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dimanche 24 août 2025

[MANGA] Nikuko du port de pêche - 1 - Kanako Nishi ; Sugisaku (2025) / Sakamoto Days - 1 - Yuto Suzuki (2022)

Ca me dégoûte de voir le père de mes neveux leur gueuler dessus en disant "c'est pas à moi de tout faire, maintenant je suis seul à m'occuper de vous, donc vous devez vous occuper de moi aussi", alors qu'ils ont 7 et 9 ans, et qu'il en a presque 50.  

Ma sœur n'aimerait pas que les choses se passent de cette manière. 

Je sais bien qu'il ne vit pas une situation facile ; certes, il n'est pas sincèrement attristé par la mort de Marine, et quelque part, tant mieux pour lui et pour les enfants : cela lui laisse assez d'énergie pour se consacrer à leur bien être. La difficulté d'élever deux gosses est bien réelle, dans tous les cas, et je serais moi-même bien incapable de m'en sortir. Mais elle serait sans doute moindre s'il s'était un peu plus intéressé au quotidien de ses gosses avant qu'il ne réussisse à user ma soeur jusqu'à la corde, et avant que le pire n'arrive. 

C'est lui l'adulte, il ne doit pas l'oublier ; d'ailleurs, il sait le rappeler lorsque ça l'arrange. 

Rien ne me soulagera de la perte de Marine. Mais voir sa crapule de copain rétamé me donnerait l'illusion d'une forme de justice. 


Deux mangas très bien pour les collégiens ! 


Nikuko du port de pêche - 1 

Kanako Nishi / Sugisaku 

2025

Rue de Sèvres, Coll. Le Renard Doré 



Dans un village portuaire japonais où les gens vivent tous "comme il faut", l'arrivée d'une famille monoparentale est déjà un petit événement ! Alors forcément, le binôme formé par l'exubérante Nikuko, 38 ans, et la (trop) raisonnable Kikurin, sa fille de 11 ans, a de quoi intriguer. Pourtant, toutes deux trouvent tant bien que mal leurs marques dans ce microcosme, grâce à leur volonté et à leur optimisme. 

C'est la petite Kikurin qui raconte l'histoire, portant un regard plein d'amour mais empreint de perplexité sur une mère au parcours chaotique, très gentille, travailleuse mais un peu immature, toujours prompte à faire la fête après son service au restaurant... au risque de tomber entre les griffes d'hommes mal intentionnés. Consciente de la candeur de Nikuko, l'enfant a dû faire un croix sur son insouciance si bien qu'on se demande parfois qui est l'adulte, et qui s'occupe de qui. 

De son côté, Kikurin doit aussi gérer seule ses problèmes d'enfant _choisir (ou pas) son clan de copines, absorber les regards des garçons et les remarques faites sur sa mère... tout en se ménageant des moments de solitude, qu'elle réserve à la lecture. 

Un manga "vis ma vie à la campagne", ni trop dur, ni trop doux _comme le dessin de Sugisaku, qui aurait pu être chiant mais qui ne l'est pas, bien au contraire.


Sakamoto Days - 1 

Yuto Suzuki 

Glénat, 2022



Tout plaquer et partir ouvrir une épicerie dans la banlieue de Tokyo ! 

C'est ni plus ni moins ce qu'à fait Sakamoto, un ancien tueur à gages virtuose de la gâchette qui, un beau jour, a fait le choix de se ranger pour se marier, fonder une famille, et devenir gérant de supérette.

Les mafieux du secteur s'émeuvent de sa décision, et ne comprennent pas pourquoi cet '"Assassin légendaire" longtemps admiré et redouté a troqué le pistolet contre la scanette. Quelles que soient ses raisons, il doit à présent être éliminé : c'est la règle, on ne peut quitter le milieu que les pieds devants. 

Mais Sakamoto n'a pas l'intention de se laisser abattre : l'arsenal est à portée de main sous le comptoir, et, s'il a pris quelques kilos ces derniers temps, il a gardé tous ses réflexes. La bagarre n'est plus son délire, mais s'il doit se défendre, il le fera ! Comme vous le savez, les gens ne viennent jamais tant vous chercher des noises que lorsque vous aspirez à la quiétude... 

