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mardi 30 juillet 2019

Se droguer, c'est risqué : Family business (2019)


Dorénavant, le blog comportera une (énième) nouvelle rubrique : "Se droguer, c'est risqué". Cet intitulé fait référence à un vieux livre documentaire du même nom publié dans la collection Hydrogène des Éditions de La Martinière Jeunesse, au début des années 2000.

Les billets qui en feront partie seront axés sur la manière dont on parle des drogues dans les œuvres de fiction (romans, séries, films...). On essaiera d'aborder le sujet de manière sinon humoristique, au moins détendue, le but n'étant évidemment pas de promouvoir la consommation de substances illicites. Si cette initiative chiffonne les auteurs et l'éditeur du livre auquel j'ai choisi de rendre hommage, qu'ils n'hésitent pas à me le faire savoir.

Se droguer, c'est risqué
Marie-José Auderset
Jean-François Bloch-Lainé
Jean-Blaise Held
Christine Coste (illustrations)
Éditions de La Martinière jeunesse - Coll. Hydrogène - 2001

Comme c'est l'été et qu'on est nombreux à avoir plus envie de regarder la télé que d'ouvrir un bouquin, même moi, commençons pas une série, tranquillement !


Family Business est une série française produite par Netflix et disponible sur la plateforme depuis à peine un mois ; eh, je n'ai pas l'habitude d'être à ce point dans le coup ! Peut-être même que vous allez apprendre des choses, ici, pour une fois. La première saison a été réalisée par Igor Gotesman et compte six épisodes d'environ 25 minutes ; on sait depuis quelques jours qu'une deuxième est en préparation.

Résumé express 

Paris, de nos jours. Depuis la mort de sa femme, Gérard Hazan (Gérard Darmon) a du mal à relever la tête ; il tient à bout de bras une boucherie casher au cœur du Marais, avec l'aide ponctuelle de ses enfants. Il aimerait bien profiter de sa retraite, n'étant plus très jeune, mais ni Joseph (Jonathan Cohen) ni Aure (Julia Piaton) n'ont vraiment envie de prendre la relève. Tous deux ont leurs propres projets, certes bien foireux, mais en tous cas bien éloignés de l'affaire familiale : Joseph tente de vendre des applications pour smartphones a des entreprises, tandis qu'Aure se prépare à partir vivre à Tokyo. Alors, quand Gérard décide de passer officiellement le témoin à Joseph, ce dernier est plus embêté qu'autre chose.



Le hasard des rencontres va le mettre sur la route de Camille, une étonnante jeune femme ; elle va l'informer de la légalisation du cannabis en France dans un avenir très proche. Comment le sait-elle ? Son père n'est autre que le ministre de la Santé. Source fiable, donc. La nouvelle ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd ; Joseph a une idée, une de plus : pourquoi ne pas convertir sa boucherie en "beuhcherie" ? Il se voit déjà ouvrir le premier coffee shop français...

Evidemment, il va devoir faire face à pas mal d'obstacles : déjà, Gérard lui reprend la boucherie après une dispute. De plus, il a besoin de fonds, d'associés, de fournisseurs et d'un coup de piston pour lancer le projet, mais personne ne se sent prêt à s'engager dans une aventure aussi risquée (bizarrement), si ce n'est Olivier, son meilleur ami. Seule Camille veut bien les aider, mais, hum, elle a des conditions aussi chelou qu'elle...

Joseph et Olivier savent que le problème à régler en priorité est celui du local. Il faut que Gérard change d'avis, mais il est tellement vénère que personne n'arrive à le faire redescendre de ses tours, pas même la drôle et sage grand-mère Ludmila qui assure l'équilibre de la famille Hazan à coups de gueulantes. Ils jouent leur dernière carte en faisant appel à Enrico Macias, l'idole de Gérard. Le pire, c'est que ça va marcher. Je vais pas spoiler plus que ça, mais sachez que quelques joints (et un aller-retour épique à Amsterdam) plus tard, la beuhcherie est devenue une affaire de famille. 

Maintenant, y a plus qu'à être discret en attendant que la loi passe... sauf que les Hazan ne sont pas très forts à ce jeu-là, justement.



