dimanche 27 avril 2014

L'hérésie du mois : j'ai kiffé Bordeaux III, ses buissons, sa fagne, ses tags et ses fissures !


Alors que je revenais de mon passage à la tonte annuel au salon de coiffure de Saige, où j'ai pu constater que ma coiffeuse n'était plus vraiment rousse mais qu'en revanche elle était toujours aussi bo SYMPA, j'ai assisté à un sushicide.  

Quelle misère ! Un sushicide à Saige (c'est dur à dire).

Pour nous en remettre, nous nous sommes autorisés _Monikon et moi, un pélerinage de quelques heures sur le campus de Bordeaux III, l'université de lettres, langues, arts, histoire, géo et autres sciences humaines. 

Rebaptisée Université Bordeaux Montaigne depuis peu, elle est surtout connue sous le nom de "fac des glandeurs", des "rouges", des "hippies", de "ceux qui savent pas quoi faire de leur vie", et on la caractérise par son aspect vieillot pour ne pas dire pourri ou insalubre.  

Je suis passée par la porte dérobée, comme d'habitude : l'arrière du bâtiment du DEFLE. Vous noterez l'ambiance forestière des lieux, qui explique en grande partie la couche de boue dans les couloirs par temps de pluie.     


Si vous allez sur le site internet de la fac, vous verrez des étudiants souriants prenant des bains de soleil dans l'herbe, ou débarquant du tram d'un air décidé comme s'ils arrivaient en Terre Promise. C'était le cas il y a deux ou trois ans, du moins. Je viens d'y faire un tour et il semblerait qu'on ait mis un terme à l'imposture. Tant mieux. Car la réalité, c'est ça :


Bon, je suis mauvaise langue : j'y suis allée un jour de pluie, pendant les vacances. Rien n'est plus laid qu'une école déserte, aussi neuve soit-elle. 


Et pourtant, aucune fac ne me paraît plus belle que celle-là, aussi pourrie soit-elle. Cet endroit où tout est permis, asymétrique, incohérent, où un bâtiment se rénove alors que la BU située juste à côté vient d'être condamnée pour risque d'éboulement... Cet endroit a été le premier à incarner l'idée de liberté dans ma tête, idée tellement abstraite jusque-là. Investis jusqu'au bord de chaque marche d'escalier par des jeunes plus atypiques les uns que les autres, ces lieux nous ont acceptés tels que nous étions, sans que nous ayons besoin de changer quoi que ce soit à notre manière d'être. Il y a huit - dix ans de cela, vous pouviez vous permettre de traverser la grande place photographiée ce-dessus en pyjama et monté sur des échasses : soyez certains que personne ne se retournait sur votre passage. J'exagère à peine. A l'exception de la zone des Lettres Classiques, que vous appreniez bien vite à éviter, de toute façon. 

Depuis, je doute que les choses aient beaucoup changé.    
  
Ah, Bordeaux III.... 
  

Sa grande allée glauque qui vous amenait au magasin de photocopies, reliures et autres impressions, fermée depuis, et c'est tant mieux car le mec qui la gérait était un gros fdp avait son petit caractère....


...Ses débats dans les toilettes... 


Ses longs couloirs boisés (j'en ai choisi un pas trop pourri).... 


... Ses tags qui vous font bien rigoler et qui vous rappellent que tout n'est pas perdu..


... Ses vérités qui font mal... 
"Nous allons tous mourir, et nos pauvres études n'y pourront rien." 


... Ses Basques... 
... Son odieux Bâtiment des Arts tout vert...

... Son lot d'incohérences (WTF la table de pique-nique au milieu du parking ???)

... 
Le "point de rencontre" sur le parking aussi (et à côté de la table de pique-nique !) WTF ????  



... WTF ???? .... 

... Sa végétation envahissante qui la perdra, un jour...

... Ses lieux d'expression, ou ses zones de spam... Tout dépend de quel bord vous êtes... 


....Ses travaux, qui ne se terminent jamais...
... Son bâtiment d'accueil où tu mets les pieds deux fois dans ta vie : quand tu viens payer ton inscription et quand tu viens chercher ton diplôme. Le reste du temps, j'imagine que ça doit glander sur Facebook, là dedans, vu qu'en 2007, les secrétaires se faisaient des pures parties de Dame de Pique en réseau...

... Son fameux numéro 439 qu'on attend toujours depuis au moins 2004 au guichet 4... 


... Ses étudiants malicieux qui te montrent comment on te nique une belle signalétique en trente secondes...  Bon courage à toi, lycéen parti à la recherche de ta salle de cours !



Ses amphis tout sombres... Ici, l'amphi dit "amphi Salomon" pour la moitié des inscrits, même si les 50% restants préfèrent l'appeler "Amphi n°3". Fort pratique quand tu ne connais pas bien ta fac...

... Sa cafétéria le Sirtaki, et ses tables extérieures où te te chopes soit un rhume, soit les déchets alimentaires des autres, soit les deux, tellement le vent s'engouffre facilement là-dessous...



... Là, le but du jeu, c'est de trouver la tirette dans ce fatras ! 
Ah, pardon : le "distributeur de billets" !

... Si toi aussi t'as réussi à faire plein de blagues grâce à l'Amphi Papy... 



... Allez, c'est pas si moche en fait ! 



 Putain ! c'est vrai que j'ai bien choisi mon jour pour vendre mon ancienne fac, sérieux !









Contrairement aux apparences, je ne suis pas du tout nostalgique des études _au contraire, mais je suis bien contente d'avoir passé quelques années dans ces ruines suintantes d'humidité ! 
    

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