samedi 30 juillet 2022

[COMICS] Hawkeye - 1 - "Ma vie est une arme" - Matt Fraction ; David Aja ; Javier Pulido (2013)

L'un de mes neveux est dans une phase super-héros, il est assez connaisseur des grandes figures de Marvel, notamment _même s'il a préféré de loin se déguiser en Batman pour le dernier carnaval, paraît-il. En tous cas, c'est grâce à lui que j'ai découvert l'existence de Hawkeye, un allié atypique des Avengers. Lorsqu'il m'a présenté l'une de ses multiples figurines sous ce nom, et j'ai d'abord cru qu'il l'avait inventé. Ce n'est qu'en parcourant le rayon comics d'une bibliothèque, un peu plus tard, que j'ai compris de qui il s'agissait. 

L'histoire 

Cet album regroupe quatre aventures menées par Clint Barton, alias Hawkeye, un archer hors pair qui marche avec les Avengers. Très doué dans sa discipline mais dénué de super-pouvoirs, il est souvent accompagné dans ses pérégrinations par Kate Bishop, son double féminin beaucoup plus rusé que lui. 

Le premier chapitre intitulé Chanceux s'ouvre sur une chute vertigineuse de Clint, directement suivie d'un long séjour à l'hôpital ; à sa sortie, il regagne son immeuble situé dans un quartier populaire de New-York et s'aperçoit que le propriétaire, Ivan, le chef patibulaire de la Mafia en Survêt, a triplé le loyer de tout le monde, poussant ses voisins au déménagement. Clint n'apprécie pas l'entourloupe et décide de se battre au nom de tous les locataires. 

C'est dans le Code des vagabonds, la deuxième aventure, qu'apparaît la géniale Kate Bishop. Le binôme doit s'infiltrer dans un cirque pour capter quelques acrobates cleptomanes ; la mission prend un tournant nostalgique lorsque le héros, qui a grandi au milieu des forains, retrouve de vieux réflexes. Il va faire face à un lanceur de couteaux formé par son mentor, le Spadassin. 



Cherry est ni plus ni moins le déroulé d'une journée catastrophique. Alors qu'il part au supermarché acheter du café et du scotch pour étiqueter ses multiples flèches, une rencontre avec une voiture de collection (et sa belle conductrice) va modifier ses plans. La jeune femme semble s'est fourrée dans un guêpier et n'hésite pas à jouer de ses atouts pour bénéficier de son aide. Est-ce que cela suffira ? Pas sûr, car la bande des Survêts, encore eux, n'est jamais très loin. 

Enfin, la Cassette s'organise en deux parties _assez difficiles à délimiter, d'ailleurs, dans laquelle le lien entre Hawkeye et les Avengers devient concret. En effet, la directrice du S.H.I.E.L.D Maria Hill charge Clint de récupérer une cassette vidéo compromettante pour la Navy et pour l'équipe de Captain America. Il y est question de l'assassinat du dictateur Du Ke Feng. L'archer va devoir se montrer rapide et efficace car l'enregistrement est sur le point d'être vendu aux enchères sur l'île de Madripoor, une zone de non-droit où tous les coups sont permis. De nombreux ennemis des Avengers sont déjà sur le coup, toujours chauds lorsqu'il s'agit de salir l'image des justiciers. 

"Ca s'annonce mal" 

L'album s'ouvre sur cette petite phrase que Clint Barton prononce, comme pour mieux faire entrer le lecteur dans son quotidien mouvementé. Cette formule reviendra plusieurs fois, toujours issue des pensées d'Hawkeye ; il faut dire que le roi du tir à l'arc est tout sauf le héros indestructible et rassurant qu'on s'attend à croiser dans un Marvel. Au contraire, il se présente lui-même comme un être humain très conscient de sa vulnérabilité ; c'est sans doute ce qui lui permet de rester humble avec ses semblables, alors que sa proximité avec les Avengers aurait de quoi lui filer la grosse tête. Il est toujours appréciable de voir sur le devant de la scène des personnages qui n'en jettent pas trop et qui assument leurs points faibles _sans forcément se déprécier. Ils sont plus présents qu'on le croit dans ces comics, et cela participe de l'intérêt qu'on peut leur accorder. 

