Quand tu vis en hauteur et en Seine-Saint-Denis, tu as la chance de pouvoir admirer quatre feux d'artifice différents, le soir du 13 juillet.
Mais ça évidemment, personne n'en parle !
Bien que je les sorte et que je les range régulièrement, je ne suis toujours pas en mesure de dire que j'ai lu "tous les livres" du CDI. Quoique les deux dont nous allons parler aujourd'hui sont relativement anciens et n'ont pas été empruntés depuis un bout de temps. Est-il temps de les désherber ? Pas encore, je pense. Au contraire, ils gagneraient à être mis en valeur, car les messages qu'ils véhiculent sont encore très actuels. Lisez-les, vous me direz bien. Moi, j'ai un mal fou à pilonner les fictions...
Le voyage de Mémé - Gil Ben Aych (1982)
Promis, je ne vous saoulerai pas avec mon arrière grand-mère !
Même si j'en ai bien envie.
Nous sommes en 1962 ; Simon, ses parents et sa grand-mère vivent au nord de Paris. Quelques années plutôt, pendant la guerre d'Algérie, ils ont quitté la petite ville Tlemcen et s'adaptent à leur nouvelle vie. Comme d'autres membres de la famille vont bientôt les rejoindre en France, ils s'apprêtent à déménager un peu plus loin de la capitale, à Champigny.
Déménager les meubles, c'est une chose ; aller d'une ville à une autre en métro et en bus, c'est largement faisable. Par contre, faire bouger Mémé de son ancienne maison vers une nouvelle, ça c'est une tâche compliquée. En effet, la vieille dame a plus de mal que ses descendants à s'acclimater ; elle refuse notamment de se déplacer autrement qu'à pieds, car les transports en commun lui font peur et la rendent mal à l'aise. Et quand Mémé ne veut pas faire quelque chose, il est inutile d'essayer de la faire changer d'avis. Alors on confie à Simon la lourde mission de faire Paris - Champigny à pieds, "bras dessus bras dessous" avec Mémé ; c'est le début d'une odyssée de 20 km et de plusieurs heures dans la capitale.
Je me tenterais bien leur petit pèlerinage.. Qui m'aime me suive ! |
Comme on s'en doute, Simon et sa grand-mère vont profiter de ce périple pour échanger sur leur vision du monde, sur le choc des cultures et des générations. Bien sûr, la société a bien changé depuis les années 1980, mais quiconque ramène en ville un parent un peu âgé et un peu blédard (de France ou d'ailleurs) se reconnaîtra dans certaines situations cocasses. Je pense au moment où la mamie commence à dire bonjour à tous les parisiens qu'elle croise parce que "c'est des voisins", ou commente la tenue trop légère à son goût d'une jeune femme. Tantôt butée et caractérielle, tantôt entière et aimante, Mémé soulève pas mal de débats sur le mariage, sur les relations entre juifs, musulmans et catholiques, sur la guerre d'Algérie, et amène son petit-fils à expliciter ce qui nous paraît évident mais qui ne l'est pas tant que ça : pourquoi la station La Chapelle s'appelle-t-elle ainsi ? Pourquoi y a-t-il des publicités partout ? Pourquoi vend-on de l'eau en bouteilles alors qu'elle n'appartient qu'à la nature ?
Un livre court, qui se lit facilement et qui peut faire l'objet d'une lecture collective dans le cadre d'un club. L'auteur prend soin de retranscrire les accents et de forcer les marques d'oralité : cela rend possible une éventuelle mise en scène.
Gil BEN AYCH. Le voyage de Mémé. Pocket Junior, 1996. 96 p. ISBN 2-266-09418-1
Le jour du meurtre - Hubert Ben Kemoun (1996)
École, sport, filles : Antoine est médiocre à tous les niveaux. Alors, lorsqu'il tombe sous le charme de la belle Virginie, une élève de sa classe qui le fascine parce qu'elle est plus mature que toutes celles de son âge, il se défonce pour lui écrire une belle lettre d'amour _qu'il choisit de lui remettre en mains propres, quel cran ! Hélas, loin de lui répondre favorablement, sa gente dame le snobe et se met à corriger toutes les fautes d'orthographe qu'elle repère sur le papier à lettres choisi avec soin. Elle (le) termine en notant 0/20 en haut de la page et le somme de passer à autre chose, sans aucune compassion. Antoine s'attendait à tout sauf à une réaction aussi sèche. Au fond du trou, il se fait la promesse de laver cet affront en tuant Virginie.
