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jeudi 26 décembre 2024

Le Prix des Incorruptibles Surprise !! Sélection CM2 - 6ème

La principale adjointe de notre bahut nous a sorti du chapeau une inscription toute chaude au Prix des Incorruptibles pour l'une de nos classes de 6ème, ainsi que pour une classe de CM2 d'une école primaire du secteur, au nom de la liaison école-collège ! On ne va pas s'en plaindre... même si la façon de procéder lui aurait attiré les foudres de la plupart de mes collègues, ahah ! Enfin, tant que c'est profitable aux élèves, moi ça me va. 

Du coup, on va essayer de faire un petit focus sur chacun des titres de la sélection CM2 - 6ème de cette année, histoire d'être prêts à bosser en janvier ! 

1 - La Maison des mots perdus 

Kochka 

Flammarion Jeunesse, 2024


C'est l'anniversaire de Ravi, il a dix ans. En ce jour de fête, et malgré l'énorme gâteau que son père a fait livrer à l'école pour qu'il puisse le célébrer avec tous ses camarades, il n'a pas la pêche. Trop de questions se bousculent en lui depuis quelques temps : pourquoi sa mère, pourtant aimante, ne franchit-elle jamais la porte de la maison familiale ? pourquoi reste-t-elle mutique, sauf quand elle chante en bengali _une langue qu'il ne connaît pas ? pourquoi son père, un médecin réputé, est-il toujours aux abonnés absents ? On lui cache tout, on ne lui dit rien ! Mais à qui parler de tout cela, et comment ? Ses copains sont sympas, mais ils n'ont de toute évidence pas les mêmes préoccupations que lui. 

Heureusement, la petite école des Vosges où est scolarisé Ravi est chapeautée par un directeur attentif et bienveillant qui repère tout de suite un coup de mou de son élève : il est bien décidé à le débarrasser de la chape de plomb qu'il porte sur ses épaules ; il va mettre à contribution M. Akimasa, le jardinier de l'école. 

Alors, je dois dire que les premières pages m'ont filé quelques sueurs : un père alsacien en déplacement qui semble régler les problèmes avec des biftons, une mère indienne qui l'a eu à 18 ans, qui ne parle pas français, qui ne parle pas tout court, cloîtrée chez elle... Comment interpréter cette situation de départ ? 

Au fil du roman, le malaise s'estompe, laissant place à la poésie et à la douceur. Les mystères se dénouent petit à petit, les réponses arrivent, douloureuses mais nécessaires. Les adultes de son entourage proposent à Ravi d'extraire le positif de toute situation pour mieux faire face à la dure réalité, et j'avoue que j'ai un peu de mal avec ça... mais ça se défend. 

Cette lecture m'a fait penser au Garçon au pyjama rayé de Boyne, dans le sens où Kochka parvient à rendre compte de faits sordides en conservant un ton et un vocabulaire adaptés à la jeunesse. On se doute que l'exercice n'a pas dû être facile. 




Passage à Bordeaux...

2 - La Bête et Bethany - Tome 1 

Jack Meggitt-Phillips, illustrations d'Isabelle Follath

Bayard, 2022 

Couverture : édition Livre de Poche Jeunesse

La relève de Roald Dahl est assurée ! J'ai eu un vrai coup de cœur pour le premier tome de La Bête et Bethany, un roman jeunesse qui figure dans la sélection CM2-6ème du #Prixdesincos _et qui, ma foi, pourrait bien remporter la #bourriche !

Ebenezer est un gentilhomme anglais respectable et solitaire, aussi riche qu'égoïste. Il a 511 ans, mais il a le physique d'un jeune premier. Comment parvient-il à traverser les siècles sans prendre une ride ?

Tout simplement grâce à la Bête, une créature horrible et cruelle qu'il cache et nourrit dans son grenier, en échange de cadeaux et d'un élixir magique qui lui permet de garder la jeunesse éternelle. 

