Vous allez encore me dire que je me lamente pour pas grand chose, mais je suis convaincue qu'on ne devrait jamais passer un jour sans écrire lorsqu'on en a pris l'habitude _et que ça nous plaît. Il suffit de quelques semaines d'interruption pour que le cerveau se noue, s'encrasse, et qu'on n'en puisse plus rien en tirer.
Ajoutez à cela la peine et le choc des attentats qui m'ont sortie brutalement de mon univers enfantin en me faisant réaliser que, tandis que des innocents tombaient sous les balles, je faisais joujou avec ma palette graphique, inutile, insignifiante, dessinant des poules comme quand j'avais dix ans...
"il faut que les gens crèvent en masse à quelques bornes de chez toi pour que tu comprennes que tu es en train de regarder ta vie passer..."
... une poignée de frustrations professionnelles...
"Ah, ces gosses ! Est-ce qu'au moins je leur sers à quelque chose ? Pas sûr"
... une impasse sentimentale qui traîne depuis quelques mois à présent et dont je n'arrive pas à m'extraire... de laquelle est née une rivalité tacite avec un pote que j'apprécie et contre qui je n'ai absolument pas envie de me "battre".
"Pff, problème de riches ! Souviens-toi de l'époque où ton père était à l'hosto, entre la vie et la mort ! Pense à ceux qui sont partis et qui ne reviendront plus. Pense à la grand-mère. Pense au pari que tu as perdu, toi qui disais que vous fêteriez ensemble ton 20ème anniversaire, et à elle qui te soutenait que non, malheureusement... Elle a été fine joueuse, comme toujours. Il s'en est fallu de trois semaines pour que ce soit toi qui gagne. Oh, pour cette fois elle n'aurait pas été mauvaise perdante, c'est certain. Quant à toi, tu te rejoues le film de ta victoire presque tous les jours... Pense à Benoît, ce copain de lycée qui t'agaçait un peu parfois, mais qui ne méritait certainement pas de mourir à 28 ans. Pense à ceux qui n'ont pas de toit, pas de boulot, qui sont rejetés par tous, qui craignent pour leur vie. Pense à ce que tu étais il y a trois-quatre ans : une âme en perdition, noyée sous les mollards des petits bourges bordelais, obligée de fermer ta gueule pour préserver tes 600 boules par mois.
N'oublie pas qu'il y a vingt ans, tu n'étais pas capable de courir sans risquer de t'étouffer. Ta mère pleurait souvent, ta soeur vivait l'enfer dans l'indifférence générale, si bien que justice n'a jamais été rendue, depuis. Mesure ta chance de ne pas vivre, comme elle, en victime d'un crime impuni. Ne perds pas ton temps avec une fille qui, grisée par la flatterie, va tout faire pour entretenir ta flamme. Comme les autres. Tout le monde aime plaire et se sentir irrésistible _même toi, c'est humain et tu ne peux pas lui en vouloir."
N'oublie pas qu'il y a vingt ans, tu n'étais pas capable de courir sans risquer de t'étouffer. Ta mère pleurait souvent, ta soeur vivait l'enfer dans l'indifférence générale, si bien que justice n'a jamais été rendue, depuis. Mesure ta chance de ne pas vivre, comme elle, en victime d'un crime impuni. Ne perds pas ton temps avec une fille qui, grisée par la flatterie, va tout faire pour entretenir ta flamme. Comme les autres. Tout le monde aime plaire et se sentir irrésistible _même toi, c'est humain et tu ne peux pas lui en vouloir."
... bref, vous l'aurez compris, il est temps de s'y remettre et de pondre du constructif ; enfin de pondre, déjà, ce sera pas mal...
Pas la peine de "graver" les mots "dans la roche" pour qu'ils prennent leur sens ; un texte en béton armé, ça suffira bien.
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