jeudi 11 août 2011

Mytho-méthode : comment ne pas aller chercher le pain


Mentir, c'est mal, tout le monde vous l'a toujours dit. Mais y a-t-il de plus grande joie que celle de balancer un joli bobard bien ficelé à quelqu'un qu'on n'aime pas trop, et de le regarder le gober sans l'ombre d'un soupçon ? Il faut en tous cas admettre que le détournement de vérité est parfois bien pratique, sinon inévitable. 

Cependant, un problème se pose. Inutile de se voiler la face et disons-le clairement : nous ne sommes pas égaux face au mensonge, nous ne possédons pas tous de façon innée l'art de mentir. Comme dans bien des domaines, certains sont naturellement doués d'imagination et de répartie, alors que d'autres doivent apprendre et travailler dur pour compenser ce qu'ils n'ont pas naturellement. C'est pourquoi il est essentiel de PRA-TI-QUER dès le plus jeune âge ! 





Beaucoup admettent bien volontiers qu'ils ne "savent pas mentir". 

Ne vous inquiétez pas pour autant : ça s'apprend !  Pour commencer, nous allons aborder des situations simples mais classiques, aussi utiles que les mots courants que vous glissez dans votre valise juste avant de partir en vacances dans un pays dont vous ne connaissez rien de la langue. 

Sans avoir la prétention de vouloir réinventer la typologie du mensonge, je voudrais avant toute chose distinguer le mensonge défensif du mensonge artistique. Le premier est le plus courant : c'est celui qu'on crée et qu'on utilise pour se dépêtrer d'une situation inconfortable. Le second est volontaire, souvent prémédité et donc mûrement réfléchi : il intervient à l'initiative de quelqu'un qui n'a pas besoin de fausser la réalité dans l'immédiat, mais qui attend beaucoup de l'effet produit sur le récepteur et sur ses actes futurs.  

C'est donc très logiquement que nous laisserons de côté le mensonge artistique, réservé aux menteurs expérimentés, pour d'abord nous concentrer sur le défensif.

 
BOBARDEMENT IMMINENT : Comment ne pas aller chercher le pain
 

Situation de départ : vous êtes sur le chemin du retour lorsque votre partenaire domestique* vous appelle : il n'y a plus pain dans la huche, ce serait bien d'aller en chercher à la boulangerie située au coin de la rue. Or, vous n'avez justement pas du tout envie d'y mettre les pieds ce jour-là car vous savez très bien qu'à cette heure-ci, c'est précisément LA boulangère maudite qui tient la boutique. Oui, celle-là même qui vous a mis, non pas un râteau, mais carrément une moissonneuse-batteuse dans la tête, quelques années plus tôt. Vous n'avez aucunement l'intention de lui faire gagner un seul centime, et il est hors de question de retourner en ville pour une baguette. Vous décidez de rentrer les mains vides, et comme la boulangère est aussi une connaissance de votre partenaire domestique, vous n'avez d'autres solution que de ficeler un beau mensonge défensif en moins de 5min. 

1) Attention, il s'agit d'un mensonge défensif ; il est fortement déconseillé de répandre la moitié de votre bobard tout en ouvrant la porte : "Je te préviens tout de suite, je n'ai pas de pain, mais je vais t'expliquer ! ". Vous aurez l'air stressé et c'est le meilleur moyen d'attirer les soupçons ; ayez l'air d'avoir la conscience tranquille : après tout vous n'avez rien fait de mal, puisque vous n'avez rien fait du tout ! Attendez que l'autre amène le sujet : elle/il peut très bien avoir oublié, en 5 minutes. C'est peu probable, mais c'est possible, car la chance vient souvent là où on ne l'attend pas.  
2) Faites feu de tout bois : reprenez très rapidement les éléments dont vous disposez.

"Vous êtes sur le chemin du retour lorsque votre partenaire domestique vous appelle : il n'y a plus pain dans la huche, ce serait bien d'aller en chercher à la boulangerie située au coin de la rue." 

