Une semaine après la visite d'inspection, et au soir de deux jours d'émoi au bahut, je me pose trois minutes pour vous parler manga. Mais avant toute chose, je ne peux m'empêcher de poser le cadre des dernières heures passées au boulot, car certains événements méritent quand même d'être immortalisés, voire partagés, en cette fin d'année scolaire.
"Pas de portable, pas de chewing-gum, et pas de flingue !"
Hier, date d'anniversaire de Val _ jusque là tout va bien, on découvre un flingue, un vrai ! dans le sac de cours d'un sixième. Évidemment, les flics débarquent aussitôt pour se le mettre dans la musette.
Dans la foulée, les trois gamines qui se sont amusées, la veille, à me chouraver ma sacoche pourtant bien planquée dans un placard du CDI se dénoncent, croyant que la police est venue au collège pour mener l'enquête et les arrêter. Ah oui, rassurez-vous : j'ai récupéré la pochette intacte, avec tous mes papiers, billets de train, tickets de caisse... et même le liquide, qu'elles n'ont pas été foutues de trouver en fouillant un peu. La plus frappée des trois a fondu en larmes précisément au moment où je lui ai fait remarquer qu'elle était passée à côté de 50 balles faciles* alors que quelques minutes avant, elle vivait plutôt bien avec sa conscience.
Dans la foulée, les trois gamines qui se sont amusées, la veille, à me chouraver ma sacoche pourtant bien planquée dans un placard du CDI se dénoncent, croyant que la police est venue au collège pour mener l'enquête et les arrêter. Ah oui, rassurez-vous : j'ai récupéré la pochette intacte, avec tous mes papiers, billets de train, tickets de caisse... et même le liquide, qu'elles n'ont pas été foutues de trouver en fouillant un peu. La plus frappée des trois a fondu en larmes précisément au moment où je lui ai fait remarquer qu'elle était passée à côté de 50 balles faciles* alors que quelques minutes avant, elle vivait plutôt bien avec sa conscience.
L'incident du pistolet nous a bien sûr considérablement alarmés, les uns comme les autres, plombant tout notre après-midi jusqu'à la soirée d'anniversaire de Val. Par chance, entre temps, un usager des toilettes de la salle des profs a eu le bon goût de chier à côté de la cuvette, abandonnant son oeuvre sur le carrelage : un scandale chassant l'autre, on a ainsi pu échapper à la psychose.
Comme la soirée prenait une tournure scato-policière, je me suis souvenue d'un manga récemment acheté et très demandé par les élèves : Drôles de racailles. Pourquoi ? Parce que dans le premier tome de la série, une partie non négligeables des échanges entre les deux héros se passe aux chiottes, pour notre plus grand bonheur.
"C'est bon, j'ai du papier." |
Comme la soirée prenait une tournure scato-policière, je me suis souvenue d'un manga récemment acheté et très demandé par les élèves : Drôles de racailles. Pourquoi ? Parce que dans le premier tome de la série, une partie non négligeables des échanges entre les deux héros se passe aux chiottes, pour notre plus grand bonheur.
J'ai découvert Drôles de racailles par le biais d'un poster trouvé dans le magazine Anime Manga, sur lequel les deux héros que vous pouvez voir ci-dessus sont en train de s'enfiler un repas gargantuesque, avec la voracité d'un petit goret du Périgord. Lorsque j'ai placardé l'image sur une armoire du CDI, les gosses _habituellement demandeurs de mangas mais sans plus_ se sont jetés presque littéralement sur mon bureau pour savoir "si on l'avait, parce que c'est trop bien". Intriguée par leur enthousiasme, j'ai lu le premier volume dès que j'en ai eu l'occasion et...
... ce fut une lecture pour le moins déroutante, dirons-nous. A vrai dire, les premières pages m'ont laissé l'impression de n'avoir jamais rien lu d'aussi débile.
Adachi et Shinagawa n'ont a priori rien en commun. Elle, c'est la déléguée de classe à l'allure d'intello, collée aux profs et sans amis. Lui, c'est le rebelle, celui qui sème la terreur lorsqu'il prend la peine de venir en cours _ fait plutôt rare, en fin de compte : il préfère de loin s'enfermer dans les toilettes et fumer des clopes, assis sur le trône.
Voilà l'image que les deux lycéens se construisent et qu'ils projettent aux autres ; et le moins qu'on puisse dire, c'est que tout le monde y croit.
