lundi 20 juillet 2015

Lorien Legacies : Tome 1 : "Numero Quatre" ; Jobie Hughes et James Frey, alias Pittacus Lore (2010)


Ne cherchez pas de logique, il n'y en a pas. Après avoir fait la critique du tome 5 de la série Lorien Legacies dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio sans avoir lu les précédents, je me suis juste dit qu'un retour à la case départ et aux fondements de l'intrigue s'imposait pour vous comme pour moi. En conséquence, je me suis lancée pour de bon dans la lecture du tome 1 : Numéro Quatre



Pour tous les lycéens de la petite ville de Paradise, John est un gars comme un autre ; un peu distant, un peu bizarre peut-être, mais sans plus. Après tout, il vient juste de débarquer dans les fins fonds de l'Ohio, il y a de quoi faire un peu la gueule, non ? D'autant plus qu'il arrive de.. d'où, d'ailleurs ? On ne le sait pas vraiment. Mystère... 

(Pardon...)
Apparemment, le lascar vit seul avec son père en retrait de la société, mais il a déjà trouvé le moyen de se faire un pote et de séduire la fille qui est sortie avec l'un des mecs les plus populaires du lycée... Pour un nouveau, on peut dire qu'il ne s'intègre pas trop mal ! Enfin, peu importe du moment que l'équipe de foot qui représente l'école gagne son match ! 

Or, la vérité est ailleurs...

John n'est pas un humain mais un Loric, c'est à dire qu'il est né sur la planète Lorien avant qu'elle se soit ravagée par les Mogadoriens, un peuple hostile au sien. A l'issue de combats sanglants, neuf jeunes Lorics et leur tuteurs ont été mis en sécurité sur la Terre et dispatchés aux quatre coins du monde pour que leurs ennemis ne puissent pas retrouver leur trace. Ils grandiront à l'abri des menaces et plus tard, si tout se passe bien, ils seront les acteurs de la revanche loric.

Qui aurait pu prévoir que l'acharnement des Mogadoriens serait sans limites ? Dix ans plus tard, ces derniers quadrillent toujours la Terre dans la plus grande discrétion pour exterminer les survivants ; un obstacle majeur les empêche d'arriver à leurs fins : les Neuf sont liés par un sortilège et ne peuvent être tués qu'en fonction du numéro qui leur a été attribué au départ. D'abord le numéro 1, puis le 2, puis le 3 et ainsi de suite.

John est le numéro quatre. Ses trois premiers congénères ont été tués et il sait qu'il est le prochain sur la liste. C'est pourquoi son tuteur et lui passent leur vie à déménager dans des trous paumés, à changer d'identité et à tenter de se fondre dans la société sans tisser de liens trop solides avec les humains. Leur mot d'ordre : surtout, ne pas faire de vagues, ça pourrait attirer des ennuis !

Mais l'arrivée du binôme à Paradise va modifier la donne pour plusieurs raisons. D'abord, John en a marre de changer de nom, de copains et de maison tous les trois jours ; il aimerait bien se poser. Ensuite, il fait très rapidement l'expérience de sentiments qui lui étaient jusque-là passés au-dessus : l'amitié, l'amour, la colère. Enfin, les "dons" caractéristiques des Lorics commencent à se manifester chez lui et à se développer à une telle vitesse qu'il a bien du mal à les cacher et à les maîtriser. Imaginez qu'une lampe-torche vous pousse dans la main et aveugle tout le monde dès que vous vous énervez un peu.. Pas facile à gérer, non ? Pourtant, John n'est pas une tête brûlée ; il sait qu'il porte l'héritage d'une planète déchue et qu'il est en danger de mort lui-même. Plus tard, s'il survit, s'il s'entraîne afin d'exploiter au maximum son potentiel, il sait qu'il sera en mesure de s'allier à ses cinq homologues pour venger ses ancêtres.


Un extraterrestre en ébullition

Le Lumen est le premier d'une longue série de dons plus ou moins lourds à porter pour Numéro Quatre, qui est quand même, à mon avis une figure de l'adolescent dans toute sa splendeur. Son tuteur est à l'affût de l'expression de ces petits cadeaux de la nature de la même manière qu'un jeune nabot pré-pubère scrute quotidiennement dans le miroir l'éclosion laborieuse de ses poils. Et quand enfin ses facultés d'éclairage apparaissent, il ne sait absolument pas quoi en faire. Puis c'est l'avalanche : télékinésie, résistance au feu, accroissement de la rapidité... John ne sait plus où donner de la tête d'autant que son père spirituel se transforme alors en coach sportif de plus en plus exigeant et surexcité. Mais comme c'est un garçon sage et responsable, il arrive bien vite à se canaliser et à composer avec ses nouveaux attributs.