s les premières planches, il devient facile de se trouver des points communs avec Hawkeye : il boit du café (et le renverse), il fait des barbecues sur le toit le l'immeuble avec ses voisins, il est bordélique et range ses flèches n'importe comment, il pense à ce que deviendront ses effets après sa mort, il commet des lapsus, il prend les transports, éventuellement le taxi si c'est Captain America qui paye... Mais par-dessus tout, il peut avoir besoin d'aide et n'hésite pas à solliciter Kate Bishop, sa comparse qui n'a décidément rien à faire au second plan. 


Kate Bishop, ou la couverture de survie

Le personnage de Kate Bishop ne se "limite" pas à sa collaboration avec Clint Barton ; si vous souhaitez connaître l'ensemble de ses œuvres dans le monde féérique de Marvel, je ne peux vous conseiller l'épisode du podcast Codexes* qui lui est consacré. Je veux pas spoiler, mais sachez juste qu'elle sera nommée "la Nouvelle Hawkeye" plus tard dans son parcours.

Ici, Kate est clairement identifiée comme la subalterne de Clint ; ce dernier nous la décrit comme "assez géniale" et l'apprécie à sa juste valeur. Mais dans ce premier tome d'une série qui en compte 4, elle ne quitte jamais son rang de doublure de luxe indispensable justement parce qu'elle sait rester dans l'ombre. Ce n'est pas elle que Maria Hill et Captain America viennent chercher en toute urgence, c'est Hawkeye. Et pourtant... On a bon espoir que ça change. 

Ce statut, qu'elle connaît et accepte, ne l'empêche pas de se montrer audacieuse et de s'adresser à Clint comme au colocataire bas du front qu'il peut parfois être. Kate Bishop est derrière tous les bons mots et les moments comiques de l'album.   


La narration renforce ce sentiment d'être sur un pied d'égalité avec les deux personnages principaux, en particulier avec Clint Barton : d'abord parce qu'il parle à la première personne et semble s'adresser à nous, le plus souvent et début et fin de chapitre. Ensuite, les péripéties nous sont présentées de façon non linéaire ; on part généralement d'un temps fort ou d'un moment critique pour les personnages principaux, avant de remonter le cours des événements. Cette impression de joyeux bordel a bien failli me faire renoncer à la lecture de cette BD ! "Ma vie est une arme" commence sur des chapeaux de roue et ça m'a pris un temps fou de prendre le train en marche. Avec le recul _et une seconde lecture_ je comprends ce choix du scénariste : Clint et Kate vivent à l'arrache et à cent à l'heure, ils vont où le vent les emmènent, ils improvisent. On les suit dans leur journées périlleuses comme le feraient des documentaristes, caméra au poing. 

=> Regardez la critique de ce youtubeur Le Rat de Gotham, elle est beaucoup plus pertinente que la mienne car lui, il s'y connaît ! Il a aussi fait une vidéo sur Ms Marvel dont on a parlé il y a quelques temps !

Direction Madripoor : suivez les flèches

Je vais me répéter, mais tant pis : Marvel, DC et les autres me sont passés au-dessus pendant très longtemps et je suis encore en train de découvrir des personnages et des lieux qu'on ne présente plus. Donc les connaisseurs, si vous tombez sur ce billet _ce qui serait bien peu probable : passez votre chemin ; vous risquez de lire des choses évidentes ou approximatives et ça va juste vous faire péter un câble. 

Les références à l'univers de Marvel sont assez nombreuses dans la série Hawkeye, et elles permettent de comprendre un peu mieux l'historique des Avengers. 

