La chance m'a de nouveau souri lors de la dernière opération Masse Critique de Babelio : en effet, le roman Paris Conakry - A l'aube de deux vies, écrit par Valentine Morning et Jean-Pascal Ruiz, et publié chez Yaka Books Editions m'a été envoyé tout récemment.
L'histoire
Hugo est un lycéen parmi tant d'autres, un poil plus romantique que la moyenne, certes, mais qui met un point d'honneur à ne pas faire de vagues. Il vit à Paris avec sa mère, aimante et artiste, et il est entouré de ses deux meilleurs amis Charles et Léa. Hugo est presque comblé : entre les cours et les compétitions de judo, on pourrait croire qu'il n'a guère le temps de penser à son père absent et à la copine qu'il n'a pas. Pourtant, le manque se fait parfois cruellement sentir.
Un jour, alors qu'il s'est installé dans le square Jean XXIII proche de la Tour Eiffel pour finir de lire Le rouge et le noir de Stendhal, il rencontre Noémie. Coup de foudre instantané _du moins de son côté ! Le lycéen se sent pousser des ailes face à cette Terminale qui semble plus modérée que lui dans ses intentions mais qui, au fond, n'en pense pas moins. Une complicité s'installe bientôt entre les tourtereaux, sous les yeux attendris de Léa et de Charles, qui eux-même sortent ensemble. Enfin, sous les yeux... C'est une façon de parler, car Charles est aveugle.
Soudain, un obstacle se dresse sur leur chemin : le père de Noémie, qui est ambassadeur de Guinée en France, est envoyé à Buenos Aires puis à Conakry pour une durée indéterminée. Evidemment, sa famille doit le suivre. Si Hugo avait réussi à atteindre le bonheur sans trop d'encombres, il fait l'expérience de la difficulté à le conserver sur le long terme. Leur couple survivra-t-il à la distance ? Peut-on rester fidèle quand on a quinze ou dix-huit ans ? A partir de quand sait-on qu'on a trouvé la femme ou l'homme "de sa vie", si tant est qu'elle / qu'il existe ?
Aimer à l'aveuglette
Allez, un peu de douceur et de poésie ne font pas de mal ! Paris-Conakry ne dépeint pas seulement la relation extraordinairement harmonieuse de deux jeunesbobos de quinze et dix-huit ans ; ce roman aborde surtout la difficulté de maintenir une relation à distance tout en continuant à avancer chacun de son côté, parce qu'on n'a pas le choix. Quel que soit l'âge du lecteur, il se reconnaîtra forcément dans les questionnements de Hugo _à la fois narrateur et héros_ s'il lui est arrivé de voir son couple plus ou moins tiraillé par les kilomètres... et il sortira sans doute bien rêveur de cette histoire qui emprunte autant au romantisme qu'à l'amour courtois !
Pendant trois ans, alors que beaucoup auraient choisi de reprendre leur liberté, Noémie et Hugo vont communiquer exclusivement par lettres, à l'ancienne. Eh oui, dans cette histoire, que j'aurais tendance à situer à la fin des années 90 ou au début des années 2000 (à tort ou à raison, j'ai peut-être loupé les bons indices temporels) il ne faut pas compter ni sur Skype, ni sur What's App, ni sur les SMS ; même le téléphone est utilisé avec parcimonie. D'ailleurs, l'ambiance générale et le côté mélancolique du héros, qui souffre de sa solitude amoureuse dans les premiers chapitres, m'a pas mal rappelé les échanges de courriers entre Alexis et le taulard mystérieux dans Alexis, Alexia.. Comme un baiser fait à la nuit. Bref passons, c'était juste une parenthèse.
A l'issue de ces trois années pendant lesquelles la gondole de l'amour aura vogué à l'aveuglette _bon ok, j'arrête de faire des vannes sur le pote miro, les retrouvailles se préparent enfin... et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles vont être aussi épiques que laborieuses pour le jeune Hugo ! Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler, mais si la première moitié du livre m'avait paru très psychologique, peut-être un peu trop consacrée au quotidien du héros et de son petit monde, à la rencontre de Noémie... la deuxième ne manque pas d'action : on a vraiment le sentiment de passer une vitesse, et la lecture est d'autant plus agréable.
Pour résumer, Paris-Conakry - A l'aube de deux vies contient tous les ingrédients qu'il faut pour plaire aux jeunes lecteurs et pour les faire réfléchir : une poignée de personnages attachants, quelques cuillères d'amour saupoudrées d'amitié _avec une pincée de niaiserie, mais juste ce qu'il faut, une dose nécessaire de course poursuite en chariot dans un aéroport. Précision importante à destination des allergiques aux cacahuètes : il n'y a absolument aucune trace de cul dans la préparation de ce roman !
