samedi 25 décembre 2021

[MANGA] Re:Monster - 1 - Kogitsune Kanekiru ; Haruyochi Kobayakawa (2015)

 Joyeux Noël à tous ! 

Une pensée pour ceux qui ne pourront pas, ou qui ne pourront plus passer cette période de fêtes entourés des leurs.

Voici le compte-rendu de lecture d'un manga emprunté à la bibliothèque Dumont. Il s'agit du premier tome de Re:Monster, une série créée par Kogitsune Kanekiru et Haruyochi Kobayakawa et publiée chez Ototo à partir de 2015.

L'histoire 

Kanata Tomokui était un jeune homme doté de pouvoirs extraordinaires... qui ne lui ont finalement été d'aucun secours lorsqu'une admiratrice déséquilibrée s'est jetée sur lui pour l'assassiner à coups de couteau. Le voilà maintenant réincarné en Gobu-Rô, un bébé gobelin tout vert qui semble avoir emmené dans sa nouvelle existence le souvenir cruellement intact de sa vie antérieure (et de sa mort). 

Parce qu'il est à la fois le héros et le narrateur de l'histoire, nous allons découvrir en même temps que lui à quoi peuvent ressembler les trente premiers jours de la vie d'un gobelin. Avec toutes les surprises que peuvent réserver une terre hostile peuplée d'étranges bestioles. Avec toutes les frayeurs qu'impliquent une meute de semblables tous plus imprévisibles les uns que les autres. Mais aussi avec tous les avantages que comportent cette croissance ultra-rapide typique des gobelins qui vous donne l'impression d'être chaque jour un peu plus fort. 

En plus de sa conscience humaine, Rô a conservé de son ancienne vie une partie des dons qui le surclassaient par rapport aux autres hommes, et notamment le "pouvoir d'absorption", c'est à dire une capacité à engranger les capacités de tout ce qu'il ingurgite. Par exemple, s'il mange une vipère nocturne, non seulement il ne lui arrive rien de particulier, mais en plus de cela, il devient capable de produire son propre venin. Pareil pour les araignées ! Ce n'est pas spoiler que de dire qu'il va vite prendre de l'avance sur tous les gros bras de sa tribu et en devenir le chef incontestable. 

Alors, une fois que l'on sait tout cela, que se passe-t-il ? A vrai dire, pas grand chose. Imaginez que vous venez juste d'entrer sur le serveur d'un RPG et que vous partez explorer les quatre coins de la carte tout en jaugeant les capacités de votre personnage et en testant les fonctionnalités du jeu. Vous lancez votre avatar à l'assaut de différents adversaires de plus en plus coriaces, afin de lui faire gagner des points d'expérience et de l'équiper de nouveaux accessoires. Eh bien, c'est un peu ce qui se passe dans le tome 1 de Re:Monster, à la différence que Rô n'est pas piloté par un gamer mais par sa propre conscience d'humain. 

Bestiaire médiéval-fantastique 

Les références à l'univers du roleplay virtuel sont présentes un peu partout dans le manga ; au début, c'est assez déstabilisant car... si l'action se situe clairement dans un univers d'heroic fantasy, on n'est pas pour autant dans un jeu vidéo. 



Les planches sont régulièrement ponctuées d'éléments graphiques et textuels caractéristiques des jeux en ligne.  


Rô et ses deux acolytes Kichi et Mi vont chasser tous les jours pour engranger des compétences et booster leurs possibilités d'évolution, se garantissant ainsi une meilleure place dans leur cohorte de gobelins.   

Chaque niveau de progression atteint va leur permettre d'affronter des créatures de plus en plus dangereuses. On peut s'amuser à les lister de la plus inoffensive à la plus redoutable : 

Le lapicorne - ce lapin coiffé d'une longue corne n'est ni dangereux, ni difficile à attraper, mais généralement un gobelin se laisse transpercer avant de pouvoir y goûter. 

