lundi 30 décembre 2013

Pitch Perfect - Jason Moore (2012)



Vendredi soir, veille des vacances de Noël, j'avais pas le moral. Mais vraiment, pas du tout. Pourtant, j'aurais du : tous les gens qui bossent dans l'Education Nationale ne vivaient que pour ce jour-là depuis des semaines ! De plus, mes séances avec les 5° et les 6° s'étaient relativement bien passées _petit jus de litchi aidant^^, malgré une gestion du temps encore bien approximative et un collègue... hum... pas super convaincu par l'utilité de l'IRD et du Projet Sciences.

Certes, j'avais eu le regret d'avoir à décliner une invitation à un repas au thaï avec les collègues, qui fut sans doute, même si on ne le saura jamais, un épisode charnière de la série  On prend un pichet de rouge ? S02X24, mais ce ne fut rien d'autre qu'une légère contrariété.

Non, ce jour-là, c'était l'enterrement d'un gars qui était dans ma classe, au lycée. Désolée de plomber l'ambiance du blog, hein, mais je vous assure que ça vous retourne, ces choses-là, quand bien même vous auriez le cœur fripé comme un vieux pruneau.

Un mec de mon âge, que j'ai vu tous les jours pendant trois ans. Avec qui je n'avais pas spécialement d'affinités ; à qui je ne me suis absolument jamais intéressé, avec qui je n'ai jamais réellement pris le temps de parler. Qui m'agaçait un peu, que j'avais parfois envie de boxer : c'est tout naturellement qu'on a pas gardé contact après le BAC. C'est con, y avait sûrement bien mieux à faire. A présent j'ai l'impression que mon souvenir de lui est beaucoup plus net que celui que j'ai gardé de certains de mes bons potes de l'époque. Je ne sais pas si c'est parce qu'il est mort ou quoi. Mais pourquoi disserter là-dessus ? Y a plus rien à faire de toute façon, à part penser à sa famille, se dire : "quel dommage, quelle injustice" et éventuellement pleurer.

Il était 21h et j'avais beaucoup de mal à penser à autre chose. Se secouer, là, tout de suite, avant que la situation ne s'installe, parce que s'apitoyer ne nous le ramènera pas. Saisir un moment drôle, s'y fixer et tenir bon.

Le boulot, inévitablement, puisque j'y passe les 3/4 de mon temps.

Le CDI. Ma collègue assistante péda (future prof de maths)* et moi, en train de chanter devant une poignée d'élèves, qui ne savent pas s'ils peuvent se permettre de rire, ou pas.

On gueule (très mal, exprès) une chanson qu'on travaille avec la chorale du collège : When I'm gone, "Cup song", qui s'accompagne d'une espèce de chorégraphie avec des gobelets. Un chanson extraite de la BO d'une comédie musicale, Pitch Perfect. 

Se remettre dans l'ambiance de la chorale. Entendre ma géniale et survoltée voisine d'en face* (oui je le pense) dire que "c'est un film super", ou quelque chose dans le genre.

Sentir l'effet du Get 27 dans ma face. M'entendre ouvrir la bouche pour demander si c'est un film qui parle de brioches aux pépites, et la refermer en me disant que non, ça fait trop pitié comme vanne. L'alcool n'excuse pas tout.

Ladite comédie musicale. Trouver une bande annonce, voir si ça a l'air assez marrant ou pas. Ouais, ça a l'air. Le chercher en streaming, s'agacer, s'impatienter, le télécharger. En VO, avec les sous-titres... en anglais. Illégalement : faut pas abuser. J'achèterai le DVD seulement si le film me scotche, et honnêtement, là comme ça, j'y crois pas trop. Poser son cerveau et le regarder.       


"Bon, sinon, quand est-ce que tu nous parles du film (, bouffonne) ?"

Maintenant !  

C'est purement pour faire plaisir à son père que Beca vient d'intégrer la Barden University ; elle n'a pas plus l'intention d'aller en cours que de profiter de la vie d'étudiante. La jeune fille solitaire et quelque peu hautaine poursuit un autre rêve : se faire une place dans l'univers des DJs en se battant à coups de sons techno. Elle projette donc très logiquement de passer ses journées à créer des "remixes et des "mash-up" sur son Mac au lieu d'étudier.