Il faut dire qu'il écoute plutôt bien les conseils de Henri, ce maître à penser tout calme qu'il a appris à suivre les yeux fermés ; seulement, le Loric aux mains de lumière ne peut s'empêcher de braver quelques interdits pour aller se fourrer dans des situations dangereuses avec la belle Sarah et Sam, son bon pote amateur d'extraterrestres et cliché ambulant du geek à lunettes asocial. John sait qu'il ne doit pas s'attacher aux humains, que la Terre n'est qu'une cachette temporaire pour lui, qu'une femme loric, c'est bien autre chose qu'une femme humaine, mais voilà ! l'amour et l'amitié sont les plus forts ! C'est décidé, il ne luttera pas plus longtemps contre les assauts de son coeur, parce que merde !! voilà !!
 
Puisque vous n'arrêtez pas de le faire chier, John va partir faire un jogging tranquillou à 320km/h dans les bois avec son chien super intelligent qui l'a élu comme maître à son arrivée dans l'Ohio !


Etrange, n'est-ce pas ?? Ne sentez-vous pas un potentiel magique chez ce clebs ??  
C'est louche tout ça !
La suite nous dira que papa avait raison, puisque ce sont ses nouveaux amis qui vont, bien malgré eux, le sortir de l'anonymat et précipiter les événements : John va se faire repérer des Mogadoriens en faisant la une des médias locaux pour avoir sauvé Sarah des flammes lors de l'embrasement de la maison familiale de Mark James. Le footballeur avait profité de l'absence de ses parents pour organiser une fête à la mesure de sa popularité. Précisons que l'incendie a été en partie causé par Sam qui, tout occupé qu'il était à lécher les seins la pomme de sa copine Emily dans la cave, a fait tomber une bougie...

Un départ mou du genou mais un final turbo 

Si, dans une première partie du roman, on est plus tenté de se laisser porter par le quotidien de John que de s'y plonger franchement, les soixante dernières pages nous captivent car elles marquent le début d'une action sans relâche. Alors on ne remerciera jamais assez Sam d'avoir foutu le feu chez Mark James, même si c'était involontaire !

Et ça fait du bien. Car lorsque j'ai commencé à lire la rencontre entre John et Sarah, je me suis exclamée : "Oh putain ! Ca va être Twilight version extraterrestre ce bordel !" Par chance, j'étais seule dans la laverie.

J'ai pas de vidéo du moment où ils courent comme des cons au milieu des fleurs en se tenant la main.
Dommage

Je ne sais pas si c'est parce que je venais de voir la dame qui me fait peur, ou juste parce que j'étais mal lunée, mais les premiers chapitres m'ont semblé rebutants à souhait..

Déjà, le héros m'a énervée direct : trop gentil, propret, manquant visiblement de personnalité, racontant le passé de Lorien avec une certaine froideur _ce qui peut s'expliquer vu que ses souvenir remontent à une dizaine d'années... On voit arriver gros comme une maison qu'il va bien s'entendre avec Sam et Sarah lui tombe toute cuite dans le bec, sans qu'il ait besoin de la draguer très longtemps.

Les méchants Mogadoriens sont tellement méchants qu'ils ont le sang noir et que quand ils meurent, ça fait un tas de cendres ; d'ailleurs, le grabuge de la fin me donne envie de récupérer toute cette poussière brûlée pour mes poules. Comme chacun sait, y a pas mieux pour l'épouillage.


Séance d'épouillage entre copines


Quant à Mark, stéréotype du sportif écervelé qui voit rouge dès qu'un type s'approche trop près de celle qu'il aime _ mais qui l'a largué !, on regrette que son personnage n'ait pas été plus creusé même si la fin de ce premier volet de Lorien Legacies laisse entrevoir un semblant d'ouverture dans sa cervelle obtuse. A suivre...

Devinez quoi : les gentils sont très gentils et ils se font des câlins dès qu'ils en ont l'occasion. J'exagère à peine. Sam est attendrissant dans son rôle de crevette à binocles bizutée et passionnée de vie extraterrestre depuis que son père a été enlevé par les petits hommes verts _c'est du moins ce dont il est convaincu ! Va-t-il seulement parvenir à se libérer de sa mère castratrice ? La palme de la niaiserie revient à la relation qui unit Sarah et John, car elle est agaçante au possible. Je m'aime, tu m'aimes, nous nous aimons alors nous nous léchons la gueule dès que nous le pouvons et nous soupirons dès que nous ne le pouvons plus ! Bordel ! Était-ce vraiment nécessaire de faire de leur idylle une histoire aussi mielleuse dès le début, dégoulinante de partout et sans aucune pudeur ?? Tout ça parce qu'elle lui a appris à faire une crêpe à peu près correctement en cours d'"économie domestique" _ouais, ouais, ils ont des cours de cuisine ! et parce qu'il a bien voulu l'aider à nouer son tablier à la même occasion. Enfin, comme vous le savez depuis le temps, je ne suis pas fan des histoires d'amour dans les romans quand je sais que l'action, la vraie, ne demande qu'à éclabousser tout le monde quelques pages plus loin.