  • Grâce à sa carapace, le tanuki blindé sert à créer de nouvelles armures aux personnages. 
  • La chauve-souris arc-en-ciel est très prisée pour la peau de ses ailes, qui fait de beaux vêtements, si j'ai bien compris. 
  • La vipère nocturne permet à Rô de devenir sa propre usine à venin. 

  • Le tricorne semble beaucoup effrayer Papy Gob, le vieux gobelin qui s'occupe des nouveaux-nés, alors que c'est une licorne améliorée au museau chafouin. 

  • L'orc à tête de porc n'a l'air ni aimable ni mangeable. 

  • Le kobolt est un cousin du gobelin, d'après Wikipedia. Ici, ça ne semble pas être le cas.

  • L'araignée diablotine va inspirer Rô lors d'un combat contre l'un de ses congénères...

  • Le loup noir n'a pas l'air, comme ça, mais il va donner du fil à retordre au héros et à ses amis. 

  • L'ours rouge, l'ennemi ultime qui clôture le premier tome de Re:Monster :


Hogobu-rô président ! 

Ce premier tome sert à poser le décor plus qu'à lancer l'action, bien qu'il y ait beaucoup de scènes de chasse et de combat. Le découpage répétitif du quotidien des personnages et le manque de suspense évident lors de certaines péripéties m'ont un peu gênée, au début : un type choisit une proie à sa mesure, se dit qu'il va la buter car il en a clairement les moyens, la bute effectivement, et se réjouit de sa victoire. Peut-être est-ce lié aux choix de narration du roman dont ce manga est adapté ? 

Malgré tout, on se prend au jeu et on regarde le héros faire ses armes et nous partager ses ressentis grâce à sa mémoire humaine directement catapultée dans une enveloppe qui ne lui est pas encore familière. Le suivre devient aussi addictif que de jouer aux Sims. 

Rô est imbattable ; il est présenté comme étant "au-dessus" des autres gobelins intellectuellement, avec une forte conscience de l'être, mais sans jamais abuser de son pouvoir _en tous cas, pas à mauvais escient. Mais cette prétendue supériorité lui donne un petit côté "colon" parfois investi d'une mission d'éducation des "bons sauvages" que sont les gobelins lambdas teubés : il faut bien que quelqu'un les habille et leur apprenne à vivre, à ces arriérés ! Le héros veut non seulement faire progresser ses semblables _pas trop, faudrait pas perdre le pouvoir... mais il ne semble pas non plus envisager sa chute. 

Enfin, cette histoire a le mérite de mettre les gobelins sur le devant de la scène : c'est assez rare pour être soulignéSouvent classés dans les "méchants", ou du moins parmi les peuples peu influents sur l'intrigue dans les histoires de fantasy, les gobelins sont qualifiés de petits êtres pas impressionnants mais teigneux, repoussants, malodorants, et surtout pas très malins. Bref, une sorte d'humain particulièrement mal fagoté. Ici, même si les différents personnages correspondent bien à ce portrait, ils ont un statut de protagoniste à part entière, avec leur personnalité, leurs traits, leurs points forts et leurs points faibles. Il ne manque peut-être qu'un leader pour faire sortir de l'ombre ces créatures sous-évaluées.   

Si vous voulez en savoir plus, en mieux expliqué, regardez la vidéo du Chef Otaku (plutôt vers le milieu). C'est une chaîne à connaître ! 

Vraiment, Re:Monster est un manga un peu WTF, juste ce qu'il faut pour que ce soit plaisant. C'est franchement une bonne surprise ! Je l'avais emprunté un peu au pif : je voulais lire un shônen afin de pouvoir tenir la conversation avec un de mes collègues prof d'EPS qui est un inconditionnel du genre. Bon, en fait il s'agit d'un seinen en l'occurrence, mais ça fera quand même l'affaire. 

Kogitsune Kanekiru ; Haruyochi Kobayakawa. Re:Monster - 1. Ototo, 2015. ISBN 978-2-351-80-993-8

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