lundi 31 octobre 2016

L'histoire d'Halloween sans queue ni tête de citrouille : la porte du monde des morts


Un milieu d'histoire à la con pour un soir de fête à la con ! 
Vous trouvez pas que ça tombe bien ? 



Le mur était tagué d'inscriptions fleuries. Ma pote en palpait les briques avec expertise, et je la regardais distraitement jouer des paumes. Curieux. Ce n'est pas ainsi que je m'imaginais la porte du monde des morts. Pas la moindre brumeille mystérieuse au-dessus du rempart, ni même un semblant d'aura lumineuse sur la paroi. Les anges ne s'étaient pas tirés du lit pour nous encourager à coups de harpe. Non, le passage vers l'au-delà n'était autre que le petit frère rachitique du mur de Berlin, en encore plus dégueu. 



Est-ce que la grand-mère serait là pour m'accueillir, de l'autre côté ? C'était peu probable. Comment aurait-elle su que je venais ? Toujours est-il que moi, il allait falloir que je la trouve. J'en ressentais un mélange de joie et d'embarras. Les interrogations se heurtaient sous mon crâne ; dans quel état allait-elle m'apparaître ? comment allais-je m'y prendre pour la retrouver ? et si elle avait gardé son enveloppe de jeune fille 100% occitanophone ? là, j'étais pas dans la merde... Or un sentiment de culpabilité, tapi dans l'ombre, me guettait et prenait le pas sur ces questions existentielles. Quand avais-je été à la hauteur de ses espérances ? Jamais. A présent je redoutais de potentielles retrouvailles autant que je les souhaitais. Je n'avais pas honte de ce que j'étais devenue, bien au contraire, mais ça restait beaucoup moins classe que ce qu'elle aurait voulu. 

"Je penserai à toi jusqu'à mon dernier souffle" 

Voilà ce qu'elle m'avait dit maintes fois, tandis que je repoussais de la main ce moment qui n'arriverait peut-être jamais, qui sait ! Si on se donnait la peine d'y croire... Parfois je me demande si j'ai vraiment été dans ses dernières pensées claires, et j'aime à penser que non. Ça me briserait de savoir qu'elle n'ait pu que constater mon absence à ce moment-là.  

"Ah !" 

En poussant un cri de satisfaction, ma palpeuse de parpaings me tira de ma torpeur. Sa main se plaqua avec force sur une grosse bite peinte à la bombe, et sous la poussée, trois ou quatre briques s'enfoncèrent. Le mur semblait avoir englouti son avant bras. Sans plus se poser de questions, elle se laissa tomber à la renverse dans l'espace béant et bientôt je ne vis plus que ses pompes. De peur de passer pour une conne trouillarde en restant plantée là, et de peur aussi de louper je ne sais quel mystérieux wagon, je l'imitai. Elle avait l'air de savoir ce qu'elle faisait, elle. 

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Imparable !

Ce qui se passa ensuite est difficilement descriptible ; imaginez-vous bloqué dans un ascenseur sombre avec très peu d'oxygène à votre disposition. Eh bien c'était un peu ça, à la différence qu'on n'était pas du tout dans une cabine et qu'autour de nous s'étendait le vide, sombre et froid. Alors qu'on aurait pu s'attendre à tomber, on montait. Enfin, on aurait dit. Ou alors on était en apesanteur. Je ne saurais dire exactement. 

Nous nous faisions face et pour être honnête, c'était pas la grande poilade. 

Heureusement, ce fut bref. 

Enfin la lumière de nouveau, suivie d'un chaleureux accueil de l'air ambiant. Ce n'était pas dommage. Chez les morts, il faisait beau et bon. En deux sauts de cabris, ma chère soeur de traversée disparut de mon champ de vision. Elle avait ses propres affaires à régler, et si je les devinais quasi semblables aux miennes, je m'étais bien gardée de l'assommer de questions. Notre amitié fonctionnait ainsi : "va pour les bons délires, l'écoute et la loyauté indéfectible si tu veux, mais ne viens pas marcher sur mes plates-bandes. Ainsi les petits moutons seront bien gardés." Comme dans un couple, des amis devraient toujours s'aménager dans le cœur une petite retraite inconnue de l'autre.

Enfin, la chienne ! elle n'avait pas traîné pour se carapater ! J'étais là, seule dans les broussailles du "Monde des morts" _avait-il un véritable nom, au moins ? bien décidée à retrouver ma grand-mère mais bien incapable de savoir quelle direction prendre. Derrière moi, la friche dans laquelle nous avions atterri. En face, un halle de marché où erraient quelques vieux. Cet endroit me disait vaguement quelque chose...  




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