samedi 3 septembre 2016

La minute pouf(f)ette : Trop vite - Nabilla Benattia (2016) / Le gâteau au chocolat de 11 heures du soir - Caroline Pitcher (2002)


Après le "Larmes de rasoir" publié il y a quelques jours, détendons-nous et parlons de livres un peu plus distrayants...


1) Trop vite. Nabilla Benattia (2016).

Oui oui, celle-là même ! 

Quand des gamines se sont ruées à la banque de prêt pour savoir si on pouvait "acheter le livre de Nabilla" pour le CDI, j'ai d'abord cru à une blague. Mais comme elles insistaient, et que, habituellement, elles étaient relativement peu tordues (pour des ados), j'ai fait un petit googlage discret pendant qu'elles repartaient squatter les chauffeuses du coin lecture, avant que les sixièmes ne les leur piquent. Et là...


"Oh merde ! C'est vrai !"

Difficile de rester objectif face à un livre écrit par une personne dont on n'a pas une représentation très positive ; mais, comme tout le monde devrait avoir droit à une deuxième chance, il convient de s'y essayer. C'est donc (presque) sans a priori que j'ai ouvert Trop vite, l'autobiographie de Nabilla Benattia ; elle y retrace les moments-clés de sa vie, depuis son enfance en Suisse aux premiers jours de l'année 2015.

La star du petit écran nous raconte tout d'abord les premières années de son existence, avec toute l'émotion qu'on peut ressentir à évoquer un bonheur perdu. Son père, sa mère, elle et son petit frère formaient une famille franco-algérienne à l'aise dans leur environnement genevois... jusqu'au divorce des parents. Dès lors, tout fout le camp, et Nabilla ne tardera pas à mettre sur le dos de ses "égoïstes" géniteurs les raisons de sa descente aux enfers. Si son père avait été moins intransigeant, si sa mère avait su lui accorder toute l'attention qu'elle méritait au lieu d'aller chasser le mec aux quatre coins de la ville, si les deux avaient sur penser à elle avant de penser à eux, elle n'aurait pas connu tant de misères ! Au fond, tout ça, c'est un peu leur faute... Alors qu'on s'apprêtait à trouver la narratrice attachante, elle nous donne soudain envie de lui rabattre le caquet : on peut être enfant de divorcés, connaître des périodes difficiles, céder à la colère et à la tristesse sans pour autant se mettre à l'affût de la moindre connerie. En même temps, comment lui en vouloir ? Quand on décide de publier un livre sur sa vie à l'âge de 24 ans, on manque inévitablement de recul :  n'importe qui tomberait dans les mêmes travers. Mais sur l'instant, j'ai quand même eu envie de la gifler vite fait.

Tout est dit.

Les premiers chapitres _dont les titres sont toujours précédés d'un hashtag_ annoncent la couleur : à mon avis, Trop vite n'est pas seulement un livre-confession visant à rectifier l'image simpliste qu'on a de la femme cachée derrière le "Non mais allô quoi !". L'égérie des Anges ne l'a pas non plus écrit pour dissuader ses jeunes admiratrices de faire les mêmes erreurs qu'elle. Non, Nabilla Benattia n'est pas conne _la preuve, c'est qu'elle le dit elle-même, et ce n'est pas pour rien qu'on passe si vite sur le phénomène "Non mais allô, quoi ?" : à l'échelle de sa vie, il n'en est pas vraiment un. Elle fait le choix d'accorder une plus large part de l'ouvrage à son épopée sentimentale au bras de Thomas, "l'amour ce sa vie". Celui qu'elle aime pour de vrai. Celui qu'elle va poignarder sans vraiment le vouloir à l'issue d'une dispute parmi tant d'autres. Celui qu'elle n'aura plus le droit de voir, même à sa sortie de prison, mais qu'elle verra quand même, parce qu'il le vaut bien et parce qu'il le veut bien, lui aussi ! De la même façon que Nabilla use de stratégie dans les émissions de télé-réalité et nous démontre par A + B comment elle agit et réagit pour créer tel ou tel effet sur le public, Trop vite devient un livre-outil doublé d'une longue déclaration d'innocence et d'une suite de "c'était moi, mais pas que..." et de "c'était pas vraiment moi, en fait". Pourquoi pas ? A l'approche d'un procès, quémander la sympathie des fans et des autres ne mange pas de pain...

Ah, l'amour...

Bref, si les premières pages m'ont agréablement surprises, les côtés "règlement de comptes" et "voilà la vérité, je ne la dis qu'à vous" m'ont donné l'impression d'être prise à partie dans ses embrouilles plus ou moins récentes, ce dont je me serais passée sans problème... Disons, en d'autres termes, que le lecteur risque de se sentir un poil instrumentalisé. Trop vite, un produit dérivé de plus dans la collection Nabilla ? Peut-être. Dans le doute, il me semble préférable de ne pas le mettre au CDI... même si le contenu n'est pas particulièrement trash, et que l'histoire colle parfaitement à ce qui plaît aux ados.

Edition utilisée : 

Nabilla BENATTIA, avec la collaboration de Jean-François KERVEAN. Trop vite. Robert Laffon, 2016. 260 p. ISBN 978-2-221-19193-4
Illustrations : Sophie Lambda. 


2) Le gâteau au chocolat de 11 heures du soir - Caroline Pitcher (2002)


Emma, seize ans, nous raconte son quotidien de lycéenne anglaise. Il ne faut pas croire ! Composer avec une famille de fous, des copines déjantées _ou pas, un chien surexcité, un bus qui se traîne et des examens de fin d'année ne facilite en rien la recherche du mec idéal. Heureusement, les soirées nouilles tardives et gâteaux au chocolat permettent de se poser et de faire le point avec ses deux meilleures amies : l'exubérante Lizzie et la discrète (ou malheureuse ?) Astre. Attendez-vous à lire une histoire très drôle _quoique assez banale, mais complètement décousue... Les jeunes lecteurs pourraient se sentir déstabilisés par le flot de paroles d'Emma "M", qui, en vraie princesse de l'orteil verni, s'autorise une digression toutes les deux pages...
Un roman léger, très léger, très très léger... mais comme ça fait du bien de le laisser rouler, tel un Skittles coloré sur une pile de livres pour ados quelque peu déprimants !  

Edition utilisée : 

Caroline PITCHER. Le gâteau au chocolat de 11 heures du soir. Le Livre de Poche Jeunesse, 2005. Coll. "Planète filles". 255 p. ISBN 2-01-322216-5  
Illustration couverture : Sébastien Pelon

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