samedi 8 juillet 2017

MANGA - Terra Formars - Asimov - 1 - Ken Ichi Fujiwara ; Boichi (2015)


Voilà une quinzaine de jours que j'ai reçu le premier tome du manga Terra Formars - Asimov, conçu par les mangakas Fujiwara et Boichi ; il m'a été envoyé par la maison d'édition Kaze dans le cadre de l'Opération Masse Critique de Babelio : merci à eux ! S'il m'a fallu autant de temps pour réaliser ma critique, c'est, d'une part, parce qu'on a déménagé le collège en vue de sa démolition prochaine _on a vite compris que cet événement pouvait nous servir de prétexte pour justifier un tas de choses, et d'autre part parce que j'ai pris le temps de savourer ce petit bijou !



L'histoire... 

... à supposer que j'aie tout compris !  

Au XXIème siècle, les hommes se sont mis en tête de "terraformer" la planète Mars en y implantant des cafards. Cinq cents ans plus tard, une équipe est envoyée sur les lieux pour voir ce que l'essai a donné et découvre avec stupeur que tout ne s'est pas passé comme prévu... Certes, les cafards se sont adaptés à leurs nouvelles conditions de vie, se sont reproduits... mais sont devenus des mutants énormes et dangereux ! La planète rose grouille maintenant de cafards géants qui font "sguish sguish" et la cohabitation avec l'homme n'est pas vraiment envisageable. Pour que les Terriens arrivent à leurs fins, ils devront se débarrasser de ces grosses bestioles ; or ils n'en ont pas les capacités physiques. Cerise sur le gâteau : les explorateurs ont ramené sur Terre un virus inconnu qui n'a guère tardé à se propager. 

Dans les couloirs de l'U-NASA de Moscou, le commandant Sylvester Asimov et sa fine équipe rongent leur frein : grâce à leur pouvoir _ils ont bénéficié d'une opération leur permettant de se transformer en bête ou en plante vénéneuse, ils font partie de l'élite chargée d'aller sur Mars casser du cafard et trouver un remède au fléau. Pas de chance, le vaisseau censé les y conduire est kaput, mais ils savent qu'ils peuvent compter sur leur boss pour leur donner de quoi s'occuper : un effrayant mafieux sévit à Saint Petersbourg. Surnommé Ded Moroz, le type en question semble avoir été opéré lui aussi de façon à pouvoir muter en ours polaire lorsqu'il le juge opportun. Asimov doit le neutraliser sinon le tuer. Jusque là, tout va bien. Sauf qu'en butant quelques subalternes, il apprend l'existence d'un trafic d'oeufs de cafards mutants au sein de la mafia et là, ça ne le fait plus vraiment rire : en effet, l'éclosion non maîtrisée de ces bébés cafards marquerait purement et simplement la fin de l'humanité sur Terre.... 

Les cafards, c'est la vie 

Bon, j'ai essayé de faire simple mais c'est bien difficile lorsque les héros jouent sur autant de tableaux différents ; pour remettre les événements dans leur contexte, il faut déjà savoir que Terra Formars Asimov 1 est un spin off de la série Terra Formars que je ne connais pas encore, mais dans laquelle les soldats terriens du XXVI° siècle sont envoyés sur Mars pour éliminer des cafards mutants. Ainsi, Terra Formars - Asimov est une sorte de focus en deux tomes sur une partie des personnages phares de la "grande" série. On pourrait croire qu'aborder cet univers futuriste par la porte du garage gêne la compréhension de l'histoire, mais ce n'est pas du tout le cas. Cela peut donner envie d'en savoir plus, au contraire, et d'avoir des réponses à des questions du type : pourquoi est-ce qu'on a implanté DES CAFARDS sur Mars au lieu d'y mettre des poules ? Pourquoi le scénariste a-t-il choisi ces insectes toujours associés au nuisible et à la saleté comme ennemis à abattre ? Il est vrai que Boichi dessine tellement bien ces grosses bêtes luisantes au regard abruti qu'elles ne nous inspirent que du dégoût et qu'on n'a pas vraiment envie de les défendre. 



Mais quand même ; en tant que fan de La Métamorphose de Kafka, je ne perdrai pas une occasion de râler : c'est un peu facile de s'en prendre toujours aux mêmes. Les cafards, c'est la vie ! 


 Musclés sentimentaux 


Pas de doute, Terra Formars Asimov est un manga qui associe fort bien science fiction et baston : ça cogne sans être trop bourrin, dans le sens où on sait qu'en arrière plan une vraie histoire suit son cours et qu'un rebondissement nous attend à l'issue du carnage. Deux personnages ultra-virils se démarquent et se font face : Sylvester Asimov, le colosse roux déjà mûr, adepte du cigare même lorsqu'il se bat _comme quoi fumer ne tue pas toujours, et le jeune Bvak Berbenko, qu'on voit peu dans le feu de l'action mais qui est très présent dans les souvenirs du commandant. On devine qu'ils ont combattu la Russie quelques années auparavant, Bvak étant sous la houlette d'Asimov, mais que leurs destins se sont séparés. L'un a rejoint la mafia, l'autre est passé du côté "des Russes". Il semblerait que Bvak ait gardé rancune de ce retournement de veste. Pour Asimov, l'animosité ne perce pas lorsqu'il pense à son disciple prometteur ; que se passera-t-il si leurs chemins se croisent de nouveau ? Les deux hommes ont assez de points communs pour trouver un terrain d'entente : ils ont des enfants atteints du mystérieux virus pour qui ils remueraient ciel et terre, du courage à revendre et une faculté à muter en animal sauvage. Mais surtout, ils ont partagé une amitié forte et indestructible, dont il doit bien rester quelques bribes !  


Un manga pour adultes 

Depuis, Asimov s'est constitué une équipe de choc dont les différents membres ne manquent pas de personnalité : Elena et Ivan, les frères et soeurs toujours prompts à se transformer en plantes vénéneuses, et Tatiana, plus empruntée mais volontaire. Si Ivan joue encore les adolescents attardés et ne semble pas maîtriser pleinement ses pouvoirs, Elena a autant de sagesse que de poitrine, ce qui n'est pas peu dire ; ah, oui, il faut le savoir : évitez d'offrir Terra Formars Asimov à votre petite dernière qui aime les mangas d'action où les gens se transforment en animaux ! La mise en scène des personnages féminins est quand même assez osée, et c'est un peu l'ombre au tableau de cette belle découverte : entrevoir une chatte ou un string toutes les deux pages, ça va deux minutes... 



On apprécie que les filles ne soient pas "juste" ici des objets sexuels dont on admire les dessous, mais les véritables têtes pensantes de l'histoire ; pourtant, ce manga est quand même trop érotique pour être mis entre toutes les mains. Dommage car l'histoire est intéressante et aborde des sujets intéressants pour les plus jeunes : la famille, l'amitié, la maladie... tout en instillant des éléments de la culture russe. En effet, les citations d'auteurs tels que Pouchkine et Tchekhov sont assez nombreuses et cette bande dessinée pourrait bien, après tout, constituer pour un collégien et même pour moi une passerelle comme une autre vers leur oeuvre. 

Verdict 


On aime : 
- le personnage de Sylvester Asimov, ce colosse au grand coeur sobrement surnomme "le dieu de la guerre", papa poule et roux cool par excellence. 
- les mutations extraordinaires des personnages : belladone, crabe géant de Tasmanie, ours polaire coupé d'autre chose... Ah, c'est autre chose que Fruits Basket
- Boichi, pour ses dessins exceptionnels : les personnages deviennent hyper expressifs sous sa plume, et il est capable d'exprimer la force et l'amitié en une seule et même vignette... Je ne connaissais pas ce dessinateur, mais je ne pense pas l'oublier de sitôt.



On a moins aimé 
- le trop plein des très jeunes personnages féminins dénudés, pourtant je ne suis pas spécialement coincée là-dessus... ou alors je le deviens ! 
- de même, les représentations de cadavres déchiquetés est certes nécessaire, mais pourra influencer l'acquisition ou non du manga, en fonction de votre sensibilité. 

Vivement la suite de ce seinen bien rythmé ! Elle vient de sortir...

SI VOUS N'AVEZ RIEN COMPRIS à ce que je vous ai raconté, ce qui est fort possible, allez voir la vidéo d'un connaisseur, un vrai ! 


FUJIWARA ; BOICHI. Terra Formars - Asimov 1. KAZE, 2015. ISBN 978-2-82032-847-2


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