Savoir prendre du recul ...
Autant on peut s'éclater à parcourir les domaines inconnus de la bande-dessinée et la fraîcheur des nouvelles oeuvres, autant il est bon de redécouvrir les albums qu'on a déjà lus ! Il y a quelques années, je me suis plongée dans la lecture des trois premiers tomes des Aigles Décapitées (Pellerin / Kraehn). Mes parents m'avaient offert "La nuit des jongleurs", L'héritier sans nom" et "Les éperons d'or" le jour où j'ai eu le BAC : c'était mon cadeau. Le contexte médiéval m'avait bien plu, mais l'abondance du texte et les références historiques nombreuses et précises m'avaient pris la tête. Par conséquent, je n'ai ni investi dans les 20 tomes suivants, ni poursuivi la lecture en bibliothèque, ce qui aurait été largement possible car la renommée de la série n'est plus à faire. Les 23 tomes des Aigles décapitées sont parus entre 1986 et 2011. Ils ont été réédités quatre fois depuis.
Jamais je la rattraperai, ma blouse ! |
Résumé de "La Nuit des Jongleurs".
Après une
relecture moins hâtive et plus avertie _ j'en sais un peu plus sur
l'histoire du Moyen-Age qu'après la terminale, et heureusement _
voici ce qu'il en retourne des Aigles Décapitées.
Nous sommes
en 1241. Le roi Louis IX a délégué à
son frère Alphonse le contrôle du Poitou et de
l'Auvergne. Le comte Guy de Lusignan s'y oppose et monte un complot
contre Alphonse, à l'aide des hautes figures des alentours, dont
Enguerran, le seigneur de Crozenc. Mais les souverains au pouvoir ne
sont pas dupes de leur manège et envoient des émissaires dans les
forteresses douteuses pour mieux estimer le danger qu'ils
représentent. Aussi, lorsqu'il reçoit chez lui le bailli Noyon
envoyé à l'improviste par le roi, Enguerran est bien obligé de se
montrer extrêmement faux-cul prudent afin
de ne pas attirer trop de soupçons.
C'est dans cette
ambiance malsaine que Hughes et Sigwald, des ménestrels bien trop
habiles aux armes pour n'être que de pauvres artistes itinérants,
sont capturés et enfermés dans la forteresse d'Enguerran. Ils sont
accusés d'avoir tué un sanglier poursuivi par les hommes
d'Enguerran, gâchant ainsi l'excitation de leur partie de chasse.
Une fois emprisonnés au château, leur esprit téméraire et leurs
curieux projets vont les amener à s'échapper et à semer le trouble
dans la maison du seigneur de Crozenc.
Image prise sur Scénario.com |
Hughes, jeune
blondinet aussi impulsif et téméraire que sa jeunesse peut le lui
permettre, est en fait le fils de Renaud, l'ancien seigneur de
Crozenc. Vingt ans plus tôt, Enguerran l'a fait assassiner et s'est
débarrassé de l'héritier. C'était sans compter le dévouement de
Sigwald, dit Tranchecol, le meilleur ami de Renaud, qui a recueilli
Hughes pour l'initier aux armes. Ensemble, ils se sont fixé comme
objectif de récupérer la place qui revient de droit au jeune
homme. Pas la peine d'aller plus avant dans ses tribulations
pour savoir qu'il va taper dans l'oeil d'Alix, la fille unique
d'Enguerran une damoiselle plus proche des bois, des chevaux et des
lévriers que des robes ou de la broderie. Sigwald est en
effet un guerrier défraîchi avec de beaux restes. Il est qualifié
de "vieux bouc", un surnom le résume bien, et semble
encore au goût d'Ermeline, son ancienne maîtresse. Il souffle à
son jeune protégé la voix de la sagesse, bien que les trahisons du
passé ne semblent pas toujours lui avoir servi de leçon.
Les Aigles
Décapitées est incontestablement une BD pour un public adulte,
non seulement pour son côté historiquement pointu et ses subtilités
pas forcément faciles d'accès, mais aussi parce qu'on y voit
quelques filles à poil et pas mal de sang. Et encore, ce premier
album n'est pas trop gore par rapport aux deux suivants. Mais bon, que
voulez-vous ! Pellerin et Kraehn nous content le Moyen-Age nous dans
toute la splendeur de ses forteresses, des ses campagnes retirées et
propices à la chasse, de son langage haut en couleurs ("La chaude garce !")... et ils y
parviennent très bien. Alors inutile d'y attendre les niaises joyeusetés propres à un conte pour enfants !
Ce premier volume
paraît certes très dense en informations et en contenu textuel,
malgré un effort visible pour rendre les éléments de l'intrigue
compréhensibles ; mais, comme le sous-tend le principe de la série,
on ne peut juger de son efficacité que sur la longueur. Petit à
petit, vous verrez que tout s'éclaircit, et une seconde lecture
finit de lever les dernières zones d'ombre. A suivre, donc, et
surtout, ne vous découragez pas !
PELLERIN, Patrice ; KRAEHN, Jean-Charles. Les Aigles Décapitées. "Tome 1 : La Nuit des Jongleurs". Glénat. Coll. "Vécu". 1986. 48 p. ISBN 2-7234-0610-5
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