Toujours dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio, les éditions Belfond m'ont fait cadeau de Bohemian Flats, un roman de Mary Relindes Ellis. A moi d'en faire la critique, à présent !
Albert et Raimund Kaufmann ont du mal à trouver leur place dans une Allemagne de fin de XIX° que leur père, un brasseur rustre et autoritaire, représente si bien. Par chance, leur rencontre avec le professeur Richter et sa famille va leur apporter une lueur d'espoir : oui, un jour, ils pourront fuir ce système moyenâgeux qui les étouffe en s'instruisant et en ne craignant pas de quitter leur contrée. Albert veut devenir fermier, mais ses projets seront voués à l'échec s'il ne quitte pas la propriété familiale d'Augsbourg, car il n'est pas l'aîné de la fratrie : il sait qu'il ne pourra les réaliser qu'ailleurs. Raimund a soif de liberté, et c'est une raison suffisante de vouloir prendre son envol.
L'Amérique représente pour l'un comme pour l'autre la destination rêvée, voire idéalisée : lorsque Raimund _ qui va rapidement se faire appeler Raymond pour se donner un air américain, foule le sol du Nouveau Monde, il se sent un peu perdu et se retrouve dans les "Flats" de Mineapolis. Ces villages faits de bric et de broc sont le point d'atterrissage des nombreux Européens qui ont traversé l'Atlantique à l'aveuglette. Souvent, ils ne restent qu'une étape provisoire dans la vie de ceux qui les peuplent ; mais il arrive aussi que certains de leurs habitants s'y trouvent si bien qu'il leur devient impossible de décoller vers de nouveaux cieux.
Pour ceux qui connaissent le principe, j'aurais tendance à rapprocher les "Flats" d'une grande cité U, mais sans la fac à côté. J'ajouterais bien "avec des familles entières dedans", mais... on sait tous qu'il y en a aussi dans les résidences du CROUS. Eh ouais, quand vous aurez dormi à 5 dans 10m² plusieurs semaines consécutives, là vous aurez le droit de vous plaindre de manquer d'espace dans votre logement ! Bref, ce n'est pas le propos. Raymond _ et son neveu Eberhard (ce nom* !), s'attachent tellement aux lieux et à l'ambiance multiculturelle des flats qu'ils ne peuvent s'en éloigner sans en souffrir. Albert et Magdalena, eux, ont décidé de n'en faire qu'une escale dans leur parcours et parviennent à les quitter sans trop de peine. Malheureusement, la guerre de 1914-1918 éclate et crée des tensions jusque-là inconnues dans la population des Flats, pourtant connue pour être plus tolérante que la moyenne de l'époque : entre le sentiment anti-allemand et les revendications religieuses des uns et des autres, c'est une apocalypse dont les familles éloignées sont les spectateurs.
En 440 pages, Mary Relindes Ellis nous dresse le destin chaotique de plusieurs familles dispatchées entre l'Europe et l'Amérique, le tout sur une trentaine d'années. Donc forcément, ça va un peu trop vite à mon goût, par moments, d'autant plus qu'une grande partie du roman est écrite (ou traduite ?) au présent de narration. On a l'impression qu'on doit expédier la dernière couche de peinture qui orne la fresque familiale pour arriver à un dénouement qui, effectivement, en vaut la peine, mais... Cela dit, cet ouvrage écrit par un auteur déjà à l'origine d'un roman et de plusieurs nouvelles reste agréable à lire. Pourtant, vous savez que je n'apprécie pas particulièrement ces longues saga familiales sans intrigue ni fil conducteur, surtout quand elles ont un côté "Petite maison dans la prairie". Du genre : je construis ma maison sur une terre désertique à la sueur de mon front, pendant que mes gosses labourent le champ avec leurs ongles, et que ma femme lave le linge dans l'eau croupie du lavoir communal tout en tendant l'oreille, pour savoir s'il n'y a pas un ours prêt à bondir juste derrière elle !
Lire Bohemian Flats m'aura permis de connaître l'existence de ces lieux atypiques et d'en savoir plus sur une période historique que jusque là j'avais seulement abordée d'un point de vue "français", si l'on peut dire... Et ça, ce n'est pas rien !