La Bête est gourmande, difficile, avide de mets toujours plus originaux ; souvent, Ebenezer doit de plier en quatre pour lui rapporter sa pitance, mais il y parvient toujours : c'est aussi dans son intérêt. Or, lorsqu'elle lui fait part de son envie de gober un enfant, les choses se compliquent ! Non pas que sacrifier un gosse pose un problème particulier à Ebenezer, mais bon, il voit bien qu'autour de lui, les gens ne cèdent pas si facilement les leurs... 

C'est à ce moment-là qu'il croise le chemin de Bethany, une petite terreur qui passe sont temps à retourner l'orphelinat qui l'a recueillie, à coups de mauvaises blagues et d'insolences. Il la ramène chez lui, pressé de s'en débarrasser, mais la Bête refuse de bouffer Bethany car elle est trop maigre : il n'a qu'à la faire grossir et la lui présenter dans quelques jours. En attendant, pas de potion, bien sûr. 

Ebenezer est bien embêté : lui qui aime le calme et le confort, il va devoir cohabiter avec cette peste qui défonce tout ce qui passe dans son champ de vision... 

Entre la Bête, Bethany et Ebenezer, trois êtres détestables à leur échelle, lequel est le plus monstrueux ?

Un cocktail bien traître avec un poil de BGG, de Mortelle Adèle, une pincée de Dorian Gray, un peu de #fantastique et deux litres de #thé. Sans oublier quelques gouttes d'amertume : les échanges entre Bethany et Ebenezer amènent subtilement des thèmes sérieux, comme la mort, le #vieillissement, l'#empathie, le bonheur.   

Pour finir, voici une interview très instructive dans laquelle Jack Meggitt-Phillips fait un lien entre son livre et le #boxingday justement, ahah. (Cette vidéo a été trouvée sur la chaîne de la Librairie Mollat). 

La lampe pierre de sel est un cadeau offert par ma sœur. 
Cela me touche qu'elle ait pris le temps de m'en faire un, car elle a un gros problème de santé à gérer actuellement.


samedi 4 janvier 2020

Le Petit Prince de Calais - Pascal Teulade (2016)


Bonne année à tous !

On commence 2020 par un roman pour la jeunesse qui ne vous laissera certainement pas insensibles, et dont vous avez dû entendre parler : Le Petit Prince de Calais, écrit par Pascal Teulade et publié en 2016.

Ce titre a fait partie de la sélection du Prix des Incorruptibles 2018 - 2019, sélection 5ème/4ème.




Jonas coule une vie paisible en Érythrée avec sa famille. Doué pour la pêche et passionné par la mer, il est à la fois le héros de sa petite soeur, le bras droit de son père, le prince de sa mère et de sa grand-mère. Oui, mais à force de penser aux poissons, Jonas a négligé les cours au point de se faire exclure de l'école. Cela signifie qu'en dépit de ses quinze ans, il est disponible pour servir dans l'armée de son pays. Les parents du jeune homme s'inquiètent : il ne savent que trop bien quel sort est réservé aux jeunes militaires, et ils veulent à tout prix l'y soustraire. La mort dans l'âme, ils se résignent à prendre l'autre option : l'immigration : Jonas ira tenter sa chance en Angleterre, et on fera comme s'il avait fugué. Je n'ai pas le souvenir d'avoir lu une date précise, mais on peut dire à vue de nez que l'action se situe aux alentours de 2015.





Quelques jours plus tard, Jonas est confié à un passeur, avec dans son baluchon quelques effets personnels, dont son livre favori : Le Monde extraordinaire de la mer, l'adresse d'un cousin inconnu griffonnée au dos d'une photo, un téléphone portable. Sa mission : aller à Londres, s'y faire une place au soleil, trouver du travail. Les indications qu'on lui donne lui semblent bien abstraites, et les questions qu'il pose restent sans réponse. Mais avant même qu'il ait eu le temps de se retourner, le voilà parti en toute discrétion.

