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mardi 9 juillet 2024

[REMEMBER LE COVID] La peste écarlate - Jack London (1912)

Ah, voilà bien longtemps que je n'étais pas revenue par ici ; non pas que j'aie oublié le blog, loin de là ! Simplement, les mots ne sortent pas sur commande, et d'ailleurs c'est bien dommage. A certaines périodes, on bouillonne, on implose même, parfois, de ne pouvoir s'exprimer, alors que c'est notre seul besoin immédiat. Je crois que le mieux est encore de rester patient en se disant que ça reviendra, que ça revient toujours. Plus on s'énerve, plus on rue dans les brancards et moins on n'a de chances de retrouver la clé. C'est hyper frustrant mais c'est ainsi ! 

Je vais essayer de faire une petite sélection de toutes les oeuvres de fiction, quelles que soient leurs formes, qui sont en lien avec cette plaie purulente qui nous affecte depuis plus de quatre ans, et dont on ne peut plus que rire : le Covid, et tous ses cousins fun (les virus, les vaccins, les périodes interminables de confinement). Autant dire qu'il y a de la matière. En voilà une, déjà : 

La Peste écarlate (1912) - Jack London



Photos : édition #Librio 

"Papy, c'était comment avant la peste écarlate ?" 

Dernier survivant d'une pandémie qui a décimé la population mondiale 60 ans plus tôt, un vieil homme raconte sa jeunesse à ses petits enfants. Transmettre ses souvenirs est un défi autant qu'un crève-cœur pour lui, car, faute de cerveaux et de bras, la descendance des rescapés de cette catastrophe sanitaire n'a pu faire mieux de régresser à l'état de chasseurs cueilleurs. Qu'il est difficile pour l'ancien, cultivé, nostalgique de l'électricité et des machines à vapeur, de se faire comprendre de ces jeunes perdus au-delà de dix mots de vocabulaire ! Pourtant, patiemment, en adaptant son langage, il leur raconte tout : sa jeunesse prometteuse à l'université, l'arrivée de la peste, la peur de la mort, les sacrifices inévitables, le retour des bas instincts, la difficile reconstruction dans la dangereuse et sauvage baie de San Francisco.

Un petit roman pas très fun, comme vous vous en doutez, qui nous aurait sans doute moins intrigué il y a quelques années, mais qui gagne à être (re)découvert. On retrouve les thèmes chers à Jack London : la nature, la capacité de l'humanité à passer du raffinement à la bestialité, la dimension sociale... Par contre, ne vous attendez pas à ce qu'on vous explique les causes de la peste et les éventuels remèdes, ce n'est pas le propos ! 

Le + : c'est marrant de voir comment l'auteur imaginait les années 2000... 

Le - : les caractères de l'édition Librio sont vraiment tout petits ! Si le lecteur est motivé, ça passera sans problème, mais un collégien qui entrerait à reculons dans le premier chapitre (forcément descriptif, faut bien tenter de situer 2073 après l'apocalypse...) risque de ne jamais succomber à l'appel de la forêt après ça. Je reste la première fan de la collection à 10F, mais bon ça pique trop les yeux, désolée. 


jeudi 26 mars 2020

[COMICS] Ms Marvel - Tome 1 - Métamorphose - G. Willow Wilson ; A. Alphona (2014)

Ne plus se serrer la main ; rester à distance d'un mètre les uns des autres. 
Il y a quelques jours encore, on trouvait ça aussi drôle qu'incongru. 
J'en riais devant les gosses, à gorge déployée.
"Mais range ton masque, enfin, c'est inutile !" 
J'ai pesté contre l'annulation du semi-marathon de Villepinte : celui de Paris, OK, mais celui de VILLEPINTE ! Comme si on allait être 5000 ! 
J'ai cru, moi aussi, que c'était juste une "mauvaise grippe" qui n'allait toucher que les personnes très fragiles. Il faut le reconnaître : on s'est bien plantés ! 


MS Marvel - Tome 1 - Métamorphose



L'histoire 

Jersey City, de nos jours. En dépit de ses seize ans, Kamala Khan a des allures d'enfant modèle : elle va au lycée, ne fait pas de vagues, respecte ses parents. Ses deux meilleurs amis ne sont pas populaires mais ils sont aussi fiables que de bonnes fréquentations peuvent l'être. Après les cours, elle passe ses soirées à écrire des fanfictions autour des Avengers, ces super-héros dont elle se prend à rêver les yeux ouverts. En les publiant sur Internet, elle semble bénéficier d'une notoriété qu'elle est bien loin d'avoir dans la vie réelle ! 