Or, Beca sait très bien que lorsqu'on veut se faire connaître et se constituer un réseau, il vaut mieux se montrer un minimum sociable : elle se rapproche rapidement de la radio étudiante tenue par Luke, un type un peu décalé à qui elle propose ses créations, et écume d'un oeil lointain la Foire aux Activités de sa fac : saura-t-elle y dénicher un club de petits David Guetta en herbe ? Non point. Même s'il y en a pour tous les goûts, Beca ne trouve pas chaussure à son pied. Par contre, elle tape dans l'oeil de Chloé et Aubrey, deux membres des Barden Bellas, une chorale de chant a cappella exclusivement féminine.


Chloé, c'est la rousse.

Avant, les Barden Bellas formaient un groupe très sélect et défendaient leur répertoire vieillot en prônant le respect des traditions. Elles représentaient l'université au concours national de chant a cappella et pouvaient se permettre de refouler sans ménagement pas mal d'étudiantes attirées par leur prestige. Mais ça, c'était avant. Depuis, il y a eu cette désastreuse finale de concours pendant laquelle Aubrey a généreusement dégueulé sur le public en plein milieu de sa prestation, laissant s'envoler toutes chances de victoire. Autant dire que l'épisode a gelé la notoriété du groupe et généré les chambrages de rigueur : non seulement, plus personne ne veut faire partie des Bellas, mais en plus de ça, elles sont en proie à un foutage de gueule général. Les voilà réduites à recruter des filles bien loin de la perfection initialement visée, tant au niveau plastique que vocal. Parviendront-elles à vaincre enfin les arrogants Treblemakers, leurs homologues masculins et concurrents directs ?


Gros plan sur la Cup Song 

A l'issue du racolage commercial dont elle est la proie, Beca affirme simplement qu'elle ne sait pas chanter et décline poliment les propositions des Bellas, un peu à la manière dont on laisse les témoins de Jéhovah sur le pas de la porte.




Mais Chloe ne s'arrête pas à ce refus : elle piste Beca et finit par la coincer sournoisement dans les douches de sa résidence pour la convaincre de venir passer les auditions. Allez savoir pourquoi, la DJ se présente effectivement au test et éblouit son monde avec la fameuse Cup Song évoquée plus haut.

Au fait, l'héroïne est interprétée par Anna Kendrick. 
Bubulle, je pense que tu la connais.

Comme vous pouvez l'observer ici, les jonglages avec le gobelet servent avant tout à créer un rythme sur lequel la fille s'appuie pour chanter. Nombreux sont ceux qui s'amusent à reproduire la performance en y apportant des variantes. Visuellement, le résultat obtenu est fascinant...

Voilà : ça, c'est ... la version en rapport avec le film...

... ça, c'est ... magnifique ! 

.... ça, c'est .... irlandais...

et ça... c'est un peu moi...


... mais il n'en demeure pas moins assez galère à réaliser. D'ailleurs, voyant qu'après un mois d'entraînement quotidien au CDI, toujours avec ma collègue assistante péda*, mes efforts restaient stériles, j'ai été obligée de prendre des mesures radicales pour éviter que la situation ne stagne :

Faut jamais rester sur un échec.
Plus sérieusement, ça vaut le coup de s'accrocher : sachez que les gosses de la chorale réussissent très bien et s'éclatent à fond avec cette petite chorégraphie en plastique.

Sur ce, fermons la parenthèse et revenons à nos phacochères.


La dure vie des Bellas 

Beca devient donc membre à part entière de ce groupe de chanteuses aux caractères et aux qualités vocales disparates. Toutes sont tournées vers un objectif commun : battre ces cons de mecs des Treblemakers pour qu'enfin ils ferment leurs gueules., et en particulier Bumper, leur insupportable chef de file.




La guerre est déclarée ! Par conséquent, tout contact rapproché avec un gars de la bande à Bumper est prohibé, sous peine d'exclusion définitive des Bellas pour cause de haute trahison. Pourtant, les comportements hostiles manifestés ouvertement de part et d'autre n'empêchent pas le Treblemaker Jesse de draguer lourdement Beca en émettant cash l'hypothèse d'avoir des enfants avec elle. Ce qui reste, soit dit en passant, un des meilleurs moyens de faire tracer une nana jusqu'à la ligne d'horizon.




