A chacun ses questions existentielles....
Après l'Attaque de la moussaka géante qui nous aura bien fait rire _et qui nous aura bien désespérés aussi, retournons dans l'univers fantastique et médiéval de Robin Hobb, où les gens ont le bon sens de se nourrir exclusivement de viande et de fromage, eux !
Où est-ce qu'on en était ?
Ce tome 9 de L'Assassin Royal nous ramène à la cour de Castelcerf et nous la présente sous un aspect beaucoup plus attrayant qu'auparavant. Il faut dire que Fitz n'a plus le même point de vue : dans le premier cycle de ses aventures, il observait le monde depuis les écuries de Burrich en tâchant de se faire discret. A présent, sa fausse identité de Tom Blaireau, serviteur de Sire Doré, lui donne la clé d'à peu près toutes les portes du château, bien qu'il ait encore du mal à s'habituer à son rôle de domestique. Cela ne veut pas dire que sa vie est simple et que son futur s'annonce calme et paisible, loin de là ! L'Assassin est plus que jamais un pion de luxe dans l'échiquier du royaume des Six-Duchés ; tout en préservant le secret de ses origines, Umbre et la reine Kettricken lui font courir plusieurs lièvres à la fois : entre autres, la formation à l'Art du prince Devoir et la surveillance de la jeune fiancée outrîlienne de ce dernier. Ils ne se soucient guère des préoccupations personnelles de Fitz ; les Pie le poursuivent toujours et vont même jusqu'à l'intimider aux portes du château ; sa relation avec Jinna lui pose un problème de conscience ; Heur fait des siennes et pense plus à faire la cour à la volubile Svanja qu'à s'impliquer réellement dans son apprentissage. Comme le titre l'indique, Fitz se débat comme il peut dans le périmètre restreint de la cour de Castelcerf et cela nous donne une fausse impression de stagnation de l'intrigue.
Comme à l'issue du tome 7 qui nous remettait très très tranquillement dans le contexte des Six-Duchés, le lecteur a le sentiment de s'être replié dans les instants de calme qui précèdent la tempête ; que vont faire les personnages ? on ne le sait pas encore, mais ils vont bouger de là, c'est certain. Alors qu'ils profitent bien de leurs querelles d'enfants, de leurs parties de chasses et et menues intrigues de la cour. Bientôt, ils vont devoir passer aux choses sérieuses.
Comme à l'issue du tome 7 qui nous remettait très très tranquillement dans le contexte des Six-Duchés, le lecteur a le sentiment de s'être replié dans les instants de calme qui précèdent la tempête ; que vont faire les personnages ? on ne le sait pas encore, mais ils vont bouger de là, c'est certain. Alors qu'ils profitent bien de leurs querelles d'enfants, de leurs parties de chasses et et menues intrigues de la cour. Bientôt, ils vont devoir passer aux choses sérieuses.
Faites des gosses !
Force est de constater que, malgré la prestance et la droiture de la souveraine Kettricken, malgré la perspicacité de son conseiller Umbre, ce sont des jeunes gens irréfléchis qui vont décider de la suite des événements. En effet, Les Secrets de Castelcerf marque l'apparition d'une poignée de nouveaux personnages hauts en couleurs, dont la petite princesse Elliania, "narcheska" du pays des Runes de Dieu. Promise au prince Devoir pour sceller une alliance politique entre les Six-Duchés et les anciens ennemis Outrîliens, elle semble résolue à faire honneur à son peuple en acceptant de mauvaise grâce ce mariage arrangé. De son côté, Devoir a beau faire appel à toute sa sagesse de futur roi, il ne sait voir en elle la petite fille qu'elle est, et le lui fait maladroitement sentir en s'adressant à elle lors d'une banale partie de jeux. Elliana lui fera payer cher cet affront, abandonnant le lecteur à mi-chemin entre l'amusement et l'inquiétude. Le fils de Kettricken et de Vérité a bien du mal à garder son calme face à ses propres erreurs et à l'exaspérante naïveté qui lui joue sans cesse des tours. Celui qui se fait passer pour Tom Blaireau tente de le canaliser et de lui enseigner comme il peut ses techniques d'artiseur, pour qu'il puisse au moins se protéger face à d'éventuelles tentatives de pénétration de son esprit. Mais le maître apprendra tout autant que l'élève lors de ces leçons, et en particulier le fait qu'on ne s'improvise pas professeur.
