de la région comme sa poche, cela ne fait pas de doute : un fantôme de protestant, ou "draket", hante les lieux. Gaby a tout intérêt à faire ce qu'il faut pour l'avoir de son côté, car il est possible qu'il soit mal intentionné. 

Gaby n'est pas plus superstitieux que la moyenne, mais les phénomènes inexplicables se multiplient, et il commence à vraiment flipper ! 

Avis

Un roman jeunesse fantastique vraiment sympa, qui sous ses airs d'"histoire de fantômes" classique, est très original dans les sujets qu'il aborde : l'héritage protestant des Cévennes, la quête des origines, la maladie (comment on vit avec, comment l'entourage l'accepte), les rapports ambigus entre les habitants à l'année et les touristes, les aléas d'AirBnb... 

CDI Collège : OK, à mon avis c'est la cible, même si la quatrième de couverture indique à partir de 9 ans. A mettre entre toutes les mains, dès que possible. 



Le fantôme des Cévennes 

Isabelle Renaud

Editions Thierry Magnier, Coll. "En voiture Simone" - 2024



vendredi 27 décembre 2024

[LIVRE DOCUMENTAIRE] Sexualité, ze big question - Magali Clausener / Jacques Azam (2014)

Sexualité, ze big question 

Magali Clausener 

Jacques Azam

De La Martinière Jeunesse, Coll. "Plus d'Oxygène", 2014

C'est pas la taille qui compte ! 

Sexualité, ze big question a beau être un livre documentaire tout petit format, il est très complet et facile d'accès pour les plus jeunes. Magali Clausener soulève les principales questions que peuvent se poser les adolescents sur les changements de leur corps à la puberté, sur leurs sentiments, et elle tente d'y apporter des réponses complètes et apaisantes. Mais surtout, elle évoque tout ce qui peut faire peur dans la #sexualité : les maladies, tomber enceinte, ce qui se passe dans la tête de l'autre, le consentement.


Si l'ouvrage débute et se termine par des explications qui vont recouper le cours de SVT de 4ème (la reproduction humaine, les règles, la contraception, les IST), les deux grands chapitres centraux intitulés "On a tous un sexe" et "C'est trop bon l'amour" peuvent vraiment aider les lecteurs à dédramatiser de nouveaux aspects de leur vie. 

La mise en page fun et les illustrations de Jacques Azam y contribuent beaucoup en apportant leur dose de légèreté. Au collège, ce sont elles qui intriguent les élèves, qui leur permettent d'assumer le fait qu'ils ont ce livre entre les mains _et qui explique ses disparitions fréquentes... Il me semble qu'elles favorisent vraiment la mixité : on est loin du Dico des Filles et de sa couverture à paillettes. 

Ce numéro de la collection "Plus d'Oxygène" _ la nouvelle génération d'"Oxygène" est sorti en 2014 et il commence à dater : il y aurait plus à dire, aujourd'hui, sur les moyens de contraception masculins, sur la PMA, sur la façon dont la sexualité est représentée sur Internet et des réseaux. Mais il reste largement recommandable ! 

On apprécie que la prévention des dangers et des interdits (inceste, pédophilie, violences...) n'ait pas été oubliée.


Comme une merde

"Est-ce que tu peux me prendre en photo avec mon téléphone ?" 

"... Oui bien sûr... " 

La demande de Mme M. est insolite ; d'habitude, lorsqu'elle m'appelle, c'est pour me demander s'il faut recharger les flacons de gel hydroalcoolique, des paquets de lingette ou des sacs poubelles supplémentaires. Ou alors, un élève a laissé des saloperies dans un box ou sous un fauteuil du CDI, et elle tient à me le signifier. 

Appuyant quelques instants son balai contre le chariot qui l'accompagne partout, elle prend la pose contre le mur en m'expliquant : 

"Bientôt, j'irai à la Mecque, hamdoullah. Il faut que j'envoie des photos pour le guide. Tu sais, là-bas, c'est tellement grand et il y a tellement de monde qu'il faut y aller avec un guide." 

Je ne réalise pas trop, je sais juste que pour les musulmans, il est important de faire ce pèlerinage. On prend une première photo, elle tique un peu : "on refait, on refait". 

On refait. 

"Vous y allez avec votre famille ?

_ Oui, avec mon mari et ma fille !

Elle m'explique qu'ils ont failli partir deux ans plus tôt, mais qu'ils se sont fait planter au dernier moment. Elle espère que cette fois-ci sera la bonne.

C'a été la bonne ; en janvier, elle est revenue avec des photos et une grande satisfaction intérieure. 

J'aimerais beaucoup rester sur ce bon souvenir de Mme M., qui est décédée quelques mois plus tard, à la fin de l'été. 

