jeudi 27 janvier 2011

Moussa Maazou, ce méchant!

  
En ce moment, le nom de Moussa Maazou est synonyme de scandale dans le petit monde du sport : le jeune footballeur nigérien des Girondins de Bordeaux s'est particulièrement illustré dans une interview accordée à 20minutes le 19 janvier dernier.
Le type
Agé de 22 ans, l'attaquant nigérien Moussa Maazou a déjà fait son bonhomme de chemin en Belgique et en Russie, plus précisément au club de CSKA Moscou. Lié à ce club depuis mars 2009, il a fait l'objet d'un prêt à l'AS Monaco en janvier 2010. Il y a marqué pas moins de 8 buts, avant de débarquer à Bordeaux au mois d'août de la même année, également sous la forme d'un prêt. Et là... plus rien. Maazou ne s'adapte pas, n'est pas particulièrement à l'aise dans l'équipe et peine à s'y faire une place. A la trève hivernale, il n'a qu'un but au compteur, ce qui est insuffisant pour quelqu'un qui joue plutôt devant...    

Le contexte
On parle beaucoup de lui ces derniers temps, mais signalons que Maazou n'est pas le seul joueur de l'équipe girondine à errer sans but sur la pelouse. Les Girondins enchaînent les mi-temps convaincantes, les matchs nuls frustrants et les performances mitigées. Ils se situent donc au beau milieu du classement de Ligue 1, aux alentours de la 10ème place, ce qui est bien, mais pas top, quand on pense qu'ils y a un an de cela, ils faisaient peur au Bayern de Munich. Mais depuis, Gourcuff et Chamakh sont partis, suivis de quelques autres. La défaite à Angers en Coupe de France le 22 janvier 2011 a déclenché la colère jusqu'ici contenue des supporters, aussi bien les bons que les mauvais, contre Tigana, les joueurs, M6 et tout ce qui est bleu et blanc. 

L'interview
Les fameuses déclarations tiennent en quelques lignes. 
Au football, la communication, c'est très important, voire réglé au millimètre. En fonction du contexte et des performances, plusieurs schémas-types existent. Aussi, lorsqu'on interroge l'attaquant d'une équipe dont les performances sont irrégulières, son discours est censé suivre les étapes suivantes : 

1) "on est bons! si on n'y arrive pas, c'est en grande partie de ma faute! Je suis trop nul, contrairement à l'équipe qui a un fort potentiel."  

2) "il faut nous laisser plus de temps : on paye nos problèmes de communication du début de saison, mais à l'entraînement, on est vachement meilleurs, maintenant!"

3) "dans les vestiaires, l'ambiance est bonne, on s'aime et on aime notre entraîneur, et on espère que notre président qu'on aime aussi ne prendra pas la décision de le virer à cause de nos mauvais résultats!" 

4) "Moi, je peux vous assurer que je vais faire le maximum! non pas pour me mettre en valeur, en vue de la saison prochaine, non pas pour me faire repérer par des clubs prestigieux, mais uniquement pour l'amour du club et du maillot. C'est une chance de jouer ici! On a un cadre de vie exceptionnel (argument facultatif). Nos fidèles supporters qui traversent la France en minibus pour nous voir perdre méritent vraiment qu'on se défonce!" 

Notre Girondin en manque de réussite n'a pas vraiment suivi le mouvement. Pourtant, sa prestation avait bien débuté : "Je ne me mettrais même pas 1/10". Il était alors question de son bilan personnel depuis le mois d'août. 1 but, 1/10... la note paraît logique! Ensuite, les problèmes arrivent : la stratégie de jeu ne lui convient pas, si déjà on l'avait mis à la bonne place, alors peut-être que... Mais! que dis-tu, insolent? 