Heureusement, il a eu le temps d'offrir à sa soeur un petit calendrier de l'Avent en guise de cadeau de départ : tous les jours, du 1er au 24 décembre, elle devra ouvrir une fenêtre du calendrier et manger le chocolat qui se cache derrière. Cela lui permettra de ne pas l'oublier.  

Le prince est devenu un migrant parmi tant d'autres.

Issu d'une famille chrétienne, Jonas se sent d'abord porté par la force du prophète Jonas, celui qui a passé trois jours dans une baleine avant de délivrer le message de Dieu. Le voyage du garçon jusqu'à Calais évoque la mésaventure de son homonyme biblique : ballotté de camion en camion, aussi bien caché que s'il s'était fourré dans un gros poisson. Si personne ne le jettera par-dessus bord, d'autres migrants ne manqueront pas de le dépouiller de ses frusques pendant son sommeil. La Jungle de Calais sera un peu sa baleine ; elle ne le gardera pas trois jours mais vingt-quatre, et surtout, elle ne le recrachera pas.

Comme dirait Shrek : "Vaut mieux que ce soit dehors que dedans"

En effet, Jonas se retrouve bloqué en France, à Calais plus précisément, alors qu'il est relativement près du but, en comparaison au chemin parcouru depuis l'Erythrée. Il se rend compte qu'il n'est pas facile de passer une frontière lorsqu'on n'a pas de papiers.

A travers son regard, on découvre le quotidien d'un camp de migrants, et, même nous adultes, on prend conscience de dizaines d'obstacles auxquels on ne pense pas lorsqu'on a un toit et qu'on n'est pas dans le besoin : la difficulté d'avoir les pieds protégés et au sec, l'impossibilité de se laver, d'accéder aux soins, de pouvoir protéger ses effets personnels, son intégrité physique, de franchir la barrière de la langue... L'auteur Pascal Teulade arrive à nous rendre compte efficacement de cette réalité, et il sait de quoi il cause, puisqu'il a passé plusieurs semaines dans la Jungle de Calais aux côtés de l'association Médecins du Monde. Je vous renvoie vers l'interview livrée à la Radio Télévision Suisse.  en mars 2017.


Petit à petit, les forces du petit Érythréen s'amenuisent, le lien qui le rattache à sa famille s'élime de jour en jour. Les atteintes à son corps causées par une blessure à la main, au pied... finissent de lui saper le moral.

Un seul rayon de soleil l'empêche de sombrer au milieu des dunes et du bidonville : la compagnie d'une bande d'adolescents calaisiens plus ou moins en maraude dans la Jungle, ou en tous cas soucieux d'aider les personnes en situation précaire. La plus motivée d'entre eux est Anémone, une jeune fille avec qui Jonas sympathise malgré ses difficultés à communiquer avec elle. Leurs bonnes intentions suffiront-elles à changer le cours du destin ? On aimerait y croire, mais un ravin de misère et de paperasse les sépare. J'en profite pour glisser que ce groupe de jeunes est, à mon avis, le seul élément du roman qui ne soit pas réussi : je les trouve un peu tartes et pas du tout raccord avec les adolescents des années 2010. Mais ce n'est qu'un avis personnel.

On va pas se le cacher, les dernières pages n'ont rien d'un happy end ; cependant, Pascal Teulade nous accorde la possibilité de lire Le Petit Prince de Calais comme un conte et de croire en une fin ouverte. 

Les très belles illustrations de la couverture et de l'intérieur du livre sont signées Marie Mignot.