Au fil des chapitres, deux personnages rejoignent le cocon de Sakamoto, sa femme et sa fille : Shin, un jeune assassin télépathe au grand cœur, Shao, une orpheline survoltée. Tous deux vont se retrouver embauchés à l'épicerie... 

Ce shônen a l'avantage de démarrer au quart de tour, sans passer trop de temps sur la présentation du décor et des personnages. Souvent, les premiers tomes de séries sont assez descriptifs, mais ici ce n'est pas le cas : on sait juste ce qu'on doit savoir pour comprendre l'action à venir, et c'est appréciable.. C'est léger, dynamique, sans prise de tête. La castagne est forcément au rendez-vous mais sans être aussi dure à regarder que je ne le redoutais. 

Le personnage de Sakamoto est assez intriguant. Flegmatique, peu loquace, le regard littéralement masqué par les lunettes au verres épais, son visage peut vous évoquer aussi bien Dahmer que Hollande. C'est certain, ce type-là ne nous a pas tout dit !  

L'anime va sortir sur Netflix (si ce n'est déjà fait). 


mercredi 13 août 2025

[LECTURES DE VACANCES] La femme de ménage - Freida Mc Fadden (2022) / Légendes et Latte - Travis Baldree (2022)

Si vous êtes basés dans le Sud-Ouest, vous avez sans doute déjà entendu parler du festival "BD en Périgord", qui se déroule tous les ans à Bassillac et Auberoche, une commune proche de Périgueux. 

Je n'y suis jamais allée ; mes parents nous avaient dit, quand on été enfants, qu'on irait y faire un tour à l'occasion, mais ça ne s'est jamais fait. On ne réclamait pas outre mesure : dans la région, c'est le festival d'Angoulême qui fait rêver. 

Bien des années plus tard, cet événement culturel incontournable dans la région est revenu sur le tapis lors des repas de famille du dimanche. Pas de la plus flatteuse des manières, c'est le moins qu'on puisse dire ! Marine travaillait depuis peu dans une entreprise de nettoyage du secteur et en tant que dernière personne embauchée, elle récupérait les missions à la con et leur lot de bizarreries. Nettoyer de font en combles le gymnase censé accueillir les stands et expositions du festival en faisait partie. 

Il fallait que tout soit nickel (et déserté de tout personnel de nettoyage) avant l'installation, ce qui impliquait de se rendre sur place très tôt, vers 5h du matin. Sur le principe, cela ne la gênait pas plus que ça : les horaires décalés faisaient partie des inconvénients du métier, elle le savait. Et puis, c'était une fois pas an. 

En revanche, en tant qu'employée, Marine ne disposait pas des clefs du gymnase. Il fallait qu'elle attende que le gardien, qui devait venir plus tôt lui aussi pour l'occasion, les lui remette. Impossible de procéder différemment, comme récupérer les clefs la veille, par exemple. Question de confiance et de responsabilités, sans doute. 

La première fois, le gardien est venu à 5h comme convenu. Il s'est montré très antipathique, mais enfin, il lui a permis d'accéder au site. 

Les années suivantes, la tâche a été plus compliquée pour Marine, car le type venait tard, voire pas du tout. Lorsqu'il arrivait tard, elle ne pouvait pas remplir sa mission à fond, puisqu'elle ne disposait pas du temps nécessaire pour le faire. Lorsqu'il ne venait pas, elle ne pouvait tout simplement pas travailler. 

Dans tous les cas, elle se rendait sur place à l'heure prévue, poireautant des heures dans sa voiture par de froids matins d'octobre. Et à chaque fois, forcément, les retours sur la qualité du service étaient négatifs. Même si elle savait pertinemment qu'elle n'y était pour rien, cela l'affectait toujours. D'autant qu'elle donnait sa version de l'histoire à sa patronne, et que cette dernière faisait mine de ne pas la croire _ sans doute pour éviter tout litige avec la mairie. 