Ne nous offusquons pas encore, parce qu'il ne s'agit là que d'un amuse-gueule avant les propos qui on fait tomber les scapulaires de toutes les écharpes marine et blanc des quatre coins du monde "Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. S’ils sont déçus, c’est leur problème, je m’en bats les couilles. Moi, je suis tranquille, j’ai mon contrat à Moscou. Je préférerais rester à Bordeaux, mais si ça ne marche pas, je rentre, pas de problème. L’entraîneur du CSKA veut me faire revenir, il ne fait que parler de moi, il m’appelle tous les jours. Il m’a dit que je serais toujours le bienvenu. La saison prochaine, eux, ils joueront la Ligue des champions." (20minutes.fr)

Ces dernières phrases font hurler tout le monde, car Maazou, non content d'avoir manqué de respect aux supporters et au club, s'autoproclame indispensable ailleurs. Quant au mot de la fin, il est tellement vrai qu'il en est insupportable pour des fans comme nous : Bordeaux est mal parti pour être en Ligue des Champions l'année prochaine, alors que le CSKA Moscou, si. Bon, généralement, ils n'y restent pas longtemps, le championnat russe étant ce qu'il est. Toujours est-il que la règle d'allégeance à une équipe, à un club avec lequel le joueur est lié par un contrat, demeure totalement invisible.  

Cependant, réfléchissons avant d'en faire un cousin de Satan. Au moins, lui, il n'a pas traité son entraîneur de fils de pute, comme le fit Ronaldinho à l'encontre de Luis Fernandez, lorsqu'il jouait au PSG. Il ne s'est pas non plus tapé Zahia (enfin, pas à notre connaissance), alors autant relativiser. On peut légitimement avoir envie de dégonfler le melon énorme de ce type qui ne connaît pas assez le point de vue des supporters du FCGB pour être en mesure de s'en battre les couilles. Pourtant, on peut aussi se dire que Moussa Maazou ne fait que mettre des mots sur les pensées qui ont forcément traversé l'esprit de tous les Christian, Paulo Miranda et autres Deivid, en gros les dizaines de joueurs de tous horizons qui n'ont jamais eu le temps, l'occasion ou la volonté réelle, car elle compte aussi quand même, de s'acclimater à l'ambiance girondine. Diawara lui-même, qui avait pourtant le sacre en poche, n'a pas fait grand cas de l'avis de la population girondine lorsqu'il a eu l'opportunité d'intégrer l'effectif de l'OM. La différence réside dans le fait qu'ils ont eu l'intelligence de se taire; au football comme ailleurs, il n'est jamais très bon de dire ce qu'on pense, et encore moins quand on est dans une mauvaise passe. 

La vie du type après l'interview. 

D'ailleurs, devant les menaces de lapidation imminentes vues et entendues aussi bien au Haillan que dans Sud Ouest, en passant par les réseaux sociaux, Triaud a préféré invoquer les affres de la jeunesse folle et furieuse propre aux footballeurs lorqu'ils sont agacés par les journalistes : "quand ils donnent des interviews comme ça, ils ne font pas attention à ce qu'ils disent... mais bon, c'est clair qu'il l'a dit." (dans l'émission Soir de Foot sur Gold FM)

Il n'empêche que par ses paroles, Maazou s'est bâti une belle image de bad boy provocateur et de feignasse : le site Chez les Girondins, qui suit non sans humour l'actualité de l'équipe, a même listé les drolissimes Maazou Facts. Il y a de forte chances pour qu'on ne retienne de son passage aux Girondins, outre son indifférence au club et aux spectateurs, que sa plainte : "Ici, il faut faire des passes, tout ça... on joue au football. C'est compliqué". Ce partisan de la stratégie de la patate voguant dans les airs aurait mieux fait de garder cette remarque pour lui. 


Actuellement, il est pressenti pour retourner à Monaco, ce club qui lui a si bien réussi. Tout est bien qui finit bien, en espérant que toute l'équipe soit disposée à s'effacer pour laisser le gardien faire de très longs dégagements à destination de Monsieur Maazou. Sinon, il y a aussi la New Team d'Olive et Tom!  

Photo de Vincent Trijoulet (libre de droits, licence creative commons et tout! chouette!) piochée sur Wikipédia, bien sûr!!  

jeudi 20 janvier 2011

L'assassin royal 4 - Le poison de la vengeance - Robin Hobb

           
            Mis au cachot et charcuté de partout par les gardes du prince Royal, Fitz perd tout espoir et se résoud à avaler une boulette empoisonnée, ce qui est quand même un comble pour un apprenti empoisonneur! Suspecté de posséder un pouvoir de communication avec les animaux, et plus particulièrement avec son loup Oeil-De-Nuit, on l'enterre comme un chien (logique) et chacun prend garde de ne pas s'approcher de sa tombe. 
         