Malheureusement, lorsque je pense à elle, ce n'est pas son bon visage amène et rassurant qui me vient en tête en premier, mais l'expression blasée et dégoûtée de quelqu'un qui doit se résoudre à nettoyer littéralement la merde des autres. 

On était alors rendus au mois d'avril. Un matin, au début de la récréation de 10h, le couloir du premier étage a commencé à résonner de cris stridents et de rires hystériques. La rumeur nous a vite appris que quelqu'un avait "chié dans le couloir", et que malheur à qui marcherait dedans. Déjà, plusieurs adultes avaient quitté leurs salles de classe ou leurs postes pour valider l'information. Ils furent formels : sur le sol, près de l'escalier, il y avait bien "ce qu'on pensait que c'était". 

Oh, il n'y avait pas de quoi faire tant de raffut : c'était en fait un tout petit étron qui gisait au sol et qui semblait pétrifié par tous ces profs venus l'encercler ; un.e élève un peu couillon.ne l'avait sans doute prélevé dans la couche du petit dernier, en prévision d'une bonne blague. On aurait pu régler l'affaire en trente secondes, en prenant un mouchoir (allez, deux-trois si on est une princesse) et en allant le foutre dans la première cuvette de chiottes qu'on aurait trouvé sur notre chemin. Mais non. On a préféré établir un périmètre de sécurité "afin que personne ne marche dedans" et évacuer la zone, le temps qu'une délégation puisse traverser le collège afin d'aller chercher... "un agent d'entretien pour s'occuper de ça". 

Mme M. arriva quelques minutes plus tard, avec son chariot habituel et un seau de sciure. Eh oui, l'incident avait eu lieu dans son secteur, alors c'était sur elle que retombait cette tâche ingrate (qui l'avait sans doute détournée d'une autre pas beaucoup plus valorisante). Elle s'en était acquittée rapidement, sans se plaindre, comme à son habitude, avant de repartir vaquer à ses occupations. 

"Regarde ce qu'ils font ! C'est méchant !", m'avait-elle lancé, de loin, pestant contre les gosses alors que je remettais les chaises du CDI à leur place, l'air de rien. J'étais mal à l'aise en pensant que les profs étaient sans doute en train de se remettre de leurs émotions devant un café, d'autant que je n'avais pas bougé le petit doigt, moi non plus.

Seule une collègue revenue dans sa classe entre temps l'avait remerciée furtivement en passant à côté d'elle. 

La solution facile serait de dire que "c'était son travail, après tout", mais j'espère que personne ici ne se risquera à le penser, car ce serait une ineptie : un agent d'entretien est là pour assurer l'hygiène des locaux, selon des techniques conformes à son intégrité. Pas pour gommer tout ce qui nait des esprits les plus tordus. 

La mort de Madame M. nous a surpris. Notre collègue était malade depuis quelques temps, mais est-ce qu'on le savait ? Non, et ça veut peut-être dire quelque chose. Pourquoi n'avons-nous pas été capables de nous mettre à la page et de la soutenir ? Parce que jamais nous ne l'avons regardée pour de vrai, et cela nous a empêché de remarquer et d'interpréter des signes de fatigue. Si on avait pris la peine de réellement s'intéresser à son sort, elle se serait peut-être sentie légitime de nous parler de son état de santé. Mais ce n'est pas ce qu'on a fait. Inutile de faire les choqués maintenant. 

Je le reconnais sans problème, j'ai été aussi utile qu'une pute vêtue d'une ceinture de chasteté, sur ce coup-là, et j'ai encore moins d'excuses que mes collègues profs qui, en tant qu'enfants de bourgeois/fonctionnaires pour la plupart, ne peuvent se représenter toutes les difficultés des métiers pénibles. Quasiment tous les matins depuis plus de quatre ans, je voyais Madame M. et j'échangeais quelques mots avec elle. Fin juin, elle m'a souhaité bonnes vacances et m'a laissé un peu de matériel de ménage que "je lui rendrais à la rentrée". Je ne l'ai pas questionnée sur le fait qu'elle ne soit pas là pour les permanences de juillet, comme c'était le cas d'habitude. Ca ne m'a pas interpelée, et ça aurait dû. 

Grand sourire étalé sur son bon visage rieur et serein, presque rassurant. RAS. 

Bien sûr, je ne me voyais pas écrire tout ce qui me pesait dans le livre d'or à destination de la famille qu'on avait déposé en salle polyvalente, à l'occasion de l'hommage rendu fin septembre. Ni quoi que ce soit d'autre : ma conscience ne m'y autorisait pas. 