Sous la houlette d'une Aubrey à la limite du despotisme, les Bellas entament un entraînement vocal et sportif intense qui rappellera à certains des épisodes de la série Un Dos Tres... à la différence que, dans Pitch Perfect, les exercices "éprouvants" sont tournées en dérision : on reste bien ancrés dans la comédie (musicale, certes...) et ne se prend pas au sérieux.



Bien entendu, Beca s'insurge contre les chansons qu'elles vont devoir préparer, car elles lui semblent trop anciennes, mais en tant que nouvelle arrivante, elle n'a pas vraiment son mot à dire. D'autant plus qu'elle n'est pas suivie par ses copines de chorale. Sa tendance à se rebeller contre le système bien huilé des Barden Bellas ne risque-t-elle pas de nuire à son intégration ? La suite le dira.

Je m'arrête là, sinon on va encore me dire que je dévoile trop d'éléments du film (alors que non) ! 

L'originalité est ailleurs... 

De toute façon, que je vous raconte l'histoire en détail ou pas, vous verrez par vous même que le cheminement de l'intrigue de Pitch Perfect (sorti en France sous le titre The Hit Girls) est assez prévisible. Deux équipes rivales qui s'affrontent à coups de battles musicaux, une revanche à prendre, deux personnages qui sympathisent... Même pour quelqu'un qui n'est pas spécialement fan de comédies musicales, de séries télévisées telles que Glee, d'émissions de télé-réalité dans le style de Star Academy, A la recherche de la Nouvelle Star, et j'en passe, Pitch Perfect aura forcément un air de déjà-vu. Dès lors, comment faire la différence ?

Jason Moore a quand même su relever le défi ! Si le réalisateur de Dawson ne s'est pas gêné pour réexploiter le contexte du lycéen qui arrive à l'a fac, s'y paume, découvre les joies de la chambre partagée avec un(e) grincheux(se)...

Kimmi Jin, avec toute la grâce qui la caractérise...
... ou un(e) nympho...

Audrey (la colloc de Joey, Dawson S05X01)

 ... et part en quête d'une secte asso ou d'une "confrérie" aux codes aussi comiques que flippants, ...

.... telle que les Treblemakers (Pitch Perfect)

... ou les Sigma, les potes de Jack (Dawson, S05X03)
... il s'est essayé à quelques injections de fraîcheur dans son premier long métrage :

  • L'héroïne n'a pas vraiment l'âme d'une chanteuse. Alors que les héros de séries ou de comédies musicales se battent et se bouffent pour avoir le premier rôle, être les premiers de leur promo, Beca se greffe à la chorale parce que... tiens bonne question ! Bah, parce que Chloe l'a un peu tarabustée et aussi parce qu'elle a rien trouvé de mieux à faire ! C'est avec un léger mépris qu'elle considère l'enthousiasme et l'investissement de ses nouvelles copines. Bien entendu, elle finit par se prendre au jeu et par instiller le petit plus qu'elle porte en elle : son goût pour la musique électro, sa connaissance des titres actuels, sa capacité à "mixer".
  • Il est rare, me semble-t-il, qu'un réalisateur prenne le risque de mettre à l'honneur la techno, la trance. Dommage que cette nouveauté ne soit pas exploitée à fond. De même, le fait que la compétition de chant a cappella nécessite de la part des artistes une capacité à "tout faire avec la bouche" en l'absence d'instruments n'est pas vraiment mise en valeur. Mais c'était une bonne idée quand même.  
  • Amy ! Elle porte à elle seule les trois quarts des effets comiques du film. Elle est pleine d'autodérision sur son physique et parvient toujours à dédramatiser les situations tendues (plus ou moins volontairement, d'ailleurs). Je n'ai pas le souvenir d'avoir croisé un équivalent à ce personnage dans un autre film.