Mort ou Vif 
            Or ne perdons pas de vue qu'il nous reste encore beaucoup de tomes à découvrir pour connaître toute la vie de l'Assassin Royal! C'est grâce au Vif que son corps va quitter son état de mort. En effet, à la manière d'un poisson rouge dont on change l'eau, Burrich, le maître d'écuries et Umbre, le maître empoisonneur, vont transférer son âme dans le corps d'Oeil-de-Nuit, qui va donc devenir un loup 2 en 1, ou un loup schizo, comme vous voulez, pour qu'elle reste bien au chaud le temps que les deux acolytes déterrent le cadavre encore saignant de Fitz pour lui redonner vie.

           Le héros reprend des couleurs, mais un travail de rééducation s'annonce nécessaire : étant donné qu'il a séjourné quelques temps dans le corps d'un loup, il en a pris toutes les manières. Alors que tout le monde le croit mort, Burrich tente de lui rendre un semblant d'humanité, loin de la cour de Castelcerf. Ils mènent une vie recluse dans une cabane de bergers, avec pour seule visite les allées et venues d'Umbre. Puis, progressivement, sa nature d'homme lui revient à l'esprit, et par la même occasion toutes ses souffrances et sa haine contre Royal, enfin installé sur le trône tant convoité.

           Dès lors, il n'a plus qu'une idée en tête : se rendre à la cour de Gué-de-Négoce, où Royal et sa joyeuse compagnie a choisi de se poser pour rester à l'abri des Pirates Rouges et de la famine, et lui faire sa fête une bonne fois pour toutes. Il n'a plus rien à lui, plus de nom (en a-t-il jamais eu un?), plus d'épée, plus beaucoup de poisons, plus de monture, mais il a son "frère", le loup Oeil de Nuit, et une volonté que seule la colère et la haine peuvent maintenir. 

La bougeotte 

          Ce quatrième volume est bien différent des trois premiers. On quitte la cour de Castelcerf, les complots et le chahut dans les couloirs du château, pour l'aventure en forêt. Vive l'air pur, la chasse au lapin dans les bois, et les longues traversées nocturnes avec des yeux de loup pour seuls guides. Pourtant, ce n'est pas parce qu'on voyage à la fraîcheur de la nuit et qu'on ne s'arrête que cinq minutes dans une auberge pour boire une bière, qu'on ne rencontre personne et qu'on ne prend aucun risque! Entre la campagne de Castelcerf et Gué-de-Négoce, Fitz et Oeil de Nuit vont successivement rencontrer des artistes ambulants, des gens qui ont le Vif tout comme lui, des Forgisés, mais aussi une meute de loups... 

Vivre pour sa gueule 

          Si Fitz a fui (dur à prononcer!) la cabane de bergers où Burrich et lui vivaient dans le plus grand secret pour aller de lui-même régler ses comptes, c'est parce qu'il y a eu grosse prise de tête avec son mentor Umbre. Lorsque ses deux sauveurs ont compris que le jeune bâtard rentrait en possession de ses moyens d'antan, ils se sont dit : chouette, on va pouvoir lui confier quelques nouvelles missions pour faire avancer politiquement les choses! Ce que Fitz a plutôt mal pris : il y est presque resté, quand même! Il ne pourra donc jamais avoir une vie tranquille à lui? Quand est-ce qu'on va cesser de se servir de lui pour sauver ce qui reste d'un royaume à feu et à sang? Obéir aux ordres, garder le silence, et attendre bien sagement la chute de Royal, si quelqu'un veut bien prendre la peine de se rebeller? 

           "Ok", lui disent Burrich et Umbre, "puisque c'est comme ça, fais ce que tu veux, va où tu veux, mais ne viens pas te plaindre si ça tourne mal". C'est ainsi que le héros décida d'aller lui-même se fourrer dans un sale guêpier, tout seul comme un grand. On retiendra que ce fut sa première décision!   
             