J'ai juste regardé ses enfants endeuillés, de loin et de biais, alors que les personnels qui avaient bien voulu se sentir concernés présentaient leurs condoléances. Force était de constater que beaucoup n'avaient pas daigné bouger leur cul pour l'occasion. S'il avaient appris qu'un jour on avait sonné leur mère pour nettoyer les saloperies d'un crétin... ils nous auraient peut-être défoncé la gueule un par un, et franchement nous l'aurions mérité. 


jeudi 26 décembre 2024

Le Prix des Incorruptibles Surprise !! Sélection CM2 - 6ème

La principale adjointe de notre bahut nous a sorti du chapeau une inscription toute chaude au Prix des Incorruptibles pour l'une de nos classes de 6ème, ainsi que pour une classe de CM2 d'une école primaire du secteur, au nom de la liaison école-collège ! On ne va pas s'en plaindre... même si la façon de procéder lui aurait attiré les foudres de la plupart de mes collègues, ahah ! Enfin, tant que c'est profitable aux élèves, moi ça me va. 

Du coup, on va essayer de faire un petit focus sur chacun des titres de la sélection CM2 - 6ème de cette année, histoire d'être prêts à bosser en janvier ! 

1 - La Maison des mots perdus 

Kochka 

Flammarion Jeunesse, 2024


C'est l'anniversaire de Ravi, il a dix ans. En ce jour de fête, et malgré l'énorme gâteau que son père a fait livrer à l'école pour qu'il puisse le célébrer avec tous ses camarades, il n'a pas la pêche. Trop de questions se bousculent en lui depuis quelques temps : pourquoi sa mère, pourtant aimante, ne franchit-elle jamais la porte de la maison familiale ? pourquoi reste-t-elle mutique, sauf quand elle chante en bengali _une langue qu'il ne connaît pas ? pourquoi son père, un médecin réputé, est-il toujours aux abonnés absents ? On lui cache tout, on ne lui dit rien ! Mais à qui parler de tout cela, et comment ? Ses copains sont sympas, mais ils n'ont de toute évidence pas les mêmes préoccupations que lui. 

Heureusement, la petite école des Vosges où est scolarisé Ravi est chapeautée par un directeur attentif et bienveillant qui repère tout de suite un coup de mou de son élève : il est bien décidé à le débarrasser de la chape de plomb qu'il porte sur ses épaules ; il va mettre à contribution M. Akimasa, le jardinier de l'école. 

Alors, je dois dire que les premières pages m'ont filé quelques sueurs : un père alsacien en déplacement qui semble régler les problèmes avec des biftons, une mère indienne qui l'a eu à 18 ans, qui ne parle pas français, qui ne parle pas tout court, cloîtrée chez elle... Comment interpréter cette situation de départ ? 

Au fil du roman, le malaise s'estompe, laissant place à la poésie et à la douceur. Les mystères se dénouent petit à petit, les réponses arrivent, douloureuses mais nécessaires. Les adultes de son entourage proposent à Ravi d'extraire le positif de toute situation pour mieux faire face à la dure réalité, et j'avoue que j'ai un peu de mal avec ça... mais ça se défend. 

Cette lecture m'a fait penser au Garçon au pyjama rayé de Boyne, dans le sens où Kochka parvient à rendre compte de faits sordides en conservant un ton et un vocabulaire adaptés à la jeunesse. On se doute que l'exercice n'a pas dû être facile. 




Passage à Bordeaux...

2 - La Bête et Bethany - Tome 1 

Jack Meggitt-Phillips, illustrations d'Isabelle Follath

Bayard, 2022 

Couverture : édition Livre de Poche Jeunesse

La relève de Roald Dahl est assurée ! J'ai eu un vrai coup de cœur pour le premier tome de La Bête et Bethany, un roman jeunesse qui figure dans la sélection CM2-6ème du #Prixdesincos _et qui, ma foi, pourrait bien remporter la #bourriche !

Ebenezer est un gentilhomme anglais respectable et solitaire, aussi riche qu'égoïste. Il a 511 ans, mais il a le physique d'un jeune premier. Comment parvient-il à traverser les siècles sans prendre une ride ?

Tout simplement grâce à la Bête, une créature horrible et cruelle qu'il cache et nourrit dans son grenier, en échange de cadeaux et d'un élixir magique qui lui permet de garder la jeunesse éternelle. 

La Bête est gourmande, difficile, avide de mets toujours plus originaux ; souvent, Ebenezer doit de plier en quatre pour lui rapporter sa pitance, mais il y parvient toujours : c'est aussi dans son intérêt. Or, lorsqu'elle lui fait part de son envie de gober un enfant, les choses se compliquent ! Non pas que sacrifier un gosse pose un problème particulier à Ebenezer, mais bon, il voit bien qu'autour de lui, les gens ne cèdent pas si facilement les leurs... 