L'année dernière, Marine nous a raconté qu'elle en avait eu marre, qu'elle s'était pointée et qu'elle était rentrée se recoucher assez rapidement. C'était juste avant les premiers diagnostics. La maladie couvait déjà et sa fatigue envahissait suffisamment ses journées pour qu'elle s'épargne les sautes d'humeur d'un boulet. Elle ne savait pas que c'était la dernière fois qu'elle se levait pour rien. 

Sache, gros connard de gardien, que tu ne la verras plus jamais, cette femme de ménage qui venait te casser les couilles le jour de l'ouverture du salon de la BD, et dont la tête ne te revenait pas visiblement. J'espère qu'à la place, tu auras affaire à une grognasse tout aussi désagréable que toi. 

 

La Femme de ménage 
Freida McFadden 
2022 
Photo : édition J'ai Lu



Difficile de trouver (et de garder) un boulot quand on sort de prison ! Millie le sait bien, elle en fait l'expérience depuis plusieurs mois. Aussi, lorsque la jeune femme est recrutée au pied levé pour faire le ménage chez de riches new-yorkais, elle s'empresse d'accepter le poste, espérant se rendre indispensable avant que ses patrons ne découvrent ses antécédents ! 

Dès son arrivée, elle sent que quelque chose cloche chez les Winchester : déjà, la minuscule "chambre de bonne" que lui attribue Nina, la mère de famille, ne se verrouille que de l'extérieur. L'impossibilité d'en ouvrir la fenêtre n'aide pas vraiment à s'approprier le lieu... 



Puis au fil des jours, son sentiment de malaise s'amplifie, à juste titre : Nina est bordélique à l'extrême, au point que Millie se demande si elle ne fait pas exprès de foutre des saletés partout, juste pour la faire galérer. D'autant qu'elle peut passer d'une minute à l'autre du "mode copine" au mépris le plus total envers son employée. La fille, la petite Cecelia, est clairement hostile envers Millie, en plus d'être flippante en tous points. 

Enzo, le jardinier, ne cesse de s'agiter et de prononcer le mot "danger" dès qu'il voit Millie, mais comme il ne connaît pas un mot d'anglais, la communication est impossible, elle ne voit pas bien où il veut en venir. Heureusement, Andy Winchester, le père, parvient à apaiser cette ambiance électrique




Plus Nina Winchester s'attache à la faire tourner en bourrique, moins Millie n'a de scrupules à se rapprocher dangereusement du bel Andy, qui ne demande pas mieux ; et alors que le lecteur aimerait crier à l'héroïne que coucher avec le patron, c'est pas une bonne idée, l'histoire prend une tournure complètement inattendue ! 

Avis 

AH ! Je l'ai enfin lu ! Ce livre me faisait de l'oeil (littéralement) à chaque fois que je passais au Relay de la gare de Limoges. On est génération Loft Story ou on ne l'est pas. J'ai dû en parler à ma collègue prof d'ULIS à un moment, parce qu'elle me l'a gentiment offert avant qu'on parte en vacances. 



J'avoue avoir été un peu moins jouasse en voyant qu'il figurait dans la bibliothèque Babelio de mon ex, ce qui est rarement bon signe.... Oui, c'est mesquin de stalker et de balancer ensuite

Bref, on peut couper ce best-seller en deux parties.

Une première, efficace et bien accrocheuse, mais parfois rendue peu convaincante par le personnage de Millie. Trop de mystère tue le mystère : soit elle se décide à nous dire pourquoi elle a été emprisonnée, soit elle arrête d'y faire allusion toutes les deux pages. 
Ensuite, face à tous les micro-événements chelous qui se passent sous ses yeux, il n'y a bien qu'elle pour ne pas comprendre qu'elle ferait mieux de prendre ses jambes à son cou. 
Enfin, ses petites envolées "ouah trop beau le jardinier / le boss, j'ai pas ken depuis teeellement longtemps !!"... très peu pour moi.