Robin Hobb - Le Poison de la Vengeance - L'assassin royal 4 - 1997
Illustration de l'édition Club France Loisirs - Collection Piment











dimanche 16 janvier 2011

L'amour est dans le pré - Saison 6 - Les portraits



L'Amour est dans le pré est une émission de télé réalité, au cours de laquelle une quinzaine d'agriculteurs overbookés, bien résolus à se faire connaître pour mettre fin à leur célibat, testent leur aptitude à gérer temporairement un ménage à trois.

Précision. Des agricultrices et des agriculteurs en ont marre d'être seuls; alors, très logiquement, ils écrivent à M6 : en effet, depuis 6 ans déjà, la chaîne revendique une fonction d'agence matrimoniale spécialisée dans le secteur des éleveurs et des céréaliers. La diffusion quotidienne et quelque peu abusive des épisodes de la Petite Maison dans la Prairie, durant plus d'une décennie, y est sans doute pour quelque chose.

Tel un Pôle Emploi du coeur, M6 recueille les volontés de ces fermiers, organise une émission de 2h afin qu'ils puissent tous se présenter au grand public, et engage les téléspectatrices/teurs à postuler pour l'un(e) ou l'autre, via une lettre de motivation accompagnée d'une photo récente.

Après cette étape, chaque paysan lit les lettres de candidatures reçues, sélectionne celles qui ont attiré son attention pour un entretien approfondi; ce premier contact physique servira à retenir deux personnes amenées à participer à une période d'essai de quelques jours dans sa ferme. Une fois le ménage à trois constitué, une compétition plus ou moins acharnée commence entre les deux prétendant(e)s, sous l'oeil amusé, ou dépassé, ou déconfit, du maître des lieux : parce que la polygamie, c'est interdit!

Eh bien, ça y est, "la saison 6 de l'émission est lancée", comme l'a si bien dit Karine Le Marchand, la présentatrice de l'Amour est dans le pré. Pas de baston pour l'instant, puisqu'on en est à la toute première étape télévisuelle, celle des Portraits des 14 agricultrices et agriculteurs, plutôt des agriculteurs, d'ailleurs ( 2 filles pour 12 types). Pourtant, cet épisode de présentation des lieux et des gens est déjà bien comique!

Pour ma part, j'ai déjà repéré ma tête de turc : Didier, viticulteur et maraîcher dans l'Hérault. Mais on aura tout le temps de lui faire la peau, étant donné que j'ai déjà rempli une feuille A4 en essayant de noter toutes les conneries misogynes qu'il a réussi à prononcer en 10 minutes. Une belle tête de vainqueur.

Dans l'immédiat, c'est la dimension pédagogique de l'émission qui me paraît intéressante.

Plagiant Karine Le Marchand, qui se cruchifie légèrement pour les besoins de l'émission et qui, par des talents d'actrice évidents, réussit l'exploit de s'extasier devant tout ce qu'elle voit, je dirais que "j'ai appris plein de choses aujourd'hui!!"

Petit récapitulatif si vous voulez vous lancer, vous aussi, dans l'élevage de bétail (ou d'enfants).

- A 18 mois, un gosse est en plein dans la phase de "la purée qui fait pflt" (à ne pas confondre avec la réplique culte de la saison précédents "Tu joues la bonne copine et puis ... pfuit!")

- La mule, c'est le GIGN des équidés; plus intelligente, rusée, dynamique, elle est réactive alors qu'on ne s'y attend pas, et démarre au quart de tour. Dommage qu'elle ne puisse pas se reproduire, étant donnée qu'elle est issue de l'union ô combien perverse d'un âne et d'une jument.

- Les dents des chevaux poussent sans arrêt.

- On peut tondre une pelouse avec ses lapins, si on les dispose dans des clapiers mobiles munis d'une ouverture au sol (apparemment, la saison promet d'être bio, écolo et végétarienne).

- Une jeune vache a toujours un petit pis, qui se distend et augmente en capacité avec les années.

- Quand un veau est pris de coliques, il faut lui faire boire du "thé de foin".

- Quand un melon subit un choc, il est recouvert de bleus le lendemain, et par conséquent il n'est plus vendable! alors faites gaffe, un peu!!

- Vous avez pu voir des gens mettre du vin en bouteille en prenant des positions suggestives.

- Vous avez pu assister à un cours de théorie fromagère "Casanova disait du roquefort, que..."