C'est à ce moment-là qu'il croise le chemin de Bethany, une petite terreur qui passe sont temps à retourner l'orphelinat qui l'a recueillie, à coups de mauvaises blagues et d'insolences. Il la ramène chez lui, pressé de s'en débarrasser, mais la Bête refuse de bouffer Bethany car elle est trop maigre : il n'a qu'à la faire grossir et la lui présenter dans quelques jours. En attendant, pas de potion, bien sûr. 

Ebenezer est bien embêté : lui qui aime le calme et le confort, il va devoir cohabiter avec cette peste qui défonce tout ce qui passe dans son champ de vision... 

Entre la Bête, Bethany et Ebenezer, trois êtres détestables à leur échelle, lequel est le plus monstrueux ?

Un cocktail bien traître avec un poil de BGG, de Mortelle Adèle, une pincée de Dorian Gray, un peu de #fantastique et deux litres de #thé. Sans oublier quelques gouttes d'amertume : les échanges entre Bethany et Ebenezer amènent subtilement des thèmes sérieux, comme la mort, le #vieillissement, l'#empathie, le bonheur.   

Pour finir, voici une interview très instructive dans laquelle Jack Meggitt-Phillips fait un lien entre son livre et le #boxingday justement, ahah. (Cette vidéo a été trouvée sur la chaîne de la Librairie Mollat). 

La lampe pierre de sel est un cadeau offert par ma sœur. 
Cela me touche qu'elle ait pris le temps de m'en faire un, car elle a un gros problème de santé à gérer actuellement.


mardi 24 décembre 2024

[CONCOURS LECTURE 3°, oui je sais, ça a changé] La magnifique - Anne Laure Bondoux (2005)

La mise en place inéluctable de ce fameux Choc des Savoirs, contre lequel nous avons tant lutté l'année dernière, nous casse déjà les noix ! La répartition des profs de lettres du collège a changé pour les nécessités de l'alignement des classes ouvertes aux groupes de besoins, et les collègues avec qui nous devions mettre en place un concours de lecture en 6ème... n'ont plus de 6ème, ce qui gêne un peu le bon déroulement du projet, ahah ! 

Du coup, on a essayé de faire plancher les 3ème là-dessus, en changeant la liste d'œuvres évidemment _exit Miss Crampon et l'histoire du furet qui pue) en dirigeant les objectifs sur une restitution en format podcast des lectures, et en ouvrant la possibilité de présenter leur travail à l'oral du DNB. 

Petit zoom sur l'un des titres figurant dans notre "sélection 3ème". 

La Magnifique (Pépites) - Anne-Laure Bondoux (2005)

C'est l'histoire d'une rousse à gros seins, d'un manchot et d'un cul-de-jatte qui traversent l'Amérique dans une cariole... 

Bella Rossa, 20 ans, enchaîne les déconvenues depuis sa naissance : sa mère a fui leur foyer familial de Maussad-Vallée, une contrée reculée de l'ouest américain qui porte bien son nom ; sa poitrine énorme lui vaut d'être reluquée et harcelée constamment par les mecs du coin. Cerise sur le gâteau, elle doit subvenir aux besoins d'un père paralysé et alcoolique qui la battrait encore si ses jambes pouvaient le porter... 

On l'imagine, Bella Rossa n'a pas eu d'autre choix que de faire preuve de caractère pour s'imposer et survivre. 

Lorsque la guerre éclate et que les balles commencent à siffler trop près de la ferme, la jeune femme saute sur l'occasion pour changer de vie. Sans lui laisser le temps de s'opposer, elle charge son père dans la charrette et se lance à la poursuite de son rêve d'enfant : devenir colporteuse. Les calamités ne font que commencer, les rencontres plus ou moins heureuses vont s'enchaîner... 

Avis de lecture

La magnifique est un road-trip sur fond de chercheurs d'or, de batailles et d'essor de la modernité. Mais c'est surtout l'histoire d'une femme parmi tant d'autres, qui doit lutter constamment pour être respectée, dont l'amour propre sera brisé à plusieurs reprises par l'homme qu'elle aime. Qui verra le cœur sous les seins, sous la carapace de brute épaisse ? 

Ce roman jeunesse est indiqué 13 ans et +, ce qui me paraît approprié, mais reste tout à fait intéressant pour des 3ème. Il est surtout surprenant dans sa tonalité : Anne-Laure Bondoux, que je découvre après en avoir entendu le plus grand bien, a l'art de raconter les drames avec légèreté. On hésite entre rire et pleurer devant le fatalisme de l'héroïne face aux mésaventures cruelles et cyniques qui lui tombent dessus... Il  y a décidément un côté féministe dans ce livre, même si la quatrième de couverture n'y fait pas allusion.

On ne voit pas passer les 350 pages réparties en chapitres très courts.