Après Numéro Quatre et sa suite La revanche de Sept, on reste dans l'univers des extraterrestres à travers la découverte de Mars Attacks : Attack from space, le premier épisode d'un comics à la gloire des petits hommes verts.
"Mitraillette à gauche... Mitraillette à droite" |
Oui, comme vous pouvez le constater en voyant la tronche du Martien qui crève la couverture "avec son gros crâne", comme disent les jeunes, le titre fait bien référence au film Mars Attacks réalisé par Tim Burton et sorti en 1996. Il s'agit plus exactement de la préquelle* du célèbre long métrage qui vient apporter un élément d'information de taille aux fans, le chaînon manquant qui a pu tourmenter autrefois les spectateurs les plus gentils (ou les plus pragmatiques) : les motifs de l'invasion de la Terre par les Martiens, et les raisons d'un tel acharnement contre les humains !
L'histoire
A la question "Pourquoi les extraterrestres sont-ils aussi cruels avec l'espèce humaine ?" qu'on se posait (ou pas) en regardant le film, le comics chronologiquement antérieur nous répond ": parce ce que des hommes ont cherché la merde".
Il faut remonter en 1962 et à la première incursion sur Terre de Zar, un soldat martien lambda visiblement dépourvu de pulsions destructrices. En réalité, son atterrissage mouvementé sur la planète bleue résulte d'une collision entre sa soucoupe et la station spatiale de Buck, un astronaute américain. Zar survit à l'accident mais alors qu'il est encore dans les vapes, il est découvert par deux types un peu simplets qui le vendent aussitôt à un cirque pour se faire quelques sous. Son aspect atypique et quelque peu répugnant fait de lui une nouvelle attraction, voire un être que le gérant se donne le droit de maltraiter et d'accuser de meurtre pour couvrir son propre crime. Il n'en faut pas plus à Zar pour se faire sa propre idée de l'humanité même s'il ne pige pas tout à la langue des autochtones. Encore sonné, il parvient à prendre la fuite mais le mal est fait : le désir le vengeance qui vient de naître en lui ne le quittera plus. Il ne tarde pas à demander du renfort.
De leur côté, les hommes affûtent leurs armes car ils sont bien décidés à embrocher le monstre en liberté qui a déjà tué l'un des leurs. Après une rapide tentative de communication à base de coups de fusils et de lance-flammes martiens, la guerre est officiellement déclarée.
Pas de demi-mesure
A priori, les fans du film devraient apprécier cette BD... qui vient nous rappeler que Tim Burton s'est lui-même inspiré des albums et des cartes à collectionner de Topps (un peu gores, soit dit au passage), et d'autres comics pour bâtir Mars Attacks.
On y retrouve tous les ingrédients d'une recette qui plait à ceux qui aiment l'action, la bouillie de cerveau martien et, par conséquent, le flan en gélatine.
"Baaaaaaahh dégueeuuuuu" |
A ce moment de l'histoire, personne ne sait encore qu'il suffit de faire écouter de la musique aux martiens pour leur faire péter un câble ; alors on mitraille joyeusement de part et d'autre.
John Mc Crea se garde bien de faire l'impasse sur les détails lorsqu'il dessine les cadavres et la vivacité des couleurs utilisées renforce le côté "cru" du dessin. En ce sens, on notera que les créateurs de "Attack from space" ont tenu à rester fidèle à l'ambiance colorée du film de Tim Burton (lui-même inspiré de l'univers les comics, comme on l'a dit plus haut), comme si l'Amérique n'était plus qu'un interminable coucher de soleil avant une nuit éternelle. A été conservée également l'atmosphère stressante causée par une invasion qui se prépare, avec force soucoupes dans les cieux, individus non identifiés qui s'incrustent de partout et apparaissent simultanément dans différentes régions du monde. Quant au jeu de la prise de possession des corps humains par les extraterrestres, finalement assez peu utilisée dans la version filmée de l'histoire, elle est ici fréquemment et efficacement mise à profit.
On regrettera par contre que cette BD soit aussi difficile à suivre... car entre les écarts spatio-temporels, les flashbacks et les prolepses, merci pour les zigzags ! Ce sont des procédés littéraires qui créent sans doute des effets fabuleux dans cette intrigue si l'on s'accroche, mais encore faut-il que le lecteur ait le temps de s'accrocher à quelque chose ! Eh, je sais bien que je suis pas une flèche, mais j'ai du retourner en arrière plusieurs fois dans ma lecture pour m'assurer que je n'avais pas loupé un changement d'époque ou de zone du monde ! Du coup, l'histoire semble décousue. Cela dit, je n'avais pas le film Mars Attacks en tête pendant ma lecture, alors peut-être que les connaisseurs ne verront pas vraiment où je veux en venir. Et en matière de comics, je ne connais rien d'autre que "la couverture de Captain America", et encore seulement parce qu'elle figurait au programme de l'épreuve d'Histoire des Arts en 3° cette année.. C'est dire !
Oui parce que du coup, je l'ai regardé !
Du coup, ça m'a intriguée cette histoire de préquelle et j'ai cherché le film en streaming.
Je n'en avais plus aucun souvenir depuis la seule et unique fois où il s'est trouvé dans mon champ de vision, en juin 1999. C'était le dernier jour de cours avant les vacances d'été ; les profs avaient regroupé tous les élèves de 5° dans la même salle pour diffuser un film et ainsi faire passer le temps plus vite. Ce film ne m'avait franchement pas marquée car je n'étais pas du tout dans le trip science-fiction à ce moment-là. Tout ce qui m'était resté en mémoire, c'était un vague écœurement devant la substance verte et visqueuse qui éclaboussait la paroi du crâne transparent des Martiens lorsque leur cerveau explosait, un Black déguisé en pharaon et le gros foutage de gueule de mes profs pendant le discours maladroit prononcé par Richie à la toute fin du film.