Quelques phrases qui tuent avant d'aborder les personnages en détail.

"_ Oh la vache! _ Eh non, c'est un taureau!"

"_ Tu dis que tu es sociable, mais chez toi, y a des gens tous les soirs? _ Oooh non pas! malheureux! pas tous les soirs!" (lui, c'est mon pote, parce qu'il dit "tabaque")

"Dis-moi quel fromage tu aimes, je te dirai qui tu es!"

"Je m'entends mieux avec les chiennes"

"Ta femme, c'est un peu comme ta meilleure amie" (hum, raisonnement à développer...)

"C'est beau une femme. C'est spécial mais c'est beau."

"Ma première passion, c'est les femmes. Ma deuxième passion, c'est les melons!!"


Et j'en passe!

Image : LePost.fr, 1er résultat sur Google Images!



samedi 8 janvier 2011

Roux cools - Ma coiffeuse

Parce que j'estime avoir explosé le quota de roux qu'on peut croiser dans son existence, et ce pour les trois prochaines vies, j'ai envie de mettre à l'honneur ces gens à qui leur couleur de cheveux fait curieusement du tort.

Non, ils ne portent pas la poisse, non, ils ne jettent pas des sorts. La toison de ceux que j'ai croisés ne pue pas plus le renard que celle de toute autre personne, et si certains sont colériques, ce ne saurait être à cause de leur couleur de cheveux.

Aussi, je proclame officiellement l'ouverture de la rubrique Roux Cools qui a pour but de casser les clichés anti-roux (mais seulement après avoir bien joué avec).

Tout cela est à prendre au second degré!!

Rox et Rouky, avant qu'ils se fritent.

Pour commencer, je parlerai de ma coiffeuse. Un peu facile, me direz-vous, car rien n'est plus fluctuant et instable que la coloration des cheveux d'une professionnelle du tif. Le fait est que la dernière fois que ses ciseaux se sont attaqués à ma tignasse fourchue, elle n'était pas rousse, mais prune.

Une fausse rousse? Mais ça ne compte pas!
Si! Le caractère artificiel de sa rousseur est même une raison de plus de s'intéresser à son cas: le choix de cette teinte, pour une durée plus ou moins longue, est hautement significatif!

Si l'on remonte à quelques décennies, la vie d'un roux était apparemment difficile; mon arrière grand-mère me disait qu'elle allait à l'école avec deux petites filles rousses (des soeurs, sans doute), et qu'elle n'avait pas le souvenir qu'on les ait un jour laissées en paix. Précisons que Mémé a été scolarisée 3 années, au cours desquelles elle fuguait généralement pendant la récréation du matin. Son institutrice ne le remarquait même pas, puisqu'elle était dépassée comme peut l'être une dame de 75 ans à qui on confie 40 élèves de tous niveaux. Malgré tout, son témoignage est à prendre en considération.

A présent, on peut roussir volontairement, par goût esthétique, et pas seulement par esprit de rebellion. Ma coiffeuse est donc un symbole parmi tant d'autres de la liberté du déploiement capillaire*: j'ai toujours su que c'était quelqu'un de bien!

S'il lui arrive de rater des gens, et encore parce qu'eux-même ont une tête ratée, elle a l'avantage d'avoir un relatif bon contrôle de sa langue. J'entends pas là qu'elle ne vous pousse pas à raconter votre vie et ne vous impose pas la sienne; entre les échanges nécessaires à l'entente cordiale et au bon déroulement des opérations ("c'est pas trop chaud?", "la longueur vous va?"), elle chantonne allègrement.

Mieux encore, elle ne balance pas, quand sa collègue arrive régulièrement en retard, le matin! Eh oui, tout le monde le sait; une cliente semble même l'avoir signalé. L'autre jour, c'est en pleine séance d'élagage du dégradé que notre tacite collaboration a été interrompue par un coup de fil de leur big boss.**

"_ Oui, ça va... tout se passe bien. Euh non, elle n'est pas encore arrivée... Tous les jours comme ça? Oh pas du tout! elle vient de loin alors cela peut arriver! Mais ce n'est pas systématique."

Hum.

