Merci à Babelio et aux éditions Goater pour l'envoi du roman de Frédéric Paulin Les cancrelats, à coups de machette, dans le cadre de l'opération Masse Critique !
6 avril 1994. François est un jeune boxeur Tutsi qui s'entraîne dur pour se faire une place dans un Rwanda à feu et à sang. Au moment où il atteint la renommée en venant à bout du Maillet, son adversaire Hutu, le président Habyarimana est assassiné. Cet événement, qui officialise le génocide déjà en cours dans le pays, va l'empêcher de profiter pleinement de sa victoire : il est contraint de quitter le ring pour échapper à son public _majoritairement Hutu, et se lance avec lui dans une course poursuite en plein Kigali pour sauver sa peau. Hors du ring, il n'est plus qu'un cancrelat parmi tant d'autres, un cancrelat qui porte des gants de boxe, certes, mais un cancrelat quand même. Son marathon sanglant l'emmènera plus loin que prévu, jusque dans la cellule d'un commissariat où il vivra l'enfer... Quelques rues plus loin, son amie Dafroza s'est résolue à quitter sa mère pour rester en vie ; dans sa fuite, elle croise Marie-Ange, qui semble bien porter son nom, mais pas tant que ça en fait. Elle restera en vie, mais tout comme son compagnon, elle se demandera longtemps si la mort n'aurait pas été un sort préférable.
Vingt ans plus tard, le colonel Jean Dante s'arrache les cheveux en parcourant différentes régions d'une France encore abasourdie par les attentats : en Gironde, près de Paris et maintenant en Bretagne, on a retrouvé plusieurs cadavres découpés de Rwandais qui se sont avérés être des figures du Hutu Power. Qui, pourquoi, et pourquoi de cette manière ces hommes ont-ils été tués ? C'est à lui que revient la lourde tâche de résoudre la sordide affaire. Pour l'aiguiller dans son entreprise, il ne peut compter que sur Tue-Mouche, un soldat dont il sait bien peu de choses sinon qu'il a bourlingué aux quatre coins du monde, sur une mystérieuse jeune femme Tutsie, et sur ses propres souvenirs de missions menées au Rwanda pendant le génocide. Pas de chance pour lui, ses alliés de choc semblent avoir fait voeu de silence et il se retrouve rapidement bloqué dans son enquête. Dante se résigne alors à faire appel à la juge Hidalgo, une quarantenaire peu familière du terrain mais néanmoins au fait de l'implication de la France lors du massacre des Tutsis.
Les cancrelats, à coups de machette est le troisième volet d'une trilogie de romans policiers ficelés par Frédéric Paulin et publiés aux éditions Goater. Cette fiction s'appuie sur les réalités d'une période sombre _et trop vite tombée dans l'oubli_ de l'humanité, du Rwanda et de la France. En effet, peu d'écrivains ont osé ouvrir leur bouche et faire couler l'encre à ce sujet. Si on ferme déjà à demi les yeux sur les images du massacre des Tutsis et des Hutus modérés par les Hutus extrémistes, sur les chiffres impressionnants mais abstraits de 800000 assassinats perpétrés en quelques semaines, on a carrément blackouté le rôle des forces Françaises présentes au Rwanda pendant les événements. Lui l'a fait. Par le biais d'une enquête policière et à travers des personnages qu'on voit évoluer à travers le temps, au gré des traumatismes qu'ils subissent qui impacteront irrémédiablement leur mental, au fil de l'Histoire qui s'écrit sous leurs yeux et qui les font devenir tour à tour proies et chasseurs, Frédéric Paulin décrit et dénonce.
Il m'a semblé que le travail d'enquête passait finalement au second plan dans Les cancrelats, à coups de machette. A la moitié de cet ouvrage qui se compose de six parties, les ficelles se dessinent lentement mais sûrement ; il n'y a plus guère que Dante pour s'exaspérer de devoir naviguer à vue. La vraie force du livre de Frédéric Paulin, c'est sa valeur de témoignage et sa capacité à nous montrer l'intérieur d'une jeune femme perspicace et d'un boxeur plein d'enthousiasme qui se désintègrent à force d'être piétinés par la cruauté et l'injustice de leurs semblables.
On ne pourra jamais comprendre ce qu'on n'a pas vécu soi-même. Mais cette vérité ne doit pas nous empêcher de nous sentir concernés par ce que vivent les autres. Voilà sans doute l'un des messages que cet auteur déjà primé pour ses romans noirs a voulu nous faire passer ; en tous cas, c'est ainsi que je l'interprète. Au final, mes connaissances du "génocide rwandais" sont toujours minces, puisque comme beaucoup de monde, j'ai bien pris soin de ne plus me confronter aux quelques images entrevues à la télévision en 1994, mais cette lecture m'a permis d'en savoir plus et de dessiner quelques repères pour mener des recherches plus approfondies. Les cancrelats, à coups de machette est la preuve que l'importance des œuvres de fictives dans la transmission de l'Histoire n'est plus à démontrer.