Age de lecture conseillé : à partir de 13 - 14 ans, sans vouloir généraliser bien sûr ! Les goûts, la sensibilité, la maturité, etc.. variant d'un enfant à l'autre.
Stéréotypes ?
Si j'avais lu ce livre quinze ans plus tôt, il m'aurait sans doute apporté la dose d'optimisme qui me manquait alors pour affronter la vie... Mais le destin a voulu que je ne le lise qu'aujourd'hui, avec mes yeuxde prof d'adulte cynique et blasée ; voilà pourquoi certains passages du livre m'ont un peu laissée perplexe.
Tous les personnages sont sympathiques et crédibles, certes, mais ils m'ont semblé extrêmement propres sur eux : Charles et Léa sont des amis exemplaires, et font preuve d'une sagesse que bien des gars de 25 ans pourraient leur envier. Hugo est un brave type, respectueux des filles, studieux, gentil avec sa maman, toujours soucieux de ne pas commettre de gaffe avec son meilleur pote handicapé... Pas de crise, pas d'esclandre, pas de jalousie cachée, seulement de la fraternité et de la bienveillance : c'est tellement beau que c'est limite suspect... Il me semble qu'à part le daron autoritaire de Noémie qui occupe la place du "despote" briseur de couple, on n'a pas de figure de "méchant" dans Paris-Conakry. La mère de Hugo, Elizabeth, femme admirable qui s'est attachée à préserver son fils du souvenir de son mari emprisonné pour avoir braqué une banque (_ça va, ça reste soft, c'est pas non plus un violeur), est tantôt artiste détendue, tantôt louveromaine quand sa progéniture flanche. Le larron en question saura lui aussi montrer sa face pile au bon moment pour contribuer au bonheur de son fils inconnu. On regrettera juste qu'en bon taulard, il doit présenté comme alcoolique et seulement capable de s'exprimer dans un registre familier.
Du coup, j'ai un peu eu l'impression de sortir du pays des Bisounours en refermant ce livre, mais c'est un moindre mal...
Bon, on déconne et on critique, mais saluons tout de même l'initiative de YakaBooks, une maison d'édition citoyenne et engagée, qui propose des livres pour tous et à prix bas (2€).
MORNING, Valentine ; RUIZ, Jean-Pascal. Paris - Conakry - A l'aube de deux vies. YakaBooks Editions, 2017. ISBN 978-2-37763-013-4
A l'exception du bâtiment d'accueil encore lumineux, les environs sont plongés dans l'obscurité, et ce n'est pas pour me déplaire. Au loin, les premiers déserteurs me font un signe de la main en se dirigeant vers la sortie, tandis que la fête de fin d'année du personnel bat son plein dans la grande salle. C'est sûrement là-bas que les meilleures blagues se font, mais j'ai pas très envie d'y retourner, pour l'instant. L'air frais me dégrise, et l'espoir aussi insensé que puéril d'être rejointe sur ce banc métallique me souffle de ne pas bouger. Je dois être vraiment bourrée pour croire à ce genre de conneries.
L'histoire
Hugo est un lycéen parmi tant d'autres, un poil plus romantique que la moyenne, certes, mais qui met un point d'honneur à ne pas faire de vagues. Il vit à Paris avec sa mère, aimante et artiste, et il est entouré de ses deux meilleurs amis Charles et Léa. Hugo est presque comblé : entre les cours et les compétitions de judo, on pourrait croire qu'il n'a guère le temps de penser à son père absent et à la copine qu'il n'a pas. Pourtant, le manque se fait parfois cruellement sentir.
Un jour, alors qu'il s'est installé dans le square Jean XXIII proche de la Tour Eiffel pour finir de lire Le rouge et le noir de Stendhal, il rencontre Noémie. Coup de foudre instantané _du moins de son côté ! Le lycéen se sent pousser des ailes face à cette Terminale qui semble plus modérée que lui dans ses intentions mais qui, au fond, n'en pense pas moins. Une complicité s'installe bientôt entre les tourtereaux, sous les yeux attendris de Léa et de Charles, qui eux-même sortent ensemble. Enfin, sous les yeux... C'est une façon de parler, car Charles est aveugle.
Soudain, un obstacle se dresse sur leur chemin : le père de Noémie, qui est ambassadeur de Guinée en France, est envoyé à Buenos Aires puis à Conakry pour une durée indéterminée. Evidemment, sa famille doit le suivre. Si Hugo avait réussi à atteindre le bonheur sans trop d'encombres, il fait l'expérience de la difficulté à le conserver sur le long terme. Leur couple survivra-t-il à la distance ? Peut-on rester fidèle quand on a quinze ou dix-huit ans ? A partir de quand sait-on qu'on a trouvé la femme ou l'homme "de sa vie", si tant est qu'elle / qu'il existe ?