Patiente, calme, souriante, ma coiffeuse est quelqu'un de bien. Comme elle a sa place parmi les Roux Cools, même si ces qualités ne découlent pas de sa rousseur et qu'on ne lui a pas fait de blagues vaseuses en ma présence, je la folksonomiserai ainsi.

Qui sera le suivant?
Si vous avez des idées de roux célèbres à mettre à l'honneur, n'hésitez pas à soumettre l'idée.

* private joke, ne cherchez pas.
** private joke n°2





lundi 27 décembre 2010

Citizen Kane - Orson Welles (1941)


En 1940, aux Etats Unis.

Le journaliste Thomson enquête sur la vie et la mort de Charles Kane, une personnalité rendue mystérieuse et inconnue par sa notoriété-même.

Propriétaire d'une mine d'or, la mère de Kane le confie, alors qu'il est encore enfant, à un banquier chargé de lui apprendre à gérer sa fortune future. Quand il en prend enfin possession, bien des années plus tard, il décide de l'investir dans la presse, et s'impose à la tête du journal l'Inquirer auquel il va donner plus d'ampleur en modifiant quelque peu la ligne éditoriale et en prônant la transparence.

Le succès de cette démarche lui donne alors des ailes, et, conforté par son mariage avec la nièce du président des États Unis ainsi que par sa grande fortune, il se tourne vers la carrière politique. C'est là que les choses se gâtent : il n'a pas réalisé que sa maîtresse, une chanteuse d'opéra en devenir, pouvait être une source de scandale et créer un obstacle à sa progression.

Condamné à ne jamais atteindre un haut rang politique, il lui reste quand même sa fortune et la sus-citée bonne copine à laquelle il décide de se consacrer. Elle devient sa seconde femme, et iI entend la rendre heureuse en lui payant des trucs : cours de chant, une scène à elle, un manoir dans lequel ils se retirent tous deux. Cependant, la solitude va vite se faire sentir.

Mais plus encore que sa vie, c'est sa mort qui passionne les foules : en effet, le vieux Kane finira par expirer, seul, dans son domaine qu'il a baptisé "Xanadu", en prononçant "rosebud", "bouton de rose". Pourquoi rosebud et pas autre chose? c'est ce que Thomson voudrait savoir.

Le grand puzzle

Au début de son enquête, Thomson dispose d'une masse d'informations de type journalistiques, qui relatent les événements clé de la vie de Charles Kane, la manière dont il est perçu par la population, par la presse. Ces informations, dont nous prenons connaissances dans les premières minutes du film, lui sont proposées pèle-mêle et sans interprétation, bien qu'elles soient parfois contradictoires.

Le voilà face à une sorte de grand puzzle dans toutes les pièces sont mélangées, et qu'il doit reconstituer. A lui de faire son boulot en sachant distinguer l'information de la rumeur et de la légende, pour dresser un tableau du personnage à même de le guider vers le fameux bouton de rose. Ici, faire le puzzle, c'est non seulement lier les morceaux qu'on a sous la main, mais savoir retrouver ceux qui manquent.

Pour avancer, il comprend qu'il doit s'appuyer sur des éléments autres que ceux dont il dispose déjà. Il se lance donc dans l'étude des témoignages de ceux qui ont fait partie de l'entourage de Kane, à différents moments de sa vie : le tuteur, à travers ses mémoires, un ami, la seconde femme, le majordome du manoir de Xanadu.

Au fil des flashbacks, Thomson comprendra que la force de la mutualisation des informations a néanmoins ses limites, et qu'il arrive parfois que les pièces d'un puzzle se perdent définitivement dans la nature.

01/01/2011

Bonne année 2011! :-)

samedi 25 décembre 2010

L'hérésie du mois : le Père Noël existe!

A Périgueux, du moins. Le 24 décembre, vers 11 heures, il a été vu en train de draguer deux mamies, en terrasse d'un café (rue Taillefer me semble-t-il), après s'être manifestement incrusté à leur table. Il faut bien s'occuper entre deux livraisons.

Il n'est pas tout seul dans son costume!