Thèmes : immigration / famille / amitié / 

Bien que ce roman mérite son petit Prozac d'Or larmoyant d'après les fêtes, il est à mettre entre toutes les mains de la tranche 10-15 ans, je dirais, encore que, comme l'indique l'éditeur, "chaque lecteur est unique". Toute prise de conscience est un point de départ vers une amélioration dans l'accueil des migrants. On n'a pas énormément de livres, qu'il s'agisse de fictions ou de documentaires, qui parlent de ce sujet d'actualité : quand quelqu'un se bouge pour parler de questions qui dérangent et devant lesquelles on a pris l'habitude de fermer les yeux, il faut en parler et diffuser son travail. D'autant plus quand l'oeuvre est réussie. 

Les droits du livre sont reversés à Médecins du Monde.



Pascal TEULADE. Le Petit Prince de Calais. La Joie de Lire, 2016. Coll. Hibouk. 167 p. ISBN 978-2-7511-0669-9


jeudi 21 juillet 2016

Larme de rasoir, suivie d'une pause vampire ! Le Manoir - 1 - Liam et la carte d'éternité - Evelyne Brisou-Pellen (2013)


Fin 2014, je me moquais gentiment de la sélection 5°/4° du Prix des Incorruptibles en disant qu'on ne pouvait guère proposer aux enfants de romans aux thématiques plus déprimantes (maladie, mort, fantômes en souffrance, dépérissement irréversible de la Terre...). Parmi les titres en question figurait Le Manoir 1, Liam et la carte d'éternité, premier tome d'une série écrite par Evelyne Brisou-Pellen.

Alors forcément, en lisant le nom de l'auteure, la nostalgie a pris le dessus sur le cynisme et j'ai eu un peu moins envie de grincer des dents : Evelyne Brisou-Pellen, a également écrit Un si terrible secret, une histoire dans laquelle, si je me souviens bien, une petite fille enquêtait sur la mort douteuse de ses grands parents. Il avait fallu qu'elle passe au crible les journaux intimes de sa grand-mère et qu'elle remonte dans la noirceur du début des années 1940 pour trouver des réponses à ses questions. Ce livre lu il y a presque vingt ans ! dans le cadre des "Parcours Diversifiés" programmés en 5° était passé comme une lettre à la poste et il est resté un de mes très bon souvenir de lecture en tant qu'élève.
 


Oh, j'aurais sûrement adoré Le Manoir aussi, même si l'intrigue se situe à des lieues du roman sus-cité. Liam, 15 ans, se remet tranquillement d'une longue maladie. A sa sortie de l'hôpital, il se retrouve en convalescence dans un établissement qui tient plus du manoir hanté un peu glauque que de la maison de repos. Pourquoi pas ! Mais, comprenant qu'il n'est ni autorisé à sortir, ni à avoir de visiteurs, et que ses voisins de chambre sont tous aussi illuminés les uns que les autres, il prend peur et cherche à s'enfuir à tout prix. Or, nul n'arrive au Manoir par hasard, et nul n'en sort sans s'être posé les bonnes questions...  




En bon maître des lieux, le Dr Roy fait mine de ne pas comprendre les inquiétudes de son patient et ne lui fournit que des renseignements évasifs sur la durée de son séjour et sur les activités qui lui sont autorisées. Il n'empêche que Liam n'a pas envie de se montrer conciliant face à un homme plutôt agressif qui se prend pour un guerrier grec, une couturière d'autrefois qui cherche vainement sa fille ou à des gamins complètement mythos. Sans compter les conditions de vie qui lui sont imposées. Oh, il ne manque de rien : la nourriture est bonne et il a de l'eau chaude pour prendre son bain. Mais comment se passer de télé, d'ordi et de téléphone portable lorsqu'on vit avec son temps ? N'importe quel ado taperait sa crise !

Puisque personne ne veut l'aider à quitter ces lieux sinistres, puisque tout le monde semble ligué pour lui faire des cachotteries, il se débrouillera seul ! Sauf que, passer le portail du Manoir n'est pas une chose aisée... surtout lorsque celui-ci s'amuse à disparaître quand on le cherche. Bientôt, Liam n'aura d'autre choix que celui de tourner en rond ; et si la clé de la vérité se trouvait tout simplement dans le bureau du Dr Roy... ou juste à côté ? Faute d'une meilleure alternative, il décide de mener l'enquête entre les murs du château... et tombe sur la Carte d'éternité.