LA VIE !! J'ai seulement tapé "couple niais" sur Google et je suis tombée sur eux !! 

Eh oui, bien que je n'arrête pas de baver dessus depuis tout à l'heure, je le dis : Numéro Quatre a des arguments pour plaire et ne vole pas son succès. 

  • Le potentiel camouflage. Pour vivre heureux, vivons cachés ! Henri et John ont développé un art de la dissimulation et du changement d'identité que les auteurs nous présentent à demi-mot et qui en surprendra plus d'un. Les situations à risque sont d'autant plus difficiles à gérer, et les secrets d'autant plus lourds à garder qu'ils sont deux à en avoir la responsabilité. Histoire de nous rappeler qu'un bon mytho monté en binôme ne tient que si la confiance et la complicité sont au rendez-vous. Du coup, du haut de ses quinze ans (ou à peu près), John a déjà acquis le réflexe de ne rien laisser traîner derrière lui.   
  • La diversité des dons. La transmission de pensée, on connaît. La télékinésie, on a déjà vu. La communication avec les animaux : aussi, mais ça marche toujours. Le mythe de l'homme invisible : rebattu, mais tellement efficace ! Par contre, les lumières dans les mains, il fallait y penser !  
  • Un monde à part. Les auteurs ont le mérite d'avoir crée l'univers d'un peuple détruit, d'une planète ravagée. Bon, apparemment la planète Lorien ressemblait un peu au monde des Bisounours avant que les Mogadoriens posent leurs grosses bottes de méchants dessus, avec plein de prairies, de rivières, peuplée de gens qui s'aimaient et vivaient "en harmonie", mais j'ai toujours beaucoup d'admiration pour ces gens capables de créer une civilisation parallèle de A à Z.  
  • Des animaux qui parlent. Le traitement de la communication avec les animaux dans les romans est immanquablement une question intéressante à aborder dans un livre. On retiendra ici qu'elle est tout d'abord inconsciente chez John ; le Loric est capable de recevoir des pensées des bêtes qui l'entourent, et d'en transmettre lui aussi. Or il ne s'en rend compte qu'à la toute fin de l'histoire, lorsque Six lui apprend que Bernie Kosar n'est pas un animal "comme les autres". Il réalise alors qu'il échange avec lui depuis leur première rencontre, quelle que soit sa forme (lézard, chien...) et que cette possibilité de dialoguer avec le monde animal ne s'arrête pas à lui. Au contraire, ce nouveau don s'est progressivement développé sans qu'il y prête la moindre attention. Cette prise de conscience tardive, suivie d'un sentiment d'évidence du type "mais comment j'ai fait pour pas le voir plus tôt ?" est réussie. On est aux antipodes de L'Assassin Royal de Robin Hobb et des violents chocs de pensée entre Fitz et les animaux qu'il croise sur son chemin, ou de la fusion presque destructrice qu'il peut connaître avec son loup, Oeil de Nuit. 

Enfin, pour ceux qui auraient commencé à lire Numéro Quatre et qui auraient l'impression de n'en plus voir la fin tellement John et Sarah sont chiants à mourir, je vous encourage franchement à aller jusqu'au bout. A partir de l'incendie de la maison des James, à l'issue duquel John l'extraterrestre finit sur Youtube comme un con et se fait repérer par l'ennemi, tout s'accélère. Pour reprendre les propos de Six, le temps de la fuite se termine, il faut maintenant s'attacher à affronter les Mogadoriens en face à face. A peine a-t-on compris l'enjeu du combat imminent que le ciel se couvre, le lycée devient un champ de bataille improvisé, les méchants sortent de partout en faisant grincer leurs dents pointues et leurs poignards ensorcelés, et des bêtes aussi énormes qu'affreuses tombent sur la gueule de l'homme aux mains-lampes de poche !! Alors, alors seulement, vous pourrez être sûr que vous en avez pour votre prix !

BASTON !!!!!!!!!!!!!

A part ça, toute l'histoire est écrite au présent _dans la traduction française en tous cas, et ça m'énerve prodigieusement, parce que je trouve que certains passages sonnent faux à cause de ce choix de temps. Il me semble que ça nuit à la qualité de l'écriture, mais c'est peut-être une impression très personnelle.

Y a plus qu'à regarder le film et lire la suite !

PITTACUS LORE. Lorien Legacies, Tome 1 : Numéro Quatre. J'ai Lu, 2010. Coll. "Baam!". 446 p. ISBN 978-2-290-02357-0

Si vous voyez des fautes, signalez-les en commentaire, j'ai la flemme de me relire. Merci ! 

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