Aimer à l'aveuglette
Allez, un peu de douceur et de poésie ne font pas de mal ! Paris-Conakry ne dépeint pas seulement la relation extraordinairement harmonieuse de deux jeunes
Pendant trois ans, alors que beaucoup auraient choisi de reprendre leur liberté, Noémie et Hugo vont communiquer exclusivement par lettres, à l'ancienne. Eh oui, dans cette histoire, que j'aurais tendance à situer à la fin des années 90 ou au début des années 2000 (à tort ou à raison, j'ai peut-être loupé les bons indices temporels) il ne faut pas compter ni sur Skype, ni sur What's App, ni sur les SMS ; même le téléphone est utilisé avec parcimonie. D'ailleurs, l'ambiance générale et le côté mélancolique du héros, qui souffre de sa solitude amoureuse dans les premiers chapitres, m'a pas mal rappelé les échanges de courriers entre Alexis et le taulard mystérieux dans Alexis, Alexia.. Comme un baiser fait à la nuit. Bref passons, c'était juste une parenthèse.
Là où tout à commencé ! Bande de bourges ! |
A l'issue de ces trois années pendant lesquelles la gondole de l'amour aura vogué à l'aveuglette _bon ok, j'arrête de faire des vannes sur le pote miro, les retrouvailles se préparent enfin... et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles vont être aussi épiques que laborieuses pour le jeune Hugo ! Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler, mais si la première moitié du livre m'avait paru très psychologique, peut-être un peu trop consacrée au quotidien du héros et de son petit monde, à la rencontre de Noémie... la deuxième ne manque pas d'action : on a vraiment le sentiment de passer une vitesse, et la lecture est d'autant plus agréable.
Pour résumer, Paris-Conakry - A l'aube de deux vies contient tous les ingrédients qu'il faut pour plaire aux jeunes lecteurs et pour les faire réfléchir : une poignée de personnages attachants, quelques cuillères d'amour saupoudrées d'amitié _avec une pincée de niaiserie, mais juste ce qu'il faut, une dose nécessaire de course poursuite en chariot dans un aéroport. Précision importante à destination des allergiques aux cacahuètes : il n'y a absolument aucune trace de cul dans la préparation de ce roman !
Age de lecture conseillé : à partir de 13 - 14 ans, sans vouloir généraliser bien sûr ! Les goûts, la sensibilité, la maturité, etc.. variant d'un enfant à l'autre.
Stéréotypes ?
Si j'avais lu ce livre quinze ans plus tôt, il m'aurait sans doute apporté la dose d'optimisme qui me manquait alors pour affronter la vie... Mais le destin a voulu que je ne le lise qu'aujourd'hui, avec mes yeux
Tous les personnages sont sympathiques et crédibles, certes, mais ils m'ont semblé extrêmement propres sur eux : Charles et Léa sont des amis exemplaires, et font preuve d'une sagesse que bien des gars de 25 ans pourraient leur envier. Hugo est un brave type, respectueux des filles, studieux, gentil avec sa maman, toujours soucieux de ne pas commettre de gaffe avec son meilleur pote handicapé... Pas de crise, pas d'esclandre, pas de jalousie cachée, seulement de la fraternité et de la bienveillance : c'est tellement beau que c'est limite suspect... Il me semble qu'à part le daron autoritaire de Noémie qui occupe la place du "despote" briseur de couple, on n'a pas de figure de "méchant" dans Paris-Conakry. La mère de Hugo, Elizabeth, femme admirable qui s'est attachée à préserver son fils du souvenir de son mari emprisonné pour avoir braqué une banque (_ça va, ça reste soft, c'est pas non plus un violeur), est tantôt artiste détendue, tantôt louve
Du coup, j'ai un peu eu l'impression de sortir du pays des Bisounours en refermant ce livre, mais c'est un moindre mal...
Bon, on déconne et on critique, mais saluons tout de même l'initiative de YakaBooks, une maison d'édition citoyenne et engagée, qui propose des livres pour tous et à prix bas (2€).
MORNING, Valentine ; RUIZ, Jean-Pascal. Paris - Conakry - A l'aube de deux vies. YakaBooks Editions, 2017. ISBN 978-2-37763-013-4
A l'exception du bâtiment d'accueil encore lumineux, les environs sont plongés dans l'obscurité, et ce n'est pas pour me déplaire. Au loin, les premiers déserteurs me font un signe de la main en se dirigeant vers la sortie, tandis que la fête de fin d'année du personnel bat son plein dans la grande salle. C'est sûrement là-bas que les meilleures blagues se font, mais j'ai pas très envie d'y retourner, pour l'instant. L'air frais me dégrise, et l'espoir aussi insensé que puéril d'être rejointe sur ce banc métallique me souffle de ne pas bouger. Je dois être vraiment bourrée pour croire à ce genre de conneries.
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