Kamala fait en effet partie d'une minorité aux yeux des jeunes qu'elle croise tous les jours : elle est musulmane pratiquante, ce qui leur suffit à l'associer à toute une valise de clichés plus réducteurs les uns que les autres. Elle a beau être patiente, les remarques tantôt maladroites, tantôt vicieuses de ses camarades de classe commencent à lui taper sur les nerfs ! La colère monte, tranquillement mais sûrement. L'envie de s'intégrer et de s'émanciper aussi. Quitte à gommer certaines facettes de son identité pour mieux rentrer dans le moule. 

Une BD aux couleurs chaudes comme cette soirée de bâtards sur les quais !

C'est ainsi que Kamala se retrouve à faire le mur, un soir, pour aller à une soirée ambiancée et alcoolisée sur les quais, histoire de tenter sa chance. Très vite, elle déchante : Zoé la peste locale se fout de sa gueule ouvertement et lui dit qu'elle pue le curry ; Josh le playboy relou essaie de lui faire boire de l'alcool en lui faisant croire que c'est du jus d'orange. Fiasco total, Kamala décide de rentrer à la maison, mais se retrouve prise dans un nuage de brume tératogène et tombe dans les pommes.

Quelque chose d'étrange se produit alors ; en rêve, elle rencontre son héroïne préférée Captain Marvel, accompagnée de ses acolytes Avengers. On ne sait pas encore trop s'il s'agit vraiment d'une sorte de "visitation" de ses "dieux", ou simplement d'une incarnation de sa petite voix intérieure, celle qui l'engage à se faire confiance et à se demander ce qu'elle veut, dans la vie. En tous cas, elle en profite pour leur faire part de ses désillusions et pour confier à Captain Marvel son envie de lui ressembler : si seulement elle pouvait être blonde et puissante, elle aussi ! La super-héroïne consent à lui filer un coup de pouce et à lui partage ses pouvoirs, tout en l'encourageant à croire en ses propres ressources. 

A son réveil, Kamala est métamorphosée en super-héroïne, et se lance dans une première opération sauvetage. Grâce à elle, l'insupportable Zoé échappera à la noyade sous les yeux embrumés de son copain complètement cuit : voilà de quoi prendre confiance... 


Mutation inopinée  

... ou pas... Chez les Khan, on aime bien la discrétion ! Kamala sait bien qu'une super-héroïne dans la famille laisserait tout le monde un peu perplexe : son père est tendu rien que d'imaginer que des garçons non-musulmans puissent l'approcher en dehors des cours ; sa nouvelle nature n'est pas raccord avec les traditions défendues par sa mère. Quant à son grand frère... il est juste en train de se radicaliser, au calme, sous les yeux de ses proches qui ne le prennent pas au sérieux et se foutent de sa gueule en attendant que ça lui passe. 

Pour elle, la question ne se pose pas : exposer ses pouvoirs à qui que ce soit n'est pas envisageable. Ils doivent rester secrets, si tant est qu'on puisse garder quelque chose de secret à l'ère du téléphone portable ! 

Evidemment, quelques curieux en mal de sensationnel se sont chargés de filmer le remontage de Zoé sur la terre ferme. Le lendemain, toute la ville a bien conscience qu'une nouvelle Miss Marvel est née. 



Vive les masques et la mutation physique en blonde qui accompagnent ses pouvoirs : ils ont offert à Kamala un dernier rempart à sa vie privée... pour cette fois-ci. Car, à la manière du carrosse de Cendrillon après les douze coups de minuit, ils peuvent s'en aller aussi vite qu'ils sont venus, et pas forcément au moment opportun. Apprendre à contrôler ses transformations, ses bras qui s'allongent à l'infini, cette super-héroïne qui pousse en elle _ sans être tout à fait elle_ va être une de ses priorités : il ne s'agirait pas de devenir son propre ennemi. Une vraie galère. L'adolescence, mais en pire. 


Bruno, l'asperge qui vous veut du bien 

Le piège serait de croire que Ms Marvel est simplement l'histoire d'une "super-héroïne musulmane". Même si c'est l'une des données qui contribuent au caractère original de l'oeuvre _l'islam semble assez peu présent dans les comics, du moins de ce que j'en connais... la religion de Kamala n'est pas un sujet central. Le sujet est bien présent, à travers la famille de la lycéenne et des rapports qu'elle entretient avec eux, il est bien présent dans le cercle d'amis, puisque sa meilleure amie Nakia est pratiquante, alors que son pote Bruno ne l'est pas ; mais pas déterminant. C'est plutôt d'une quête d'identité, de façon plus générale, qu'il est question dans Métamorphose : on suit la transformation progressive d'une jeune pakistanaise rêveuse et complexée par ses origines, en "sauveuse" de plus en plus puissante, de plus en plus sûre d'elle. 




