vendredi 27 avril 2018

Panne de courant : Gibier de potence - Michèle Simonsen (2012)


La fouine a décimé le poulailler pendant les vacances ; si je tenais la bête en question, il me semble que je pourrais la tuer sans trop me mettre ma bonne conscience à dos. Mais cela n'arrivera pas, car il s'agit en fait d'un animal apprivoisé que des voisins malveillants viennent glisser dans les granges à la tombée de la nuit, et qu'ils récupèrent ensuite. Ces gens me dégoûtent. On le sait, mais on n'arrive jamais à les choper. Tout le monde sait, personne ne voit.  

La Dordogne est un coin superbe, mais sa population compte un bon nombre de bâtards à la mentalité douteuse. Mais je balancerai pas plus que ça sur ma région d'origine, parce que je m'y suis attachée comme on s'attache à sa famille : inconditionnellement, sans trop savoir pourquoi.      

Avec tout ça, j'ai complètement oublié de rapporter mes livres de bibliothèque avant de partir en vacances à la campagne. C'est un comble pour une documentaliste, un peu ! Surtout que j'en ai lu deux sur trois au final ! 


Panne de courant : Gibier de potence - Michèle Simonsen


En lisant le titre puis le résumé au dos, après avoir jeté un oeil aux pendus dessinés sur la couverture, je me suis dit : "tiens, une histoire qui va sûrement parler de la peine de mort, voyons comment ça se présente !".   

Le début du livre commence aux premières minutes d'un film d'épouvante : Martin profite de l'absence de ses parents le temps d'une soirée pour inviter ses deux meilleurs amis à regarder des DVD chez lui. Alors qu'ils ont choisi le film et sorti les bonbons, une panne de courant plonge la ville dans le noir. Ils n'ont plus qu'à se raconter des histoires. 

Martin commence ; sans préciser s'il fabule ou s'il dit vrai, il se lance dans la narration d'une drôle d'aventure qui lui est arrivée un jour qu'il jouait avec des copains sur la colline de Montgibet. D'ailleurs, il se souvient qu'il était tout près de gagner cet après-midi-là, jusqu'à ce qu'il trébuche sur une mandragore et la déterre involontairement : le voilà maudit, d'après les dires de la racine parlante ! Il devrait le savoir : personne n'a le droit d'arracher de terre ces plantes magiques qui poussent sous les potences de Montgibet, arrosées par les dernières larmes des pendus ! Martin ne comprend rien à ses plaintes : au Danemark, on ne condamne pas à mort, et il n'y a pas de potence à Montgibet. Alors il appelle ses amis, mais ils semblent avoir disparu ; il finit par comprendre que son méfait l'a projeté trois siècles plus tôt, à une époque où on ne rigolait pas avec la magie, où les apothicaires détenaient le pouvoir, et où on pendait les gens comme on pèle les patates !    



Au fil des (mauvaises) rencontres et des quiproquos, toujours talonné par sa mandragore collante et malveillante, Martin se retrouve vite condamné à mort... Va-t-il s'en sortir ? 

Spoiler : oui 

Ce roman pour enfants (tout à fait compatible avec les 6°-5°) se lit d'une traite ; même si le dénouement est assez prévisible, Michèle Simonsen parvient à maintenir une atmosphère un peu stressante en coinçant son héros dans une spirale de poisse et d'absurdité à la Kafka. Les chapitres s'enchaînent logiquement sans casser la dynamique du livre, on n'abuse pas des flashbacks et autres allers-retours temporels, tout en abordant plusieurs sujets : la peine de mort, mais aussi le respect des animaux et la justice. Court et efficace ! De plus, je n'avais pas lu d'histoire de mandragores depuis Harry Potter, et c'est toujours appréciable : y a tellement de choses à broder autour des vertus légendaires de cette plante, et de sa racine en particulier !    


Gibier de potence est le premier tome de la série Panne de courant ; je suppose que les prochains volumes mettront à l'honneur les expériences de Jon et Sofia, les deux invités de Martin, mais pour l'instant je ne les ai pas lus. Vous aurez plus d'infos sur le blog de l'éditeur Oslo Editions, que je découvre aussi... peut-être trop tard, vu que les dernières publications datent de 2015. 

L'oeuvre de Michèle Simonsen m'est également étrangère, mais elle a visiblement réalisé plusieurs albums pour les jeunes enfants, dont un remake du Petit Chaperon Rouge qui s'intitule Le Chat Ventru. Intrigant au possible !  
   
Michèle SIMONSEN. Panne de courant : Gibier de potence. Oslo Editions, 2012. Coll. Oslo Poche. 72 p. ISBN 978-2-3575-4075-0

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