lundi 25 avril 2022

Cauchemar au canal

 


Hier, je suis allée courir au canal de l'Ourcq en tout début d'après-midi.

Sur le retour, alors que j'étais dans mon neuvième kilomètre, j'ai dérangé un corbeau qui était en train de se bouffer un petit serpent. 

En m'entendant arriver, l'oiseau s'est envolé, laissant sa proie au sol. 

J'ai fait quelques allers-retours dans le secteur, pour laisser le temps au reptile d'aller se cacher dans l'herbe. Enjamber un serpent m'est impossible. Même s'il est mort, même s'il est tout petit. 

dimanche 24 avril 2022

Elle tient le bureau de vote.

Regardez-la. Prenez exemple sur elle, jeunes électeurs. Cette citoyenne exemplaire a quitté sa tanière douillette et fait une croix sur son dimanche matin de retraitée pour présider au bureau de vote. Rien que vous vous. Elle représente la République ; merci de vous adresser à elle avec tout la déférence qui s'impose, c'est la moindre des choses. 

Elle tient le bureau de vote. Elle se saisit de votre carte d'électeur, met en bouche votre identité, choisit le moment où vous glisserez votre bulletin dans l'urne. C'est elle qui décide, qui maîtrise le sujet. Comme toujours. 

Entre deux particuliers, elle se paiera peut-être le luxe de prendre des nouvelles de quelque ancien élève, sourire provocateur en coin, regard perçant et vaguement nostalgique. Tout dépend de qui elle a en face d'elle. Elle sait. Quand elle peut se permettre, quand il ne vaut mieux pas jouer avec le feu. 

Si elle vous dit que vous êtes un "bon citoyen"_ les membres du bureau aiment bien dire ça aux jeunes qui font le déplacement, histoire de ne pas les perdre trop vite... c'est que c'est vrai. Cherchez pas, elle a raison. Elle a toujours raison : c'est pas l'institutrice pour rien ! 

Elle sait ce qui est juste et faux, elle sait ce qui est bon pour vous. Elle l'a toujours su. C'était déjà ainsi il y a trente ans. Y a pas de débat possible. C'est sa parole contre la vôtre, de toute façon. 

"En voilà un bon citoyen !" 

Ma sœur, toi elle ne t'a jamais gratifiée de ce compliment. Simplement parce que pour elle, tu n'es pas une "bonne citoyenne", à peine un bon souvenir disparu dans un claquement de doigts, quelqu'un qu'elle n'a jamais jugé nécessaire de respecter.  

Aujourd'hui, nous avons pris le large, et nous n'avons plus à soutenir le regard insolent d'une coupable en liberté quand nous allons faire entendre notre voix dans un isoloir, faute de mieux. 

Tu es devenue adulte, elle s'est rabougrie _pour notre plus grand malheur : si une femme est forcément innocente, une vieille ne peut être qu'une victime. 

Elle tient le bureau de vote, intouchable, indéboulonnable. 

samedi 23 avril 2022

La Grande Galerie de l'Evolution - Paris

Comment peut-on passer si longtemps à côté du Jardin des plantes et du Museum d'Histoire Naturelle, alors qu'on ne compte plus les heures écoulées à proximité de la gare d'Austerlitz ?


Aucune importance. J'ai enfin visité la fascinante Grande Galerie de l'Évolution cet après-midi, au milieu de tout un cas de petits bourgeois surexcités que leurs parents avaient emmené se cultiver en ce premier jour de vacances de Pâques.  


L'endroit est troublant ; organisé sur plusieurs étages thématiques, on dirait qu'il veut à la fois être une reconstitution exhaustive de la biodiversité terrestre à travers les âges, et prendre l'apparence des cabinets de curiosités à l'ancienne. 

Je n'ai pas encore fait de recherches là-dessus, mais il est certain que la "galerie" a été pensée pour créer cette ambiance particulière, un peu sombre et mystérieuse... 

... et par conséquent, pas très photo-friendly.


Parfois, la nuit tombe, l'orage gronde et les éléphants barrissent.


Evidemment, la volaille est bien représentée !



Les gens adorent se prendre en photo à côté des animaux les plus imposants, et constater que même s'ils sont chétifs à côté, ils ne risquent absolument rien.


Une odeur de bête flotte un peu partout, incrustée dans les murs comme celle du camembert dans sa boite vide. 






C'est bizarre, une partie de moi vous conseille de faire visiter la Grande Galerie à vos enfants de tous âges (enfin pas trop petits quand même...), et une autre ne peut s'empêcher de se dire qu'il y aurait matière à tourner quelques bons films d'horreur dans ce décor.

Allez donc vous faire votre propre idée, c'est 10 euros le plein tarif.

samedi 2 avril 2022

SCRIPT / Afrique du Sud, Cinéma et enjeux contemporains - Brigitte Gauthier (2021)

Merci à Babelio et aux éditions l'Entretemps pour l'envoi de SCRIPT/Afrique du Sud, Cinéma et enjeux contemporains dans le cadre de l'opération Masse Critique.  

Il existe de multiples façons de découvrir un pays, sa culture, ses enjeux politiques, son histoire. Le cinéma en est une. SCRIPT/Afrique du Sud,cinéma et enjeux contemporains regroupe des contributions de journalistes, d’universitaires et de professionnels du cinéma qui sont autant de fragments d’ADN d’une contrée marquée par un passé riche mais jalonné de heurts. 

En début d’ouvrage, Brigitte Gauthier, directrice de la série S.C.R.I.P.T dont ce livre est le dernier né, nous rappelle sa ligne éditoriale engagée et résolument tournée vers l’avenir ; on ressent cette volonté dans les deux grands chapitres intitulés “Dossier scénario” et “Dossier production” qui composent ce recueil documentaire. 

Le Dossier scénario s’appuie sur un panel de films, parfois classiques (Come back Africa), parfois méconnus du grand public, tels que les documentaires The heart of Whiteness, et Glitterboys and Ganglands, parfois de renommé internationale (District 9), pour nous montrer comment les sujets qui fâchent peuvent être traités en fonction du contexte d’écriture et de sortie du film. Quand on parle de “sujets qui fâchent”, on pense bien sûr à l’appartheid, dont il semble toujours aussi tendu de parler aujourd’hui, mais pas que : la place des femmes et des minorités viennent au centre de la démarche artistique, que ce soit au cinéma, en musique ou dans le spectacle vivant. A noter que la musique est souvent mise à l’honneur dans cette partie du livre, d’abord par le biais de Miriam Makeba, de l’univers sonore de Come Back Africa, puis du groupe Die Antwoord. 

Pour ma part, les articles classés dans le Dossier production ont été plus difficiles à suivre, bien qu'ils soient ancrés dans la réalité de l'industrie cinématographique en Afrique du Sud, et de son essor actuel. En effet, il est devenu très intéressant d'y tourner un film : la vie y est moins chère que dans d'autres pays anglophones, ses paysages sont très prisés. 

Si la série S.C.R.I.P.T (et donc par extension S.C.R.I.P.T Afrique du Sud) semble s'adresser à un public cinéphile en priorité, plusieurs articles du présent ouvrage restent tout à fait accessibles. Ils donnent envie d'en savoir plus, et sur les oeuvres traitées, et sur le pays en lui=même. 

Enfin, pour ceux qui s'intéressent à l'univers de Disney, sachez que le texte d'Ethel Montagnani intitulé "La ségrégation dans le Roi Lion et le Roi Lion 2 : l'honneur de la tribu" est particulièrement instructif.