Le chemin est semé d'embûches ; par chance, Kamala n'est pas seule pour les affronter. Bien sûr, Nakia est là, plus grande, plus forte, connue pour son sérieux... rassurante. Mais Bruno n'est pas en reste. A l'image d'Alex dans Buffy contre les vampires, ce personnage "secondaire" représente le bon copain sympa, sans charisme, sans pouvoir, mais dont le soutien moral et logistique est complètement indispensable à la réussite de la "vraie star". Bien entendu, il aime secrètement Kamala, au point d'être un peu trop protecteur à son goût ; elle le maltraite en conséquence. Dans ce premier tome où il est croqué par Alphona et son trait fin, Bruno est un grand type dégingandé, fort apprécié des parents Khan _c'est lui qui poucave "pour son bien" lorsqu'elle disparaît dans la brume, le fameux soir de fête_, qui travaille dans une cafétéria pour payer ses études, sous l'oeil condescendant de ses copains de classe bourges. On a hâte de voir comment il va tourner dans les prochains volumes.   

Après avoir lu ce premier tome de Ms Marvel, je comprends mieux pourquoi mon collègue prof d'arts plastiques le met systématiquement en valeur lorsqu'il présente des comics aux élèves : tous les affres de l'adolescence y sont décrits, assortis de l'espoir d'en sortir vivant.


G. WILLOW WILSON ; A. ALPHONA. Ms Marvel - Tome 1 - Métamorphose. Panini Comics. Coll. "All New Marvel Now !", 2014. ISBN 978-2-8094-4763-7 

samedi 11 janvier 2020

[COMICS] Iron Man - 1 - Croire - Kieron Gillen / Greg Land (2013)

Message aux puristes qui passeraient par là : je vais essayer de parler comics alors que je suis en train de faire mes premiers pas dans cet univers foisonnant. Par conséquent, je vais sûrement dire des conneries grosses comme moi. Si jamais vous repérez des boulettes qui font mal aux yeux, laissez-moi simplement un commentaire, et j'essaierai de rectifier le plus efficacement possible !



Rattrape le virus avant qu'il ne t'attrape 

C'est une soirée arrosée parmi tant d'autres pour Tony Stark, talentueux concepteurs d'armures dotées d'intelligences artificielles. Il est en train de draguer une blonde à gros seins en vidant des cocktails, tandis que son amie / secrétaire /nourrice / agent / psychologue Pepper Potts veille sur lui discrètement. Elle s'est posée dans le même bar, à quelques tables du couple, prête à intervenir en cas de dérapage.

Alors qu'il vient de ramener sa nouvelle conquête dans son somptueux appart _ Iron Man est un gros bourge semble vivre dans l'aisance _ et qu'il n'est pas loin de conclure, il reçoit un message vocal des plus inquiétants : son amie généticienne Maya Hansen vient de perdre la vie dans une rue de Buenos Aires, et le virus Extremis qu'elle tenait gentiment sous clef a été libéré. C'est une catastrophe : si jamais le puissant Extremis tombe entre de mauvaises mains, la Terre entière va le sentir passer. Elle a confié à Iron Man la lourde mission de le récupérer. 

Hélas, l'engrenage s'est déjà mis en route. Tony Stark va devoir revêtir ses armures les plus efficaces et s'affairer aux quatre coins du monde pour récupérer le précieux. Ses pérégrinations vont le mener à d'anciennes connaissances qu'il aurait préféré oublier...


Je sais, on voit pas bien le contenu des bulles.
Sachez simplement qu'ils sont bourrés tous les deux et que leur conversation n'a aucun sens.

Décors et armures  

L'Avenger va successivement voler vers la Nouvelle Avalon, la Colombie, Paris et enfin dans l'espace ; j'ai un peu galéré pour retracer son parcours car, d'une part, l'action exige une grande mobilité spatiale du héros, et d'autre part, la narration est entrecoupée de flash-backs. Certes, ils sont nécessaires pour les novices, mais ils rendent la lecture difficile. Enfin, c'était ça ou des notes de bas de page à n'en plus finir, j'imagine, alors je me garderai bien de faire la fine bouche.

Deux décors m'ont paru vraiment réussis, dans le sens où ils créent une ambiance qui nous permet d'apprécier au maximum les scènes de combat :

  • La Nouvelle Avalon - Comme l'indique son nom, cette île a voulu recréer la société médiévale des légendes arthuriennes. Le maire s'appelle Arthur, on cherche toujours le Graal _d'ailleurs, on l'aurait trouvé...?, les chevaliers de la Table Ronde sont drivées par une jeune femme nommée Merlin. Au sommet des buildings quelques oriflammes flottent au vent.. Cela n'empêche pas les résidents de vivre avec leur temps : les épées ont été remplacées par des lasers, on n'a plus besoin de chevaux puisqu'on peut voler. Fort de ses projections de flammes et de rayons lasers, l'affrontement aérien "Iron Man vs les chevaliers masqués" prend une teinte Star Wars. 