J'ai failli stopper ma lecture à mi-chemin, avant de me convaincre d'essayer d'aller jusqu'au bout, et j'ai bien fait d'insister un peu ! En effet, la deuxième partie de ce thriller psychologique est assez déroutante pour justifier à elle seule le grand succès du livre. Je ne dirai rien de plus pour ne pas spoiler, mais le revirement qui s'opère à ce moment-là surprendra même celles et ceux qui avaient déjà entrevu quelques ficelles... 

A dévorer sur la plage ou dans les transports ! 
Un peu à l'eau de rose par moments, mais ça passe. 
Lisez bien jusqu'au bout !
Pour tous ceux qui ont aimé le film Parasites, et pour les nostalgiques de Desperate Housewives  !

Légendes & lattes 

Travis Baldree 

2022 


Photo : édition J'ai Lu 

Genre : cosy fantasy

Tout plaquer et partir ouvrir un café dans un endroit où personne ne boit de café, voilà le défi que s'est lancé Viv, une orque mercenaire lassée de l'aventure. 

Après plus de 20 ans d'une vie dure et sans possibilités d'attaches, cette solitaire dans l'âme entend bien se poser et monter son propre établissement dans le petit village de Tuine. 

Elle a pour seuls guides sa grande motivation, sa passion du café, et une pierre "porte-bonheur" qui pourrait bien devenir un objet de convoitise. 

Ce retour au calme pourrait avoir des airs de retraite, si Viv n'avait pas tout à construire pour mener à bien son projet : non seulement le café en lui-même, mais aussi son sens de l'accueil et ses compétences en commerce, proches du néant. D'autant que l'ombre du mystérieux Madrigal, prompt à taxer tout nouveau commerce, vient gâcher quelque peu le paysage. 

Heureusement, Viv va faire de belles rencontres et (re)découvrir les joies du travail d'équipe et des soirées entre amis. 

Avis  

J'ai été séduite par la couverture WTF et par l'idée qu'un livre puisse à la fois parler d'orcs, de pierres magiques et de café ; le résumé laissant présager une dimension bisounours dont j'avais bien besoin à ce moment-là, je me suis laissée tenter. 

Au final, cette lecture de Légendes & Latte a été positive dans le sens où...  

- elle est réconfortante et sans prise de tête

- le monde cosmopolite de Travis Baldree tient la route, avec ses décors médiévaux-modernes et ses êtres légendaires souvent en proie aux préjugés. 

- les personnages sont plein de mignonnerie (trop ?)...

MAIS voilà... je me suis quand même beaucoup fait ch*er, car il n'y a quasiment pas d'action. C'est normal, me direz-vous, c'est le principe de la "cosy fantasy", cette branche de la fantasy où on s'intéresse surtout au quotidien des personnages et de leurs amourettes, au détriment des quêtes et des combats. Une sorte de tour d'autos tamponneuses où il faudrait essayer de ne pas toucher les autres, en somme...  

N'étant pas au fait de ce genre nouveau, j'ai attendu désespérément que "ça démarre", pensant que, telle une Xéna dont le naturel revient au galop, Viv allait dégainer l'épée après trois pages de bonnes résolutions pacifistes. Mais non. On voit juste un café se construire pierre après pierre au fil des chapitres, les joies et les galères qui vont avec, et un binôme de tenancières qui s'interroge sur ses techniques de vente.. 

Bah, pourquoi pas. Quand vous voyez qu'au bout de quinze chapitres, les personnages s'interrogent sur la possibilité ou non d'installer un ventilo ou une plus grande cuisinière, vous vous faites une raison ! A noter que l'auteur a imaginé cette histoire en plein Covid, à un moment où les cafés et autres lieux de socialisation étaient inaccessibles : voilà qui nous rend son roman d'autant plus sympathique. 



 

jeudi 15 février 2024

[Lectures de vacances] L'École des Massacreurs de Dragons - 1 - Le nouvel élève (1997) / Au poil (2022)

C'est bien beau de raconter sa vie, mais maintenant il faut se remettre au boulot !


L'École des Massacreurs de Dragons - 1 - Le nouvel élève

Kate McMullan, illustrations de Bill Basso

Gallimard Jeunesse, 2000

104 p. 