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il n'y a pas un seul Père Noël, mais toute une famille de Pères Noël qui officient chacun de leur côté, comme de bons petits individualistes. Réunis en comités régionaux, le Pôle Aquitaine des Pères Noëls tient des réunions en fin d'année histoire de faire en sorte que les papys soient bien synchros, bien répartis en secteurs, afin de ne pas les voir se marcher sur les pieds lors de la distribution. Un peu comme les gens qui mènent les opérations de recensement dans les communes. Etre Père Noël, c'est avant tout une philosophie du travail bien fait, propre et efficace.


Les réunions sont bien entendu tenues secrètes, et ont lieu dans des bars en centre ville, les vendredis soir, pour plus de discrétion. Les consommations lors de ces réunions sont entièrement financées par la revente des bonbons rackettés aux gosses le soir d'Halloween.

Pour en savoir plus, adressez-vous au Pôle Emploi; eux seuls détiennent la clé du Joué Club, et peuvent vous dire si oui ou non vous en valez la peine!

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Article de Rue 89 du 22 décembre 2010 sur le beau métier de Père Noël


Attention, ces temps-ci le Père Noël est un peu susceptible. A cause du surmenage, il lui arrive de cogner et de jeter dans une vitrine les gens qui l'embêtent. Désormais il faudrait éviter d'essayer de le soudoyer pour gratter des cadeaux à la sortie des réunions arrosées, car il pourrait mal le prendre : on ne réclame pas, mal élevé! Vous pourriez récolter plus de châtaignes que de jouets dans l'histoire.


Surtout si dans la vie, le Père Noël est un peu rugbyman, et que ce soir-là, il se trouve que, pas de bol, vous être 4 contre 15 :

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Article de Sud Ouest du 21/12/10 - Rixe entre Pères Noël du CAP et 4 mecs. Encore une histoire dont on ne saura jamais le fin mot.

J'oubliais :
JOYEUX NOËL à tous!






lundi 20 décembre 2010

Une presse sans Gutenberg - Jean-François Fogel - Bruno Patino

Après s'être intéressés à l'audience et à la rentabilité du site internet du Monde, Jean François Fogel et Bruno Patino ont réfléchi, à partir de cette expérience, à l'évolution du journalisme et aux mutations que la profession rencontre avec l'émergence d'une presse en ligne. On est alors en 2000.

Dans Une presse sans Gutenberg, les auteurs prennent le parti d'une rupture entre la presse écrite, plus généralement les médias de masse, et la presse disponible sur Internet, sans jugement de valeurs, d'ailleurs. Le métier d'un journaliste qui publie dans un quotidien en vrai papier recyclé est trop différent ce celui qui alimente la presse pas palpable, pour qu'on hésite à déclarer le changement d'ère. Le cyberespace et le monde réel sont ici deux univers distincts.



Ce changement d'ère n'est pas synonyme de mort du journalisme; avec ce média atypique qu'est Internet, une nouvelle branche de la profession s'allonge et bourgeonne rapidement et solidement.


Je ne parlerai pas de l'ouvrage en entier, intéressant d'ailleurs, mais la large place qu'il accorde à l'audience et plus particulièrement aux "lecteurs" de presse en ligne, me sert d'appui pour exprimer quelques remarques générales.

Jusqu'à la toute fin du XX°siècle, on avait d'un côté les journalistes détenteurs d'un "quatrième pouvoir", observateur critique des trois premiers (exécutif, législatif, judiciaire), et de l'autre, leur public-récepteur relativement passif : l'audience. Depuis une dizaine d'années, l'audience semble s'être "réveillée" : elle cherche l'information, la choisit, la conteste, et parfois-même la fournit. Le journaliste en tant que professionnel n'en impose plus comme au temps où on se disait « c'était vrai, on l'a vu à la télé, on l'a lu dans le journal ». A présent, tout le monde est a égalité.


Aussi, être journaliste en ligne, c'est tenir compte plus que jamais des attentes du public, pour ne pas passer à la trappe : écrire pour une lecture superficielle, dans une langue sensiblement différente de celle rencontrée ailleurs, maîtriser des indications des algorithmes qui font remonter ou non votre article sur le site internet d'actualité, en fonction du trafic des internautes, être rapide pour se faire une place parmi les liens qui bougent et s'agglomèrent à chaque seconde, en gros, obéir à de nouveaux codes. Encore un peu trop récents pour être théorisés, ils sont pourtant bien connus des journalistes, qui les ont appris sur le tas, au cours de l'évolution du web et des nouvelles pratiques des internautes..