Euh, c'est un vrai enfant ? 



Reconnaissons-le, même l'auteure sait capter notre attention par son écriture légère et agréable, notre exploration du manoir à travers les yeux du héros nous a paru un peu fastidieuse dans un premier temps. Bien sûr, il est nécessaire que les lecteurs aient connaissance du contexte ; on a besoin de s'étonner de l'absence d'électricité dans les différentes pièces de cette curieuse "maison de convalescence" surannée ; on comprend que Liam soit désarçonné par l'excentricité de ses voisins de chambre, et que toutes ses observations soient des plus détaillées. Mais, comme ce petit malade en quête de confort et de tranquillité ne nous est pas spécialement sympathique, les remarques dont il nous fait part nous agacent rapidement. On le trouvera râleur, un poil intolérant ?, et drôlement scolaire pour un ado de quinze ans ! Le voilà qui nous parle histoire, SVT, latin et... encore histoire. Encore heureux qu'il ait été largué dans le Manoir ! S'il avait atterri dans un collège REP, c'eût été une toute autre affaire ! Il aurait eu accès à Internet, mais il se serait aussi fait traiter de gros bouffon en moins de deux.

Or, il s'agit-là d'un avis purement personnel ; le côté "historien" de Mme Brisou-Pellen est passé par là, et s'il me plaisait beaucoup lorsque j'avais 12 ans, le charme ne fait plus vraiment effet, ce qui est somme toute logique. Les amateurs de vieilles bâtisses hantées et truffées de pièces secrètes telles qu'on peut en rencontrer dans les Harry Potter ou dans L'île du crâne d'Anthony Horowitz prendront plaisir à errer avec Liam dans le Manoir.

A lire aussi ! 

Puis l'action s'accélère et prend une dimension fascinante avec la découverte par Liam d'une incroyable Carte d'éternité, une sorte d'écran qui lui permet de voyager dans l'espace et dans le temps. Il peut aussi bien visualiser un endroit _à la Google Street View_ en indiquant les coordonnées temporelles et géographiques adéquates, que s'y rendre pour de bon. En apprenant à utiliser ce véritable miroir du passé, il va trouver une réponse à toutes les questions qu'il se pose depuis le début de son séjour : qui sont les pensionnaires du Manoir ? qu'est-ce qui les a amenés en ces lieux ? quel rôle est-il censé jouer auprès d'eux ? sont-ils des psychopathes ou... des fantômes ? Mais attention ! comme n'importe quel autre outil, la carte présente des dangers si l'on ne s'en sert pas avec prudence... Lui qui a toujours rêvé d'être détective a du pain sur la planche.

Dans les ultimes chapitres, le voile se lève sur bien des mystères, et le lecteur pourra s'amuser à reprendre les premières pages à la lumière des informations dont il dispose à la fin. Il comprendra à quel point il s'est bien fait avoir !



Ce beau roman riche en éléments historiques n'est pas si triste que ça, finalement ; par le ressort humoristique même, il amènera les jeunes lecteurs à réfléchir sur la maladie, la différence et l'acceptation de la mort. Les amateurs de fantômes et d'âmes tourmentées y trouveront aussi leur compte ; d'ailleurs, pour la petite histoire, Le Manoir 1 a remporté le prix des Incorruptibles 2014/2015 pour la sélection 5°/4°... Sachez que derrière ce premier volet, cinq ou six volumes vous attendent, alors ne perdez pas de temps ! A vos bésicles et au boulot !