Le coin fumette 

On va pas cracher dans la soupe. Si la moitié des personnages s'étaient indignés devant l'idée de Joseph et avaient dit "oh pas bien de jouer avec la santé des gens", déjà y aurait pas eu de série, et en plus on aurait été les premiers à gueuler contre leur ton politiquement correct. Mais le fait est que dans Family Business, le cannabis est quand même traité de façon assez positive : c'est une très jolie plante verte qui passe bien à l'écran, qui provoque des fous rires, désinhibe assez pour dire aux gens leurs quatre vérités, pour prendre certaines décisions... Même les effets pervers de la défonce deviennent le ressort de gags plus ou moins bien sentis, pour ne pas dire relous, mais de gags quand même. On dirait que le seul défaut du cannabis est d'être illégal. Forcément, vu sous cet angle-là, on adhère à fond à l'initiative de cette famille de bras cassés dont le capital sympathie monte en flèche ! Bien joué !



La drogue, on en parle, on en parle, mais on la voit peu, finalement. Elle apparaît pour la première fois vers la fin du deuxième épisode, sous forme d'énormes joints ; ceux qu'Olivier file à Enrico Macias en lui faisant croire que ce sont des "faux" ; il veut qu'il les fume avec Gérard pour le convaincre que le shit c'est bon, inoffensif, thérapeutique, et que c'est porteur d'investir dedans. Souvenez-vous que Gérard a récupéré la boucherie, et qu'à présent, Olivier et Joseph doivent le rallier à leur cause pour espérer la transformer en bar à shit... Pour assurer la médiation, ils misent sur Enrico Macias, son idole.

Vient ensuite la fumée gris-blanche abondante, nébuleuse, qui flotte dans la boucherie et qui semble suivre Gérard jusqu'à Amsterdam, où il va découvrir les joies du chichon commandé à la carte sur fond de reggae.



Toujours à Amsterdam, Ludmila se fait une place dans la micro-entreprise en prenant en charge la partie culture grâce à Yohan le fleuriste, "un vieil ami", qui va également devenir leur fournisseur. On apprend par la même occasion que la grand-mère a un paquet de cash sous la main, ce qui n'est pas étonnant pour une mamie feuj, non ? Dans le même registre, on apprendra plus tard que la petite soeur planque des sous à l'intérieur de ses chaussettes, et ce moment marquera selon moi la mort clinique du respect dans cette série, ahah. Aure rejoindra sa grand-mère et, en s'informant sur Internet, elles deviendront toute deux les jardinières attitrées. Elles superviseront consciencieusement le bien-être des plants stockés dans grange de la demeure familiale. C'est assez marrant de voir que, sans même qu'on assiste à une quelconque répartition des tâches, les femmes se mettent d'elles-même au second plan et s'affairent à une besogne nécessaire mais ingrate, tandis qu'aux hommes reviennent les échanges commerciaux, la spéculation, le danger...



J'en profite pour poser là mon paragraphe "féminisme à prix discount". Sur Internet, les critiques de Family Business ne sont pas toujours très bonnes. Les téléspectateurs se plaignent notamment de la pauvreté de l'action et de la mise en scène de personnages stéréotypés. Peut-être à juste titre, je ne juge pas, même si je trouve qu'on a fait largement pire en France ces dernières années. Cf. Plus Belle La Vie, cette série fleuve qui ne raconte rien mais qu'on suit tous les soirs depuis plus de quinze ans. Non, moi je m'en fous un peu des défauts d'interprétation de Jonathan Cohen, de ses mythos tirés par les cheveux et de ses blagues pas drôles. Ce qui m'intéresse, c'est la vie sentimentale de la sœur la question de la culture du cannabis en sous-sol ! Mais j'ai aussi constaté que, pour ne pas faire chuter cette nouvelle production Netflix qui ne vole pas haut, les internautes avaient tendance à s'appuyer sur les personnages féminins, en disant qu'ils étaient assez hauts en couleur et plutôt réussis : Camille joue fort bien la folie et/ou la fille perchée, aussi flippante qu'attachante. Son jeu me fait vaguement penser à celui de Marion Cotillard dans Dikkenek, vous savez : "La schnouf, c'est un fléau !"