En miroir, un autre adolescent en plein bourgeonnement rue dans les brancards : Heur. Largué trop vite dans la vie citadine, l'apprenti ébéniste tombe dans tous les pièges qui se présentent à lui : les mauvaises fréquentations, les filles, la boisson, la tentation de veiller tard. Fitz souffre de n'avoir plus beaucoup de prise sur lui, et culpabilise pas mal. Il n'aura donc pas même réussi à accompagner son fils adoptif jusqu'à l'âge adulte sans encombre ? Robin Hobb parle ici des responsabilités à prendre lorsqu'on a la charge d'un enfant, et de celles qui relèvent directement du jeune adulte pas encore émancipé mais déjà en mesure d'anticiper les conséquences de ses actes. Qu'on soit d'accord ou pas avec ses propos, elle a le mérite de donner à réfléchir sur ces questions d'éducation qu'on se pose tous un jour ou l'autre.
Attention : des moments clés de l'intrigue vont être dévoilés ! Arrêtez-vous là si vous compter lire le livre.
Le retour des Aventuriers de la Mer
Les amateurs de la série ne contesteront pas si je leur dis que la grande joie de ce volume, c'est l'arrivée impromptue dans l'action de Jek, Selden, Sérille et de quelques autres personnages déjà rencontrés dans les Aventuriers de la Mer (qu'il faut lire avant de s'attaquer au deuxième cycle de l'Assassin Royal, j'en suis plus que jamais convaincue). On avait laissé Selden encore enfant, fasciné par la naissance de ses écailles autant que par la dragonne Tintaglia ; le voici deux ans plus tard, demandant avec assurance à Kettricken de s'allier avec Terrilville dans le conflit qui les oppose aux Pays Chalcèdes. De nouveaux mystères naissent, tandis que d'autres prennent fin : Selden choppe Fitz dès qu'il peut et voit en lui quelqu'un d'exceptionnel ; l'homme au Vif ne voit pas où il veut en venir, et son seul désir consiste à fuir au plus vite ce monstre à écailles. Affaire à suivre. Il faut dire que le bâtard des Loinvoyant accuse le coup de sa dernière révélation : il vient d'apprendre que le Fou lui a fait des cachotteries, alors qu'il le considérait comme son plus proche ami. En le découvrant sous sa forme d'Ambre, et en le/la voyant échanger gaiement avec Jek d'aventures et de personnes qui lui sont inconnues, il se sent floué et exclu. En conséquence, il décide de lui faire la gueule, comme un bon gros lourdingue. Il se gardera bien de dire ce qu'il pense d'un autre coup de théâtre d'envergure : l'amour inconditionnel et impossible d'Ambre/du fou pour lui, matérialisé par la figure de proue de la vivenef Parangon.
En conclusion : on ne sait pas où on va, mais on y va ! FitzChevalerie semble toujours tomber des nues malgré son expérience de la vie, et ses nombreuses missions font qu'il n'a pas le temps de s'apitoyer sur l'absence d'Oeil-de-Nuit. Arrivera-t-il à dompter enfin ce destin dont il n'a jamais pu prendre les rênes ? Rien n'est moins sûr.. L'Assassin royal 9 est peut-être moins intense que le précédent, sans doute à cause de l'impression de huis clos à la mode Castelcerf, mais sa lecture n'en est pas moins agréable.
Robin Hobb. L'Assassin Royal 9. "Les secrets de Castelcerf". 2003, parution française en 2004
Présente édition : Editions France Loisirs, Coll. "Piment", 2006. 480 p. ISBN 2-7441-7380-0
Présente édition : Editions France Loisirs, Coll. "Piment", 2006. 480 p. ISBN 2-7441-7380-0
Illustration : Stephen Youll
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