Evelyne BRISOU-PELLEN. Le Manoir 1 - Liam et la carte d'éternité. Bayard Jeunesse, 2013. 368 p. ISBN 978-2-7511-0514-2


Allez, puisqu'on y est, restons du côté des morts avec Vampire Diaries !!!  Voici un petit résumé de l'épisode 2 de la première saison, dont la dernière diffusion doit dater d'une éternité ! Ahah.



Episode 2 - "La nuit de la comète"

"Fallait bien qu'elle sache, pour ta syphilis..."

Les habitants de Mystic Falls avaient presque réussi à oublier les phénomènes paranormaux qui caractérisaient leur petite bourgade. Mais l'attaque récente de plusieurs personnes, vraisemblablement due à "une bête sauvage" pourrait bien réveiller les vieilles croyances populaires. Stephen craint que les choses tournent mal pour lui, et peste contre son frère : n'est-ce pas lui qui s'en est pris à Vicky, la soeur de Matt ? Pour ne pas ébruiter l'événement, le vampire repenti s'introduit dans la chambre d'hôpital de la jeune serveuse et l'hypnotise afin qu'elle ne puisse répondre autre chose que "c'est une bête sauvage qui m'a attaquée" quand on lui posera la question. Qu'à cela ne tienne, personne ne l'empêchera de se reconstruire et de sortir avec Elena. Mais ses pouvoirs sont trop faibles _la faute au manque de sang humain_ et le sortilège n'aura pas l'efficacité espérée.

"Ok ok, c'est un bête sauvage. Tu me fous la paix maintenant ? Et puis d'abord t'es qui ?"

De son côté, Damon semble bien décidé à faire capoter ses projets : en bon vampire charmeur et sadique, il séduit Caroline et s'empresse de parler à Elena du passé sentimental de Stephen. Celle-ci fait un peu la gueule, forcément. Et hop, Damon vous apprend à casser le coup de votre frère en moins de deux avec les ingrédients suivants : un corbeau, du brouillard, quelques bons mots et trois minutes d'avance sur l'autre mouligas blafard, avec sa banane, là. Prenez-en de la graine. En parallèle, vous pouvez assister à un combat de coq entre le petit Jeremy, dingue de Vicki, et Tyler, deux têtes et deux ans de plus que lui, qui veut juste la baiser mais qui n'est pas partageur pour autant.

Ahah, et ce n'est que le début !! :-D :-D 


dimanche 28 décembre 2014

HAUT LES COEURS (,bordel) ! Les Incorruptibles 5°/4° 2014-2015 : Reborn, le nouveau monde - Thierry Robberecht (2014)


Cette année, pour fédérer un peu plus le club lecture et faire en sorte qu'il ne parte pas en sucette, j'ai proposé aux élèves la sélection 5°/4° des Incorruptibles. Comme elle est d'une noirceur absolue, le pari que nous nous lançons est d'essayer de ranimer, pour chaque roman, quelques papillons d'optimisme visiblement passés trop près du grille moustique... 



Au programme : 

A la folie : une ado hantée par le fantôme sanguinolent d'une petite fille croit devenir folle, jusqu'au jour où elle rencontre un garçon de SEGPA capable de voir la même chose qu'elle... 

Le Manoir 1 : Liam, 15 ans, entre dans une maison de repos après s'être tiré d'une maladie grave ; le lieu en question, un manoir, n'est pas plus rassurant que les pensionnaires qu'il abrite. 

Western girl : les parents d'Elise croient l'envoyer au paradis en lui offrant un stage d'équitation dans un ranch, sans se douter qu'elle va juste se faire harceler par d'autres adolescents. Fun !  

La tête dans les choux : une famille citadine s'auto-condamne à mourir d'ennui aux fins fonds de l'Ardèche _c'est de loin le roman le plus léger de la sélection... 

Les Sentinelles du futur : la Terre est mal en point ; pour les hommes, le seul espoir d'accéder à un avenir meilleur est de faire un grand pas dans le Futur, qu'on dit prometteur... 