Ludmila est une matriarche en pleine rebellion, ce qui ne l'empêche pas d'avoir le coeur sur la main lorsqu'elle essaie de compenser l'absence de la mère auprès d'Aure et de Joseph. Aure, c'est la fille sage, posée, pragmatique, qui empêche les autres de partir en vrille au détriment de son propre épanouissement. Vient enfin Aïda, la petite amie de Joseph qu'il fait trop souvent passer au second plan parce qu'il n'assume pas de sortir avec. Ok, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, mais la logique voudrait qu'elle se barre ! Oui, à côté d'elles, Joseph, Olivier, Gérard et les autres sont de gros gamins qu'elles gèrent et qu'elles canalisent fort bien : ces femmes sont vraiment braves... elles sauvent la série. Eh bien, j'avoue que ça me pose un problème d'essayer d'adopter ce point de vue. Parce qu'elles sont bloquées par les hommes de l'histoire, engoncées, trop occupées à rattraper leurs boulettes. Elles sont les éternelles nourrices _sans jeu de mot, et ne peuvent pas prendre leur envol à cause de ça. Vous allez me dire que c'est le lot d'une majorité de femmes dans le monde réel, et vous aurez raison. Pour ma part, c'est le seul aspect de Family Business qui me chiffonne vraiment.

Revenons à nos moutons.

La "serre" des Hazan _ qui décidément semblent avoir la main verte_ évoque la féerie d'un marché de Noël en nocturne...



Dans le quatrième épisode, on voir Gérard Darmon et un de ses amis utiliser un tube et une pipe en verre ; je ne suis ni cinéphile ni sériophile, mais il me semble que ce mode de consommation du cannabis est beaucoup moins fréquent que le joint ou le spacecake. Par conséquent je préfère le mentionner.



Enfin, soulignons que le "vrai family business", à la base, c'est la boucherie Hazan. La transition va se faire dans la douleur pour les parents comme pour les enfants, quoi qu'ils en disent, et le vocabulaire met en évidence la difficulté à tourner la page : l'âme de la boucherie ne subsiste-t-elle pas à travers le mot "beuhcherie" ? Lorsqu'elle prend le contrôle de la serre, Ludmila parle de "pastraweed" pour désigner les plants, si je ne me trompe pas. Sinon dites-moi. Dans tous les cas, ce néologisme issu de "pastrami" (un façon de préparer la bidoche, apparemment, au moins j'aurai appris un truc) et de "weed", est validé par tout le monde ; Aure se montrant particulièrement enthousiaste. On évolue, mais on ne coupe pas le cordon ! On n'oublie pas d'où on vient ! C'est beau.

Série à voir, ou pas ? 

Entre ceux qui applaudissent avec les pieds et ceux qui jettent des fruits pourris sur Family Business, il n'est pas évident de se faire une opinion. En fait, tout dépend de ce que vous, vous attendez de cette série. Si vous êtes amateurs du suspense, de satire sociale poussée, si vous êtes à l'affût du Breaking Bad français, forcément vous allez plaindre votre abonnement Netflix. Par contre, si vous êtes en vacances et que vous avez la possibilité de laisser votre cerveau en jachère pour les trois prochaines heures, allez-y, vous passerez un bon moment.


Verdict 



On aime...

  • ... le format court - Forte de ses six épisodes de 25 minutes, cette série comique sans prise de tête ne vous fera peut-être pas rire, mais ne vous laissera pas non plus le temps de vous consterner. L'air de rien, c'est aussi ce qui fait qu'on a envie de regarder jusqu'au bout, même si on n'est pas super fan. 
  • ... l'absence de tensions entre Arabes et Juifs ; ça nous a pas manqué ! 
  • ... le jeu de mots sur le titre du deuxième épisode : "Les porcs d'Amsterdam", ainsi que sa corrélation avec la scène d'ouverture du troisième épisode... Le scénario est globalement prévisible, mais pour le coup j'ai vraiment été surprise à ce moment-là ; ça m'a bien fait rire. 



On a moins aimé...


