Parce que ma mission dans la vie, c'est aussi d'initier les élèves à la gestion de leur identité numérique, j'ai lu un article de Louise Merzeau, chercheuse en SIC et Maître de Conférence à l'Université Paris Ouest. Nanterre. La Défense. Bon ça y est, c'est fini ? Enfin au moins, comme ça, on sait où c'est.
Son article intitulé "De la surveillance à la veille", plus tout jeune à présent, puisqu'il date de 2009, aborde la question de l'utilisation des traces conscientes et inconscientes laissées par les internautes, à des fins commerciales, sociales, ou de pure surveillance. Il a été publié dans la revue Cités, et vous pouvez également le trouver sur la banque d'archives ouvertes pluridisciplinaires HAL.
Voici ce que j'en ai retenu :
Il est possible que j'ai compris cet article de travers, alors en cas de doute, reportez-vous au texte original, et ne manquez pas de me signaler mes probables bévues en commentaire. Cimer d'avance.
Allez, soyez sérieux pour une fois, (bordel) ! |
Aussi prudent soit-on, on laisse obligatoirement des traces sur la Toile, dès qu'on s'y connecte : pages consultées, chemin effectué via les liens hypertexte, identifiants, jeux.. Il suffit de jeter un oeil à l'historique de navigation pour s'en rendre compte. De la même façon qu'on fait la démarche d'effacer un historique qui est crée par défaut, toutes les "empreintes" laissées derrière nous sont automatiquement mémorisées. Si on veut les supprimer, ou du moins les contrôler, il faut agir en fonction.
Ces traces sont disséminées un peu partout sur Internet. Isolées, elles n'ont pas grande signification. Rassemblées, elles créent ni plus ni moins votre profil : et là, ça devient gênant. Plus vous laissez d'informations sur vous, plus votre profil sera précis, et plus vous courez le risque de devenir une cible commerciale ou une personne observable par les services de renseignements... ou par vos pairs ! Nul besoin d'un énorme robot Big Brother pour cerner ce que vous aimez et vous envoyer les pubs en fonction : c'est nous qui nous donnons à voir !
Bon, il faut reconnaître que certains sont des pros quand il s'agit de récolter les "bonnes" informations, celles qui vont les "intéresser" plus que d'autres : j'ai nommé Google, Amazon, et ... votre voisin ! Pour ce-faire, ils utilisent la même méthode qu'un documentaliste qui procède à sa veille documentaire ; c'est à dire qu'à l'aide d'outils paramétrés au préalable (agrégateurs de flux RSS, portails dynamiques, abonnements à des newsletters, utilisation professionnelle d'un réseau social...), il ramasse tous les éléments visibles sur Internet qui composent l'actualité chaude du sujet qui l'intéresse. Les techniques permettant de faire de la veille sont aussi celles qui rendent possibles la surveillance. Elles peuvent être inefficaces comme ravageuses en fonction de la précision de leur paramétrage, et en fonction de ce qu'on leur laisse à se mettre sous la dent.
Ne rêvons pas. On ne peut pas totalement échapper à ce phénomène qui nous gêne toujours un peu, dans le sens où, de nos jours, la socialisation passe en partie par Internet. Mieux encore, beaucoup laissent volontairement des petites parties de nous pour se faire remarquer des autres ; lorsqu'on gagne à être surveillé, masquer ce qu'on laisse traîner à la vue de tous n'est certainement plus à l'ordre du jour.
Mais on peut limiter les dégâts en limitant ses traces, en brouillant les pistes avec des avatars, en apprenant à connaître les mécanismes du Web 2.0* pour mieux les apprivoiser.
Depuis 2009, la face du monde virtuel n'a pas énormément changé. Cependant, depuis quelques mois, le droit à l'oubli commence à se faire valoir : il est maintenant possible de demander au moteur de recherche Google, via un formulaire, le retrait des informations personnelles vous concernant.
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* Le Web2.0 est une évolution du Web vers une réappropriation des contenus par les internautes, qui peuvent plus facilement éditer, créer, supprimer des pages web.
Exemple :
- site Internet html = Web 1.0 (géré par un professionnel formé /webmaster / administrateur /)
- blog = Web 2.0 (tout le monde peut créer un ; une interaction est possible via les commenaires )
- Encyclopédie Larousse = Web 1.0 (articles signés par des spécialistes du sujet concerné)
- Wikipédia = Web 2.0 (encyclopédies collaborative ou les articles sont crées, complétés et vérifiés par les internautes)
MERZEAU, Louise. "De la surveillance à la veille". Cités, 2009, pp.67-80
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