mardi 10 avril 2018

"Inch'Allah tu vas perdre !!!", le tournoi de foot du collège

Ah tiens, je ne crois pas vous avoir encore parlé de ce tournoi de foot qui étrenne le printemps dans notre collège depuis quelques années. Il faut absolument remédier à cela. Tous les ans, donc, les professeurs d'EPS organisent une compétition inter-classes qui se déroule dans le gymnase voisin ; l'objectif est de constituer pour chaque division une équipe de sept filles et une équipe de sept garçons (ou six ? je sais même plus !), et de les faire s'affronter par niveaux (6°,5°,4°,3°). Les élèves qui ne sont pas sélectionnés dans l'équipe de foot de la classe participent à des activités sportives organisées en parallèle et rapportent ainsi des points supplémentaires à leurs camarades. A la fin, la classe qui compte le plus de points a gagné. 

Dit comme ça, on pourrait croire que le projet est une usine à gaz mais ce n'est pas le cas ; bien qu'elle arrive assez tard dans l'année, j'ai le sentiment que cette action a un impact positif sur la cohésion de classe et sur le climat scolaire ; d'ailleurs, à chaque rentrée, nombreux sont les petits qui nous demandent si la compétition est reconduite.



"Entre les profs absents, les cours qui sautent, les voyages scolaires et les vacances, est-ce que nos enfants n'ont pas plus besoin de soutien en maths et en français plutôt que d'un tournoi de foot ?" râlait un parent d'élèves à la dernière remise des bulletins. Pas forcément... Au pire, si le décrochage scolaire était causé ou aggravé par une demi-journée sportive, ça se saurait.

Aujourd'hui, on a pu profiter du spectacle proposé par les 5° puis par les 4°, et c'était vraiment du bonbon pour les yeux, comme dirait Seiya dans la parodie des Chevaliers du Zodiaque !




D'abord, dès le début des matches, quelques individualités crèvent l'écran d'office : on pourrait les désigner comme "celles et ceux qui s'y croient" ! Depuis trois semaines, ils se préparent à l'événement, fébriles. Ils jouent au foot en club, ou pas, mais ils veulent absolument faire gagner leur classe, si possible marquer et glaner une certaine notoriété au passage. Aujourd'hui, c'est Olive et Tom version futsal 93 et sans Roberto. Au final, ils vont beaucoup se fatiguer en exhortations et saouler leurs coéquipiers beaucoup plus terre à terre. Leur classe ne gagnera pas à cause de ceux qui ont séché le tournoi : de toute façon, y a pas cours.

Ensuite, on distingue les joueurs qui font le spectacle. Eux, les points, les buts, ils n'en ont rien à battre. Ils veulent "juste" faire sensation et entrer dans les annales du collège. C'est ainsi que la jeune Clarisse* a fait quatre plongeons glissés aussi spectaculaires que volontaires, dont l'un s'est conclu par un vol plané de basket qu'on sentait très étudié. Je pense que son intérêt était principalement de se faire remarquer et/ou de se faire plaindre, à moins que ce ne soit un moyen de faire oublier sa performance footballistique ? Allez savoir ? Enfin, elle a fini par agacer tout le monde, et ses copines de classe en premier lieu. 



Juste après viennent les princesses et les Cristiano. Exemple parfait : Anna*. Anna ne daignera shooter dans la balle QUE lorsque sa classe sera arrivée en finale ET qu'on lui enverra un caviar. En attendant, tout boulet de canon arrivant vers elle de manière imparfaite finira en touche, elle ne se bougera pour l'intercepter que si ça en vaut vraiment la peine. Et puis hors de question qu'elle s'abaisse à enfiler complètement ce chasuble mauve et crasseux ! Anna estime n'avoir rien en commun avec cette bande de gamines qui portent le même qu'elle. Au bout de deux minutes trente de jeu, la capitaine _car oui, elle a été désignée capitaine ! En fait, elle n'acceptait de jouer qu'à cette condition..._ se fait remplacer par une doublure chargée de suer à sa place...

... et qui va bientôt envoyer le ballon dans le bide de la gardienne adverse, produisant un bruit sourd. Ah, les gardiens, parlons-en. Quand tu es au collège, il existe des milliers d'excellentes raisons pour que tu finisses gardien : genre si tu es enrobé, si tu es grand, si tu es mal intégré dans ta classe mais quand même assez sympa pour qu'on n'ait pas osé te recaler complètement de l'équipe, si tu es en surpoids, si tu es mauvais au foot ou encore si tu es un peu gros. Ou alors, si tu joues au foot en dehors de l'école et tu es VRAIMENT gardien dans ton club ; là, c'est une autre histoire ! C'est un poste périlleux que celui de goal : en effet, ton suicide social peut-être paraphé au moindre but gag que tu encaisses. Faut pas oublier que quand les élèves déroulent leur jeu, ils ont une petite centaine de spectateurs de leur âge assis (ou pas) aux premières loges ; inutile de préciser ces derniers ne sont pas spécialement venus en mode Virage Sud. Enfin, certains si, mais pas tous, vraiment !