"On croirait entendre Richard Virenque !"
Forcément, cette comédie fantastique me parle beaucoup plus aujourd'hui.
Ça parle de quoi, déjà ?
Après plusieurs démarches de communication prometteuses entre l'ambassadeur des Martiens et le professeur Donald Kessler (Pierce Brosnan), les Etats-Unis se préparent à accueillir en grandes pompes les petits hommes verts.
Tandis que le Président (Jack Nicholson), sa femme (Glenn Close) et leur fille (Natalie Portman) se battent avec le tapis rouge et l'argenterie pour que tout se passe le mieux possible, Tim Burton nous présente plusieurs familles d'Américains qui suivent les événements devant leur poste de télé tout en continuant à composer avec leur quotidien et son lot d'embûches. Nathalie la journaliste et Donald le scientifique se draguent le temps d'une émission de télé, les Norris vivent leur vie de patriotes arriérés au grand dam de Richie, leur fils cadet un peu mis sur la touche, alors qu'il semble avoir une toute autre mentalité. Byron joue les pharaons dans un casino pour payer une pension alimentaire à sa femme Louise, qui peine à élever leurs deux enfants... Pour eux, autant dire que la visite des voisins n'est pas la première de leurs préoccupations.
Pourtant, lorsque les Martiens atterrissent, et, après avoir envoyé des messages de paix, commencent à cramer tout le monde au lance-flammes, tout le monde commence à se sentir concerné... Pas de doute, l'invasion est imminente, et malgré l'abondance de flingues, tout le monde est bien désarmé face à ces petits êtres qui se glissent partout et qui sont même capables d'adopter une apparence humaine.
Mars Attacks, c'est le film dans lequel les Américains se font bien niquer, et à plusieurs reprises. Tim Burton se montre particulièrement incisif dans la peinture qu'il dresse des Etats-Unis, à tel point qu'il n'y a plus qu'à en rire. Les Norris (de manière générale) décrochent la palme grâce à leurs armes, leurs drapeaux et leur fierté de voir leur fils aîné un peu abruti rentrer dans l'armée. Juste derrière eux, le chef des armées fort en gueule (pour dire par grand chose d'intelligent) et prompt à exhiber l'arme nucléaire n'est pas en reste. Enfin, le Président en prend pour son grade. Naïf et/ou plein d'espoir jusqu'au bout, il n'aura de cesse de chercher un accord entre les Martiens et les Etats-Unis jusqu'à leur sortir une tirade pleine d'émotion sur la possibilité d'une alliance interplanétaire qui fera chou blanc.
Sans oublier Tom Jones...
Parallèlement, les ambassadeurs de Mars sont dotés d'une cruauté dont ne mesure pas la limite et sont les rois de la feinte : si je t'envoie un message pacifique, attends-toi à ce que je te frappe par surprise. Si je t'écoute attentivement et que je verse une larme sur tes belles paroles, c'est pour mieux te tuer dans les secondes qui suivent. Hormis le rire _qui tient d'ailleurs de celui de la hyène, ils n'ont pas l'air de partager beaucoup d'émotions avec les humains. Quoi de plus logique puisqu'ils n'en sont pas ? Ne les a-t-on pas sous-estimés, ou voulu les assimiler à nous ?
Enfin, vous remarquerez que le salut ne vient pas du super-héros mais des insignifiants, des inoffensifs, de ceux qu'on considère d'ordinaire comme "inutiles". Ils trouvent la solution _enfin, il serait plus juste de dire qu'elle leur tombe sur le nez suite concours de circonstances vraiment tiré par les cheveux, là où tous les autres ont échoué.
Deux remarques...
...qui m'empêchent de faire un dernier pont entre la BD et le film.
- Si les événements de "Attack from space" ont lieu avant l'action du film Mars Attacks, on comprend mal pourquoi les scientifiques et politiques se montrent aussi peu méfiants et convaincus du pacifisme des Martiens quelques années plus tard... On est d'accord que dans le comics, des lieux importants sont déjà mis à mal, et des personnalités clairement attaquées.
Ou alors j'ai vraiment rien compris.
- Là où Tim Burton tourne en dérision ses personnages et la société américaine à travers eux, le comics ne rigole pas avec ça. On est dans de la pure action sans subtilité. Exit l'humour noir et le rire à gorge déployée. Ok, on se distingue du cas de figure où les gentils Américains défoncent les méchants Russes, car le lecteur est libre de prendre parti pour qui il veut, et le héros extra-terrestre est même plutôt bien défendu par le motif clair qui l'anime. Du coup, l'enchaînement est difficile avec une telle différence de ton...
Merci à Babelio et aux éditions French Eyes pour l'envoi de cette BD !
BD :
LAYMAN, John. McCREA John. Mars Attacks : Attack from space. French Eyes, 2014. 120p. ISBN 978-2365480314
Film :
Mars Attacks - Tim Burton (1996)
Warner Bros / Tim Burton Productions
106 min
En streaming ici.
* Une préquelle met en scène des événements dont l'action précède l'oeuvre principale à laquelle elle fait référence, bien qu'elle ait été inventée après. Ici, la BD est une préquelle parce qu'elle raconte ce qui s'est passé durant les années précédent le début du film Mars Attacks. Par ailleurs, je trouve que ce mot est trop mignon.
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