vendredi 12 novembre 2010

Etre un magicien dans une société magicophobe : Merlin, la série (2008)


En faisant ma recherche sur Merlin Merlot, l'autre jour, j'ai découvert qu'il existait depuis 2008 une série consacrée à Merlin, l'enchanteur cette fois-ci :


Mais mais mais... c'est quand même pas lui, Merlin! Eh bien si! Dans cette version de la légende, Merlin, jeune paysan doté de pouvoirs surnaturels, évolue tant bien que mal dans une société où la magie est très mal vue. Comme il devient de plus en plus difficile de cacher sa particularité, sa mère le pousse à quitter son village et le recommande au vieux Gaius, le médecin de la cour de Camelot. Officiellement, il doit devenir son « homme de peine », chargé d'aller chercher dans la forêt des plantes rares nécessaires aux décoctions. Officieusement, il vient apprendre à utiliser ses pouvoirs magiques pour protéger un royaume menacé de toutes parts, et pour constituer la garde rapprochée d'Arthur, le fils unique du roi Uther Pandragon. Au cours des 13 épisodes de la première saison, Merlin et Arthur vont notamment avoir affaire à un tournoi truqué, à une épidémie, à une famine, à une allumeuse mal intentionnée, et à des créatures qu'on croirait venues de nulle part, mais qui sont issues de la caverne de Nimueh, une méchante sorcière qui n'aime personne. Gnark gnark gnark. Tout un programme!


Magicophobie ambiante.

Dès l'arrivée du jeune Merlin à la cour, le ton est donné : on s'apprête à couper la tête d'un sorcier sous les fenêtres du donjon – si l'on peut dire, car le château de Pierrefonds (Oise) où a été tournée la série, n'est pas vraiment une forteresse du XII° siècle. Tant mieux, c'est plus joli.

En effet, le roi Uther Pandragon est un type assez borné dans son genre. Sous prétexte qu'il a eu quelques démêlés avec des magiciens dans sa jeunesse, et qu'une sorcière a provoqué la mort de sa femme à la naissance d'Arthur, il «devient sourd à toute réflexion» lorsqu'il est question de faits irrationnels. La magie, c'est le mal, voilà tout! Il suffit d'être soupçonné de l'avoir peut-être un peu expérimentée pour se faire gicler sur le champ : simple mesure préventive! Autant dire que pour Merlin, la galère ne fait que commencer; souvent tenté de faire son CO de magicien, il jouera la carte de la prudence et prendra le parti de garder la tête sur les épaules. Logique...

Sorcellerie, magie, c'est interdit, mais tout le monde en fait un peu dans son coin : Merlin, Gaius, quelques druides de passage, sans oublier Morgan, la pupille du roi Uther Pandragon, et ... cousine du prince Arthur.

La légende revisitée

Oui, dans cette série, Morgan est la nièce d'Uther Pandragon. La nuit, c'est une jeune femme souvent prise de cauchemars. La journée, en compagnie de sa servante Guenièvre (!), elle s'occupe à asticoter son cousin Arthur, qui lui-même a visiblement le même âge que Merlin. La grande originalité de la série est d'avoir voulu jouer avec le statut des personnages. Les clichés s'effondrent dans un nuage de poussière sombre, comme une vieille sorcière anéantie, et il faut faire table rase de toutes les attentes qu'on peut avoir de ces personnages mythiques. Vous vouliez un Arthur loyal et courageux? Vous aurez un petit con prétentieux tueur de licornes. Guenièvre, une princesse qu'on courtise? Non, la fille de forgeron, à qui on ne confie d'autre responsabilité que d'aller chercher de l'eau au puits. Merlin, un sage magicien à barbe blanche? Non, c'est plutôt un pauvre gars assimilé à un fou. Néanmoins, tout le monde s'accorde à dire qu'ils est bien brave.

« Regdane anvilde gafélueque!! Regdane anvile gafélueque!! Eh, ça marche!!!»

Merlin est sans doute ce qu'on pourrait appeler un anti-héros. Dans l'ombre d'un chevalier reluisant de partout, il nous paraît moche et faible, avec ces cheveux noirs-corbeau et ses grandes oreilles. Alors, on pourrait se dire, oui, mais, il est gentil, et puis il est intelligent. C'est vrai, il a du coeur, par contre on sent que son intelligence a encore une marge de progression... S'il se sert de ses pouvoirs, c'est pour faire l'imbécile, accumuler les boulettes, tenter de se débarrasser de ses corvées, fabriquer de faux titres de noblesses pour son pote Lancelot... Évidemment, quand on lui demande d'employer sa magie à une cause précise, il n'en a plus envie! Ou alors, il ne sait pas comment s'y prendre, car il ne maîtrise pas encore toute sa palette de possibilités.