  • C'est assez rare pour être souligné : Pitch Perfect est un film sans cul. Autant dire que je trouve cela très appréciable ; en outre, l'absence de scènes d'amour et de sexe représentent un gain de temps inestimable : la durée du film reste en deça des 120 minutes _durée maximale supportable pour un film, à mon avis. La frustration des autres spectateurs pourra cependant se comprendre aisément : si Amy n'était pas là pour parler d'herpès, railler la coéquipière qui baise plus que la moyenne ou prendre des paris sur l'orientation sexuelle de Cynthia Rose, on pourrait croire que les étudiants de Barden ont tellement tout donné au lycée que niquer ne les intéresse plus du tout ! Quant à la pseudo histoire entre les héros, elle avance aussi vite que les travaux de rénovation de mon ancien bahut, c'est dire... Merde alors, bougez-vous un peu, même dans Loving Annabelle, il se passe deux-trois trucs à la fin ! En même temps, quand Beca aura chassé la Joey Potter qui sommeille en elle, autrement dit, quand elle saura enfin ce qu'elle veut, on pourra PEUT-ETRE songer à mettre de la monnaie de côté pour le paquet de capotes. Par contre, je suis déçue qu'elle se soit pas tapée la rousse, c'était plutôt bien parti.  
  • Ah ! J'avais jamais vu autant de vomi dans un film depuis La cité de la peur ! Je sais pas si c'est une donnée encourageante ou pas pour la suite de la carrière de Jason Moore au ciné, mais il fallait y penser... 



  • Enfin, c'est avec une grande joie que j'attibue à Pitch Perfect le Label Rainbow, réservé à toutes les oeuvres cinématographiques qui mettent en scène correctement au moins une fille ou un mec de la maison ! Par "correctement", j'entends : assez subtilement pour que l'effet produit ne sonne pas trop comme une présentation de bête de foire ni rameutage d'une clientèle ciblée pour mieux promouvoir le film.

Bon, Cynthia Rose est quand même un joli cliché ambulant, mais au moins, on ne lui met pas les projecteurs dans la gueule pour lui tirer les vers du nez... enfin si, à la fin, mais la scène tourne à la blague et on enchaîne très vite sur un autre sujet.

Attention, attention : le film est une adaptation du roman d'un certain Mickey Rapkin ; dans l'idéal, il faudrait d'abord le lire pour se prononcer sur la qualité du film. Mais maintenant que je connais l'histoire, je n'ai plus forcément envie de découvrir le roman : donc tant pis, je prends le risque d'être à côté de la plaque.

On pourra reprocher au réalisateur de ne pas assez creuser l'histoire, les personnages, de ne proposer que de courtes scènes chantées... mais la légèreté à parfois du bon. Pitch Perfect / The Hit Girls est exactement le film marrant et sans prise de tête à regarder quand on a passé une journée de merde. Comme cela vous arrivera forcément tôt ou tard, gardez ce titre en tête !


Pitch Perfect / The Hit Girls 
Jason Moore 
(Comédie musicale)
2012 
Universal 
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* Coucou Amélie !
* Coucou Val !
* Coucou Amélie (bis) !

6 commentaires:

Bubulle!! a dit…

En effet ! ;-)

Java a dit…

Apparemment elle fait un vampire dans Twilight mais ça ne me dit rien... même avec les photos.:-(

Kao a dit…

Plop! Je crois bien que c'est mon premier commentaire sur le blog de quelqu'un qui m'en laisse pourtant regulierement...
Bref, j'avais pour ma part adoré le film, mais je tenais à souligner que la vanne sur les temoins de Jehovah m'a bien fait marrer (c'est un peu ma came personnelle), et j'avoue avoir aussi été un peu frustrée qu'elle ne finisse pas avec la rouquine (pourtant c'est bien connu: ginger do it better).

Et pour finir, elle a joué *google* la "meilleure amie" de Bella.

Java a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Java a dit…

Ah ok, c'est pour ça que je ne la reconnaissais dans aucun vampire ! Merci pour l'info ! et pour ton commentaire, au passage. Figure-toi que j'ai pensé à ton blog en écrivant ce billet, je me suis demandé si tu n'avais pas parlé de ce film quelque part...

Kao a dit…

Si j'en avais parlé y'a un an presque tout pile! D'ailleurs, si tu as l'occasion de passer par chez moi (mon blog hein) dans les heures qui viennent (ou même après), tu y trouveras un petit clin d'oeil. :)