  • Les clichés - Allez, faut reconnaître qu'il y en a quand même pas mal. Entre le pieds-noirs fan d'Enrico Macias, l'arabe qui sort de taule pour trafic de drogue, celui qui conduit un Uber et qui pense que "Anne" et "Frank" sont deux personnes différentes... c'est marrant deux minutes. 
  • Quelques retournements de situations bien pratiques, mais improbables - Sans spoiler, on peut quand même dire que la saison 1 finit en queue de poisson ; un peu comme si les scénaristes s'étaient dit : "allez, on a traîné sur les quatre premiers épisodes, on en a plus que 2, faut qu'on trace pour boucler tous les problèmes existentiels des personnages avant la fin du 6". Du coup, certains personnages changent radicalement d'avis sans problème, ça arrange bien tout le monde sauf le spectateur. 
  • Les mythos improvisés ; je ne sais pas pourquoi, je trouve que tout ce que le personnage de Joseph Hazan raconte sonne faux, même si on sent qu'il y a un vrai boulot d'acteur derrière. Je dois avoir un peu de mal avec le personnage que s'est forgé Jonathan Cohen au fil du temps. 

Family Business Saison 1 - 2019
Igor Gotesman 
Netflix 
Genre : comédie 
6 épisodes 

samedi 13 juillet 2019

Lectures de vacances : Le voyage de Mémé - Gil Ben Aych (1982) / Le jour du meurtre - Hubert Ben Kemoun (1996)


Quand tu vis en hauteur et en Seine-Saint-Denis, tu as la chance de pouvoir admirer quatre feux d'artifice différents, le soir du 13 juillet. 
Mais ça évidemment, personne n'en parle !



Bien que je les sorte et que je les range régulièrement, je ne suis toujours pas en mesure de dire que j'ai lu "tous les livres" du CDI. Quoique les deux dont nous allons parler aujourd'hui sont relativement anciens et n'ont pas été empruntés depuis un bout de temps. Est-il temps de les désherber ? Pas encore, je pense. Au contraire, ils gagneraient à être mis en valeur, car les messages qu'ils véhiculent sont encore très actuels. Lisez-les, vous me direz bien. Moi, j'ai un mal fou à pilonner les fictions... 

Le voyage de Mémé - Gil Ben Aych (1982)

Promis, je ne vous saoulerai pas avec mon arrière grand-mère !
Même si j'en ai bien envie.

Nous sommes en 1962 ; Simon, ses parents et sa grand-mère vivent au nord de Paris. Quelques années plutôt, pendant la guerre d'Algérie, ils ont quitté la petite ville Tlemcen et s'adaptent à leur nouvelle vie. Comme d'autres membres de la famille vont bientôt les rejoindre en France, ils s'apprêtent à déménager un peu plus loin de la capitale, à Champigny.  

Déménager les meubles, c'est une chose ; aller d'une ville à une autre en métro et en bus, c'est largement faisable. Par contre, faire bouger Mémé de son ancienne maison vers une nouvelle, ça c'est une tâche compliquée. En effet, la vieille dame a plus de mal que ses descendants à s'acclimater ; elle refuse notamment de se déplacer autrement qu'à pieds, car les transports en commun lui font peur et la rendent mal à l'aise. Et quand Mémé ne veut pas faire quelque chose, il est inutile d'essayer de la faire changer d'avis. Alors on confie à Simon la lourde mission de faire Paris - Champigny à pieds, "bras dessus bras dessous" avec Mémé ; c'est le début d'une odyssée de 20 km et de plusieurs heures dans la capitale. 

Je me tenterais bien leur petit pèlerinage..
Qui m'aime me suive !

Comme on s'en doute, Simon et sa grand-mère vont profiter de ce périple pour échanger sur leur vision du monde, sur le choc des cultures et des générations. Bien sûr, la société a bien changé depuis les années 1980, mais quiconque ramène en ville un parent un peu âgé et un peu blédard (de France ou d'ailleurs) se reconnaîtra dans certaines situations cocasses. Je pense au moment où la mamie commence à dire bonjour à tous les parisiens qu'elle croise parce que "c'est des voisins", ou commente la tenue trop légère à son goût d'une jeune femme. Tantôt butée et caractérielle, tantôt entière et aimante, Mémé soulève pas mal de débats sur le mariage, sur les relations entre juifs, musulmans et catholiques, sur la guerre d'Algérie, et amène son petit-fils à expliciter ce qui nous paraît évident mais qui ne l'est pas tant que ça : pourquoi la station La Chapelle s'appelle-t-elle ainsi ? Pourquoi y a-t-il des publicités partout ? Pourquoi vend-on de l'eau en bouteilles alors qu'elle n'appartient qu'à la nature ?   