  • Les Catacombes de Paris - Iron Man doit buter des espèces de succubes emprisonnées dans les souterrains par des illuminés qui se disent scientifiques. Il s'agit en réalité de jeunes femmes à qui on a injecté le virus Extremis ; elles sont donc devenues terriblement agressives et dangereuses. Iron Man débattra avec son armure pour savoir s'il doit sacrifier la dernière. Il choisira de l'épargner et de l'emmener aux Etats-Unis, histoire de la soigner (et d'éviter tout coup de dent malencontreux). Une vignette nous montre qu'elle est enceinte, ce qui peut laisser présager son retour dans un prochain volume. Le combat à la chandelle dans les catacombes a travers les galeries tapissées de signes mystérieux et de crânes humains est surprenant.   

Iron Man prend toujours soin de sortir une armure différente à chaque bataille. Trois m'ont particulièrement étonnée, mais c'est sûrement parce qu'il ne m'en faut pas beaucoup.

  • L'armure translucide - Toute fine, à peine visible, transportable dans une mallette, elle nous rappelle la cape d'invisibilité de Harry Potter. Parfaite pour voyager, elle passe le plan Vigipirate au calme. A la différence, de l'accessoire préféré de l'apprenti sorcier, elle prend une consistance _et quelle consistance ! lorsque Iron Man la revêt. 

  • L'armure hologramme - Celle-là aussi, elle est pas mal. Lorsqu'on veut être sûr de passer incognito la porte d'entrée d'une bâtisse gardée, soit on s'arrange pour être invisible, soit on prend l'apparence du vigile. Tony Stark a opté pour la seconde option, faisant usage de son lumiflexeur intégré. 
  • L'armure canon - Les petits effets, ça va bien deux minutes, mais là on a plus le temps ! Au bout d'un moment, si tu veux arriver à tes fins, tu prends ta plus grosse armure, la balèze, la "canon", et tu défonces tout ce qui t'incommode. Yolo ! En fait, l'armure canon aurait pu s'appeler l'armure Roundup. 

Tony Stark n'est rien sans les carapaces qu'il crée ; fragile, en proie à ses vices, l'homme a su s'"augmenter", construire la puissance qu'il n'avait pas naturellement, et en même temps se créer une protection. L'album s'ouvre et se termine sur la même scène : Iron Man, seul dans sa coquille, volant au-dessus de la ville, est en train de laisser le champ libre à l'introspection, à ses réflexions philosophiques, à ses névroses.

Iron Man nouvelle génération 

Je ne sais pas si c'est aussi le cas dans les anciennes versions d'Iron Man, mais le modèle 2010 du Tony Stark prend la forme d'un play-boy fragile intérieurement, assez chanceux pour avoir une pote à l'écoute et déterminée à le libérer de ses démons _l'alcool notamment, et en même temps assez con pour passer ses nerfs sur elle à coups de vannes et de mépris. Bon, on devine que l'inventeur est plus attaché à elle qu'il ne veut bien le montrer _n'appelle-t-il pas une IA "P.E.P.P.E.R" ? Du coup, j'ai du mal à m'y attacher. Maintenant que j'arrive à la fin du billet, je me dis que j'aurais dû faire un "Roux Cool" sur Pepper Potts, tiens, cette bonne samaritaine qui l'accompagne au quotidien et avec qui il entretient une relation difficile à déterminer.  



Pas évident de revisiter le mythe Iron Man à la lumière de l'an 2000 ! Kieron Gillen et Greg Land ont visiblement su le faire, même si seuls les connaisseurs peuvent en juger. Restent à lire les quatre prochains albums _ Croire est le premier d'une série de 5, et surtout les nombreux précédents ! Graphiquement, les planches sont propres, soignées, presque plastiques ; peut-être un peu trop parfaites à mon goût, justement. Greg Land peint ses personnages de façon tellement réaliste qu'on se croirait presque dans un roman photo. J'ai dû tourner quelques pages avant d'adhérer, mais on va pas cracher dans la soupe : c'est esthétiquement très réussi. 

Kieron GILLEN ; Greg LAND. Iron Man 1 - Croire. Panini Comics, 2013. Coll. Marvel Now ! 128p.  ISBN 978-2-8094-3630-3