Attention : comme vous pouvez vous en douter, ce livre s'adresse a un public adulte, en raison des scènes de torture et de massacre qui y sont dépeintes.
N'étant calée ni sur l'Histoire du Rwanda, ni sur les autres ouvrages composant la trilogie de Frédéric Paulin, il est possible que j'aie commis des erreurs ou des imprécisions dans ce billet. Que personne ne s'en sente froissé ; laissez-moi simplement un commentaire sur le blog ou sur la page Facebook pour que je puisse assez rapidement rectifier le tir !
Frédéric PAULIN. Les cancrelats, à coups de machette. Editions Goater, 2018. Coll. "Noir". 240 p. ISBN 978-2-918647-48-5
Ill. couverture : Pierre Macé
Vingt ans plus tard, le colonel Jean Dante s'arrache les cheveux en parcourant différentes régions d'une France encore abasourdie par les attentats : en Gironde, près de Paris et maintenant en Bretagne, on a retrouvé plusieurs cadavres découpés de Rwandais qui se sont avérés être des figures du Hutu Power. Qui, pourquoi, et pourquoi de cette manière ces hommes ont-ils été tués ? C'est à lui que revient la lourde tâche de résoudre la sordide affaire. Pour l'aiguiller dans son entreprise, il ne peut compter que sur Tue-Mouche, un soldat dont il sait bien peu de choses sinon qu'il a bourlingué aux quatre coins du monde, sur une mystérieuse jeune femme Tutsie, et sur ses propres souvenirs de missions menées au Rwanda pendant le génocide. Pas de chance pour lui, ses alliés de choc semblent avoir fait voeu de silence et il se retrouve rapidement bloqué dans son enquête. Dante se résigne alors à faire appel à la juge Hidalgo, une quarantenaire peu familière du terrain mais néanmoins au fait de l'implication de la France lors du massacre des Tutsis.
Les cancrelats, à coups de machette est le troisième volet d'une trilogie de romans policiers ficelés par Frédéric Paulin et publiés aux éditions Goater. Cette fiction s'appuie sur les réalités d'une période sombre _et trop vite tombée dans l'oubli_ de l'humanité, du Rwanda et de la France. En effet, peu d'écrivains ont osé ouvrir leur bouche et faire couler l'encre à ce sujet. Si on ferme déjà à demi les yeux sur les images du massacre des Tutsis et des Hutus modérés par les Hutus extrémistes, sur les chiffres impressionnants mais abstraits de 800000 assassinats perpétrés en quelques semaines, on a carrément blackouté le rôle des forces Françaises présentes au Rwanda pendant les événements. Lui l'a fait. Par le biais d'une enquête policière et à travers des personnages qu'on voit évoluer à travers le temps, au gré des traumatismes qu'ils subissent qui impacteront irrémédiablement leur mental, au fil de l'Histoire qui s'écrit sous leurs yeux et qui les font devenir tour à tour proies et chasseurs, Frédéric Paulin décrit et dénonce.
Il m'a semblé que le travail d'enquête passait finalement au second plan dans Les cancrelats, à coups de machette. A la moitié de cet ouvrage qui se compose de six parties, les ficelles se dessinent lentement mais sûrement ; il n'y a plus guère que Dante pour s'exaspérer de devoir naviguer à vue. La vraie force du livre de Frédéric Paulin, c'est sa valeur de témoignage et sa capacité à nous montrer l'intérieur d'une jeune femme perspicace et d'un boxeur plein d'enthousiasme qui se désintègrent à force d'être piétinés par la cruauté et l'injustice de leurs semblables.
On ne pourra jamais comprendre ce qu'on n'a pas vécu soi-même. Mais cette vérité ne doit pas nous empêcher de nous sentir concernés par ce que vivent les autres. Voilà sans doute l'un des messages que cet auteur déjà primé pour ses romans noirs a voulu nous faire passer ; en tous cas, c'est ainsi que je l'interprète. Au final, mes connaissances du "génocide rwandais" sont toujours minces, puisque comme beaucoup de monde, j'ai bien pris soin de ne plus me confronter aux quelques images entrevues à la télévision en 1994, mais cette lecture m'a permis d'en savoir plus et de dessiner quelques repères pour mener des recherches plus approfondies. Les cancrelats, à coups de machette est la preuve que l'importance des œuvres de fictives dans la transmission de l'Histoire n'est plus à démontrer.
Attention : comme vous pouvez vous en douter, ce livre s'adresse a un public adulte, en raison des scènes de torture et de massacre qui y sont dépeintes.
N'étant calée ni sur l'Histoire du Rwanda, ni sur les autres ouvrages composant la trilogie de Frédéric Paulin, il est possible que j'aie commis des erreurs ou des imprécisions dans ce billet. Que personne ne s'en sente froissé ; laissez-moi simplement un commentaire sur le blog ou sur la page Facebook pour que je puisse assez rapidement rectifier le tir !
Frédéric PAULIN. Les cancrelats, à coups de machette. Editions Goater, 2018. Coll. "Noir". 240 p. ISBN 978-2-918647-48-5
Ill. couverture : Pierre Macé
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