Un livre court, qui se lit facilement et qui peut faire l'objet d'une lecture collective dans le cadre d'un club. L'auteur prend soin de retranscrire les accents et de forcer les marques d'oralité : cela rend possible une éventuelle mise en scène.    

Gil BEN AYCH. Le voyage de Mémé. Pocket Junior, 1996. 96 p. ISBN 2-266-09418-1


Le jour du meurtre - Hubert Ben Kemoun (1996)



École, sport, filles : Antoine est médiocre à tous les niveaux. Alors, lorsqu'il tombe sous le charme de la belle Virginie, une élève de sa classe qui le fascine parce qu'elle est plus mature que toutes celles de son âge, il se défonce pour lui écrire une belle lettre d'amour _qu'il choisit de lui remettre en mains propres, quel cran ! Hélas, loin de lui répondre favorablement, sa gente dame le snobe et se met à corriger toutes les fautes d'orthographe qu'elle repère sur le papier à lettres choisi avec soin. Elle (le) termine en notant 0/20 en haut de la page et le somme de passer à autre chose, sans aucune compassion. Antoine s'attendait à tout sauf à une réaction aussi sèche. Au fond du trou, il se fait la promesse de laver cet affront en tuant Virginie.

Quelques jours après, le petit "Toine" insignifiant est devenu un bon psychopathe échappé de Vauclaire qui s'isole pour bricoler des messages de menace et passer des coups de fil anonymes... L'amour est devenue haine.

Au passage, petite parenthèse datation : il semblerait que l'histoire se déroule à la fin des années 1990, car les collégiens squattent les cabines téléphoniques (nostalgie !), n'ont pas de CPE (mais un "surveillant général") MAIS vont au CDI (et non pas à la "bibliothèque scolaire"). 
Autre indice : le livre est sorti en 1996. 
Verdict carbone 14 : Le jour du meurtre, c'est vieux mais pas trop. 
 
... Il devient tellement chelou et hargneux que même son pote Lionel n'arrive plus à le suivre et prend ses distances.

Un jour du meurtre, un grain de sable vient se glisser dans les rouages bien huilés de son projet morbide : le prof de musique se fait porter pâle. La classe bordélise les lieux en attendant qu'un surveillant prenne place au bureau, et le cancre officiel se met à scander un rap d'un goût douteux, entraînant tout le monde. Evidemment, il se fait choper par le fameux surveillant général, qui lui met un coup de pression à moitié efficace devant les autres élèves soudain devenus muets. Virginie décide de prendre le parti et son camarade, met le maton plus bas que terre et se barre du collège. Voilà qui n'arrange pas du tout Antoine : il avait prévu de la balancer sous un train à la sortie des cours ! Il se lance à sa poursuite.

Attention, la page 76 va vous surprendre.   

Vouloir faire danser la gigue celui ou celle qui nous a éconduit sans ménagement, histoire de lui faire payer le fait de ne pas nous avoir laissé au moins une petite chance... on a tous connu ça, moi la première ! Hubert Ben Kemoun parle très bien des réactions démesurées propres aux adolescents, celles qui peuvent les amener bien plus loin qu'ils ne le soupçonnent eux-même. Il peint extrêmement bien le personnage de Virginie, qui joue les grognasses pour ne pas courir le risque d'être aimée, de s'attacher aux autres. Entre les contrariétés des uns et les vrais malheurs des autres, il n'y a souvent qu'un pas.  

Par contre je ne comprends pas pourquoi ce livre est classé en roman policier ; certes Antoine anticipe une potentielle enquête après son meurtre programmé, mais... c'est clairement pas le sujet principal.

Il s'agit d'un roman court et accessible, écrit à la première personne, aux chapitres découpés équitablement ; le suspense est maintenu assez longtemps pour qu'on puisse le proposer dans le cadre d'une opération "lecture en début d'heure", "un livre pour la classe", ou je ne sais quel autre dispositif d'incitation à la lecture.

Thèmes abordés : amour / violence / relations parents - enfants / adolescence / amitié / haine / crime / train / cutter / seum total / gros vent ...

Hubert BEN KEMOUN. Le jour du meurtre. Nathan Poche, 2006. Coll. Policier. 90 p. ISBN 2-09-251118-1