Wiglaf est le plus petit de sa grande fratrie ; il est aussi le seul rouquin. Sa famille lui fait exécuter toutes les corvées, sans ménagement. Gentil, de bonne volonté et ami des animaux, il n'a jamais songé à se plaindre de son sort. Un ménestrel de passage lui a bien prédit un avenir héroïque.. Avant de s'évaporer. 

Un jour, lors d'une sortie familiale à la foire, Wiglaf lit une affiche faisant de la pub pour une École des Massacreurs de Dragons. S'il pouvait l'intégrer, il deviendrait le héros de la famille.. Dès le lendemain, il part avec pour compagnie Daisy, sa truie de compagnie, et une épée magique nommée Droitauoeur. 

Un mélange de Dragons, de Cosette, du Petit Poucet et de Harry Potter, mais dans un univers purement médiéval et en version "light", accessible aux plus jeunes. 

J'étais passée à côté de cette série fantasy pour enfants, j'imagine qu'elle a dû avoir un certain succès à l'époque ! Les illustrations et la carte de départ rendent bien la tonalité comique de l'histoire. Ce n'est pas du tout triste ! 

Est-ce qu'on peut le mettre dans le CDI d'un collège ? Rien ne l'interdit, mais il me semble que c'est vraiment pour les plus petits _pour les 6ème, éventuellement. À voir, je changerai peut-être d'avis lorsque je lirai la suite.. et j'entends bien le faire : quelques questions subtilement laissées sans réponse donnent envie d'en savoir plus.

À la base, je l'ai choisi pour mes neveux de 5 et 7 ans, qui sont dans leur phase chevaliers. ⚔️⚔️⚔️


Au poil 

Sophie Adriansen. Magnard Jeunesse, 2022. Coll. La Brève

Omé est en fin de 3ème ; alors que son principal souci est d'arriver à concilier les révisions du brevet avec l'organisation du voyage en Allemagne prévu avec sa classe, sa mère lui rajoute une nouvelle prise de tête : l'urgente nécessité de se débarrasser de ses poils aux jambes. Encouragée par Maf, sa meilleure copine, elle se plie au soi-disant rituel de passage à l'institut de beauté. L'expérience étant franchement mauvaise, elle se met à chercher des alternatives pour gérer sa pilosité sans trop souffrir. Son séjour en Allemagne va lui donner l'occasion de rencontrer des femmes poilues qui le vivent très bien. C'est une révélation : s'épiler n'a rien d'obligatoire, c'est simplement la culture et la pression sociale qui le laissent penser. Omé opte pour la jachère, en plein de mois de juin... mais surtout au collège, où on n'a jamais intérêt à sortir du lot !   

Ce roman de Sophie Adriansen fait partie de La Brève (Magnard Jeunesse), une collection qui traite de sujets tendus chez les jeunes : stéréotypes, éco-anxiété, harcèlement, violences... En effet, Au poil parle avec humour _de façon un petit peu trop didactique à mon goût, mais c'est juste mon avis... des diktats qui pèsent sur l'apparence physique des femmes, et de ce foutu conditionnement qui les amènent à les véhiculer elles-mêmes : la mère et la meilleure amie de Salomé ne se demandent pas pourquoi elles font la chasse au poil. Elles le font, c'est comme ça ! 

Une histoire de l'épilation à travers les âges nous est présentée de façon claire et efficace ; elle pourra être lue en regard avec la super série documentaire Poilorama, que vous pouvez visionner sur Dailymotion. 

Si vous scannez le QR code situé sur la quatrième de couverture, vous pouvez écouter la version audio du livre, lue par l'autrice. Cette lecture sonore incluse est une spécificité de cette collection, qui me semble particulièrement intéressante pour des élèves de 13 ans et + allophones ou présentant des difficultés de lecture. Souvent, on ne trouve pour eux que des romans ou albums pour petits.