Reborn : la Terre se meurt là aussi. Les hommes se battent pour fuir sur Reborn, une planète habitable récemment découverte. Tous sont conscients que beaucoup d'entre eux ne pourront pas réaliser leur projet.  


Reborn, le nouveau monde



Imaginons la Terre dans une cinquantaine d'années. Elle pourrait bien être devenue une planète ravagée par les ouragans, portant des continents noyés sous l'eau des océans et des populations aux abois. C'est ainsi, du moins, que Thierry Robberecht nous la présente dans son roman. Chuong et ses parents sont à la fois témoins et victimes du déclin de cet environnement qui leur est familier ; et comme bien d'autres, ils n'ont qu'une seule solution pour ne pas être engloutis par les eaux montantes : fuir la Terre et rejoindre Reborn, une planète habitable récemment découverte. On est alors en 2064.

Mais sur Reborn comme sur Terre, tout a un prix, y compris l'accès à une vie meilleure. Une fois bien installés, les "Reborniens" se sont empressés de limiter les entrées des Terriens dans leur nouvel espace vital, et ont distingué l'"élite" assez riche pour se payer le voyage des autres, à qui ont dit qu'il n'y a "plus assez de place" pour les accueillir. Evidemment, personne n'est assez con ni pour croire cette aberration, ni pour se laisser mourir de son plein gré sur une planète qui part en lambeaux. Les habitants de Reborn se scindent rapidement en deux catégories : d'une part les "identifiables", pourvus d'une puce au nombril, et d'autre part les "invasifs", arrivés clandestinement sur la nouvelle planète.  

La famille de Chuong fait partie de cette seconde catégorie d'arrivants ; ses parents auraient accepté l'idée de terminer leur vie sur Terre s'ils n'avaient pas eu ce fils de 15 ans qui méritait bien tout autant qu'un autre d'avoir une existence digne de ce nom. Mais leur atterrissage sur Reborn à l'aide d'un passeur ne se se déroule pas comme prévu ; tous trois sont enfermés dans un camp d'invasifs. Ils y végèteront pendant un an. Par la suite, leur tentative d'évasion n'aura qu'un succès partiel puisque les parents seront rattrapés et renvoyés sur Terre. Livré à lui-même, Chuong va devoir assurer sa survie tout en se cachant de la milice locale. 


Parce que bon, faut bien rigoler un peu quand même. 
Tant pis pour les fautes !


Environnement saccagé, liberté carottée, connerie humaine et autres réjouissances 

Comment un adolescent lambda peut-il successivement endosser un statut d'immigré clandestin, comprendre que sa vie n'a plus d'importance que pour lui-même et que, par conséquent, il n'a pas le loisir de refuser le pire des boulots et le mépris des autres ? Il est évident que, par le biais de l'univers qu'il crée et des personnages qu'il articule, Thierry Robberecht critique la société actuelle et son devenir. Les jeunes lecteurs ne manqueront pas d'entendre l'écho : 


  • La Terre part en vrille à cause du réchauffement climatique : les tsunamis et ouragans qui ont marqué nos esprits au cours des dernières années sont devenus quotidiens. La fonte des glaciers a fait des Atlantides partout. Certains pays ne sont plus viables pour les humains. La question à se poser est celle-ci : n'est-ce pas ce qui nous attend d'ici quelques décennies ?  


  • Les inégalités entre l'"élite" forcément construite de toutes pièces (et de billets) et les "invasifs", coupables d'être venus alors qu'on était si bien entre riches ! Quelles formes prennent les inégalités en Europe, par exemple ? Qui lutte contre, et comment ? A noter que Chuong doit son salut à des femmes et à des hommes capables d'aller à l'encontre des lois définies sur Reborn. Car il y en a !  


  • La difficile condition du Rebornien clandestin est, bizarrement, proche de celle du sans-papiers dans nos sociétés : condamné à se cacher, à accepter le travail dont personne ne veut, le salaire dérisoire, et à remercier ; et parfois-même à passer les frontières de l'honnêteté pour survivre. Le vol est-il acceptable quand on a faim ?  