ELLIS, Mary Relindes. Bohemian Flats. Belfond, Paris. 2014. ISBN 978-7-7144-5430-0
* T'as vu, Kao ? C'est presque aussi chelou qu'"Herveline" !
L'Amérique représente pour l'un comme pour l'autre la destination rêvée, voire idéalisée : lorsque Raimund _ qui va rapidement se faire appeler Raymond pour se donner un air américain, foule le sol du Nouveau Monde, il se sent un peu perdu et se retrouve dans les "Flats" de Mineapolis. Ces villages faits de bric et de broc sont le point d'atterrissage des nombreux Européens qui ont traversé l'Atlantique à l'aveuglette. Souvent, ils ne restent qu'une étape provisoire dans la vie de ceux qui les peuplent ; mais il arrive aussi que certains de leurs habitants s'y trouvent si bien qu'il leur devient impossible de décoller vers de nouveaux cieux.
Pour ceux qui connaissent le principe, j'aurais tendance à rapprocher les "Flats" d'une grande cité U, mais sans la fac à côté. J'ajouterais bien "avec des familles entières dedans", mais... on sait tous qu'il y en a aussi dans les résidences du CROUS. Eh ouais, quand vous aurez dormi à 5 dans 10m² plusieurs semaines consécutives, là vous aurez le droit de vous plaindre de manquer d'espace dans votre logement ! Bref, ce n'est pas le propos. Raymond _ et son neveu Eberhard (ce nom* !), s'attachent tellement aux lieux et à l'ambiance multiculturelle des flats qu'ils ne peuvent s'en éloigner sans en souffrir. Albert et Magdalena, eux, ont décidé de n'en faire qu'une escale dans leur parcours et parviennent à les quitter sans trop de peine. Malheureusement, la guerre de 1914-1918 éclate et crée des tensions jusque-là inconnues dans la population des Flats, pourtant connue pour être plus tolérante que la moyenne de l'époque : entre le sentiment anti-allemand et les revendications religieuses des uns et des autres, c'est une apocalypse dont les familles éloignées sont les spectateurs.
En 440 pages, Mary Relindes Ellis nous dresse le destin chaotique de plusieurs familles dispatchées entre l'Europe et l'Amérique, le tout sur une trentaine d'années. Donc forcément, ça va un peu trop vite à mon goût, par moments, d'autant plus qu'une grande partie du roman est écrite (ou traduite ?) au présent de narration. On a l'impression qu'on doit expédier la dernière couche de peinture qui orne la fresque familiale pour arriver à un dénouement qui, effectivement, en vaut la peine, mais... Cela dit, cet ouvrage écrit par un auteur déjà à l'origine d'un roman et de plusieurs nouvelles reste agréable à lire. Pourtant, vous savez que je n'apprécie pas particulièrement ces longues saga familiales sans intrigue ni fil conducteur, surtout quand elles ont un côté "Petite maison dans la prairie". Du genre : je construis ma maison sur une terre désertique à la sueur de mon front, pendant que mes gosses labourent le champ avec leurs ongles, et que ma femme lave le linge dans l'eau croupie du lavoir communal tout en tendant l'oreille, pour savoir s'il n'y a pas un ours prêt à bondir juste derrière elle !
Lire Bohemian Flats m'aura permis de connaître l'existence de ces lieux atypiques et d'en savoir plus sur une période historique que jusque là j'avais seulement abordée d'un point de vue "français", si l'on peut dire... Et ça, ce n'est pas rien !
ELLIS, Mary Relindes. Bohemian Flats. Belfond, Paris. 2014. ISBN 978-7-7144-5430-0
2 commentaires:
Donc sympa mais tu n'as spécialement accroché :) L'avais repéré de loin au boulot sans le noter dans ma liste à lire celui-là ^^
Oui c'est un peu ça... Mais il s'agit d'une impression personnelle, je pense que ce roman peut vraiment plaire, d'autant plus qu'il aborde pas mal de thèmes intéressants... Merci pour ton commentaire ! :-)
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