Merci à Babelio et aux Éditions Kurokawa pour l'envoi du premier tome du manga The Ride-On King, dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Oh oh, le bel O.V.N.I ! J'avoue que je n'avais pas du tout senti venir la fantaisie de ce tome inaugural d'une série qu'on espère longue, malgré une couverture prometteuse _et volaillère, ce qui n'est jamais pour me contrarier !
L'histoire
Qu'est-ce qui se passe quand on a déjà tout ce qu'on désire ? Eh bien c'est simple : on se fait ch***. Alexandre Ploutinov en sait quelque chose : maintenant qu'il a fait de la Prussie une république puissante dont il est devenu le président à vie, après moultes conquêtes menées à la tête de son armée, maintenant qu'il a assouvi sa passion de chevaucher tous les animaux et véhicules possibles et imaginables, ce maître en arts martiaux ultra-viril ne sait plus quel sens donner à sa vie. Aussi, c'est en tirant quotidiennement une tronche de deux mètres de long qu'il endosse ses responsabilités de chef d'état, arpentant les rues à dos de tigre.
Un jour, Ploutinov est victime d'un attentat : la tête d'une immense statue à son effigie lui tombe dessus. Alors que tout le monde constate avec stupeur que son corps a disparu, le despote mélancolique se réveille dans un univers médiéval fantastique qui lui est inconnu... et où il est inconnu des habitants.
Pas le temps de se poser de questions : le héros débarque au beau milieu d'un combat opposant une guivre _un dragon_ bien vénère à Saki l'aventurière et Bell la magicienne. L'affaire et mal engagée pour ce binôme qui paie visiblement les conséquences de quelques erreurs de jeunesse. Ploutinov va bien sûr les tirer d'affaire de quelques coups de savate. Saki et Bell vont alors se donner pour mission guider ses premiers pas dans un environnement qu'il ne maîtrise pas du tout, pour une fois.
Le président ne se laisse pas gagner par l'angoisse : une fois son sort accepté, il part en quête de défis à relever et d'injustices à condamner. Mais les Terres Magiques ne sont pas la Prussie : même si ses prédispositions à jouer des poings et à dialoguer avec les animaux forcent le respect, ici il n'est pas le chef, mais un type qui ne connaît pas les codes, et qui inspire plus de méfiance que d'admiration.
Eh, ça vous rappelle pas quelqu'un ? |
Vent de fraîcheur
C'est curieux : les premières planches de ce manga m'ont d'abord laissée perplexe. Je n'étais convaincue ni par cette drôle de version dépressive de Poutine, ni par les deux petites guerrières délurées et un poil cruches qui me semblaient sorties d'un jeu de RPG où elles auraient sans doute eu des voix hyper aigües, ni par le décor fantasy relativement prévisible.
Au moment où je me disais que l'histoire prenait un tournant vraiment trop WTF, même pour moi, je me suis mise à adhérer au délire de Yasushi Baba. Peut-être l'entrée en scène bien pensée des Centaures, qui représentent ici le peuple persécuté par excellence, m'a-t-elle attendrie ; il est vrai que leur arrivée apporte une profondeur à l'action et introduit une réflexion sur le respect des différences, sur l'égalité, sur la confiance... qu'on n'attendait plus. Quelques touches comiques sont également à relever et viennent nous rappeler que The Ride-on king sera perché ou ne sera pas. Au final, ce manga est franchement une bonne surprise ; qui lira le premier tome aura sans doute envie de connaître la suite.
Yasushi Baba. Le Ride-on King - 1. Kurokawa, 2019. ISBN 978-2-380-71018-2
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