Dans votre tête, essayer d'exclure tout ce qui gêne (la boulangerie, la rue) et tentez d'exploiter tout le reste : 

- le chemin du retour, qui comme on le sait, est long et semé d'embûches et de mauvaises rencontre, surtout lorsqu'on traîne sur ses talons la fatigue de... beaucoup de choses, sans doute ! A chacun de jauger si la fatigue peut être un argument ou non.  

- tout le monde n'a pas la chance d'avoir une huche, alors il serait peut-être bon de la maintenir vide quelques temps afin de pouvoir la photographier à vide / laisser en jachère / vidanger ... ?

- votre partenaire domestique était là, elle/lui ! Pourquoi était-ce à vous d'aller chercher le pain ? Est-ce qu'elle/il n'aurait pas un problème avec la boulangère, par hasard ? C'est à se demander... Cette remarque quelque peu agressive me paraît bonne à garder sous le coude si le bobard tourne au vinaigre. 

3) L'argument principal, qui est le noyau du bobard. Il doit être bref et facile à retenir pour mieux s'y tenir. Dans le mensonge d'art, c'est à partir lui que l'artiste menteur brode toute une dentelle de conneries. A vous de bien choisir ; il n'y a pas de mauvais noyaux, mais plutôt des noyaux solides et des noyaux friables : tout dépend de votre aplomb et bien entendu d'un minimum de réalisme. Dans cette situation, nous proposerons : Après ton appel j'ai estimé qu'il était plus sage pour des raisons nutritionnelles d'arrêter de manger du pain le soir. 

Cela peut paraître osé de s'engager ainsi sur le long terme, mais vous n'aurez qu'à dire le lendemain que le pain vous a tellement manqué ce soir-là que mince ! tant pis pour la santé, il faut profiter de la vie !  
 
4) La pluie d'arguments à la suite de votre conte de fées aura l'avantage de contraindre votre interlocuteur à garder le silence. Il servira à anticiper les possibles questions de l'autre et à gommer les dernières incohérences qui subsistent toujours lors d'un mensonge défensif trop rapidement mis sur pied :  


- C'est pour notre bien : on mange déjà trop de sandwichs ! 

- Il reste des biscottes. (Attention à l'huile de palme comme réfutation) 

- Je n'ai pas osé te dire non au téléphone car j'avais peur que tu dépasses ton forfait pour rien alors que j'étais en train de rentrer. 

.... 

5) A éviter : 

- "J'ai oublié ! " Non seulement cela montre que vous n'avez même pas fait l'effort d'inventer une histoire, mais en plus vous risquez de vous faire houspiller aussi désagréablement que si vous aviez dit la vérité. A ce prix-là, autant jouer le tout pour le tout et lâcher un pauvre mytho sans queue ni tête ni profondeur ! 

- Sourire ou rire en parlant : vous n'aurez plus aucune crédibilité et en plus de ça, vous agacerez profondément votre partenaire domestique ! Garder son sérieux est une base du mensonge, mais c'est l'une des compétences les plus difficiles à acquérir.

Normalement, vous devriez passer la douane sans problème cette fois-ci !
       
Si vous avez des idées de situations problématiques à résoudre en temps limité, n'hésitez pas à les proposer ! 


* merci à Facebook pour l'instauration de cette formule des plus énigmatiques ...

5 commentaires:

Bubulle!! a dit…

Hum, je vois que tu as mûrement réfléchi à tout ça... !^^
Cela dit, pas mal le bobard ! ;-) Mais IN-CON-CE-VA-BLE !!! Un repas sans pain... mais quelle idée, looool ! :-D

Java a dit…

J'avoue que je me suis drôlement remise au pain ces derniers temps... je crois que ça me manquerait maintenant !! hi hi ! ;-D Et voilà en un mot tu as démonté mon bobard, t'es vraiment trop forte !!

Bubulle!! a dit…

;-) Oh mais non, c'était recherché je trouve... mais je pense que ça ne peut marcher avec des personnes passionnées par le pain, lol ! (je ne me sens pas du tout concernée^^)

Java a dit…

C'est un point à rajouter : "connaître son interlocuteur pour mieux adapter son mensonge". Tu te rends compte que tu m'as rendu le goût du pain par ta passion ? ^^

Bubulle!! a dit…

;-D Ravie dans ce cas !! :-)