samedi 19 février 2011

Louise-Michel - Gustave Kervern/Benoît Delépine - (2008)

Il eût été de bon ton que j'écrive quelques phrases irréfléchies sur cette Louise Michel-là ... 

"Quoi, quoi, tu veux ma photo?

... mais ce sera pour une autre fois, car aujourd'hui je vais plutôt parler d'eux : 



            Louise et ses collègues sont employées dans une usine de fabrication de ... de quoi en fait? on ne sait pas trop, mais des vêtements ou doudous pour bébés, d'après les emballages. Le synopsis d'Allociné indique que les ouvrières fabriquent des cintres, mais je ne suis pas convaincue... Bref! L'usine va être délocalisée, et le DRH ne sait pas comment annoncer la nouvelle à ces dames aux visages vides de toute expression, que la fatigue d'une journée de boulot rendent impatientes. Pour noyer le poisson, il se contente de leur offrir de nouvelles blouses de travail, en leur assurant que la boîte ne fait que traverser une mauvaise passe. Le lendemain, elles découvrent avec surprise que l'entreprise a été déménagée pendant la nuit. 

               Soit dit en passant, la situation burlesque de la distribution des "cadeaux" précédant la fermeture de l'usine à l'insu de toutes est a peine exagérée, pour ne pas dire bien plus réaliste que souhaité. Une vague de licenciement, un dépôt de bilan se produit assez fréquemment après une note positive servant à calmer la panique liée aux rumeurs (gadgets, prime ou matériel neuf). De la même manière qu'un président de club de foot encense l'entraîneur de l'équipe avant de le virer, une cérémonieuse remise de médailles d'ancienneté aux ouvriers leur indique élégamment que c'est la fin des haricots, et que la boîte ne verra pas le nouvel an.   

Buter le patron?  
         Le sentiment de foutage de gueule exacerbé par la précarité amène les ouvrières à réunir leurs indemnités pour faire quelque chose avec, histoire de s'en sortir. Mais quoi? "On pourrait faire buter le patron par un professionnel?" suggère Louise. Ses collègues approuvent aussitôt l'idée, parce qu'effectivement, c'est toujours la première intervention à laquelle on pense sans forcément le dire, et surtout sans oser le faire par peur de tomber sous le coup de la loi; or, dans un film, tout est possible, alors pourquoi se gêner?  

           Louise est une ouvrière un peu isolée dans cette usine, bien qu'appréciée de ses collègues. D'apparence rude, elle vit seule et tente d'apprendre à lire. Cet illettrisme bien camouflé va d'ailleurs lui jouer des tours pendant toute l'histoire. Malgré ses difficultés d'interactions sociales, elle se charge d'organiser le crime, car après tout, c'est son idée. Mais lorsqu'elle part à la recherche de Luigi, une de ses connaissances visiblement peu recommandables, il ne se montre pas emballé. C'est totalement par hasard qu'elle rencontre Michel, en lui ramenant le flingue qu'il a laissé tomber de sa poche sans même s'en apercevoir. Et bam, ça fait des chocapics : une équipe de tueurs est née! 

Identités et illusions, attention révélations!  
              Michel n'est pas le tueur professionnel recherché par les ouvrières, mais plutôt un vague agent de sécurité dans un village de mobil homes, et encore, rien n'est moins certain. Devant Louise, il aime s'inventer un passé militaire glorieux, du Chemin des Dames jusqu'au Viêt Nam, en accumulant des répliques d'armes dans un coin de sa caravane. En réalité, il n'est pas foutu de tuer un chien. Sa technique : repérer une personne condamnée par la maladie et lui faire commettre le crime à sa place après l'avoir convaincue qu'elle n'avait rien à perdre. C'est affreux, dérangeant, mais tellement efficace!  
  
            Louise et Michel sont considérés comme des simples d'esprit, des marginaux dont on ne pense pas une seconde à se méfier sérieusement, parce qu'on sait très bien qu'ils n'auront même pas la vivacité d'esprit de vous chouraver quoi que ce soit. Pourtant, sous l'écorce chevelue du Louise (Yolande Moreau), se cache Jean-Pierre, un exploitant agricole endetté qui a pris 15 ans pour avoir explosé la tête de son banquier. Quant à Michel (Bouli Lanners, oui, Bouli comme le bonhomme de neige! Mais ce n'est pas son vrai prénom), on devine qu'il s'appelle en réalité Cathy. Leur heureuse rencontre sera d'ailleurs conclue par l'accouchement de ladite Cathy barbue aux cinquante pistolets. Au delà de la dimension absurde et comique du film, on ne vous le dira jamais assez : méfiez-vous de l'eau qui mord!  

            Où est la réalité? où est l'illusion? l'absurde rôde dans toutes les classes sociales. Il y aurait bien d'autres choses, intelligentes ou pas, à dire sur ce film.  


Daniel Johnston - A lonely song, le morceau qui ponctue vraiment bien le film.  

Spéciale dédicace à Bubulle : pff je voulais boucler ce billet hier pour que tu puisses le voir correctement, mais j'ai pas réussi :-(   

3 commentaires:

Bubulle!! a dit…

Bouliiiiiiiii !!!^^ ;-D

Java a dit…

C'était trop fort, Bouli! On avait un Bouli en plastique, qui se balançait tout seul. Et puis un jour on l'a oublié dans le pseudo-garage qu'on avait à l'époque et paf la voiture à roulé dessus! :-(

Bubulle!! a dit…

Oh noon, pauvre Bouli ! :-( Moi je n'arrive pas à me souvenir quelle relation j'entretenais avec ce bonhomme de neige ! LOL !