As-tu bien compris le message subliminal ??  

L'écriture de Thierry Robberecht est aussi simple et efficace que l'intrigue, que beaucoup trouveront sans doute très intéressante mais pas très bien exploitée, car trop peu approfondie. En disant cela, je pense à une collègue venue au CDI en quête d'un livre susceptible de lui éviter de se faire chier dans les transports, et à qui j'ai prêté Les Sentinelles du futur, déjà cité plus haut.





Forcément, j'ai cru comprendre qu'elle avait trouvé l'oeuvre quelque peu neuneu, elle qui est une grande lectrice de SF. Mais EVIDEMMENT meuf ! T'es drôle, toi ! D'autant plus que tu m'avais demandé si je n'avais pas Des Fleurs pour Algernon  "dans mon CDI" juste avant ! Je conçois le choc thermique entre tes attentes et ce que tu as reçu ! Or, on est au collège, et tous les enfants n'accrochent pas forcément aux grands classiques dès le début ; il n'y a d'ailleurs aucune obligation à cela. Alors, pour ceux qui n'ont pas cette chance, il faut bien être en mesure de proposer des intermédiaires, afin d'éviter qu'ils ne soient dégoûtés des livres avant-même d'avoir commencé. La littérature de jeunesse peut être une passerelle parmi d'autres vers des horizons culturels inconnus _bien qu'elle puisse aussi se suffire à elle-même. 

Bon, cela dit, je ne l'ai pas remballée aussi vertement : elle a bien le droit d'avoir son avis et de l'exprimer, après tout !  

Alors parfois, oui, les personnages sont simplets ; l'intrigue aussi, et la manière de l'amener encore plus ! Un peu de simplicité ne tue pas, du moment qu'on se s'y limite pas. Dans Reborn, c'est un peu le cas. Liberté, immigration, développement, usages contestables des nouvelles technologies, relations parents - enfants : tous les thèmes soulevés génèrent immanquablement le débat et la réflexion. Mais pour nous, qui sommes dans sa tête, Chuong est trop direct et trop clairvoyant : le moindre sous-entendu est tout de suite interprété et éclairci. L'auteur ne nous laisse pas tâtonner pour tirer nos propres déductions de l'attitude des personnages et de leurs actes. Dommage, il nous mâche un peu trop le travail et ne laisse plus beaucoup de place à la réflexion du lecteur. Du coup, ce dernier sera moins durablement marqué par Reborn, le nouveau monde, un roman de science-fiction pourtant très agréable à lire. 

Enfin, c'est facile de critiquer, hein ! N'oublions pas qu'il s'agit, comme je l'ai déjà dit plus haut, de la sélection 5°/4° des Incorruptibles pour l'année scolaire 2014-2015 : sont visés en priorité des élèves d'une tranche d'âge comprise entre 12 et 14 ans. 


Analyse documentaire _et pour tout le reste, il y a Moccam !

Résumé
Depuis que la Terre meurt à petit feu, tous les humains poursuivent le même rêve : aller sur Reborn, la nouvelle planète habitable. Malheureusement, seuls les plus riches peuvent se payer le voyage vers la survie. D’autres tentent leur chance en faisant appel à des passeurs et accèdent clandestinement à Reborn : c’est le cas de Chuong et de ses parents. Ils deviennent alors des “invasifs” obligés de se cacher pour ne pas être renvoyés sur Terre.

Descripteurs
IMMIGRATION CLANDESTINE / EXCLUSION SOCIALE / TERRE : PLANETE / VIE EXTRATERRESTRE / GESTION DE L’ENVIRONNEMENT /

ROBBERECHT, Thierry. Reborn. 2014. Les Incorruptibles / Mijade. Coll. "Zone J". 184 p. ISBN : 978-2-87423-071-4