Après mon coup de cœur pour la saga de l'Assassin Royal dont je vous rabats les oreilles depuis 2010, il m'a toujours été difficile de retenter de lire de la fantasy, et encore plus d'en parler ici. Je ne saurais pas expliquer pourquoi.
Cet été cependant, j'ai retrouvé le tome 1 de la série Le Porteur de mort, écrit il y a une dizaine d'années par une autrice française du nom d'Angel Arekin, qui m'était totalement inconnue jusque là. La fiche Babelio de cette dernière indique qu'elle est de Brive, ce qui veut dire qu'on est presque voisines Par conséquent, j'aurais été bien embêtée si j'avais dû tailler son livre, mais la question ne s'est pas posée puisque j'ai finalement beaucoup apprécié cette lecture.
L'histoire
Le royaume d'Asclépion n'est plus ce qu'il était : assailli par les brigands de grands chemins et les ennemis du pouvoir en place, sa population commence à ressentir les effets d'une protection armée insuffisante.
Pour remédier à cela, le Régent décide de recruter parmi les jeunes hommes du peuple des apprentis guerriers qui rejoindront, s'ils réussissent la formation, la guilde des Tenshins. Ces derniers ont un rôle de défenseurs militaires et de conseillers politiques : ils sont donc extrêmement puissants et surtout immortels !
Beaucoup de petits paysans donneraient cher pour être choisis ; ce serait leur seule chance de sortir de leur condition modeste. Beaucoup, mais pas tous : Seïs Amorgen fait partie de ceux qui n'en ont rien à battre. Il faut dire qu'entre les beuveries, les nuits au bordel et les trafics en tous genres, il a déjà de quoi s'occuper. Son sort inquiète ses parents, ses frères et sa cousine Naïs _retenez bien son nom ! bien plus que cette soudaine opération de recrutement de Tenshins qui n'avait pas eu lieu depuis des siècles, et qui ne présage rien de bon.
Devinez quoi, Seïs va faire partie des heureux élus ! D'abord réticent, il va finalement se rendre à Mantaore, haut lieu de formation des Maîtres, pour commencer son apprentissage. Ce premier tome du cycle (qui en compte 6) sera en partie consacré au déroulé de ce séjour initiatique, entre découverte de soi, des autres apprentis, actes de rébellion et entraînements physique.
En parallèle, on suit l'évolution de la famille Amorgen et des bouleversements qu'elle va connaître au fil des chapitres, sur six ans environ : l'un des fils va se découvrir sorcier (c'est pas une bonne nouvelle) ; Naïs la cousine orpheline au caractère bien trempé semble aussi pourvue de certains dons, bien qu'on n'en sache pas plus.
A la fin de l'Apprenti, le mystère reste entier sur plusieurs niveaux ; je ne sais pas vraiment quoi en dire pour l'instant, car ce tome sert a introduire l'univers du roman. C'est nécessaire, mais forcément ça laisse moins de place à l'action. Cela dit, les dernières pages laissent entrevoir un 2ème opus prêt à décoller en trombe. On sait pas encore trop où on va, mais on y va...
Une porte d'entrée vers la fantasy
Si vous aimez les romans d'heroic fantasy, foncez car il y a tous les ingrédients : le décor médiéval, les soldats musclés au régime pain fromage viande séchée nuit dehors fumette, les cheveux en bataille, les filles qui n'ont peur de rien, la carte du royaume au début, le sorcier, le roi, le faux clodo, le maître d'armes un poil tortionnaire, la pierre magique qui envoie du pouvoir mais qui détruit en même temps....
Fans de l'Assassin royal, vous aussi ? "L'Apprenti" vous rappellera de bons souvenirs, bien que l'histoire ne soit pas du tout la même !
Le porteur de mort constitue une bonne initiation pour qui n'est pas familier de ce type de romans ; c'est agréable à lire et plus accessible que l'œuvre de Tolkien _ qui a considérablement inspiré Angel Arekin, d'après ce que j'ai pu lire ça et là.
La plus-value de ce livre : les personnages, principaux et secondaires, très humains, et donc très réalistes. Ils souvent bien creusés. L'apprenti-tenshin rouquin nommé Lampsaque est mon préféré. Tous s'expriment de manière assez crûe !
Le point qui m'a fait un peu tiquer : la relation ambigüe entre Seïs et Naïs reste perturbante pour le lecteur _elle l'est aussi pour les personnages, et Angel Arekin l'exprime très bien. J'imagine qu'on ne connaît pas tout de leurs sentiments et de leurs liens familiaux pour l'instant, et que beaucoup d'éléments clefs s'éclairciront dans les tomes suivants.
Mon seul regret est de l'avoir laissé moisir plus d'un an dans la bibliothèque.
Angel Arekin
Le porteur de mort - 1 - L'apprenti
2014
Photo : édition Le livre de poche.
Avec ses 788 pages, cet ouvrage peut participer au challenge "Les épais de l'été 2024" organisé sur le blog de Dasola. N'hésitez pas à aller y faire un tour !