Question qui n'a pas rien à voir avec ce roman, mais avec un autre titre de la collection : est-ce que quelqu'un sait pourquoi il est impossible de se procurer Ni prince ni charmant de Florence Medina ? Il est marqué définitivement indisponible de partout... 

dimanche 11 février 2024

[BD] Deux romans jeunesse adaptés en bande dessinée : Momo petit prince des Bleuets (2023) et Babyface (2022)

Hasard des lectures, je suis récemment tombée sur deux BD jeunesse à la fois pleines de points communs et très différentes l'une de l'autre : Momo petit prince des Bleuets et Babyface. Dans les deux cas, on a affaire à une adaptation d'un roman écrit par deux autrices incontournables des CDI de collège et des sections jeunes des bibliothèques : Yaël Hassan, pour le premier ouvrage, et Marie Desplechin pour le second. Les personnages évoluent dans des décors urbains faits d'immeubles et de tags ; ils gravitent autour de lieux publics de socialisation : la bibliothèque, la supérette, la maison de quartier, l'école... Tous expriment un ennui ou un frustration de ne pas pouvoir aller ailleurs... pour l'instant. 

Pourtant, les jeunes héros (Momo et Nejma) ne risquent pas de se marcher dessus : ils ont le même âge _ils vont entrer au collège, mais n'ont pas du tout les mêmes occupations. Ils semblent avoir des caractères diamétralement opposés. Leurs destins jusque-là insignifiants vont être extraits de leur torpeur par la rencontre de quelqu'un qui va poser un regard bienveillant et valorisant sur eux.   


Momo petit prince des Bleuets 

Marc Lizano ; d'après le roman de Yaël Hassan 

Nathan, 2023. 96 p. ISBN 9782095003302

Résumé : 

C'est l'été à la cité des Bleuets. Pour Momo, les dernières grandes vacances avant l'entrée au collège s'égrènent le plus tranquillement du monde, jusqu'au jour où la directrice de l'école lui rend visite pour lui offrir une liste de livres à emprunter à la bibliothèque. Le garçon ne se le fait pas dire deux fois et saute à pieds joints dans l'univers de la lecture. 

Ses découvertes littéraires vont l'amener à croiser le chemin de Monsieur Edouard, un instituteur à la retraite qui saura l'encourager et qui le baptisera "Petit prince des Bleuets". Exploration de la capitale, fresques murales et découverte des classiques de la littérature : la rencontre sur fond d'amitié intergénérationnelle sera déterminante et l'été restera inoubliable pour Momo. 

Une chouette adaptation par Marc Lizano du roman de Yaël Hassan. La BD en photo ici m'a été prêtée par une collègue prof de français, qui m'en a dit le plus grand bien. J'ai beaucoup aimé aussi, les traits tout doux des personnages _il nous en faut bien de la douceur_, leurs "gros crânes" _comme disent les élèves, les couleurs vives qui mettent bien en valeur les décors urbains. L'histoire de Momo date un peu, mais elle ne se démode pas : elle nous rappelle que, si on a fini par prendre le pli de se méfier des mauvaises fréquentations, on en est venus à oublier qu'il peut y en avoir des bonnes, propres à nous tirer vers le haut.   

Les + : l'album se termine sur un petit dossier qui raconte l'élaboration de la bande dessinée par l'auteur, et notamment de la façon dont il s'est imprégné, puis détaché de l'œuvre d'origine. On peut y lire une interview de Marc Lizano par Momo, c'est marrant.  


Babyface 

Olivier Balez, d'après un roman de Marie Desplechin : Babyfaces (2010) 

Rue de Sèvres, 2022. 120 p. ISBN 9782810200290

Résumé : 

J'ai découvert un extrait deBabyface en feuilletant le petit magazine des éditions Rue de Sèvres, gentiment gratté au SLPJ de Montreuil, fin 2022. Ma première impression a été mitigée : d'un côté, le dessin et les couleurs m'en mettaient plein la vue _et ça m'a décidée à pousser plus loin la lecture ; d'un autre, le résumé ne me donnait pas trop envie car il avait l'air d'être un de ces bons scénarios bien déprimants dont la littérature pour la jeunesse à le secret. Je craignais que le tout ne soit généreusement imbibé de clichés sur la vie dans les "quartiers difficiles".