Personne ne se doute qu'il est capable de sortir du pétrin un royaume tout entier, en prononçant une pauvre formule. Aussi, son aide n'est jamais reconnue à sa vraie valeur. Comme il est gentil, il s'en moque : "l'important est que le bien triomphe!" Enfin, c'est vite dit, il aimerait bien un petit merci de temps en temps. A signaler que Merlin a aussi une vague tendance à prendre la mouche.

Manque de suspense.

Tout cela est très intéressant, mais malheureusement, la série manque cruellement de suspense. Même moi qui suis complètement larguée niveau séries télé, j'arrive à savoir à peut près tout ce qui va se passer dans l'épisode, au bout de quelques minutes, même lorsque l'action est entraînante. Quel peut bien être l'intérêt de mettre en scène une tentative d'empoisonnement mortel le héros dès le 4ème épisode? On s'en doute, que ce n'est pas encore son heure! Quant aux dialogues, dans la VF en tous cas, il leur arrive de sonner creux...

Petit exemple :

Episode 2

Merlin : Ne combattez pas Valiant dans la finale de demain. Il utilisera le bouclier (ensorcelé!) contre vous.

Arthur : Je sais.

Merlin : Alors, renoncez! Vous devez renoncer!

Arthur : Tu ne comprends donc pas! Je ne peux pas renoncer! Les gens s'attendent à ce que leur prince combatte, comment les conduire à la bataille s'ils croient que je suis un lâche??

Merlin : Valiant va vous tuer, combattre c'est mourir!

Arthur : Alors je mourrai!
Merlin : Comment pouvez-vous aller au devant d'une mort certaine?

Arthur : Parce que je le dois.
(silence 4-5 secondes) C'est mon devoir.
Petite musique triste, Merlin s'en va.


C'est assez drôle.
Je vous entends d'ici :

Mais alors, pourquoi tu regardes, patate!?

Pour Guenièvre!

Si la Guenièvre de Chrétien de Troyes avait été semblable à celle-là, l'industrie de la charrette aurait explosé à Camelot.

Dans cette saison, c'est elle qui a le rôle du personnage vivant. Oui, la servante de la pseudo-rebelle Morgan est extrêmement b... sympathique, bien qu'atteinte d'une insolente niaiserie, mais c'est le lot de tous les personnages féminins au Moyen Age : « Lancelot, je n'ai encore jamais rencontré quelqu'un comme vous, ne partez pas je vous en prie!! »


Plus sérieusement : d'un point de vue esthétique, Merlin est une série superbe à regarder. Les images se prêtent d'autant plus à la rêverie qu'il ne pleut jamais sur Camelot, sauf en cas d'imminente sorcellerie. Tout est très propre, on n'y verra pas plus de sang que de pluie, malgré l'acharnement des combats. Ah si, Gaius saigne le doigt de Merlin dans le 4ème épisode, mais ça s'arrête là.

J'ai lu un peu partout que les effets spéciaux, utilisés pour la mise en scène du féroce bestiaire, étaient tout pourris. Comme je n'y connais absolument rien et que je ne suis pas fan, ça ne me choque pas, au contraire, j'ai bien trouvé les mygales géantes et les cafards possédés tout à fait crédibles. Quant aux serpents carnassiers issus du bouclier magique de Valiant (épisode 2), ils sont aussi dégueulasses que des vrais!


Merlin -Julian Jones, Jake Michie, Johnny Capps, Julian Murphy
Diffusion : BBC One
2008


2 commentaires:

Kimombo a dit…

Tout à fait d'accord, surtout pour les serpents, beurk.
Par contre, je ne suis pas sûre que les effets soient si pourris que ça, l'histoire ce tient bien et la méchante est vraiment très méchante! :p

Java a dit…

:-) tu as vu les saisons suivantes ? par manque de temps malheureusement je me suis arrêtée à la première. Car même si je critique beaucoup, j'avoue que je m'étais bien prise aux aventures de Merlin, Arthur et Guenièvre..