Quelques jours après, le petit "Toine" insignifiant est devenu un bon psychopathe échappé de Vauclaire qui s'isole pour bricoler des messages de menace et passer des coups de fil anonymes... L'amour est devenue haine.
Au passage, petite parenthèse datation : il semblerait que l'histoire se déroule à la fin des années 1990, car les collégiens squattent les cabines téléphoniques (nostalgie !), n'ont pas de CPE (mais un "surveillant général") MAIS vont au CDI (et non pas à la "bibliothèque scolaire").
Autre indice : le livre est sorti en 1996.
Verdict carbone 14 : Le jour du meurtre, c'est vieux mais pas trop.
... Il devient tellement chelou et hargneux que même son pote Lionel n'arrive plus à le suivre et prend ses distances.
Un jour du meurtre, un grain de sable vient se glisser dans les rouages bien huilés de son projet morbide : le prof de musique se fait porter pâle. La classe bordélise les lieux en attendant qu'un surveillant prenne place au bureau, et le cancre officiel se met à scander un rap d'un goût douteux, entraînant tout le monde. Evidemment, il se fait choper par le fameux surveillant général, qui lui met un coup de pression à moitié efficace devant les autres élèves soudain devenus muets. Virginie décide de prendre le parti et son camarade, met le maton plus bas que terre et se barre du collège. Voilà qui n'arrange pas du tout Antoine : il avait prévu de la balancer sous un train à la sortie des cours ! Il se lance à sa poursuite.
Attention, la page 76 va vous surprendre.
Vouloir faire danser la gigue celui ou celle qui nous a éconduit sans ménagement, histoire de lui faire payer le fait de ne pas nous avoir laissé au moins une petite chance... on a tous connu ça, moi la première ! Hubert Ben Kemoun parle très bien des réactions démesurées propres aux adolescents, celles qui peuvent les amener bien plus loin qu'ils ne le soupçonnent eux-même. Il peint extrêmement bien le personnage de Virginie, qui joue les grognasses pour ne pas courir le risque d'être aimée, de s'attacher aux autres. Entre les contrariétés des uns et les vrais malheurs des autres, il n'y a souvent qu'un pas.
Par contre je ne comprends pas pourquoi ce livre est classé en roman policier ; certes Antoine anticipe une potentielle enquête après son meurtre programmé, mais... c'est clairement pas le sujet principal.
Il s'agit d'un roman court et accessible, écrit à la première personne, aux chapitres découpés équitablement ; le suspense est maintenu assez longtemps pour qu'on puisse le proposer dans le cadre d'une opération "lecture en début d'heure", "un livre pour la classe", ou je ne sais quel autre dispositif d'incitation à la lecture.
Thèmes abordés : amour / violence / relations parents - enfants / adolescence / amitié / haine / crime / train / cutter / seum total / gros vent ...
Hubert BEN KEMOUN. Le jour du meurtre. Nathan Poche, 2006. Coll. Policier. 90 p. ISBN 2-09-251118-1
Par contre je ne comprends pas pourquoi ce livre est classé en roman policier ; certes Antoine anticipe une potentielle enquête après son meurtre programmé, mais... c'est clairement pas le sujet principal.
Il s'agit d'un roman court et accessible, écrit à la première personne, aux chapitres découpés équitablement ; le suspense est maintenu assez longtemps pour qu'on puisse le proposer dans le cadre d'une opération "lecture en début d'heure", "un livre pour la classe", ou je ne sais quel autre dispositif d'incitation à la lecture.
Thèmes abordés : amour / violence / relations parents - enfants / adolescence / amitié / haine / crime / train / cutter / seum total / gros vent ...
Hubert BEN KEMOUN. Le jour du meurtre. Nathan Poche, 2006. Coll. Policier. 90 p. ISBN 2-09-251118-1
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