Finalement non, pas du tout. Enfin pas tant que ça,même si on commence fort : méchante, moche, grosse, pauvre, Nejma n'est pas gâtée par la vie. Son père est parti, sa mère travaille tard le soir, et elle se retrouve souvent seule après l'école, livrée à elle-même, à errer à la supérette du coin. Elle entretient une amitié toxique avec le petit Freddy, qui est aussi le narrateur, puisqu'elle lui rackette son goûter en même temps qu'elle le protège de la violence des autres gosses.

Lorsque les frères Fiores décident de dispenser des "cours de catch" aux enfants du quartier, l'excitation est à son comble : tous les petits veulent reproduire les exploits de Babyface, et des autres, comme à la télé.

L'engouement est tel qu'un accident se produit bientôt dans l'enceinte de l'école. Nejma, témoin et réactive, est désignée coupable d'agression sur l'enfant blessé. Même si elle se sait innocente, elle sait très bien que contre la parole des adultes qui l'accusent, elle ne peut pas grand chose. Comment ne pas partir en vrille, dans ces conditions ?

Une histoire bien plus surprenante que prévu, où on lève un tabou : les personnels de l'Éducation Nationale ne sont ni infaillibles, ni irréprochables _je me mets dans le lot bien volontiers. Je n'ai pas lu le roman donc pas de point de comparaison, mais cette bd est une belle découverte artistique et littéraire. Bravo à l'auteur d'avoir su peindre les décors urbains sans les rendre glauques.




Enfin. Deux jours complets de solitude, loin de toute interaction sociale. J'arrive déjà à me ménager des moments neutres et calmes au quotidien _j'ai cette chance inouïe de pouvoir le faire. Mais ça ne me suffit jamais. Je ne sais pas pourquoi, toute présence humaine à proximité devient fatalement insupportable, à plus ou moins long terme. Sans doute parce que je n'ai jamais eu à subir un "vrai" isolement bien pesant, sans perspective de retrouver de la compagnie un jour ou l'autre.  

  


dimanche 22 mai 2022

[Soyons sérieux !] Fiches - outils pour écrire des articles de presse avec des mouflets


Ca vaut ce que ça vaut, mais si jamais ces fiches vous intéressent, servez-vous !  

Je vais essayer d'en faire d'autres (pour l'interview et l'édito notamment), mais impossible de dire quand pour l'instant ! 





Il faut bien être sérieux de temps en temps !






samedi 23 avril 2022

La Grande Galerie de l'Evolution - Paris

Comment peut-on passer si longtemps à côté du Jardin des plantes et du Museum d'Histoire Naturelle, alors qu'on ne compte plus les heures écoulées à proximité de la gare d'Austerlitz ?


Aucune importance. J'ai enfin visité la fascinante Grande Galerie de l'Évolution cet après-midi, au milieu de tout un cas de petits bourgeois surexcités que leurs parents avaient emmené se cultiver en ce premier jour de vacances de Pâques.  


L'endroit est troublant ; organisé sur plusieurs étages thématiques, on dirait qu'il veut à la fois être une reconstitution exhaustive de la biodiversité terrestre à travers les âges, et prendre l'apparence des cabinets de curiosités à l'ancienne. 

Je n'ai pas encore fait de recherches là-dessus, mais il est certain que la "galerie" a été pensée pour créer cette ambiance particulière, un peu sombre et mystérieuse... 

... et par conséquent, pas très photo-friendly.


Parfois, la nuit tombe, l'orage gronde et les éléphants barrissent.


Evidemment, la volaille est bien représentée !



Les gens adorent se prendre en photo à côté des animaux les plus imposants, et constater que même s'ils sont chétifs à côté, ils ne risquent absolument rien.


Une odeur de bête flotte un peu partout, incrustée dans les murs comme celle du camembert dans sa boite vide. 






C'est bizarre, une partie de moi vous conseille de faire visiter la Grande Galerie à vos enfants de tous âges (enfin pas trop petits quand même...), et une autre ne peut s'empêcher de se dire qu'il y aurait matière à tourner quelques bons films d'horreur dans ce décor.

Allez donc vous faire votre propre idée, c'est 10 euros le plein tarif.