Il n'y pas que sur les sites commerciaux qu'on va faire son marché; lorsqu'on s'informe sur le web, la démarche sensiblement est la même. Les avantages et les inconvénients sont comparables : la rapidité, le large choix et la quasi-certitude de toujours trouver quelque chose sur un sujet n'efface pas le risque d'être confronté à quelque chose qui semblait tout à fait satisfaisant à première vue, mais qui est en réalité tout pourri. Aussi, il n'est pas déplacé de dire que, sur Internet, on monte son propre journal en kit, en choisissant ses sujets d'actualité, en parcourant les liens de différentes sources, grâce à une invention magique mais un peu déboussolante : l'hypertexte*.


Alors, le journalisme en ligne, et à plus forte raison lorsqu'il permet l'interactivité et même la collaboration du public, est-ce la mise à l'honneur du citoyen? est-ce le Mal? Est-ce sérieux, crédible, ou simplement un gadget avant de passer aux choses sérieuses : allumer la télé? Tout dépend de la façon dont on perçoit l'internaute lambda, lorsqu'il surfe sur Internet. Est-ce un enfant? Un adulte? Les deux en même temps (car c'est possible!) Un irresponsable qui va mélanger toutes les sources sans faire preuve d'aucun discernement?

« Irresponsable » supposerait que la démarche est évidente et que celui qui tombe dans le panneau du hoax l'a vraiment fait exprès! Avoir une connaissance des sources, un usage raisonné des outils de recherche d'information s'apprend... Même lorsque cette difficulté nous passionne et qu'on veut se spécialiser dans sa reconnaissance, il arrive qu'on réalise qu'on a surestimé notre propre maîtrise des rouages de l'information sur Internet, qu'elle est extrêmement insuffisante, et qu'un long chemin reste encore à parcourir pour l'améliorer.

Seulement, chacun a une manière différente d'approcher l'information, chacun a sa propre expérience des sources et des démarches, tout le monde a à apprendre, mais personne n'en est au même point. Il n'y a pas un public, une audience, mais des tas et des tas. Pourtant, beaucoup ont, d'un point de vue technique, le même accès à Internet; d'où le problème, et une fausse impression d'égalité.

Ce n'est pas Internet, le web, ni même ceux qui publient l'information, qui doivent « faire peur »: c'est la place du public, acteur de sa propre information : c'est lui, en fonction de ses connaissances préalables, de sa facilité ou non à exploiter les sources, qui fera son omelette avec des oeufs clabots ou des oeux doubles, après s'être servi sur le marché de l'actualité. Et de ce point de vue-là, non, on n'est pas tous à égalité.


L'inégalité n'apparaît pas seulement à ce niveau. Jean-François Fogel et Bruno Patino le signalent bien : un journal en ligne entièrement payant, ça ne fonctionne pas. Pour être un minimum consulté, le site sera au moins en partie en libre accès. Une nouvelle fracture se crée : ceux qui peuvent payer (journaux en ligne ou papier), et ceux qui s'informent gratuitement (quotidien gratuit ou site en ligne). Plus que les titres des journaux qui révèlent une dominante politique ou un groupe de pensées et d'opinions, c'est maintenant l'accès ou non à des journaux qui déterminent de grands groupes de publics. Difficile de dire si oui ou non, on peut parler d'information à deux vitesses, car la qualité d'un contenu est moins que jamais liée à son support.



* l'hypertexte, c'est le système qui noue entre elles les pages disponibles sur Internet, à l'aide de liens; sans l'hypertexte, le web ne ressemblerait pas du tout à une toile d'araignée, on n'appellerait pas ça le web, et Internet ne servirait pas à grand chose si ce n'est à quelques tronches de l'informatique de s'échanger des dossiers top secrets (ou des blagues)! Hum.



Jean-François Fogel, Bruno Patino - Une presse sans Gutenberg, pourquoi Internet a bouleversé le journalisme. 2007 - Points

Couverture : Nick Veasey



Désolée pour ceux qui lisent depuis un tout petit écran... ;-)