Le foot ne m'intéressait pas, avant que j'arrive au lycée. C'est en entrant en seconde que j'ai remarqué que le parcours de l'équipe de France, la D1 et les coupes d'Europe tenaient lieu de facteurs d'intégration. Tout le monde avait l'air de suivre une équipe, même de loin, et les gens se vannaient à coups de blagues de supporters que je ne comprenais pas. Notre prof d'histoire-géo arborait régulièrement des fringues FCGB : est-ce qu'il espérait attirer notre sympathie de cette manière ? on se le demandait parfois ; malgré tous ses efforts pour nous faire avancer dans le programme, on a mis une misère pas possible à ce jeune stagiaire affublé de lunettes fines, d'un gros épi sur le front, et bourré de tics nerveux. Après coup, j'ai compris que c'était juste un vrai supporter, passionné de son club.
Il fallait que je range d'un côté ou d'un autre pour par être trop larguée, alors j'ai commencé à suivre les matchs des Girondins de Bordeaux, comme la majorité des Périgourdins.
On était fin 2001 ; un dimanche d'octobre, c'est venu comme ça. J'ai branché sur WitFM mon petit radiocassette tellement stylé et j'ai écouté ce qui se passait. Un devoir à faire parmi tant d'autres. C'était Bordeaux-Metz, au stade Chaban Delmas. Il ne se passait pas grand chose, mais la voix du commentateur (Alain Bauderon ? pas sûre...) rendait la moindre passe spectaculaire. Aux silences du journaliste répondaient les chants des supporters du Virage Sud. Dugarry commençait à s'agacer. Le suspense était insoutenable ; il l'a été encore plus lorsque Pauleta a ouvert le score à la 85ème minute, car cela voulait dire qu'il en restait encore 5, "sans compter le temps additionnel" pour "tenir" le score et empocher les 3 points. Ce qui s'est finalement bien produit.
A la fin de la retransmission, j'ai noté consciencieusement la date et l'heure du prochain match : la machine était lancée, j'avais hâte de suivre à nouveau "mon" équipe de guerriers. Il ne s'agissait même plus d'avoir la satisfaction de comprendre de quoi parleraient les autres le lendemain ; l'intérêt était véritable.
Il ne s'est jamais vraiment éteint, depuis. Bien sûr, la phase groupie est derrière moi, et ça fait longtemps que je ne découpe plus les unes de Sud-Ouest Dimanche et le cahier sport du lundi pour tapisser les murs de ma chambre. Mais dès que j'en ai l'occasion, je regarde les matchs de N2 des Girondins, ou j'écoute Julien Bée les commenter à la radio, avec la certitude qu'un jour l'équipe bordelaise retrouverai l'élite !
Merci à Babelio et aux Editions Ouest France pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
A la recherche du damier à galons. L'histoire secrète du FC Lorient.
Studio Makma - Ornella Centineo
Editions Ouest France, 2025
Connaissez-vous le stade du Moustoir ? Savez-vous qui sont les Merlus ? Est-ce que vous vous souvenez du dernier match de Baki ? Etiez-vous dans les tribunes ou devant la télé lors de la finale de la Coupe de France de foot, en mai 2002 ?
Si vous répondez par la négative à toutes ces questions, ce n'est pas grave : il vous suffira d'ouvrir la bande dessinée A la recherche du damier à galons et de suivre Victor, le héros, dans ses aventures spatio-temporelles pour tout comprendre. Et si, au contraire, vous avez tout de suite vu où je voulais en venir : bravo, ça veut dire que vous en savez déjà beaucoup sur le FC Lorient, que vous y êtes sans doute assez attaché.. Cette même BD va vous rendre incollable sur l'histoire du club _mais aussi nostalgique, probablement.
En 2026, le Football Club de Lorient célèbrera ses cent ans. A cette occasion, le studio Makma et la dessinatrice Ornella Centineo viennent de sortir un roman graphique pour rendre hommage aux figures emblématiques du club et à des lieux incontournables de la ville de Lorient _dont l'histoire s'entremêle avec celle des Merlus.
Le défi était de taille : rendre compte de tout un siècle riche en rebondissements, faire la part belle aux fondateurs de l'équipe bretonne comme à ses piliers actuels, sous forme de BD one shot, pour tous publics, novices comme fans absolus... pas simple ! Mais les scénaristes ont vraiment bien mené leur barque.
Les premières planches nous présentent donc Victor, un jeune supporter des Merlus venu encourager son équipe pour le premier match de cette saison 2025/2026. L'ambiance est bonne, mais il se sent triste : on comprend qu'il vient de perdre sa grand-mère, elle-même fervente supportrice.
Dans un coffre que Mamie Suzanne lui a légué en guise de trésor familial, il découvre des documents d'archives qui lui laissent entendre que le légendaire "damier à galons", tout premier maillot de l'équipe lorientaise, existerait bel et bien, et qu'il serait caché quelque part dans la ville...
Soudainement obsédé par le tricot collector, Victor décide de mener l'enquête, d'abord dans les locaux du FCL, puis dans l'immeuble où était situé le siège du club, autrefois.. Là-bas, il va mettre les pieds dans un étrange ascenseur capable de lui faire remonter le temps. Successivement, le jeune supporter va revivre les premiers matchs en D1, l'annonce officielle de la naissance du club par Caroline Cuissard, la "mère" de la Marée Sportive puis du FCL, le nouveau départ en DRH, le rôle de certains joueurs pendant la Seconde guerre mondiale.. et bien d'autres temps forts.
Bien sûr, chaque étape est blindée de clins d'œil qui raviront les fans des Merlus ; pour les autres, pas de panique : un petit dossier documentaire en fin d'ouvrage vous explique tout, point par point.
A la recherche du damier à galons touche la corde sensible de tous les supporters, pas seulement ceux du FC Lorient, pas seulement les amateurs de football : après tout, chaque club sportif a son lot d'histoires de famille, d'anecdotes, d'évènements marquants... La "transmission" de l'engagement pour une équipe à travers les générations est vraiment bien décrite ; elle nous rappelle que derrière les vitrines, les joueurs professionnels et les sponsors, ce sont aussi les anonymes _spectateurs ou personnalités oubliées_ qui tiennent la barraque.
On notera qu'on apprend beaucoup de choses sur la ville, son évolution, sa reconstruction, indépendamment des questions footballistiques ; on sent que cette BD est bien documentée.
Une bien belle découverte, donc ! J'avoue avoir été parfois dépassée _surtout au début, par la touche fantastique et par tous ces voyages dans le temps qui s'enchaînent... mais on se prend vite au jeu.




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