Mais en réalité, Adachi est une "racaille repentie", redoublante, complètement larguée en cours car elle est occupée H24 à refouler ses accès de violence. Shinagawa, quant à lui, n'est pas si con et si hautain qu'il en a l'air : c'est juste une grosse feignasse parmi tant d'autres.
Lorsque Adachi voit en Shinagawa la seule personne qui puisse vraiment la comprendre, elle décide de le suivre à la trace et d'avoir son soutien coûte que coûte : à eux les séances de piscine et les sorties culturelles. Le branleur ne voit pas d'un très bon oeil ce soudain engouement de cette camarade de classe excentrique qu'il considère comme un pot de colle... Pourtant, petit à petit, il va se prendre au jeu pour constituer avec elle un beau duo de bras cassés.
Même si je n'ai franchement pas été emballée par l'histoire et la manière dont elle est racontée, je reconnais que Drôles de racailles n'est pas dépourvu d'une certaine fraîcheur. Le texte et/ou la traduction française ont vraisemblablement leurs limites et, s'ils se veulent vivants et réalistes, ils laissent la part belle à des "merde", "putain", "mais arrête de venir dans les chiottes des mecs, pauvre tache" : cela m'amène à me demander s'il est souhaitable de présenter ce manga aux 6°-5° (qui sont pourtant ceux qui me l'ont demandé). Le jeu des apparences trompeuses est toujours efficace et intéressant dans les fictions pour la jeunesse, d'autant plus que l'écart extrême entre leur image et eux-même renforce le caractère improbable de leur association. Enfin, si leur relation n'a à première vue rien d'une histoire d'amour en germe, Shinagawa est convaincu que Adachi le poursuit dans le but de se le faire... chose que berk ! il n'envisage pas une seconde avec elle. Pourtant, à chaque fois qu'il pense tirer de la déléguée de classe une déclaration d'amour en bonne et due forme, elle lui sort LA phrase qui tombe à plat et lui montre que non non, elle ne pensait pas du tout à l'éventualité de sortir avec..
Autant dire que son dépit est extrêmement savoureux ! Car oui, vous en connaissez tous, des mecs aux allures de coqs, semblables à Shinagawa. Vous savez, ceux qui jamais, au grand jamais, ne voudraient vous lécher la pomme, mais qui se sentent offensés quand vous leur dites que ça tombe bien, vous non plus ! Plus tard, ce sont aussi ceux qui vous couvent jusqu'à déshydratation quand ils sont seuls avec vous, et qui vous snobent et/ou se foutent de votre gueule quand il sont avec leurs potes. Qui ne comprennent pas qu'ensuite, vous leur résistiez. Qui ont sincèrement des sentiments pour vous, mais qui ne parviennent pas à les assumer, pour une raison ou une autre. Qui vous aiment mais qui sont effrayés à l'idée que les autres perçoivent leur faute de goût. Je dis "ceux" parce que je n'ai jamais rencontré cela chez une fille jusqu'à présent.**
Ce matin, la merde oubliée est encore dans toutes les bouches***. L'anecdote du pistolet apporté en classe par un élève l'est aussi... mais moins ! Ah, j'oubliais : un collègue s'est également fait piquer ses clés hier, mais avec tout ça, c'est presque passé inaperçu. Des élèves de troisième partent en stage de révision en Normandie, et les accompagnateurs sont sur le qui-vive car le départ a lieu en début d'après-midi. Personnellement, je me suis contentée de m'illustrer en me présentant tellement bourrée à la chorale que je n'arrivais plus à rassembler assez de lucidité pour comprendre ce que ma collègue me demandait de faire ! Trop de Soho tue le Soho, j'ai vraiment trop de mal à doser... Mais bon, c'est moins pire que sans ; et comme chacun sait, on fait pas d'omelette sans casser des oeufs, on fait pas la fête sans griller sa beuh, qui vole un oeuf vole une meuf, ou des boeufs. On peut aller loin comme ça. Putain, il semblerait qu'à 23h30, j'aie encore des restes de midi.
Par chance, un petit verre avec une collègue a un peu apaisé la tension de ces derniers jours. :-)
YOSHIKAWA, Miki. Drôles de racailles, 1. Pika Edition, 2010. Shônen. 978-2-8116-0244-4
* C'est pas vrai, je n'avais que 20 euros sur moi ; je lui ai dit ça juste pour voir sa tête.
** En fait, si. Une fois !
*** Oui je sais, dit comme ça, c'est particulièrement dégueulasse.
** En fait, si. Une fois !
*** Oui je sais, dit comme ça, c'est particulièrement dégueulasse.
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