  • Les Avengers englobent dans leur équipe des êtres humains ordinaires, tels que Clint Barton et Kate Bishop ; ces élus ont une place un peu particulière à leurs côtés et font penser aux héros de la mythologie grecque, par exemple. Leur absence de pouvoirs est compensée par des qualités humaines et/ou physiques au-dessus de la moyenne, et par une ribambelle de gadgets plus perfectionnées et WTF les uns que les autres. Alors, ok, on ne sait pas si Hawkeye a plusieurs cordes à son arc, mais il possède au moins autant de flèches différentes qu'Iron Man d'armures. Entre la flèche-filet, celle qui envoie de l'acide, celle qui te laisse dans une mare poisseuse, celle à point explosive... on saisit bien l'intérêt d'étiqueter tout ce barda. La documentaliste compatit.  
  • Il est fait allusion à Jacques Duquesne, le Spadassin, un aventurier souvent équipé d'une épée, ayant lui aussi fait partie des Avengers pendant quelques temps ; Hawkeye dit avoir été éduqué par ses soins dans son enfance, mais il ne cache pas son aversion pour cet homme qui semble l'avoir déçu par sa tendance à chouraver.
  • Pour la première fois, j'ai entendu parler de l'île de Madripoor, un lieu qui visiblement sert souvent de théâtre aux fourberies de tous genres. Une drôle de terre gouvernée et financée par le vice, qui est un peu le pays de tout le monde et de personne. A moins d'être un super-héros ou d'être couvert par Kate Bishop, on ne survit pas très longtemps dans cette jungle d'hôtels luxueux.  
  • Qui est cette "Madame Hill" qui vient extraire Hawkeye de la fête des voisins ? C'est la directrice du S.H.I.E.L.D, une agence de renseignements engagée dans la lutte anti-terroriste, qui sollicite pas mal de super-héros. J'avais l'impression qu'ils avaient surtout mis leur grapin sur Iron Man et Spider Man, mais pas que, visiblement !  
  • Madame Masque fait une brève apparition dans le dernier chapitre ; c'est une dame portant un masque (surprenant). C'est pas spoiler que de dire que cette super-méchante va bien se faire bolosser par Kate Bishop ! 
#jaunisse

La vie en mauve 

Si Matt Fraction s'est occupé du scénario, deux illustrateurs se sont partagés le dessin ; David Aja a mis en image les trois premiers chapitres, de Javier Pulido la dernière double aventure. Du début à la fin, la tonalité violette, correspondant à la couleur de prédilection des héros, a été respectée. Le trait un peu gras et sombre de David Aja, qui prête à ses figures un air mystérieux, déstabilise mais sait se faire apprécier ; si on a l'occasion de saisir le regard d'un personnage, c'est parce qu'il a une importance immédiate dans l'action. Javier Pulido adopte un trait plus fin, peut-être un peu plus conventionnel et rassurant. 

L'ambiance violette peut ne pas convenir à tout le monde ; mais ça vaut le coup de ne pas s'y arrêter. La critique est assez unanime, sur Internet : la série BD Hawkeye est d'une grande qualité et se hisse parmi les classiques. 

Ah, remarque importante : même si ce n'est pas une série estampillée jeunesse, il me semble qu'elle peut être mise entre toutes les mains (à partir du collège). Y a une micro histoire de cul dedans, certes, mais ça va on voit rien !

Elle a récemment été adaptée en série télévisée.

Hawkeye = oeil de faucon
faucon = oiseau = c'est presque un poulet !! 

* Codexes est un podcast culturel qui parle de personnages de fiction féminins. Chaque épisode est consacré à une figure plus ou moins connue d'un film, d'une série, d'une BD, et les animatrices l'épluchent de façon très complète ! C'est super instructif ! 

Références de la BD : 

Matt FRACTION ; David AJA ; Javier PULIDO. Hawkeye - 1 - Ma vie est une arme. Panini Comics, 2013. ISBN 978-2-8094-3169-8

Sources : 


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