Or on sait tous que les plus beaux matches se jouent en tribunes, surtout lorsqu'il y a du beau monde dans les gradins. Entre autres, tous les pas sportifs, les électrons libres et les victimes qui ont du se rabattre sur les ateliers d'athlétisme, et qui, au lieu d'encourager les joueurs de leur classe, vont leur lancer des INCH'ALLAH VOUS ALLEZ PEERDRE ! gorgés de fiel. 

Les élèves arbitres _ouais, ce sont les petits qui arbitrent, pour une meilleure mise en responsabilité et tout et tout !, les élèves arbitres, donc, sifflent la fin du match. Les joueurs doivent alors laisser leurs maillots de couleur sur le bord du terrain pour que les équipes suivantes puissent les revêtir, ou alors ils les remettent directement aux gamins des autres classes, s'ils les connaissent. Comme les profs font alterner les parties des filles et les parties des gars, l'échange de chasuble inter-match peut devenir éminemment stratégique. Chacun sa technique d'approche. J'ai cru comprendre que quand une fille, jette son chasuble à la gueule d'un gars en même temps qu'un dédaigneux "Inch'Allah tu PERDS !", il y a de grandes chances pour qu'il ait un ticket avec elle. 



Après observation, voici une ébauche d'une typologie du jet de chasuble. Complète qui voudra. 

  • chasuble posé à l'envers au sol : "Je me fous de celui qui passera après moi, il est forcément mauvais."
  • chasuble jeté violemment au sol : "Pourquoi j'ai tenté cette talonnade merdique ? c'était perdu d'avance, ma réputation est foutue. En plus, on est éliminés !"
  • chasuble abandonné au milieu du terrain  : "Je me désolidarise de cette classe, ils sont trop mauvais au foot". Ou alors : "Chez moi, c'est ma mère qui ramasse les fringues, et je trouve ça plutôt bien pensé."
  • chasuble lancé sur un coéquipier / une coéquipière : "Tiens, sens mes phéromones, je viens en paix !". Réponses probables : "Baaah espèce de CRASSEUX !!!"  ou "Inch'Allah tu TOMBES en jouant !!!"
Puis le sport reprend le dessus, enfin en principe. Parfois, il arrive qu'une équipe soit à l'ouest et ne réponde pas à l'appel, laissant poireauter l'adversaire ; cela peut être une bonne stratégie. Mais c'est surtout une occasion en or de faire péter un câble aux profs d'EPS. Et je crois qu'on tient là l'un des bonheurs simples du collégien.


Ahah, cette année, un petit Bonus Chiottes est venu pimenter la compétition, ouais ouais ! 

Chiottes d'Or 2018
Tu arrives dans le gymnase avec ton petit groupe d'ados bien chauds après une session course - saut - lancer de poids, et là, c'est le drame ! Une sympathique odeur de chiottes vous motive à presser le pas...  

Bordel ! Mais non ! Pourquoi le ciel nous fait-il cette galéjade ! 
Le tournoi a lieu UNE fois, une SEULE fois dans l'année, et il faut que la plomberie nous lâche ce jour-là ! 


"_Ca sent le pet ! commente une collègue.
_ Non, ça sent les égoûts ! rectifie un autre.
_ Ooh c'est plutôt la merde, ça !"

C'est alors que Naia envoie un missile sur Mars, interrompant les conversations des adultes et annonçant la couleur. Vous connaissez Naia. Tout le monde connaît Naia (cf. le billet sur le PPMS). Naia, c'est l'envoyée spéciale de Closer au collège, friande de rumeurs et de ragots, agitée et insolente comme toute future 4° qui se respecte, assez costaud mais tellement forte en gueule que personne ne songerait à la traiter de grosse, de peur de finir décapité par une punchline. Eh bien, l'énergumène est également efficace en attaque. Lorsqu'elle entre en jeu, les mecs de son voisinage s'arrêtent de respirer et la montrent du doigt en disant à d'autres avec une pointe d'envie : "tu vas voir, elle c'est un pitbull, frère !!" Et quand elle finit par marquer une patate depuis ses propres cages ou presque, les spectateurs crient et tapent dans les mains, y compris ceux qui la détestent. Et il y en a un paquet ! Seul le vacarme des plombiers parvient à couvrir la clameur.

Ce billet est en construction car les 3°concourent demain après-midi. Ouais ouais, juste après avoir transpiré sur leur brevet blanc ! Du dossier en perspective ! 

Désolée pour les fautes, j'ai la flemme de relire ! 

* J'ai modifié les noms des gosses !


Aucun commentaire: