jeudi 27 janvier 2011

Moussa Maazou, ce méchant!

  
En ce moment, le nom de Moussa Maazou est synonyme de scandale dans le petit monde du sport : le jeune footballeur nigérien des Girondins de Bordeaux s'est particulièrement illustré dans une interview accordée à 20minutes le 19 janvier dernier.
Le type
Agé de 22 ans, l'attaquant nigérien Moussa Maazou a déjà fait son bonhomme de chemin en Belgique et en Russie, plus précisément au club de CSKA Moscou. Lié à ce club depuis mars 2009, il a fait l'objet d'un prêt à l'AS Monaco en janvier 2010. Il y a marqué pas moins de 8 buts, avant de débarquer à Bordeaux au mois d'août de la même année, également sous la forme d'un prêt. Et là... plus rien. Maazou ne s'adapte pas, n'est pas particulièrement à l'aise dans l'équipe et peine à s'y faire une place. A la trève hivernale, il n'a qu'un but au compteur, ce qui est insuffisant pour quelqu'un qui joue plutôt devant...    

Le contexte
On parle beaucoup de lui ces derniers temps, mais signalons que Maazou n'est pas le seul joueur de l'équipe girondine à errer sans but sur la pelouse. Les Girondins enchaînent les mi-temps convaincantes, les matchs nuls frustrants et les performances mitigées. Ils se situent donc au beau milieu du classement de Ligue 1, aux alentours de la 10ème place, ce qui est bien, mais pas top, quand on pense qu'ils y a un an de cela, ils faisaient peur au Bayern de Munich. Mais depuis, Gourcuff et Chamakh sont partis, suivis de quelques autres. La défaite à Angers en Coupe de France le 22 janvier 2011 a déclenché la colère jusqu'ici contenue des supporters, aussi bien les bons que les mauvais, contre Tigana, les joueurs, M6 et tout ce qui est bleu et blanc. 

L'interview
Les fameuses déclarations tiennent en quelques lignes. 
Au football, la communication, c'est très important, voire réglé au millimètre. En fonction du contexte et des performances, plusieurs schémas-types existent. Aussi, lorsqu'on interroge l'attaquant d'une équipe dont les performances sont irrégulières, son discours est censé suivre les étapes suivantes : 

1) "on est bons! si on n'y arrive pas, c'est en grande partie de ma faute! Je suis trop nul, contrairement à l'équipe qui a un fort potentiel."  

2) "il faut nous laisser plus de temps : on paye nos problèmes de communication du début de saison, mais à l'entraînement, on est vachement meilleurs, maintenant!"

3) "dans les vestiaires, l'ambiance est bonne, on s'aime et on aime notre entraîneur, et on espère que notre président qu'on aime aussi ne prendra pas la décision de le virer à cause de nos mauvais résultats!" 

4) "Moi, je peux vous assurer que je vais faire le maximum! non pas pour me mettre en valeur, en vue de la saison prochaine, non pas pour me faire repérer par des clubs prestigieux, mais uniquement pour l'amour du club et du maillot. C'est une chance de jouer ici! On a un cadre de vie exceptionnel (argument facultatif). Nos fidèles supporters qui traversent la France en minibus pour nous voir perdre méritent vraiment qu'on se défonce!" 

Notre Girondin en manque de réussite n'a pas vraiment suivi le mouvement. Pourtant, sa prestation avait bien débuté : "Je ne me mettrais même pas 1/10". Il était alors question de son bilan personnel depuis le mois d'août. 1 but, 1/10... la note paraît logique! Ensuite, les problèmes arrivent : la stratégie de jeu ne lui convient pas, si déjà on l'avait mis à la bonne place, alors peut-être que... Mais! que dis-tu, insolent? 

Ne nous offusquons pas encore, parce qu'il ne s'agit là que d'un amuse-gueule avant les propos qui on fait tomber les scapulaires de toutes les écharpes marine et blanc des quatre coins du monde "Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. S’ils sont déçus, c’est leur problème, je m’en bats les couilles. Moi, je suis tranquille, j’ai mon contrat à Moscou. Je préférerais rester à Bordeaux, mais si ça ne marche pas, je rentre, pas de problème. L’entraîneur du CSKA veut me faire revenir, il ne fait que parler de moi, il m’appelle tous les jours. Il m’a dit que je serais toujours le bienvenu. La saison prochaine, eux, ils joueront la Ligue des champions." (20minutes.fr)

Ces dernières phrases font hurler tout le monde, car Maazou, non content d'avoir manqué de respect aux supporters et au club, s'autoproclame indispensable ailleurs. Quant au mot de la fin, il est tellement vrai qu'il en est insupportable pour des fans comme nous : Bordeaux est mal parti pour être en Ligue des Champions l'année prochaine, alors que le CSKA Moscou, si. Bon, généralement, ils n'y restent pas longtemps, le championnat russe étant ce qu'il est. Toujours est-il que la règle d'allégeance à une équipe, à un club avec lequel le joueur est lié par un contrat, demeure totalement invisible.  

Cependant, réfléchissons avant d'en faire un cousin de Satan. Au moins, lui, il n'a pas traité son entraîneur de fils de pute, comme le fit Ronaldinho à l'encontre de Luis Fernandez, lorsqu'il jouait au PSG. Il ne s'est pas non plus tapé Zahia (enfin, pas à notre connaissance), alors autant relativiser. On peut légitimement avoir envie de dégonfler le melon énorme de ce type qui ne connaît pas assez le point de vue des supporters du FCGB pour être en mesure de s'en battre les couilles. Pourtant, on peut aussi se dire que Moussa Maazou ne fait que mettre des mots sur les pensées qui ont forcément traversé l'esprit de tous les Christian, Paulo Miranda et autres Deivid, en gros les dizaines de joueurs de tous horizons qui n'ont jamais eu le temps, l'occasion ou la volonté réelle, car elle compte aussi quand même, de s'acclimater à l'ambiance girondine. Diawara lui-même, qui avait pourtant le sacre en poche, n'a pas fait grand cas de l'avis de la population girondine lorsqu'il a eu l'opportunité d'intégrer l'effectif de l'OM. La différence réside dans le fait qu'ils ont eu l'intelligence de se taire; au football comme ailleurs, il n'est jamais très bon de dire ce qu'on pense, et encore moins quand on est dans une mauvaise passe. 

La vie du type après l'interview. 

D'ailleurs, devant les menaces de lapidation imminentes vues et entendues aussi bien au Haillan que dans Sud Ouest, en passant par les réseaux sociaux, Triaud a préféré invoquer les affres de la jeunesse folle et furieuse propre aux footballeurs lorqu'ils sont agacés par les journalistes : "quand ils donnent des interviews comme ça, ils ne font pas attention à ce qu'ils disent... mais bon, c'est clair qu'il l'a dit." (dans l'émission Soir de Foot sur Gold FM)

Il n'empêche que par ses paroles, Maazou s'est bâti une belle image de bad boy provocateur et de feignasse : le site Chez les Girondins, qui suit non sans humour l'actualité de l'équipe, a même listé les drolissimes Maazou Facts. Il y a de forte chances pour qu'on ne retienne de son passage aux Girondins, outre son indifférence au club et aux spectateurs, que sa plainte : "Ici, il faut faire des passes, tout ça... on joue au football. C'est compliqué". Ce partisan de la stratégie de la patate voguant dans les airs aurait mieux fait de garder cette remarque pour lui. 


Actuellement, il est pressenti pour retourner à Monaco, ce club qui lui a si bien réussi. Tout est bien qui finit bien, en espérant que toute l'équipe soit disposée à s'effacer pour laisser le gardien faire de très longs dégagements à destination de Monsieur Maazou. Sinon, il y a aussi la New Team d'Olive et Tom!  

Photo de Vincent Trijoulet (libre de droits, licence creative commons et tout! chouette!) piochée sur Wikipédia, bien sûr!!  

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